Si elle savait - Блейк Пирс 4 стр.


L’homme qui ouvrit la porte prit un peu Kate par surprise. Il devait faire un mètre quatre-vingt-dix et il était vraiment très musclé. Rien que ses épaules montraient qu’il s’entraînait sérieusement. Il aurait facilement pu passer pour un catcheur professionnel. Elle remarqua également qu’il avait l’air très en colère.

« Oui ? » demanda-t-il. « Qui êtes-vous ? »

Elle fit alors un mouvement qui lui avait vraiment manqué. Elle lui montra son badge. Elle espérait que la vue de son insigne pourrait avoir un certain point pour contrebalancer son entrée en matière. « Je m’appelle Kate Wise. Je suis un agent du FBI à la retraite. J’espérais que vous auriez quelques instants à me consacrer. »

« À quel sujet ? » demanda-t-il, sur un ton rapide et irrité.

« Êtes-vous Brian Neilbolt ? » demanda-t-elle.

« Oui. »

« Alors votre ex petite amie était Julie Hicks, c’est bien ça ? Julie Meade, de son nom de jeune fille ? »

« Ah merde, c’est encore à ce sujet ? Écoutez, les flics m’ont déjà embarqué et interrogé. Et maintenant, quoi ? Le FBI ? »

« Rassurez-vous, je ne suis pas là pour vous faire un interrogatoire. Je veux juste vous poser quelques questions. »

« À mes yeux, ça m’a tout l’air d’être un interrogatoire, » dit-il. « De plus, vous m’avez dit être à la retraite. Du coup, je suis presque certain de n’avoir aucune obligation de faire quoi que ce soit que vous me demandiez. »

Elle fit semblant d’être blessée à ces mots, en détournant le regard. Mais en fait, elle regardait au-delà de ses épaules imposantes, vers l’espace qui se trouvait derrière lui. Elle vit une valise et deux sacs à dos appuyés contre le mur. Elle vit également une feuille de papier posée au-dessus de la valise. Le grand logo qui s’y trouvait lui apprit qu’il s’agissait de l’impression d’un reçu d’Orbitz. Apparemment, Brian Neilbolt quittait la ville.

Pas vraiment le meilleur des scénarios après que son ex petite amie ait été assassinée et avoir été emmené par la police avant d’être immédiatement relâché.

« Où est-ce que vous partez ? » demanda Kate.

« Ce n’est pas vos affaires. »

« À qui parliez-vous au téléphone d’une voix aussi forte avant que je ne frappe à votre porte ? »

« À nouveau, ce n’est pas vos affaires. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser… »

Il fit un mouvement pour fermer la porte mais Kate s’obstina. Elle fit un pas en avant et cala son pied entre la porte et l’embrasure.

« Monsieur Neilbolt, je ne vous demande que cinq minutes de votre temps. »

Elle vit la colère l’envahir mais il finit par se calmer. Il baissa la tête et pendant un instant, il eut l’air presque triste. Il avait la même expression que Kate avait vue sur le visage des Meade.

« Vous m’avez bien dit que vous étiez un agent à la retraite, n’est-ce pas ? » demanda Neilbolt.

« Oui, c’est bien ça, » dit-elle.

« À la retraite, » dit-il. « Alors, foutez-moi le camp de mon porche. »

Elle resta inébranlable, bien décidée à montrer qu’elle n’avait aucune intention d’aller où que ce soit.

« Je vous ai dit de foutre le camp de mon porche ! »

Il hocha la tête puis tendit le bras pour la repousser. Elle sentit la puissance de ses mains au moment où elles lui touchèrent l’épaule et elle agit aussi rapidement qu’elle le put. Elle fut surprise par la rapidité avec laquelle ses réflexes et ses muscles réagirent.

Au moment où elle tomba en arrière, elle entoura le bras droit de Neilbot de ses deux bras. Au même moment, elle mit un genou à terre pour reprendre son équilibre. Elle fit ensuite de son mieux pour le faire tomber d’un coup de hanche mais son poids était trop lourd à faire basculer. Quand il se rendit compte de ce qu’elle essayait de faire, il lui assena un coup de coude violent dans les côtes.

