Avant qu’il ne prenne - Блейк Пирс 3 стр.


Espérons qu’il ait tout oublié de cet épisode, pensa-t-elle. Aujourd’hui, je suis une autre personne, il est bien trop occupé pour y penser et maintenant nous travaillons ensemble. C’est de l’histoire ancienne.

« Et toi ? » demanda-t-elle. « Quelles sont tes premières impressions ? »

« Je pense qu’il n’a pas l’intention de tuer ces femmes, » dit Ellington. « Pas d’indices, aucune trace, et, comme toi, je pense qu’il doit s’agir d’un gars du coin. Je pense qu’il les collectionne peut-être… dans quel but, je ne vais pas spéculer à ce sujet. Mais si j’ai raison, ça m’inquiète. »

Ça inquiétait aussi Mackenzie. Si ce type kidnappait des femmes, il finirait par manquer de place. Et peut-être aussi qu’il finirait par perdre de l’intérêt… ce qui signifiait qu’il devrait arrêter tôt ou tard. Et bien que ce soit une bonne chose en théorie, ça voudrait aussi dire qu’ils risqueraient de perdre sa trace, en l’absence d’autres scènes d’enlèvement où il pourrait éventuellement laisser des indices.

« Je pense que tu as raison sur le fait qu’il les collectionne, » dit-elle. « Il les attaque à un moment de vulnérabilité – à un moment où elles sont occupées par leur voiture ou des pneus crevés. Ça veut dire qu’il les prend par surprise plutôt que de les attaquer de front. Il est probablement timide. »

Il eut un rictus et dit, « Oui, c’est bien observé. »

Sa grimace se transforma en un sourire duquel elle préféra détourner les yeux, sachant qu’il leur arrivait trop souvent de se fixer du regard et de laisser ce moment s’attarder un peu trop longtemps. Elle regarda en direction du ciel bleu et des nuages tandis que le Midwest s’approchait rapidement sous leurs pieds.

***

Vu qu’ils voyageaient avec très peu de bagages, Mackenzie et Ellington traversèrent l’aéroport sans aucun problème. Durant la dernière partie du vol, Ellington avait informé Mackenzie qu’un programme avait déjà été décidé (probablement pendant qu’elle se ruait à son appartement, puis à l’aéroport). Ils allaient rencontrer deux agents locaux et collaborer avec eux afin de résoudre cette affaire le plus tôt possible. Vu qu’ils n’avaient aucun bagage à récupérer au carrousel, ils purent retrouver les agents très rapidement.

Ils se retrouvèrent dans l’un des innombrables Starbucks de l’aéroport. Elle laissa Ellington ouvrir la voie car il était manifeste que McGrath le considérait comme responsable sur cette affaire. Sinon pour quelle autre raison aurait-il uniquement informé Ellington de l’endroit où retrouver les agents locaux ? Et pour quelle autre raison aurait-il averti Ellington assez tôt, lui laissant assez de temps pour arriver confortablement à l’heure pour son vol ?

Il était difficile de rater les deux agents. Mackenzie soupira intérieurement quand elle vit que c’était tous les deux des hommes. L’un d’entre eux avait l’air d’être une nouvelle recrue. Il était impossible que ce type ait plus de vingt-quatre ans. Son partenaire par contre avait l’air plus endurci et plus âgé – probablement sur le point d’atteindre la cinquantaine.

Ellington se dirigea directement vers eux et Mackenzie le suivit. Aucun des deux agents ne se leva mais le plus âgé tendit la main vers Ellington au moment où ils s’approchaient de la table.

« Agents Heideman et Thorsson, c’est bien ça ? » demanda Ellington.

« C’est bien ça, » dit l’homme plus âgé. « Je suis Thorsson et voici mon partenaire, Heideman. »

« Ravis de vous rencontrer, » dit Ellington. « Je suis l’agent spécial Ellington et voici ma partenaire, l’agent White. »

Ils se serrèrent tous la main d’une manière qui était presque devenue pénible pour Mackenzie depuis qu’elle avait rejoint le Bureau. C’était comme une sorte de formalité, un truc bizarre qu’il fallait faire avant de s’attaquer à la tâche à accomplir. Au moment où Heideman lui serra la main, elle remarqua que sa poigne était faible et moite. Il n’avait pas l’air nerveux mais peut-être un peu timide ou introverti.

