Avant qu’il ne ressente - Блейк Пирс 3 стр.


Ils suivirent ses indications et alors qu’ils marchaient le long couloir qui menait vers l’arrière de l’édifice, Mackenzie fut surprise par le silence qu’il y régnait. En plein milieu d’une enquête sur un meurtre, elle s’était attendue à ce que le commissariat déborde d’activité même s’ils se trouvaient dans un petit trou perdu au fin fond de la Virginie.

Alors qu’ils se dirigeaient vers le fond du couloir, Mackenzie remarqua quelques panneaux qui avaient été accrochés aux murs. Sur l’un d’entre eux, elle y lut : La carte magnétique est obligatoire pour accéder à la prison. Et sur un autre : Toutes les visites à la prison doivent être approuvées par les officiers du comté ! L’approbation doit être montrée au moment de la visite !

Elle se mit à penser au nombre de règles et de dispositions qui avaient dû être mises en place afin qu’une prison et un commissariat puissent occuper le même espace. Elle trouvait ça fascinant. Mais avant qu’elle ne puisse y réfléchir davantage, ils atteignirent le fond du couloir.

En lettres dorées, peintes sur la partie supérieure vitrée de la porte, il était écrit Shérif Clarke. La porte était à moitié ouverte, alors Mackenzie la poussa lentement et entendit la voix d’un homme costaud. Quand elle regarda à l’intérieur, elle vit un homme robuste assis derrière un bureau, qui parlait d’une voix forte au téléphone. Un autre homme était assis sur une chaise dans un coin et tapait furieusement un message sur son téléphone portable.

L’homme assis derrière le bureau – et qui devait probablement être le shérif Clarke – s’interrompit au moment où elle ouvrit la porte.

« Attends un instant, Randall, » dit-il. Puis il couvrit le combiné du téléphone et regarda tour à tour Mackenzie et Ellington.

« Vous êtes du FBI ? » demanda-t-il.

« Oui, » dit Ellington.

« Dieu merci, » soupira-t-il. « Donnez-moi juste un instant. » Il retira sa main du combiné et continua sa conversation téléphonique. « Écoute Randall, la cavalerie vient juste d’arriver. Je peux te rappeler dans un quart d’heure ? Oui ? OK, alors, à tout à l’heure. »

L’homme costaud raccrocha le téléphone et se dirigea vers eux. Il leur offrit une main charnue, en la tendant d’abord à Ellington. « Enchanté de vous rencontrer, » dit-il. « Je suis le shérif Robert Clarke. Et là, » dit-il, en montrant d’un signe de tête l’homme qui était assis dans un coin, « c’est l’officier Keith Lambert. Mon adjoint est sur le terrain pour l’instant et s’efforce de trouver une quelconque piste dans ce bordel. »

Quand il eut terminé de serrer la main d’Ellington, il faillit oublier Mackenzie et ne lui tendit la main qu’après coup. En la serrant, elle se présenta, espérant qu’il comprendrait ainsi qu’elle était tout aussi capable de mener une enquête que les hommes présents dans cette pièce. Elle eut soudain l’impression de revivre une de ces situations auxquelles elle n’avait été que trop habituée au Nebraska.

« Shérif Clarke, je suis l’agent White et voici l’agent Ellington. Allez-vous être notre personne de contact ici à Stateton ? »

« Mon chou, je vais faire office d’un peu près tout durant votre visite, » dit-il. « Les forces de police pour tout le comté s’élèvent exactement à douze personnes. Treize si vous comptez Frances qui est assise à la réception. Avec la folie meurtrière à laquelle on fait face, on est un peu court. »

« Et bien, voyons ce que nous pouvons faire pour vous aider, » dit Mackenzie.

« J’aimerais que ce soit aussi facile, » dit-il. « Même si nous résolvions cette affaire aujourd’hui même, je vais avoir la moitié du conseil des autorités de surveillance sur le dos. »

« Et pourquoi ça ? » demanda Ellington.

« Et bien, les journaux viennent d’apprendre qui est la victime. Ellis Ridgeway. La mère d’un connard de crétin de politicien. Certains pensent qu’il pourrait finir au sénat dans les cinq prochaines années. »

« Et de qui s’agit-il ? » demanda Mackenzie.

