Avant Qu’il Ne Traque - Блейк Пирс 4 стр.


« Est-ce que je peux jeter un œil au corps ? » demanda Mackenzie.

« Allez-y, » dit Tate, en s’éloignant instantanément d’elle pour rejoindre les autres policiers qui ratissaient la scène de crime.

Mackenzie s’approcha avec appréhension de la pierre et du corps de Kenny Skinner. Plus elle se rapprochait du cadavre, plus elle se rendait compte des dégâts qui avaient été causés. Elle avait vu des scènes assez répugnantes dans le cadre de son travail, mais celle-ci était l’une des pires.

Le filet de sang provenait de l’endroit où la tête de Kenny s’était écrasée contre le rocher. Elle ne prit pas la peine de l’examiner de plus près car les traces rouges et noires éclairées par les projecteurs n’étaient pas vraiment quelque chose dont elle voulait se souvenir plus tard le soir. L’énorme fracture à l’arrière de la tête avait affecté le reste du crâne, en déformant les traits du visage. Elle vit également l’endroit où le torse et l’estomac semblaient avoir été gonflés depuis l’intérieur.

Elle fit de son mieux pour faire abstraction de tout ça et se mit à examiner les vêtements et la peau à nu de Kenny afin d’y déceler tout indice d’origine criminelle. Dans la lumière éblouissante mais néanmoins insuffisante des projecteurs, c’était difficile d’en être tout à fait certaine mais après quelques minutes, Mackenzie n’eut rien remarqué de spécial. Quand elle s’éloigna, elle sentit son corps se détendre. Ses muscles s’étaient apparemment tendus au moment où elle observait le cadavre.

Elle retourna auprès du shérif Tate, qui était occupé à parler avec un autre policier. Ils évoquaient le fait de devoir prévenir la famille.

« Shérif, est-ce qu’il serait possible d’obtenir les dossiers concernant ces quatorze suicides au cours des trois dernières années ? »

« Oui, bien sûr. Je vais de suite appeler le commissariat et m’assurer à ce que les dossiers vous y attendent. Et puis… je pense qu’il y a quelqu’un à qui vous devriez peut-être parler. Il y a une femme en ville qui travaille de chez elle comme psychiatre et éducatrice spécialisée. Ça fait un peu plus d’un an qu’elle insiste sur le fait que tous ces suicides à Kingsville ne peuvent pas seulement être des suicides. Il est possible qu’elle vous apporte des informations que vous ne trouveriez pas dans les rapports. »

« Ce serait vraiment super. »

« Je ferai ajouter ses coordonnées aux dossiers à vous transmettre. Vous en avez terminé ici ? »

« Pour l’instant, oui. Est-ce que je pourrais avoir votre numéro pour pouvoir vous contacter plus facilement ? »

« Bien sûr. Mais ce fichu téléphone n’arrête pas de se planter. Il faut que je fasse une mise à jour. Ça fait au moins cinq mois que j’aurais dû la faire. Alors, si vous m’appelez et que vous tombez directement sur la boîte vocale, ce n’est pas parce que j’ignore votre appel. Je vous rappellerai tout de suite. Il y a un truc qui ne fonctionne pas avec cette machine. Je hais les téléphones portables, de toute façon. »

Après sa diatribe sur la technologie moderne, Tate lui donna son numéro de portable et elle le sauvegarda sur son téléphone.

« Je vous retrouve d’ici peu, » dit Tate. « Le médecin légiste est sur le point d’arriver. Je serai vraiment content de pouvoir enfin bouger ce cadavre. »

Ça pouvait sembler irrespectueux à dire mais quand Mackenzie se retourna et vit à nouveau l’état pitoyable dans lequel se trouvait le corps, elle ne pouvait qu’être d’accord avec lui.

CHAPITRE CINQ

Il était 22h10 quand elle entra dans le commissariat. L’endroit était complètement désert et les seuls signes de vie émanaient d’une femme qui avait l’air de s’ennuyer assise derrière un bureau – qui faisait probablement office de dispatch pour le département de police de Kingsville – et de deux policiers qui avaient une conversation animée sur la politique dans le couloir derrière le bureau où était assise la femme.

