Avant qu’il ne convoite - Блейк Пирс 6 стр.


Clements se tourna vers eux, avec un air renfrogné. « Des garde-forestiers, » dit-il. « Joe Andrews et Charlie Holt. Un truc du style arrive et voilà qu’ils se prennent pour des policiers. »

L’un des garde-forestiers jeta un regard foudroyant dans leur direction. Mackenzie était presque certaine que Clements avait fait un signe de tête en direction de cet homme lorsqu’il avait dit Joe Andrews. « Fais attention à toi, Clements. C’est un parc naturel d’État, » dit Andrews. « Tu as autant d’autorité ici qu’un moucheron. »

« C’est peut-être vrai, » dit Clements. « Mais tu sais aussi bien que moi que tout ce que j’ai à faire, c’est de passer un coup de fil au commissariat. Je peux te faire sortir d’ici en moins d’une heure, alors fais ce que tu as à faire et casse-toi. »

« Espèce de petit connard d’hypocrite… »

« Allons, » dit un troisième homme. C’était l’un des policiers d’État. Il était bâti comme une armoire à glace et portait des lunettes de soleil qui lui donnaient l’allure d’un méchant tout droit sorti d’un mauvais film d’action des années quatre-vingt. « J’ai l’autorité de vous jeter tous les deux d’ici. Alors, arrêtez de vous comporter comme des enfants et faites votre boulot. »

L’homme remarqua soudain la présence de Mackenzie et de Bryers. Il s’avança vers eux en secouant la tête d’un air désolé.

« Désolé que vous ayez à entendre toutes ces sottises, » dit-il, au moment où il s’approcha. « Je suis Roger Smith, de la police d’État. Une drôle de scène qu’on a là, n’est-ce pas ? »

« C’est ce qu’on est venu essayer de comprendre, » dit Bryers.

Smith se retourna en direction des sept autres hommes et dit d’une voix retentissante : « Écartez-vous un peu et laissez les fédéraux faire leur travail. »

« Et qu’en est-il de notre travail ? » demanda l’autre garde-forestier. Charlie Holt, se rappela Mackenzie. Il regardait Mackenzie et Bryers d’un air méfiant. Mackenzie trouva même qu’il avait l’air un peu intimidé et effrayé par leur présence. Lorsque Mackenzie regarda dans sa direction, il baissa les yeux au sol et se pencha pour ramasser un gland qui y traînait. Il passa le gland d’une main à l’autre, puis se mit à chipoter avec lui.

« Vous avez eu assez de temps, » dit Smith. « Écartez-vous durant un instant. »

Tout le monde obtempéra. Les garde-forestiers en particulier avaient l’air très mécontents. Faisant tout son possible afin de détendre l’atmosphère, Mackenzie se dit qu’il pourrait être utile d’essayer d’impliquer autant que possible les garde-forestiers afin d’éviter d’heurter toute sensibilité.

« Quel genre d’informations les garde-forestiers ont généralement besoin de retirer d’une situation telle que celle-là ? » demanda-t-elle aux garde-forestiers, au moment où elle se baissait pour passer en-dessous du ruban entourant la scène du crime et qu’elle commençait à observer ce qui l’entourait. Elle vit un jalon à l’endroit où la jambe avait été retrouvée et, à une bonne distance de là, elle vit un autre jalon où le reste du corps avait été découvert.

« D’une part, nous avons besoin de savoir pour combien de temps le parc devra être fermé, » dit Andrews. « Aussi égoïste que ça puisse paraître, ce parc ramène pas mal de revenus en terme de tourisme. »

« Tu as raison, » dit Clements. « C’est vraiment de l’égoïsme. »

« Et bien, je considère qu’on a bien le droit d’être égoïste de temps à autre, » dit Charlie Holt, sur un ton défensif. Puis il regarda fixement Mackenzie et Bryers d’un air dédaigneux.

« Pour quelle raison ? » demanda Mackenzie.

« Est-ce que l’un d’entre vous a une idée du genre de merde à laquelle nous devons faire face ici ? » demanda Holt.

« Non, pas vraiment, » répondit Bryers.