Kate eut le souffle coupé pendant un instant. Mais en lui assénant un coup de coude, il s’était également déséquilibré. Elle en profita pour essayer à nouveau de le faire tomber et cette fois-ci, elle y parvint. Et vu qu’elle y mit toutes ses forces, ça marcha un peu mieux que prévu.

Neilbot valsa en bas du porche et finit sa course en heurtant les deux premières marches de l’escalier. Il hurla de douleur mais il essaya de se remettre tout de suite debout. Il leva les yeux vers elle d’un air choqué, en essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Envahi par la rage et la surprise, il remonta les escaliers en titubant. Il était manifestement sonné.

Elle feignit un coup de genou en direction de son visage au moment où il atteignit le haut des escaliers. Au moment où il esquiva, elle le prit par le côté du visage et se mit à nouveau à genoux. Elle lui plaqua le visage contre le sol, pendant que ses bras et ses jambes luttaient pour chercher une prise sur les escaliers. Elle sortit ensuite les menottes de l’intérieur de sa veste et les lui passa avec une rapidité et une aisance que seuls trente ans d’expérience peuvent apporter.

Elle s’éloigna d’un pas et le regarda. Il ne cherchait pas à lutter contre les menottes. Il avait plutôt l’air sonné, en fait.

Quand Kate chercha son téléphone pour appeler la police, elle se rendit compte que sa main tremblait. Elle était gonflée à bloc, remplie d’adrénaline. Elle réalisa qu’elle avait un sourire aux lèvres.

Mon dieu, comme ça m’a manqué.

Et cela, bien que le coup qu’elle ait reçu dans les côtes lui fasse vraiment mal – certainement beaucoup plus mal que ça ne l’aurait fait il y a cinq ou six ans. Et est-ce que les articulations de ses genoux avaient toujours été aussi douloureuses après une lutte ?

Elle prit un moment pour se délecter de l’instant présent, puis finit par appeler la police. Pendant ce temps, Brian Neilbolt resta sonné à ses pieds, se demandant peut-être comment une femme qui devait avoir au moins vingt ans de plus que lui, avait bien pu lui botter les fesses de cette manière.

CHAPITRE CINQ

À vrai dire, Kate s’attendait un peu à un retour de flamme après ce qu’elle venait de faire, mais pas au point de ce qu’elle vécut quand elle arriva au commissariat du troisième district. Elle sut que quelque chose se préparait au moment où elle vit la manière dont la regardaient les policiers qui passaient à côté d’elle, alors qu’ils étaient occupés à leurs tâches journalières. Certains regards étaient pleins d’admiration, alors que d’autres la reluquaient de manière franchement ridicule.

Kate préféra les ignorer. Elle était encore trop énervée par sa confrontation sur le porche de Neilbolt pour s’en préoccuper.

Après avoir attendu quelques minutes dans le hall d’entrée, un policier à l’air nerveux s’approcha d’elle. « Vous êtes madame Wise, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Oui. »

Elle vit dans ses yeux qu’il avait déjà entendu parler d’elle. Autrefois, c’était un regard qu’elle avait à chaque fois qu’un policier ou un agent qui ne la connaissait que par réputation, la rencontrait pour la première fois. C’était un regard qui lui manquait beaucoup.

« Le commissaire Budd voudrait vous parler. »

Elle fut assez surprise. Elle s’attendait plutôt à parler à quelqu’un comme le commissaire adjoint Greene, par exemple. Bien qu’il ait été dur avec elle au téléphone, elle savait qu’il pouvait être plus facilement persuadé en face à face. En revanche, le commissaire Randall Budd était le genre de type qui ne se laissait pas amadouer par des balivernes. Elle ne l’avait rencontré qu’une seule fois, il y a quelques années. Elle ne se rappelait même plus en quelle occasion mais en revanche, elle se rappelait très bien que Budd lui avait laissé l’impression d’être quelqu’un de déterminé et strictement professionnel.

Mais Kate n’avait pas envie d’avoir l’air intimidée ou préoccupée. Alors, elle se leva et suivit le policier. Ils quittèrent la salle d’attente et traversèrent un espace ouvert. Ils passèrent à côté de plusieurs bureaux et elle se sentit observée par les policiers qui y étaient assis. Ils traversèrent un couloir, au milieu duquel s’ouvrait la porte menant au bureau de Randall Budd. La porte était ouverte, comme s’il attendait sa venue depuis déjà un petit temps.