« À quelle distance se trouvent les scènes de crime ? » demanda Ellington.

« La plus proche est à environ une heure de route, » dit Thorsson. « Les autres sont toutes à dix ou quinze minutes l’une de l’autre. »

« Est-ce qu’il y a eu du neuf depuis tôt ce matin ? » demanda Mackenzie.

« Rien, » dit Thorsson. « C’est une des raisons pour laquelle nous vous avons appelés en renfort. Ce type a enlevé trois femmes jusqu’à maintenant et on n’a pas pu trouver l’ombre d’un indice. On en est arrivé à un tel point que l’État envisage l’utilisation de caméras le long de la route. Mais le problème, c’est qu’il est difficile de garder sous surveillance caméra plus de cent-vingt kilomètres de routes de campagne. »

« Enfin, techniquement, c’est possible, » dit Heideman. « Mais ça ferait une tonne de caméras et une énorme quantité d’argent. Alors certains responsables au niveau de l’État ne le considèrent que comme une mesure de dernier recours. »

« Est-ce qu’on peut commencer tout de suite et visiter la première scène de crime ? » demanda Ellington.

« Bien sûr, » dit Thorsson. « Vous ne devez pas d’abord régler la question de l’hôtel ou d’autres choses dans le style ? »

« Non, » dit Mackenzie. « Mettons-nous tout de suite au travail. Si vous dites qu’il y a tant de route que ça à faire, ne perdons pas de temps. »

Au moment où Thorsson et Heideman se levèrent, Ellington lui décocha un regard bizarre. Elle ne parvenait pas à savoir s’il était impressionné par sa détermination de se rendre le plus rapidement possible à la première scène de crime, ou s’il trouvait amusant qu’elle ne le laisse pas prendre entièrement les commandes dans cette enquête. Ce qu’elle espérait qu’il ne pourrait pas deviner, c’était que l’idée de se rendre à proximité d’un hôtel avec Ellington lui provoquait bien trop d’émotions en même temps.

Ils sortirent du Starbucks en file indienne. Mackenzie fut touchée quand Ellington l’attendit, afin de s’assurer qu’elle ne se retrouve pas en bout de file.

« Vous savez, » dit Thorsson, en regardant par-dessus son épaule, « Je suis content que vous ayez envie de vous rendre tout de suite sur place. Il y a une mauvaise ambiance qui se répand un peu partout à cause de cette affaire. Ça se sent quand on parle avec la police locale et ça commence par déteindre sur nous aussi. »

« Quel genre de mauvaise ambiance ? » demanda Mackenzie.

Thorsson et Heideman échangèrent un regard d’appréhension avant que les épaules de Thorsson ne s’affaissent quelque peu et qu’il réponde : « Que ça n’arrivera pas. Je n’ai jamais rien vu de tel. Il n’y a pas un seul indice. Ce type, c’est un fantôme. »

« Et bien, espérons qu’on puisse vous aider sur ce point, » dit Ellington.

« J’espère bien, » dit Thorsson. « Parce que pour l’instant, l’impression générale parmi tous ceux qui travaillent sur cette affaire, c’est qu’il se pourrait bien qu’on n’attrape jamais ce type. »

CHAPITRE TROIS

Mackenzie était assez surprise que le bureau local ait fourni une Suburban à Thorsson et à Heideman. Après son propre tacot et le modèle de voitures de location avec lesquelles elle s’était retrouvée ces derniers mois, elle avait l’impression de voyager en première classe, assise à l’arrière aux côtés d’Ellington. Quand ils arrivèrent à la première scène de crime une heure et dix minutes plus tard, elle fut néanmoins contente d’en sortir. Elle n’était pas habituée à ce genre de traitement et ça la mettait mal à l’aise.

Thorsson se gara sur le bord de la Route 14, une route de campagne à deux bandes qui serpentait à travers les forêts de l’Iowa. Des arbres l’entouraient des deux côtés. Durant les quelques kilomètres qu’ils avaient parcouru sur cette route, Mackenzie avait vu quelques chemins de terre secondaires qui semblaient avoir été oubliés depuis longtemps, fermés par deux poteaux reliés par une chaîne. À part ces quelques exceptions, il n’y avait rien d’autre que des arbres.

