Sans Coup Ferir - Блейк Пирс 3 стр.


Il n’avait peut-être pas appelé tout le monde, mais il s’était débrouillé pour ébruiter la nouvelle.

Elle fut surprise par les émotions contradictoires qu’elle ressentait.

Bien sûr, elle éprouvait de la reconnaissance : Bill s’était assuré que cette journée soit extraordinaire.

Mais elle était aussi en colère, à sa grande surprise.

Sans le savoir, Bill lui avait tendu une embuscade.

Il l’avait fait pleurer, ce qui était pire que tout.

Elle se rappela qu’il l’avait fait par amitié et par respect.

Elle lui dit :

— Toi et moi, nous allons avoir des mots.

Bill sourit et hocha la tête.

— J’en suis certain, dit-il.

Riley se tourna vers sa famille et ses amis, mais elle s’arrêta net en voyant son chef, Brent Meredith. Le grand homme aux traits noirs et anguleux n’avait l’air d’être là pour faire la fête.

Il dit :

— Paige, Jeffreys, Vargas. J’ai besoin de vous dans mon bureau.

Sans ajouter un mot, il sortit.

Le cœur de Riley se serra quand elle s’avança vers Blaine, Gabriela et les filles pour leur dire d’attendre un peu.

Elle pensa au pressentiment qu’elle avait eu pendant le diner, la veille.

C’est là.

Un monstre allait entrer dans sa vie.

CHAPITRE TROIS

En suivant Bill et Lucy dans le couloir vers le bureau de Meredith, Riley se demanda ce qui la troublait tant. Elle n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui la dérangeait.

C’était en partie une sensation à laquelle elle était habituée – cette appréhension familière à l’idée de recevoir de nouvelles instructions.

Mais il y avait aussi autre chose. Ça ne ressemblait pas à de la peur ou à un mauvais pressentiment. Elle avait une trop longue carrière pour s’inquiéter comme ça sans raison.

C’était une émotion qu’elle reconnaissait à peine.

Et si c’était du soulagement ? se demanda Riley.

Oui, ce devait être ça.

La cérémonie et les félicitations qu’elle avait reçues avaient réveillé en elle des émotions trop fortes et contradictoires.

Marcher vers le bureau de Meredith pour recevoir des instructions, c’était quelque chose de beaucoup plus familier. Comme une échappatoire.

Mais sur quoi débouchait cette porte de sortie ?

Certainement sur un monde de cruauté et de malveillance.

Riley fut parcourue d’un frisson.

Quel genre de personne était plus à l’aise dans un monde cruauté qu’au milieu de ses amis ?

Elle préférait ne pas y réfléchir. Tout en marchant, elle fit de son mieux pour chasser ces noires pensées, qui pourtant s’accrochèrent.

Elle semblait de moins en moins à l’aise dans son propre corps ces derniers jours.

Quand Riley, Bill et Lucy atteignirent le grand bureau de Meredith, le chef d’équipe les attendait.

Quelqu’un d’autre était là également — une jeune femme afro-américaine aux cheveux courts et lisses et aux yeux immenses. Elle se leva en voyant Riley et ses compagnons.

Meredith dit :

— Agents Paige, Jeffreys et Vargas, je vous présente l’agent spécial Jennifer Roston.

Riley détailla du regard la jeune femme avec laquelle elle avait discuté au téléphone après avoir résolu l’énigme du tueur aux allumettes.

Jennifer Roston n’était pas grande, mais elle avait un corps athlétique et l’air compétent. L’expression sur son visage laissait entendre que c’était une femme sûre d’elle et de ses capacités.

Roston leur serra la main.

— J’ai entendu plein de belles choses sur vous, lui dit Lucy.

— Vous avez pulvérisé des records pendant votre formation, dit Bill.

Comme eux, Riley n’avait entendu que du bien sur l’agent Roston. La jeune femme avait déjà une excellente réputation et ne recevait que des louanges de ses supérieurs.

— Je suis honorée de vous rencontrer, dit Roston avec un sourire sincère.

Puis, en regardant Riley dans les yeux, elle ajouta :

— Surtout vous, agent Paige. Ça me fait plaisir de vous parler face à face.

Riley était flattée, mais aussi un peu inquiète.

Alors que tous s’asseyaient, Riley se demanda ce que Roston faisait là. Meredith allait-il leur confier la même mission ?