« Des adolescents qui tirent un coup, » dit Holt. « Parfois, de véritables orgies. Des pratiques religieuses bizarres liées à la Wicca. J’ai même déjà attrapé un ivrogne qui se tapait une souche d’arbre – et je parle avec le pantalon baissé et tout ce qui s’en suit. Ça, c’est le genre d’histoire qui fait rire la police d’État et que la police locale utilise pour raconter des blagues durant le weekend. » Il se baissa et ramassa un autre gland, le chipotant de la même manière qu’il l’avait fait avec le premier.

« Oh, » ajouta Joe Andrews. « Il y a eu aussi cette fois où j’ai pris sur le fait un père qui agressait sexuellement sa fillette de huit ans. Ça se passait à quelques mètres d’un chemin de pêche et j’ai dû intervenir. Et quel genre de remerciement j’en reçois ? La fille qui me hurle de laisser son père tranquille et un avertissement de la part de la police locale et d’État me notifiant d’y aller un peu plus doucement la prochaine fois. Alors oui… ça nous arrive parfois d’être égoïste concernant notre autorité. »

Le silence envahit la forêt, seulement interrompu par l’un des policiers locaux qui laissa échapper un rire dédaigneux en disant : « Oui. Autorité. Bien sûr. »

Les deux garde-forestiers regardèrent l’homme avec une profonde haine dans les yeux. Andrews fit un pas en avant. On aurait dit qu’il allait exploser de rage. « Va te faire foutre, » dit-il simplement.

« Je vous ai dit de cesser ces idioties, » dit l’officier Smith. « Je dois encore vous faire une seule fois la remarque et je vous expulse tous d’ici. Vous m’avez bien compris ? »

Apparemment, ils avaient bien compris. Le silence envahit de nouveau la forêt. Bryers passa derrière le ruban qui délimitait la scène de crime et s’approcha de Mackenzie. Quand les hommes furent tous retournés à leurs occupations, il se pencha vers elle. Elle pouvait sentir le regard de Charlie Holt fixé sur elle et ça lui donna envie de le frapper.

« Ça pourrait mal tourner, » dit Bryers à voix basse. « Faisons en sorte de sortir d’ici le plus rapidement possible. Qu’est-ce que tu en penses ? »

Elle se mit au travail et passa l’endroit au peigne fin tout en prenant mentalement des notes. Bryers était ressorti de la scène de crime. Il était appuyé contre un arbre et toussait dans son bras. Mais elle fit de son mieux pour que ça ne la distraie pas. Elle garda les yeux rivés au sol, observant attentivement le feuillage, la terre et les arbres. La chose qui n’avait pas vraiment de sens à ses yeux, c’était comment un corps en si mauvais état avait été découvert ici. Il était difficile de savoir quand le meurtre avait été commis ou quand le cadavre avait été déposé car il n’y avait aucun signe au sol trahissant un acte brutal ou violent.

Elle concentra son attention sur les emplacements où se trouvaient les pancartes indiquant les endroits où les différentes parties du corps avaient été retrouvées. Elles étaient trop éloignées l’une de l’autre pour que ce soit accidentel. Celui qui a déposé ce corps mutilé en plaçant les différentes parties si loin l’une de l’autre, avait l’intention de le faire de cette manière.

« Officier Smith, savez-vous s’il y avait des marques de morsures d’animaux sauvages présentes sur le corps ? » demanda-t-elle.

« S’il y en avait, elles étaient tellement minuscules qu’un examen à l’oeil nu n’a pas permis de les remarquer. Bien entendu, nous en saurons davantage dès que l’autopsie sera terminée. »

« Et aucun membre de votre équipe ou de la police locale n’a bougé le corps ou les membres sectionnés ? »

« Non. »

« Même chose de mon côté, » dit Clements. « Et vous, les garde-forestiers ? »

« Non, » dit Holt, en ricanant sur un ton méchant. On aurait dit qu’il allait maintenant se vexer pour un tout ou pour un rien.

« Puis-je vous demander en quoi ça pourrait aider à trouver le responsable de ce carnage ? » lui demanda Smith.

« Et bien, si l’assassin avait agi ici, il y aurait du sang partout, » expliqua Mackenzie. « Même si ça s’était passé il y a longtemps, il y aurait au moins des traces aux alentours. Et je n’en vois aucune. L’autre possibilité est qu’il ait déposé le corps ici. Mais si c’est le cas, pourquoi une jambe tranchée se retrouverait-elle aussi éloignée du reste du corps ? »

« Je ne vous suis pas, » dit Smith. Derrière lui, elle vit que Clements écoutait également d’une oreille attentive, tout en essayant que ça ne se voie pas.