Thorsson et Heideman passèrent à côté de quelques policiers locaux qui leur firent un signe superficiel de la main au moment où ils les dépassèrent. Devant eux, il y avait une petite Subaru rouge devant deux voitures de police. Les deux pneus du côté conducteur étaient complètement à plat.

« En quoi consistent les forces de police dans le coin ? » demanda Mackenzie.

« En pas grand-chose, » dit Thorsson. « La ville la plus proche d’ici est une petite localité du nom de Bent Creek, comptant environ neuf cents habitants. Les forces de police sont constituées d’un shérif – qui se trouve avec les autres types qu’on vient de passer – deux adjoints et sept policiers. Quelques plus hauts gradés sont venus de Des Moines mais quand nous sommes arrivés, ils se sont retirés. C’est l’affaire du FBI maintenant. Ce genre de chose. »

« En d’autres mots, ils sont contents qu’on soit là ? » demanda Ellington.

« Oh oui, tout à fait. » dit Thorsson.

Ils s’approchèrent de la voiture et l’encerclèrent pendant un moment. Mackenzie regarda en arrière, en direction des policiers. Seulement l’un d’entre eux semblait intéressé par ce que les agents du FBI étaient occupés à faire. Et c’était bien mieux ainsi. Elle avait eu sa dose d’officiers de police locaux cherchant à interférer et rendant les choses plus difficiles qu’elles n’auraient dû l’être. Ce serait bien plus facile de pouvoir faire son boulot sans devoir marcher sur des œufs et essayer de ne pas froisser les sensibilités et les égos de la police locale.

« Est-ce qu’on a déjà relevé les empreintes sur la voiture ? » demanda Mackenzie.

« Oui, ce matin, » dit Heideman. « Allez-y, jetez un coup d’œil. »

Mackenzie ouvrit la portière du côté passager. En un coup d’œil, elle constata que les empreintes avaient peut-être été relevées mais que rien n’avait encore été retiré du véhicule et classé en tant que preuve. Il y avait encore un téléphone sur le siège passager. Un paquet de chewing-gum était posé sur quelques feuilles de papier pliées, éparpillées sur la console centrale.

« C’est la voiture de l’auteur, c’est bien ça ? » demanda Mackenzie.

« Oui, c’est ça, » dit Thorsson. « Delores Manning. »

Mackenzie continua à fouiller la voiture. Elle trouva les lunettes de soleil de Manning, un carnet d’adresses en grande partie vide, quelques exemplaires du livre The Tin House éparpillés sur le siège arrière et quelques pièces de monnaie. Dans le coffre, il n’y avait qu’une caisse de livres, dix-huit exemplaires d’un ouvrage intitulé L’amour entravé par Delores Manning.

« Est-ce qu’ils ont aussi relevé les empreintes ici ? » demanda Mackenzie.

« Non, je ne pense pas, » dit Heideman. « C’est juste une caisse de livres, non ? »

« Oui, mais il en manque quelques-uns. »

« Elle venait d’une séance de dédicaces, » dit Thorsson. « Il y a de grandes chances qu’elle en ait vendu ou offert quelques-uns. »

Ce ne valait pas la peine de continuer à argumenter alors elle laissa couler. Mais Mackenzie feuilleta tout de même deux des livres. Ils avaient tous les deux été signés par Manning sur la page de titre.

Elle remit les livres en place dans la caisse et se mit à observer la route. Elle marcha le long du bord, à la recherche de toute trace qui signalerait une mise en scène ayant permis de crever les pneus. Elle regarda en direction d’Ellington et fut contente de voir qu’il était déjà occupé à examiner les pneus de près. De là où elle se trouvait, elle pouvait voir l’éclat des morceaux de verre sortant des roues.

Il y avait d’autres éclats de verre sur la route. Le peu de lumière qui parvenait à traverser les branches au-dessus d’elle s’y reflétait d’une manière qui était étrangement belle. Elle s’en approcha et s’agenouilla pour y regarder de plus près.