Le policier ne lui dit pas un mot de plus. Une fois qu’il l’eut accompagnée jusqu’au bureau de Budd, il tourna les talons et repartit. Kate regarda dans le bureau et vit le commissaire Budd qui lui faisait signe d’entrer.

« Entrez, » dit-il. « Je ne vais pas vous mentir. Je ne suis pas content mais je ne mords pas. Vous pouvez refermer la porte derrière vous ? »

Kate obéit et entra, en refermant la porte. Puis elle s’assit sur l’une des trois chaises qui se trouvaient en face du bureau de Budd. Sur la table, il y avait plus d’objets personnels que de documents en rapport avec le boulot : des photos de famille, une balle de baseball dédicacée, une tasse de café personnalisée et une sorte de douille souvenir posée sur une plaque.

« Laissez-moi commencer par vous dire que je suis au courant de vos impressionnants états de service, » dit Budd. « Plus d’une centaine d’arrestations au cours de votre carrière. Première de classe à l’académie. Médailles d’or et d’argent dans huit tournois consécutifs de kickboxing en plus de l’entraînement de base du FBI où vous avez également excellé. Votre nom circulait dans le métier, à l’époque où vous étiez en service. Et la plupart des officiers des forces de police de l’état de Virginie vous respectent au plus haut point. »

« Mais ? » dit Kate. Elle ne disait pas ça dans le but d’être drôle. Elle cherchait juste à lui dire qu’elle était tout à fait capable d’être réprimandée… bien qu’elle ne pense pas vraiment le mériter.

« Mais malgré ça, vous n’avez pas le droit d’aller agresser les gens, juste parce que vous pensez qu’ils peuvent être impliqués dans la mort de la fille de l’une de vos amies. »

« Je ne suis pas allée le voir avec l’intention de l’agresser, » dit Kate. « Je suis allée le voir pour lui poser quelques questions. Quand il a commencé à m’agresser physiquement, je n’ai fait que me défendre. »

« Il a dit à mes hommes que vous l’aviez jeté en bas des escaliers et que vous lui aviez frappé la tête contre le sol. »

« On ne va quand même pas me reprocher d’avoir été plus forte que lui, non ? » demanda-t-elle.

Budd se mit à la regarder attentivement. « Je n’arrive pas à dire si vous essayez d’être drôle en prenant tout ça à la légère, ou si c’est vraiment votre attitude de tous les jours. »

« Commissaire, je comprends votre situation. Je sais que cela vous cause des ennuis qu’une femme de cinquante-cinq ans à la retraite ait rossé un type que vos hommes ont brièvement interrogé avant de le relâcher. Mais je voudrais que vous compreniez que… je n’ai rendu visite à Brian Neilbolt que parce que mon amie me l’avait demandé. Et franchement, quand j’en ai su un peu plus à son sujet, je me suis dit que ce n’était probablement pas une mauvaise idée. »

« Alors vous avez juste supposé que mes hommes n’avaient pas bien fait leur boulot ? » demanda Budd.

« Je n’ai rien dit de tel. »

Budd leva les yeux au ciel et soupira. « Écoutez, je ne cherche pas à en débattre de toute façon. Franchement, j’adorerais vraiment qu’une fois que vous sortiez de mon bureau, nous en ayons fini avec cette histoire et que ce soit un sujet clos. Mais il faut que vous compreniez que vous avez dépassé les bornes sur ce coup-là. Et si vous me faites encore un coup pareil, je vais devoir vous placer en état d’arrestation. »

Il y avait plusieurs choses que Kate avait envie de lui dire en guise de réponse. Mais elle se dit que si Budd était disposé à laisser tomber les argumentations, alors elle pouvait en faire de même. Elle savait qu’il était tout à fait en son pouvoir de lui mettre vraiment la pression, alors elle décida de rester aussi courtoise que possible.

« Je comprends, » répondit-elle.