« Ça me mène à penser que le tueur a effectivement déposé le corps ici mais qu’il a intentionnellement séparé les différents morceaux du corps. »

« Pourquoi ? » demanda Clements, incapable de feindre plus longtemps qu’il n’écoutait pas.

« Il pourrait y avoir plusieurs raisons, » dit-elle. « Ça pourrait être pour une raison aussi morbide que le fait de s’amuser avec le corps, de l’éparpiller comme s’il ne représentait rien de plus que des jouets pour s’amuser. Ou l’envie d’avoir toute notre attention. Ou il pourrait y avoir une sorte de raison calculée – la distance, le fait que ce soit une jambe, etc. »

« Je vois, » dit Smith. « Et bien, certains de mes hommes ont déjà rédigé un rapport reprenant la distance entre le corps et la jambe et toutes les autres mesures qui pourraient vous être utiles. »

Mackenzie jeta de nouveau un oeil autour d’elle – en direction du groupe d’hommes rassemblés et de l’apparemment paisible forêt – et elle fit une pause. Il n’y avait pas de raison évidente au choix de cet emplacement. Ce qui lui faisait penser que cet endroit était un hasard. Mais le fait d’être si éloigné des sentiers battus lui indiquait également autre chose. Ça voulait dire que l’assassin connaissait assez bien cette forêt – et même peut-être le parc en entier.

Elle se mit à marcher autour de la scène de crime, cherchant attentivement toute trace de sang séché. Mais il n’y avait rien. Plus le temps passait, plus elle était convaincue que sa théorie était la bonne.

« Garde-forestiers, » dit-elle. « Il y a-t-il un moyen d’obtenir le nom des gens qui fréquentent ce parc ? Je pense surtout à des personnes qui viennent souvent ici et qui connaissent très bien la région. »

« Pas vraiment, » dit Joe Andrews. « Le mieux qu’on puisse faire, c’est vous fournir une liste de donateurs. »

« Ce n’est pas nécessaire, » dit-elle.

« Vous avez une théorie à mettre à l’épreuve ? » demanda Smith.

« Le meurtre en soi a eu lieu ailleurs et le corps a été déposé ici, » dit-elle, en se parlant à moitié à elle-même. « Mais pourquoi ici ? Nous sommes à environ deux kilomètres du sentier principal et il n’y a rien de spécial à cet endroit. Ce qui me fait penser que le responsable de tout ça connait très bien le parc. »

Pendant qu’elle parlait, quelques-uns hochèrent de la tête mais elle sentit qu’ils doutaient d’elle ou qu’ils s’en fichaient royalement.

Mackenzie se retourna vers Bryers.

« Pour toi, c’est bon ? » demanda-t-elle.

Il hocha de la tête.

« Merci, messieurs. »

Ils la regardèrent tous en silence. Clements avait l’air d’essayer de la jauger.

« OK, on y va alors, » dit finalement Clements. « Je vous ramène jusqu’à votre voiture. »

« Non, pas besoin, » dit Mackenzie, sur un ton légèrement rude. « Je crois que je préfère marcher. »

Mackenzie et Bryers prirent congé et se dirigèrent à travers bois en direction du sentier par lequel Clements les avait amenés.

Alors qu’ils s’enfonçaient dans la forêt, en laissant derrière eux la police d’État, les garde-forestiers, Clements et ses hommes, Mackenzie ne put s’empêcher d’apprécier la grandeur de la forêt. Il y avait quelque chose d’inquiétant dans le fait de penser aux possibilités infinies qu’elle offrait. Elle pensa à ce que le garde-forestier avait raconté au sujet des innombrables crimes qui avaient lieu dans ces bois et un frisson glacé lui traversa le dos.

Pour quelqu’un qui prenait son pied en charcutant des gens à la manière de la personne qui avait été retrouvée dans ce triangle dans les bois et qui connaissait bien cette forêt, il n’y avait littéralement aucune limite à la menace que cette personne pourrait représenter.

Et elle était sûre qu’elle frapperait à nouveau.

CHAPITRE SIX

Mackenzie s’intalla à son bureau un peu après dix-huit heures. Elle était épuisée après une longue journée de travail et elle se mit à ranger ses notes afin de se préparer pour la réunion qu’elle avait demandée à leur retour de Strasburg.