En dépit de son aspect plutôt terne, le commissariat avait l’air d’être très bien organisé. La femme assise derrière le bureau avait déjà fait des copies de tous les dossiers dont le shérif Tate lui avait parlé et les avait rangés dans un classeur pour les donner à Mackenzie dès son arrivée. Mackenzie la remercia et lui demanda si elle pouvait lui recommander un hôtel dans la région. Il s’avéra que Kingsville n’avait qu’un seul motel et qu’il se trouvait à moins de trois kilomètres du commissariat de police.

Dix minutes plus tard, Mackenzie ouvrait la porte de sa chambre au Motel 6. Elle était très certainement restée dans des hôtels bien pires au cours de sa carrière au FBI, mais ce n’était clairement pas le genre d’endroit à recevoir des éloges sur Yelp ou Google. Elle n’accorda que très peu d’attention à l’aspect rudimentaire de la chambre, elle posa les dossiers sur la petite table près du lit et se mit à les éplucher.

Elle prenait des notes tout en parcourant les dossiers. La première chose qu’elle découvrit, et probablement la plus inquiétante, c’était que des quatorze suicides qui avaient eu lieu durant les trois dernières années, onze avaient été commis du Miller Moon Bridge. Les trois autres consistaient en une pendaison dans un grenier et deux suicides par arme à feu.

Mackenzie en savait assez sur les petites villes pour comprendre l’attrait que pouvait exercer un monument aussi rustique que le Miller Moon Bridge. Son histoire et son aspect négligé séduisaient, et particulièrement les adolescents. Et de fait, comme le confirmaient les dossiers étalés devant elle, six des quatorze suicides avaient été commis par des jeunes de moins de vingt et un ans.

Elle se mit à étudier les dossiers et bien qu’ils ne soient pas aussi détaillés qu’elle l’eut souhaité, ils étaient tout de même plus qu’honnêtes en comparaison de ce qu’elle avait pu voir dans la plupart des commissariats de police de petites villes. Elle continua à prendre des notes et finit avec une liste exhaustive de détails qui lui permirent de mieux comprendre les multiples suicides liés au Miller Moon Bridge. Après environ une heure, elle avait assez d’informations pour se faire une petite idée.

Tout d’abord, des quatorze personnes qui s’étaient suicidées, exactement la moitié d’entre elles avaient laissé une note. Ces notes indiquaient clairement qu’ils avaient pris la décision de mettre fin à leurs jours. Chaque dossier incluait une copie de la lettre en question et chacune d’entre elles exprimait une forme de regret. Ils disaient à leurs proches qu’ils les aimaient mais qu’ils ressentaient une douleur qu’ils ne parvenaient pas à surmonter.

Les sept autres suicides auraient presque pu être considérés comme de potentielles affaires de meurtres : des corps surgis de nulle part et en mauvais état. Il avait été prouvé que l’une des personnes qui s’étaient suicidées, une jeune fille de dix-sept ans, avait récemment eu des relations sexuelles. Quand ils purent identifier son partenaire grâce à l’ADN laissé sur son corps, il avait pu prouver par des messages qu’elle était venue chez lui, qu’ils avaient eu des relations sexuelles, puis qu’elle était partie. Et il semblerait qu’elle se soit jetée du Miller Moon Bridge trois heures plus tard.

Dans ces quatorze dossiers, le seul cas qui lui semblait avoir valu la peine d’y regarder de plus près, était le triste et regrettable suicide d’un jeune garçon de seize ans. Quand son corps avait été retrouvé sur les roches ensanglantées en-dessous du pont, il montrait des bleus sur la poitrine et sur les bras qui n’avaient aucun lien avec les blessures causées par sa chute. Après quelques jours, la police avait découvert que le garçon souffrait régulièrement de mauvais traitements de la part de son père alcoolique qui tenta d’ailleurs de se suicider trois jours après la découverte du cadavre de son fils.

Mackenzie finit sa séance de recherche avec le dossier plus récent concernant Malory Thomas. Son cas était un peu différent des autres car elle avait été retrouvée nue. Le dossier révélait que ses vêtements avaient été retrouvés soigneusement empilés sur le pont. Il n’y avait aucun signe d’abus, ni d’activité sexuelle récente et aucune trace de crime. Pour une raison ou une autre, il semblerait tout simplement que Malory Thomas ait décidé de se jeter du pont dans son plus simple apparat.