Il était clair que le verre avait été placé là de manière intentionnelle. Il se trouvait principalement le long de la ligne jaune discontinue au centre de la route. Les morceaux de verre avaient été éparpillés comme du sable mais la quantité la plus importante avait été placée de manière à s’assurer que toute voiture empruntant cette route ne manquerait pas de rouler dessus. Quelques éclats de plus grande taille se trouvaient toujours sur la route ; la voiture était apparemment passée à côté car ils n’étaient pas réduits en miettes. Elle prit un de ces grands morceaux de verre en main et l’examina.

Au premier coup d’œil, le verre était de couleur foncée mais lorsque Mackenzie l’examina de plus près, elle vit qu’il avait été peint en noir. Afin d’éviter qu’il reflète la lueur des phares, pensa-t-elle. Quelqu’un roulant de nuit remarquerait des morceaux de verre dans le faisceau de ses phares… mais pas s’ils étaient peints en noir.

Elle prit quelques morceaux parmi les débris et gratta quelques éclats de plus grande taille avec son ongle. Le verre en-dessous était de deux couleurs différentes ; il était principalement transparent mais certains morceaux montraient une légère teinte verte. Le verre était bien trop épais pour provenir d’une bouteille contenant une boisson ou d’une simple cruche. Il avait l’épaisseur de quelque chose qui aurait plutôt été fabriqué par un potier. Certains avaient l’air de mesurer facilement quatre centimètres de large, même après avoir été brisés et écrasés par la voiture de Delores Manning.

« Est-ce que quelqu’un a remarqué que ce verre avait été recouvert d’une couche de peinture ? » demanda-t-elle.

Sur le côté de la route, les policiers se regardèrent les uns les autres d’un air troublé. Même Thorsson et Heideman se regardaient d’un air perplexe.

« La réponse est non, » dit Thorsson.

« Est-ce qu’on a prélevé des morceaux pour les analyser ? » demanda Mackenzie.

« Prélevé, oui, » dit Thorsson. « Analysé, non. Mais une équipe y travaille pour l’instant. Nous devrions recevoir les résultats dans quelques heures. J’imagine qu’on aurait alors été informés concernant la couche de peinture. »

« Et ce verre n’a été retrouvé sur aucune autre des scènes de crime, c’est bien ça ? »

« C’est bien ça. »

Mackenzie se remit debout en continuant à observer les morceaux de verre, commençant à se faire une idée du genre de suspect qu’ils recherchaient.

Pas de morceaux de verre sur les scènes de crime précédentes, pensa-t-elle. Ce qui veut dire que le suspect cherchait à enlever cette femme en particulier. Pourquoi ? Peut-être que les deux premiers enlèvements n’étaient que des coïncidences. Peut-être que le suspect s’était juste retrouvé au bon endroit au bon moment. Et si c’était le cas, c’était définitivement un type du coin – un criminel des campagnes, pas un citadin. Mais il est intelligent et calculateur. Il n’agit pas à l’aveuglette.

Ellington s’approcha d’elle et examina les morceaux de verre. Sans la regarder, il demanda : « Des premières impressions ? »

« Quelques-unes. »

« Tel que ? »

« C’est un type de la campagne. Probablement quelqu’un du coin, comme nous le pensions. Je pense aussi que cet enlèvement-ci était planifié. Les pneus crevés… il l’a fait intentionnellement. S’il n’y avait pas de verre sur les autres scènes de crime, il l’a uniquement utilisé cette fois-ci. Ce qui me fait penser qu’il n’avait pas le contrôle des deux autres enlèvements. C’était juste un coup de bol de sa part. Mais celui-ci… à celui-ci, il y a travaillé. »

« Tu penses que ça vaut la peine de parler avec la famille ? » demanda Ellington.

Elle n’arrivait pas à savoir si c’était une sorte de mise à l’épreuve, comme Bryers l’avait fait dans le passé, ou s’il était vraiment intéressé par sa méthodologie et son approche.

« Ça pourrait être le moyen le plus rapide d’obtenir des réponses pour l’instant, » dit-elle. « Même si ça finit par ne rien nous apprendre, ce sera une chose de faite. »

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