On frappa à sa porte et quand elle leva les yeux, elle vit Bryers qui avait l’air aussi fatigué qu’elle et qui tenait en main un dossier et une tasse de café. On aurait dit qu’il faisait de son mieux afin de dissimuler sa fatigue. Elle se rappela tout d’un coup qu’il était resté en retrait lors de leur visite au parc naturel, lui laissant gérer la situation avec Clements, Smith, Holt et les autres égocentriques au milieu des bois. Ça, ajouté à sa toux, lui fit se demander s’il ne s’était pas chopé quelque chose.

« La réunion est sur le point de commencer, » dit-il.

Mackenzie se leva et le suivit jusqu’à la salle de conférence qui se trouvait au fond du couloir. Au moment où elle entra, elle jeta un oeil autour d’elle. Plusieurs agents et experts étaient présents et constituaient l’équipe travaillant sur l’affaire du parc naturel Little Hill. Ils étaient sept en tout et bien qu’elle pense que c’était une équipe bien trop nombreuse pour un début d’affaire, ce n’était pas à elle de le mentionner. C’était Bryers qui décidait et elle était déjà juste contente d’être incluse dans l’équipe. C’était bien plus intéressant que de potasser les lois concernant l’immigration ou d’être noyée sous une tonne de paperasserie.

« Nous avons une journée bien remplie aujourd’hui, » dit Bryers. « Alors commençons par une rapide récapitulation. »

S’il avait été épuisé au moment d’entrer dans la salle, il était parvenu à se débarrasser de la fatigue. Mackenzie observait et écoutait avec attention pendant que Bryers informait les sept autres personnes présentes sur ce qu’ils avaient découvert aujourd’hui dans les bois du parc naturel Little Hill. Ils prenaient tous des notes, certains gribouillant sur des bloc-notes, d’autres tapant sur leur tablette ou smartphone.

« Une chose à ajouter, » dit l’un des agents. « Je viens de l’apprendre il y a environ un quart d’heure mais les médias locaux sont officiellement au courant de l’affaire. Ils ont déjà rebaptisé ce type comme le tueur du camping. »

Le silence envahit la pièce durant un instant et Mackenzie soupira dans son for intérieur. Ça leur rendrait la tâche bien plus difficile à tous.

« Et bien, ça a été rapide, » dit Bryers. « Fait chier. Comment ont-ils fait pour être aussi vite au courant ? »

Personne ne répondit mais Mackenzie pensait connaître la réponse. Une petite ville comme Strasburg était peuplée de gens qui adoraient voir le nom de leur ville apparaître aux actualités - même si c’était pour annoncer de mauvaises nouvelles. Quelques-uns des garde-forestiers ou des policiers locaux pourraient très bien rentrer dans cette catégorie.

« Bon, pour continuer, » dit Bryers, sans se décourager, « les dernières informations reçues proviennent de la police d’État. Ils ont transmis certains détails concernant la scène du crime à la police scientifique. Nous savons maintenant que la jambe coupée et que le corps auquel elle était auparavant rattachée se trouvaient à exactement un mètre de distance. Nous n’avons absolument aucune idée de si ce fait est important ou pas, mais nous allons nous pencher là-dessus. Il y a aussi… »

Un coup frappé à la porte l’interrompit. Un autre agent pénétra dans la salle et tendit un dossier à Bryers. Il lui murmura rapidement quelque chose à l’oreille, puis sortit aussi vit qu’il n’était entré.

« Le rapport du médecin légiste concernant le deuxième corps, » dit Bryers, en ouvrant le dossier et en y jetant un coup d’œil. Il le survola rapidement du regard puis fit passer les trois feuilles au reste de l’équipe. « Comme vous pourrez le constater, il n’y a aucune trace laissée sur le corps par des prédateurs affamés, bien qu’il y ait de légers hématomes le long du dos et des épaules. Apparemment, la jambe et la main droite ont été tranchées avec un couteau plutôt émoussé ou une sorte de grande lame. On dirait que les os ont été plutôt brisés que sciés. C’est une différence par rapport à l’affaire d’il y a deux ans mais, bien sûr, c’est peut-être seulement dû au fait que le tueur n’entretient pas spécialement ses outils et ses armes. »

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