Mais ça paraît quand même bizarre, pensa Mackenzie. Même un peu déplacé. Si tu es sur le point de mettre fin à tes jours, pourquoi chercher à exposer ton corps de cette manière ?

Elle y réfléchit pendant un instant, puis se rappela la psychiatre dont le shérif Tate lui avait parlé. Mais maintenant qu’il était presque minuit, il était trop tard pour l’appeler.

Minuit, pensa-t-elle. Elle regarda son téléphone, surprise qu’Ellington n’ait pas encore essayé de la joindre. Elle se dit qu’il essayait sûrement de la jouer cool – ne voulant pas la déranger jusqu’à ce qu’elle soit dans de meilleures dispositions. Et franchement, elle ne savait pas vraiment dans quel état d’esprit elle se trouvait pour l’instant. Bon, il avait commis une erreur dans sa vie bien avant de la connaître… alors, pourquoi est-ce que ça la dérangeait autant ?

Elle ne savait pas vraiment pourquoi. Mais ce dont elle était sûre, c’était que ça la dérangeait… et pour l’instant, c’était vraiment tout ce qui comptait.

Avant de se mettre au lit, elle regarda la carte de visite que la femme du commissariat avait mise dans le dossier. C’était le nom, le numéro de téléphone et l’adresse email de la psychiatre du coin, le Dr. Jan Haggerty. Afin de préparer au mieux le terrain, Mackenzie lui envoya un email afin de l’informer qu’elle était en ville, de la raison de sa visite et en lui demandant s’il était possible de se rencontrer le plus tôt possible. Mackenzie se dit que si elle n’avait pas reçu de réponse du Dr. Haggerty demain matin vers neuf heures, elle l’appellerait.

Avant d’éteindre les lumières, elle pensa à appeler Ellington pour voir comment il allait. Elle était certaine qu’il était probablement occupé à se morfondre et à boire des bières, affalé sur le divan en envisageant d'y passer la nuit.

L'imaginer dans cet état lui facilita la tâche. Elle éteignit les lumières et, dans l'obscurité, elle commença à avoir l'impression de se trouver dans une ville plus sinistre que d'habitude. Le genre de ville qui dissimulait d'horribles cicatrices, toujours dans l'obscurité non pas en raison de son cadre rural mais plutôt à cause des marques laissées sur une route en graviers à environ dix kilomètres de l'endroit où elle se trouvait actuellement. Et bien qu'elle fit de son mieux pour chasser cette pensée de son esprit, elle s'endormit avec des images de jeunes adolescents se jetant dans le vide depuis le Miller Moon Bridge.

CHAPITRE SIX

Elle fut réveillée en sursaut par la sonnerie de son téléphone. L'horloge sur la table de chevet indiquait 6h40 au moment elle tendit la main pour l'attraper. Elle vit le nom de McGrath qui s'affichait à l'écran et avant de décrocher, elle eut juste le temps de se dire qu'elle aurait préféré que ce soit Ellington.

« Agent White. »

« White, où en est-on avec cette enquête concernant le neveu du directeur Wilmoth ? »

« Et bien, pour l'instant, ça ressemble clairement à un suicide. Si les choses se déroulent comme je le pense, je devrais être de retour à Washington cet après-midi. »

« Aucun signe de crime ? »

« Pas que je sache. Et si je peux me permettre de vous poser cette question... est-ce que le directeur Wilmoth préférerait que ce soit un crime ? »

« Non. Mais pour être tout à fait honnête... un suicide dans la famille d'un homme occupant sa position, ça ne fait pas bonne figure. Il voudrait juste avoir tous les détails avant que ça ne devienne public. »

« OK, compris. »

« White, est-ce que je vous ai réveillée ? » demanda-t-il, sur un ton bourru.

« Bien sûr que non, monsieur. »

« Maintenez-moi informé des progrès de l'enquête, » dit-il avant de raccrocher.

Pas la manière la plus agréable de se réveiller, pensa Mackenzie en sortant du lit. Elle alla se doucher et quand elle eut terminé, elle enroula une serviette autour d’elle et sortit de la salle de bain en entendant à nouveau la sonnerie de son téléphone.