Riley n’était pas sûre d’aimer l’idée. Avec Bill et Lucy, elle avait construit une solide relation de travail. Une nouvelle venue ne risquait-elle pas de perturber leur équilibre ?

Meredith répondit à sa question.

— Je voulais que vous rencontriez l’agent Roston parce qu’elle travaille sur le dossier Shane Hatcher. Ça fait trop longtemps que ce type traine dans la nature. A partir de maintenant, ce sera notre priorité. Il faut l’arrêter. Pour ça, nous avons besoin d’un regard neuf.

Riley se retint de se tortiller.

Elle savait déjà que Roston travaillait sur le dossier Hatcher. En fait, c’était pour cette raison qu’elles avaient parlé au téléphone. Roston avait demandé à Riley de lui permettre d’accéder à ses dossiers sur Hatcher. Riley avait dit oui.

Mais qu’est-ce qui se passait ?

Meredith ne les avait pas tous fait venir pour travailler sur le même dossier. Riley ne savait pas exactement ce que Meredith devinait ou soupçonnait sur sa relation avec Hatcher. Elle aurait déjà été arrêtée si son chef savait qu’elle l’avait laissé partir en échange de son aide.

Elle savait parfaitement que Hatcher se trouvait sans doute caché dans les montagnes, dans le chalet qu’elle avait hérité de son père. Il vivait là avec l’accord tacite de Riley.

Comment pouvait-elle faire semblant d’essayer de le trainer devant la justice ?

Bill demanda à Roston :

— Comment ça se passe ?

Roston sourit.

— Oh, je ne fais que commencer. Je fais des recherches pour le moment.

Puis, en regardant à nouveau Riley, Roston ajouta :

— Je vous remercie de m’avoir permis d’accéder à vos dossiers.

— Je suis ravie de vous aider, dit Riley.

Roston plissa les yeux, l’air soudain curieux.

— Ça va beaucoup m’aider, dit-elle. Vous avez réuni pas mal d’informations. Même si… je pensais qu’il y aurait plus de choses sur les transactions financières de Hatcher.

Riley se retint de frémir en pensant à ce qu’elle avait fait sur un coup de tête juste après ce coup de téléphone.

Avant de donner l’accès à Roston à ces dossiers sur Hatcher, elle en avait supprimé un, intitulé « IDEES » – un dossier qui contenait des idées et des observations personnelles sur Hatcher, mais également des informations d’ordre financier qui pouvaient conduire à sa capture. Ou du moins qui pouvaient conduire à lui couper les vivres.

Qu’est-ce qui m’a pris ? pensa Riley.

C’était fait maintenant et elle ne pouvait plus revenir dessus, même si elle l’avait voulu.

Le regard inquisiteur de Roston la mettait mal à l’aise.

— C’est un personnage insaisissable, dit-elle.

— Oui, c’est ce que j’ai cru comprendre, dit Roston.

Mais son regard resta vissé dans celui de Riley.

Son malaise ne fit que croître.

Est-ce qu’elle sait quelque chose ? se demanda-t-elle.

Puis Meredith dit :

— Ce sera tout, agent Roston. Je dois discuter d’une autre affaire avec Paige, Jeffreys et Vargas.

Roston se leva et prit poliment congé.

Dès qu’elle fut partie, Meredith dit :

— On dirait que nous avons une nouvelle affaire de tueur en série dans l’état de Californie. Quelqu’un a assassiné trois sergents instructeurs à Fort Nash Mowat. Ils ont été abattus de loin par un tueur d’élite. La victime la plus récente a été tuée ce matin.

Riley était à la fois intriguée et surprise.

— Ce n’est pas plutôt une affaire pour la police militaire ? demanda-t-elle.

C’était le rôle de la Division des affaires criminelles d’enquêter sur les crimes et forfaits commis au sein de l’armée des Etats-Unis.

Meredith hocha la tête.

— Ils sont déjà dessus, dit-il. Il y a un bureau de la Division à Fort Mowat et ils y travaillent. Mais, comme vous le savez, c’est le grand prévôt général Boyle qui est à la tête de la Division et il m’a appelé pour demander un coup de main au FBI. C’est une affaire très sérieuse. Cela peut avoir des répercussions sur la réputation de notre armée. Ça fait déjà scandale dans la presse et ils reçoivent des pressions de la part des politiques. Plus vite ce sera réglé, mieux ce sera pour tout le monde.