Budd eut l’air de réfléchir à quelque chose pendant un instant avant de se croiser les mains sur le bureau, comme s’il essayait de se concentrer. « Et juste pour que vous le sachiez, nous sommes certains que Brian Neilbolt n’a pas tué Julie Hicks. Il apparaît sur des caméras de sécurité à l’extérieur d’un bar, le soir où elle a été assassinée. Il y est entré vers vingt-deux heures et il y est resté jusqu’après minuit. Entre une heure et trois heures du matin, il a ensuite échangé des messages avec une femme avec qui il a actuellement une aventure. Ce n’est pas lui, l’assassin. Ce n’est pas notre type. »

« Il avait ses valises prêtes, » dit Kate. « Comme s’il cherchait à quitter la ville le plus vite possible. »

« Dans les échanges de messages avec sa copine actuelle, ils parlaient d’aller à Atlantic City. Ils étaient censés partir cet après-midi. »

« Je vois. » Kate hocha la tête. Elle n’était pas vraiment désolée en soi, mais elle commençait à regretter d’avoir agi de manière aussi agressive sur le porche de Neilbolt.

« Il y a autre chose, » dit Budd. « Et à nouveau, il faut que vous compreniez la position dans laquelle je me trouve. Je n’ai pas eu d’autre choix que de contacter vos anciens supérieurs au FBI. C’est le protocole. Je suis sûr que vous le savez. »

Oui, elle le savait mais franchement, elle n’y avait pas pensé. Une légère sensation d’agacement commença à lui ronger le ventre.

« Je sais, » dit-elle.

« J’ai parlé avec le directeur adjoint Duran. Il n’était pas content et il veut vous parler. »

Kate leva les yeux au ciel et hocha la tête. « OK. Je l’appellerai et je lui dirai que c’est sur votre ordre. »

« Non, vous ne comprenez pas, » dit Budd. « Ils veulent vous voir. À Washington. »

Et sur ces mots, l’agacement qu’elle ressentait se transforma instantanément en une sensation qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps : une véritable préoccupation.

CHAPITRE SIX

Après sa réunion avec le commissaire Budd, Kate passa les coups de fil nécessaires afin d’informer ses anciens supérieurs qu’elle avait bien reçu leur requête de venir en personne à Washington. Aucune information ne lui fut communiquée par téléphone et elle n’eut l’occasion de parler avec aucun de ses supérieurs. Elle laissa par conséquent quelques messages plutôt désagréables à deux pauvres réceptionnistes – ce qui lui permit par la même occasion de soulager un peu son stress.

Elle quitta Richmond le lendemain matin à huit heures. Bizarrement, elle était plus excitée que préoccupée par l’idée de se rendre à Washington. Elle se sentait comme une jeune diplômée qui reviendrait sur le campus où elle avait étudié, après en avoir été éloignée pendant un temps. Le FBI lui avait horriblement manqué au cours de cette dernière année et elle était vraiment impatiente de retourner dans cet environnement qui lui était si familier… même si c’était pour être sanctionnée.

Pour se distraire sur le trajet, elle écouta un podcast sur le cinéma – une suggestion que lui avait faite sa fille. Après cinq minutes, elle n’entendit même plus les commentateurs et elle se mit à penser aux dernières années de sa vie. D’une manière générale, elle n’était pas du genre sentimental mais pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, elle avait tendance à devenir nostalgique et pensive quand elle était sur la route.

Alors au lieu de se concentrer sur le podcast, elle se mit à penser à sa fille – sa fille enceinte, qui allait accoucher dans cinq semaines. Le bébé était une petite fille, qui porterait le nom de Michelle. Le père du bébé était un type plutôt bien, mais selon Kate, il ne serait jamais vraiment assez bien pour Melissa Wise. Melissa, que Kate appelait Lissa depuis le moment où elle avait commencé à marcher à quatre pattes, vivait à Chesterfield, un quartier qui faisait techniquement partie de Richmond mais qui était considéré comme différent par ceux qui y vivaient. Kate ne l’avait jamais dit à Melissa, mais c’était la raison pour laquelle elle était revenue vivre à Richmond. Ce n’était pas uniquement à cause des liens qu’elle y avait créés suite à ses études universitaires, mais c’était surtout parce que c’était là où se trouvait sa famille – où son premier petit-enfant allait vivre.

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