Elle ne reconnut pas le numéro et décrocha immédiatement. Avec ses cheveux encore mouillés, elle répondit : « Agent White. »

« Agent White, c'est Jan Haggerty, » dit une voix sombre. « Je viens juste de terminer de lire votre email. »

« Merci de m'avoir appelée aussi vite, » dit Mackenzie. « Je sais que c'est beaucoup demander à quelqu'un dans votre profession, mais est-ce qu'on pourrait se rencontrer aujourd'hui pour discuter ? »

« Il n'y a aucun problème, » dit Haggerty. « Je travaille de chez moi et mon premier rendez-vous n'est pas avant neuf heures trente. Si vous me laissez une demi-heure pour me préparer, on peut se voir ce matin. Je préparerai du café. »

« OK, super, » dit Mackenzie.

Haggerty donna son adresse à Mackenzie et elles raccrochèrent. Vu qu’elle avait une demi-heure devant elle, Mackenzie décida de se comporter en adulte et d'appeler Ellington. Ça ne leur servirait à rien d'essayer d'éviter le sujet ou d'espérer que l'autre en ferait tout simplement abstraction en optant pour la politique de l'autruche.

Quand il décrocha, il avait l'air fatigué. Mackenzie supposa qu'elle venait de le réveiller, ce qui n'était pas vraiment surprenant vu qu'il avait tendance à dormir les jours où il ne travaillait pas. Mais elle entendit également une pointe d'optimisme dans sa voix.

« Salut, » dit-il.

« Bonjour, » dit-elle. « Comment vas-tu ? »

« Je ne sais pas vraiment, » répondit-il, presque immédiatement. « Un peu déboussolé serait la meilleure manière de le décrire. Mais je survivrai. Plus j'y pense, plus je suis certain que ça va passer. Ce sera un accroc dans ma carrière professionnelle mais tant que je peux retourner travailler, je pense que ça ira. Et toi ? Comment va ton enquête super top secrète ? »

« Presque terminée, je pense, » dit-elle. Quand elle l'avait appelé hier soir, en chemin vers Kingsville, elle n'avait pas partagé trop de détails concernant l'affaire. Elle s'était contentée de lui dire que ce n'était pas une enquête qui allait la mettre en danger. Elle veilla également de ne pas lui en dire beaucoup plus maintenant non plus. C'était quelque chose qui arrivait parfois entre agents quand une affaire était clôturée ou sur le point de l'être.

« Tant mieux » dit-il. « Car je n'aime pas la manière dont la conversation s'est terminée entre nous hier. Je ne sais pas... eh bien, je ne sais pas de quoi il faut que je m'excuse. Mais j'ai tout de même l'impression que je t'ai fait du tort dans tout ça. »

« On ne peut rien y faire, » dit Mackenzie, en détestant entendre sortir une telle phrase clichée de sa bouche. « Je devrais rentrer ce soir. On en parlera à ce moment-là. »

« OK, super. Fais attention à toi. »

« Toi aussi, » dit-elle, avec un petit rire forcé.

Ils raccrochèrent et bien qu'elle se sente un peu mieux de lui avoir parlé, elle ne pouvait ignorer la tension qu'elle continuait de ressentir. Mais elle ne se laissa pas le temps d'y penser. Elle sortit dans Kingsville pour aller petit-déjeuner et faire passer le temps avant de se rendre chez le Dr. Haggerty.

***

Le Dr. Haggerty vivait seule dans une maison à un étage de style colonial, érigée au milieu d'un magnifique jardin. Plusieurs ormes et chênes se dressaient à l'arrière et formaient une ombre qui planait au-dessus de la maison. Le Dr. Haggerty accueillit Mackenzie à la porte d'entrée avec un sourire et une odeur de café frais derrière elle. Elle devait avoir près de la soixantaine et elle avait des cheveux gris qui parvenaient encore à conserver une bonne partie de sa couleur brune. Elle observa Mackenzie à travers une petite paire de lunettes. Quand elle invita Mackenzie à entrer, elle fit un geste de ses bras maigres et lui parla d'une voix qui ressemblait plus à un murmure.

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