« De Langston Ridgeway. Vingt-huit ans et il se prend pour le nouveau JFK. »

« Vraiment ? » dit Mackenzie, un peu surprise que cette information ne leur ait pas été transmise dans le dossier.

« Et oui. Je ne comprends même pas comment les journaux locaux ont pu obtenir cette information. La majorité du temps, ils ne sont même pas capables d’écrire sans faute, mais ça, ils ne l’ont pas raté. »

« J’ai vu des panneaux pour la résidence Wakeman pour aveugles alors que nous étions en route, » dit Mackenzie. « Ce n’est qu’à dix kilomètres d’ici, c’est bien ça ? »

« Exactement, » dit Clarke. « Je parlais à l’instant avec Randall Jones, le gérant de la résidence. C’était avec lui que j’étais au téléphone quand vous êtes arrivés. Il est là-bas pour l’instant et disposé à répondre à toutes vos questions. Et le plus tôt sera le mieux. Des journalistes et quelques personnalités importantes n’arrêtent pas de l’appeler et de l’interroger au sujet de l’affaire. »

« Allons-y, alors, » dit Mackenzie. « Vous nous accompagnez ? »

« Impossible, mon chou. Je suis complètement submergé ici. Mais n’hésitez pas à revenir me voir quand vous aurez terminé avec Randall. J’essaierai de vous aider autant que possible mais franchement… je préférerais que vous puissiez dépatouiller tout ça vous-mêmes. »

« OK, » dit Mackenzie. Elle n’était pas sûre de savoir comment prendre Clarke. Il était vraiment direct et franc, ce qui était plutôt positif. Il avait l’air aussi d’aimer utiliser des gros mots. Et elle ne le prenait pas mal quand il l’appelait mon chou. Ça faisait plutôt partie de ce charme typique du Sud.

Et puis aussi, il était vraiment soumis à une énorme pression.

« Nous reviendrons dès que nous en aurons terminé à la résidence, » dit Mackenzie. « Mais n’hésitez pas à nous appeler si vous avez du neuf entre temps. »

« Bien entendu, » dit Clarke.

Dans son coin, toujours occupé à envoyer des messages, l’officier Lambert grogna en signe d’assentiment.

Après moins de trois minutes dans le bureau du shérif Clarke, Mackenzie et Ellington retraversèrent le couloir qui donnait sur le vestibule. La femme âgée, sûrement la Frances que Clarke avait mentionnée, leur fit un petit geste rapide de la main quand ils sortirent.

« Et bien, c’était… intéressant, » dit Ellington.

« Le type est débordé, » dit-elle. « Il faut comprendre. »

« Tu l’aimes bien juste parce qu’il t’appelle mon chou, » dit Ellington.

« Et alors ? » dit-elle, en souriant.

« Et bien, si tu veux, je peux commencer à t’appeler mon chou. »

« Non, s’il te plaît, » dit-elle, en remontant en voiture.

Ellington roula durant un kilomètre sur la route 47, puis tourna à gauche sur une route secondaire. Ils virent tout de suite un panneau qui indiquait la résidence Wakeman. Alors qu’ils s’approchaient de la propriété, Mackenzie se demanda pourquoi un lieu aussi isolé avait été choisi pour une résidence pour aveugles. Il y avait sûrement une raison psychologique derrière tout ça. Peut-être que le fait d’être situés au milieu de nulle part aidait les pensionnaires à se détendre, loin des bruits constants de la ville.

Mais ce dont elle était certaine, c’était qu’elle se sentait de plus en plus coupée du reste du monde au fur et à mesure que la forêt s’épaississait autour d’eux. Et pour la première fois depuis très longtemps, elle en arriva presque à désirer revoir le paysage familier des champs de maïs de sa jeunesse.

CHAPITRE TROIS

La résidence Wakeman pour aveugles ne ressemblait pas du tout à ce que Mackenzie s’attendait. Comparé au bâtiment du commissariat et de la prison du comté de Staunton, la résidence Wakeman était une merveille de design et d’architecture moderne – comme Mackenzie put s’en rendre compte avant même d’entrer dans l’édifice.