Riley se demanda si c’était une bonne idée. Elle n’avait jamais entendu parler d’une affaire sur laquelle le FBI et la police militaire auraient travaillé ensemble. Ils pouvaient se gêner et cela ferait plus de tort que de bien.

Mais elle ne souleva aucune objection. Ce n’était pas son rôle.

— Quand est-ce qu’on commence ? demanda Bill.

— Dès que possible, répondit Meredith. Vous avez bien vos valises à portée de main ?

— Non, dit Riley. Je ne pensais pas repartir si tôt.

— Alors vous partirez dès que vous aurez fait vos valises.

Riley ressentit une pointe d’adrénaline et d’inquiétude.

La pièce de théâtre de Jilly ! pensa-t-elle.

Si Riley partait tout de suite, elle allait la rater.

— Chef…, commença-t-elle.

— Oui, agent Paige ?

Riley se tut. Après tout, le FBI venait de lui remettre une récompense. Comment pouvait-elle demander une faveur en de telles circonstances ?

Les ordres sont les ordres, se dit-elle fermement.

Il n’y avait rien à faire.

— Rien, dit-elle.

— Bon, dans ce cas, dit Meredith et se levant. Au travail, tous les trois. Réglez-moi cette affaire. D’autres dossiers vous attendent.

CHAPITRE QUATRE

Le colonel Dutch Adams regardait fixement par la fenêtre de son bureau. Il avait une bonne vue de la base militaire d’ici. Il voyait même le terrain vague où le sergent Worthing avait été assassiné ce matin.

— Bordel de merde, murmura-t-il entre ses dents.

Moins de deux semaines plus tôt, le sergent Rolsky avait été assassiné de la même manière.

Et une semaine avant, c’était le sergent Fraser.

Et maintenant Worthing.

Trois bons sergents instructeurs.

Quel gâchis, pensa-t-il.

Pour le moment, les agents de la Division des affaires criminelles n’avaient rien trouvé.

Adams se demandait…

Comment est-ce que j’ai fait pour échouer ici ?

Il avait eu une bonne carrière. Il portait ses médailles avec fierté — la légion du mérite, trois étoiles de bronze, des médailles pour service méritoire, une citation à l’ordre de la division et quelques autres.

En regardant par la fenêtre, il pensa à sa vie.

De quand dataient ses meilleurs souvenirs ?

Sûrement de son service en temps de guerre en Irak, pendant les opérations Desert Storm et Enduring Freedom.

Et ses pires souvenirs ?

Peut-être de la redoutable routine académique à laquelle il avait dû se soumettre pour obtenir le commandement d’une unité.

Ou peut-être des cours qu’il avait lui-même donnés.

Mais rien n’était pire que de commander cet endroit.

Rester assis derrière son bureau, remplir des dossiers et organiser des réunions – c’était ça, le pire.

Mais il avait eu des bons moments.

Il avait sacrifié sa vie privée à sa carrière – trois divorces et sept enfants adultes qui ne lui parlaient presque plus. Il n’était même pas sûr de savoir combien il avait de petits-enfants.

C’était normal.

L’armée avait toujours été sa vraie famille.

Mais maintenant, après toutes ces années, il avait parfois l’impression de ne plus être à sa place.

Qu’est-ce qu’il ressentirait en quittant enfin son service ? Son départ ressemblerait-il plus à une retraite bien méritée ou à un divorce difficile ?

Il soupira amèrement.

S’il atteignait sa dernière ambition, il partirait avec le grade de général de brigade. Mais il serait tout seul. C’était peut-être aussi bien.

Il pouvait peut-être simplement disparaître, comme un des vieux soldats proverbiaux de Douglas MacArthur.

Ou comme un animal sauvage, pensa-t-il.

Il avait chassé toute sa vie, mais il ne se souvenait pas d’avoir jamais trouvé la carcasse d’un ours ou d’un chevreuil ou d’un autre animal sauvage mort de cause naturelle. D’autres chasseurs lui avaient dit la même chose.

Quel mystère ! Où les animaux sauvages se cachaient-il pour mourir ?

Si seulement il le savait. C’est ce qu’il ferait quand son heure viendrait.