La façade de l’édifice était faite de larges baies vitrées qui constituaient l’essentiel des murs. Alors qu’elle se trouvait encore dans l’allée qui menait vers l’entrée, Mackenzie pouvait déjà voir l’intérieur. Elle vit un grand vestibule qui ressemblait à celui qu’on trouve généralement à l’entrée des centres thermaux. L’aspect était agréable et accueillant.

Cette sensation ne fit que s’intensifier une fois qu’ils furent entrés dans le bâtiment. Tout avait l’air neuf et étincelant. Lors des recherches qu’elle avait faites durant le trajet pour Stateton, elle avait découvert que la résidence Wakeman pour aveugles avait été construite en 2007. Son installation avait été accueillie chaleureusement par la communauté du comté de Staunton car il avait permis de créer de nouveaux emplois. Mais aujourd’hui, bien qu’il soit toujours l’un des édifices les plus importants du comté, l’excitation du début avait décliné et la résidence semblait avoir été engloutie par le milieu rural qui l’environnait.

Une jeune femme était assise derrière un guichet arrondi le long du mur du fond. Elle leur sourit mais il était clair qu’elle avait un air inquiet. Mackenzie et Ellington s’approchèrent d’elle, se présentèrent et furent rapidement invités à s’asseoir dans la salle d’attente, le temps que Randall Jones vienne les chercher.

Il s’avéra très vite que Randall Jones était vraiment pressé de les rencontrer. Mackenzie était assise depuis seulement quelques secondes quand une double porte menant à l’arrière du bâtiment s’ouvrit de l’autre côté de la salle d’attente. Un homme de grande taille portant une chemise et un pantalon kaki en sortit. Il essaya de leur sourire au moment où il se présenta mais, tout comme la réceptionniste, il ne parvint pas à cacher le fait qu’il était très fatigué et inquiet.

« Je suis content que vous soyez venus aussi vite, » dit Jones. « Le plus tôt nous pourrons résoudre cette affaire sera le mieux. Les rumeurs vont bon train dans le coin avec cette histoire. »

« Nous aimerions également la résoudre aussi vite que possible, » dit Mackenzie. « Connaissez-vous l’endroit exact où le corps a été retrouvé ? »

« Oui. C’est une roseraie à environ cinq cents mètres d’ici. C’était normalement l’endroit où la résidence Wakeman aurait dû être construit mais d’obscures réglementations du comté sont venues mettre des bâtons dans les roues du projet. »

« Pouvez-vous nous y emmener ? » demanda Mackenzie.

« Bien sûr, tout ce dont vous avez besoin. Venez avec moi. »

Jones les guida à travers les doubles portes qu’il venait de traverser. De l’autre côté, il y avait une petite niche qui menait directement à l’intérieur de la résidence. Les premières portes à côté desquelles ils passèrent menaient à des bureaux et à des espaces de rangement, séparés des chambres des pensionnaires par un espace ouvert où un homme et une femme étaient assis derrière un guichet, un peu comme dans les hôpitaux.

Au moment où ils passèrent à côté des chambres, Mackenzie jeta un coup d’œil à l’intérieur de l’une d’entre elles dont la porte était ouverte. Les chambres étaient assez spacieuses et équipées de jolis meubles. Elle vit également des ordinateurs portables et des smartpads dans quelques-unes d’entre elles.

Bien que la résidence soit située au milieu de nulle part, on dirait que l’argent ne manque pas pour entretenir l’endroit, pensa-t-elle.

« Combien de pensionnaires vivent dans la résidence ? » demanda Mackenzie.

« Vingt-six, » dit-il. « Et ils viennent d’un peu partout. Nous avons un homme âgé qui est venu spécialement de Californie car nous offrons un service exceptionnel et une très bonne qualité de vie. »

« Excusez-moi si ma question peut vous paraître stupide, » dit Mackenzie, « mais quel genre d’activités font-ils ? »

« Et bien, nous proposons toute une série de cours qui couvrent un large éventail de centres d’intérêt. Bien sûr, la plupart doivent être adaptés pour répondre à leurs besoins. Nous avons des cours de cuisine, des programmes d’exercice, un club de jeu de société, des clubs divers, des cours de jardinage, de bricolage, des choses dans le genre. Nous organisons également des sorties quelques fois par an, afin de leur permettre de faire de la randonnée ou de la nage. Nous avons même deux courageux qui sortent en canoë à chaque fois que nous faisons ces excursions. »

En entendant tout ça, Mackenzie fut assez surprise. Elle n’avait jamais imaginé que des personnes complètement aveugles puissent avoir des hobbies comme la natation ou le canoë.

Au moment où ils atteignirent le bout du couloir, Jones les guida vers un ascenseur. Quand ils furent à l’intérieur et qu’ils descendirent à l’étage inférieur, Jones s’appuya contre le mur, visiblement épuisé.

« Monsieur Jones, » dit Mackenzie, « Savez-vous comment les journaux locaux ont pu être aussi rapidement au courant du meurtre ? »

« Je n’en ai aucune idée, » dit-il. « C’est une des raisons pour laquelle je suis aussi fatigué. J’ai interrogé tout mon personnel à fond. Mais je n’ai rien découvert. Il y a certainement une fuite mais je n’ai aucune idée d’où elle vient. »

Mackenzie hocha la tête. Ce n’est pas vraiment un souci en soi, pensa-t-elle. Une fuite dans une petite ville comme celle-là est presqu’une certitude. Mais il ne faut pas que ça vienne freiner l’enquête par contre.

L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent sur une sorte de petit rez-de-chaussée. Quelques chaises étaient dispersées ici et là mais Jones les mena directement vers une porte qui se trouvait droit devant eux. Ils sortirent à l’air libre et Mackenzie réalisa qu’ils se trouvaient à l’arrière de l’édifice, face au parking des employés.

Randall les emmena jusqu’à sa voiture et quand ils y entrèrent, il mit tout de suite l’air conditionné en route. Il faisait chaud comme dans un four à l’intérieur du véhicule mais la climatisation fit directement effet.

« Comment madame Ridgeway est-elle parvenue jusqu’à la roseraie ? » demanda Ellington.

« Et bien, du fait que nous soyons au milieu de nulle part, nous accordons une certaine liberté à nos pensionnaires. Nous avons un couvre-feu à vingt et une heures en été – qui est réduit à dix-huit heures en automne et en hiver quand il fait noir plus tôt. La roseraie à laquelle nous allons est un endroit auquel se rendent parfois certains pensionnaires pour prendre l’air. Comme vous le verrez, c’est une courte promenade sans aucun risque. »

Randall fit une marche arrière pour sortir du parking et s’engagea sur la route. Il prit la direction opposée à celle qui menait au commissariat de police, sur un tronçon de route de Mackenzie et Ellington ne connaissaient pas encore.

La route s’enfonçait encore plus profondément dans les bois. À peine trente secondes plus tard, Mackenzie aperçut le portail en fer forgé qui donnait accès à la roseraie. Randall se gara sur un petit parking où se trouvaient seulement trois autres voitures, dont l’une était une voiture de police sans personne à l’intérieur.

« Le shérif Clarke et ses hommes étaient ici la nuit dernière et ce matin, » dit Randall. « Quand il a su que vous alliez arriver, il a fait évacuer ses hommes afin de vous laisser le champ libre. »

« Une décision que nous apprécions vraiment, » dit Mackenzie, en sortant du véhicule sous une chaleur étouffante.

« Nous savons avec certitude que c’est le dernier endroit où Ellis Ridgeway s’est rendue, » dit Randall. « Elle est passée devant deux autres pensionnaires au moment où elle est sortie, et je l’ai également vue partir de la résidence. Les caméras de sécurité confirment doublement ce fait. Elle se rendait visiblement dans cette direction – et tout le monde à la résidence savait qu’elle aimait venir se balader jusqu’ici le soir. Elle le faisait au moins quatre à cinq fois par semaine. »

« Et il n’y avait personne avec elle ? » demanda Mackenzie.

« Personne de la résidence. Franchement, la plupart des gens n’ont pas vraiment envie d’aller se balader en plein été. Je suis sûr que vous avez remarqué qu’on subit pour l’instant une forte vague de chaleur. »

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