En attendant, il rêvait d’une cigarette. Quelle plaie de ne pas pouvoir fumer dans son propre bureau.

Ce fut alors que son téléphone sonna. C’était sa secrétaire. Elle dit :

— Colonel, j’ai le grand prévôt général au téléphone. Il veut vous parler.

Le colonel Adams sursauta.

Il savait que le grand prévôt était le général de brigade Malcolm Boyle. Adams ne lui avait jamais parlé.

— C’est à quel propos ?

— Les meurtres, je crois, dit la secrétaire.

Adams grommela.

Evidemment, pensa-t-il.

Le grand prévôt général à Washington était en charge de toutes les enquêtes criminelles. Il devait savoir que l’enquête piétinait.

— Bon, je vais lui parler, dit Adams.

Il prit l’appel.

La voix de l’homme lui déplut aussitôt. Elle était beaucoup trop douce. Elle ne claquait pas comme celle d’un officier haut-gradé. Cependant, l’homme était son supérieur et Adams était obligé d’au moins feindre le respect.

Boyle dit :

— Colonel Adams, je voulais juste vous prévenir. Trois agents du FBI de Quantico vont bientôt arriver pour vous donner un coup de main sur l’affaire de meurtres.

Adams ressentit une pointe d’irritation. Il avait déjà beaucoup trop d’agents sur l’affaire. Mais il répondit calmement.

— Monsieur, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi. Nous avons un bureau de la Division des affaires criminelles à Fort Mowat. Ils sont sur le coup.

La voix de Boyle se durcit.

— Adams, vous avez eu trois meurtres en moins de trois semaines. Ça me donne l’impression que vos gars mériteraient un coup de pouce.

La frustration d’Adams ne fit que croître. Mais il se garda de le montrer. Il dit :

— Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, je ne comprends pas pourquoi vous m’appelez pour me prévenir. C’est le colonel Dana Larson qui dirige le bureau de la Division, ici, à Fort Mowat. Pourquoi ne l’avez-vous pas contactée ?

La réponse de Boyle le prit par surprise.

— C’est le colonel Larson qui m’a contacté. Elle m’a demandé d’appeler l’UAC pour les aider. Alors c’est ce que j’ai fait.

Adams resta bouche bée.

La garce, pensa-t-il.

Le colonel Dana Larson sautait sur la moindre occasion pour lui taper sur les nerfs.

Et qu’est-ce qu’une femme fichait à la tête de la police militaire ?

Adams ravala son écœurement.

— Je comprends, monsieur, dit-il.

Puis il raccrocha.

Le colonel Adams souffla avec colère. Il tapa du poing sur la table. N’avait-il donc aucun pouvoir dans cette base militaire ?

Mais les ordres étaient les ordres et il devait obéir.

Mais il n’était pas obligé d’approuver. Et il n’était pas obligé d’accueillir les agents du FBI comme ils le méritaient.

Il grommela.

Les meurtres, ce n’était rien à côté de ce qui l’attendait.

CHAPITRE CINQ

Alors qu’elle conduisait Jilly, April et Gabriela à la maison, Riley n’arrivait pas à avouer qu’elle devait repartir aussitôt. Elle allait rater un grand événement dans la nouvelle vie de Jilly, son premier rôle dans une pièce de théâtre. Les filles comprendraient-elles qu’elle avait des ordres ?

Même à la maison, Riley n’arrivait toujours pas à parler.

Elle était morte de honte.

Elle venait de recevoir une médaille de la persévérance et, par le passé, elle avait été récompensée pour son courage. Evidemment, ses filles étaient venues assister à la cérémonie.

Mais elle n’avait pas l’impression d’être un héros.

Les filles sortirent dans le jardin pour jouer et Riley monta dans sa chambre préparer ses affaires. C’était une routine familière. Il fallait remplir une petite valise avec juste assez de choses pour partir quelques jours ou un mois.

Pendant qu’elle jetait des affaires sur le lit, elle entendit la voix de Gabriela.

— Señora Riley, qu’est-ce que vous faites ?

Elle se retourna. Gabriela était dans l’entrée. La bonne portait dans ses bras des draps propres qu’elle allait ranger dans le placard.

Riley bégaya.

— Gabriela, je… je dois y aller.

Gabriela resta bouche bée.

— Y aller ? Où ça ?

— On m’a confié un nouveau dossier. En Californie.

Назад Дальше