Le Don du Combat - Морган Райс 4 стр.


C’était une bataille que Gwen savait ne pas pouvoir gagner. Elle n’en avait pas le temps non plus. Gwen pensa à sa propre famille abandonnée, et elle ressentit l’urgence pressante de secourir son mari et son fils. Sa tête tournoyait dans cet endroit, avec l’encens lourd dans l’air et l’absence de fenêtres qui la désorientait, elle voulait obtenir ce dont elle avait besoin et partir. Elle tenta de se remémorer la raison pour laquelle elle était venue ici, puis cela lui revint : pour sauver la Crête, comme elle l’avait promis au Roi.

« Votre père croit que cette tour détient un secret », dit Gwen, en venant au fait, « un secret qui pourrait sauver la Crête, pourrait sauver votre peuple. »

Kristof sourit et croisa les doigts.

« Mon père et ses croyances », répondit-il.

Gwen fronça les sourcils.

« Êtes-vous en train de dire que c’est faux ? » demanda-t-elle. « Qu’il n’y a pas de livres anciens ? »

Il fit une pause, détourna le regard, puis soupira profondément et demeura silencieux pendant un long moment. En fin de compte, il continua.

« Ce qui devrait vous être révélé, et quand », dit-il, « me dépasse. Seul Eldof peut répondre à vos questions. »

Un sentiment d’urgence s’éleva en Gwen.

« Pouvez-vous me mener à lui ? »

Kristof sourit, pivota, et commença à marcher le long d’un couloir.

« Aussi sûrement », dit-il, marchant rapidement, déjà loin, « qu’un papillon de nuit vers une flamme. »

CHAPITRE CINQ

Stara se tenait sur la plateforme précaire en essayant de ne pas regarder vers le bas tandis qu’elle était hissée de plus en plus haut vers le ciel, voyant le paysage s’étendre à chaque secousse de la corde. La plateforme s’élevait de plus en plus haut le long du bord de la Crête, et Stara se tint là, le cœur battant, dissimulée, le capuchon rabattu sur son visage, et de la sueur coulait le long de son dos tandis qu’elle sentait la chaleur du désert augmenter. C’était étouffant à cette hauteur, et le jour s’était à peine levé. Tout autour d’elle résonnaient les bruits toujours présents des cordes et poulies, de roues grinçantes, pendant que les soldats tiraient et tiraient, aucun ne réalisant qui elle était.

Bientôt, cela s’arrêta, et tout fut immobile tandis qu’elle se tenait à la cime de la Crête – le seul son était le hurlement du vent. La vue était époustouflante, lui donnait l’impression qu’elle se tenait au sommet du monde.

Cela lui rappela des souvenirs. Stara se remémora la première fois où elle était arrivée à la Crête, juste après la Grande Désolation, avec Gwendolyn, Kendrick et tous les autres traînards, la plupart plus morts que vifs. Elle savait qu’elle était chanceuse d’avoir survécu, et au premier abord, la vue de la Crête avait été un grand cadeau, avait été une vue salvatrice.

Et pourtant maintenant elle était là, prête à partir, à descendre de la Crête encore une fois sur sa face extérieure, à se diriger dans la Grande Désolation, de retour dans ce qui serait une mort certaine. À côté d’elle, son cheval s’agita, ses fers cliquetèrent sur la plateforme creuse. Elle tendit la main et caressa sa crinière pour le rassurer. Ce cheval serait son salut, son moyen pour sortir de cet endroit ; cela ferait de sa traversée de la Grande Désolation un scénario très différent de ce que cela avait été.

« Je ne me souviens pas d’ordres de notre commandant à propos de cette visite », s’éleva la voix autoritaire d’un soldat.

Stara se tint très calme, sachant qu’ils parlaient d’elle.

« Alors je vais aborder cela avec votre commandant lui-même – et avec mon cousin, le Roi », répondit Fithe avec assurance, debout à côté d’elle, sonnant aussi convaincant que d’ordinaire.

Stara savait qu’il mentait, et elle savait qu’il risquait sa vie pour elle – et elle lui en était pour toujours reconnaissante. Fithe l’avait surprise en tenant parole, en faisant tout en son pouvoir, comme il l’avait promis, pour l’aider à quitter la Crête, pour l’aider à avoir une chance de sortir et trouver Reece, l’homme qu’elle aimait.

Reece. Le cœur de Stara était douloureux en y pensant. Elle quitterait cet endroit, aussi sûr soit-il, traverserait la Grande Désolation, les océans, le monde, juste pour une chance de lui dire combien elle l’aimait.

Bien qu’elle détesta mettre Fithe en péril, elle en avait besoin. Elle avait besoin de tout risquer pour celui qu’elle aimait. Elle ne pouvait pas rester en sécurité dans la Crête, peu importait à quel point elle était splendide, riche et sûre, jusqu’à ce qu’elle soit réunie avec Reece.

Les portes de fer de la plateforme s’ouvrirent en grinçant, et Fithe prit son bras, l’accompagnant, tandis qu’elle portait son capuchon bas, son déguisement fonctionnait. Ils sortirent de la plateforme en bois, sur le dur plateau de pierre au sommet de la Crête. Un vent hurlant passait à travers, assez fort pour presque la déséquilibrer, et elle agrippa la crinière du

cheval, le cœur battant tandis qu’elle levait les yeux, et voyait la vaste étendue, la folie de ce qu’elle s’apprêtait à faire.

« Gardez la tête baissée et votre capuchon descendu », murmura Fithe urgemment. « S’ils vous voient, s’ils voient que vous êtes une fille, ils sauront que vous n’êtes pas censée être là-haut. Ils vous renverront. Attendez jusqu’à ce que nous atteignions l’extrémité de la Crête. Il y a une autre plateforme qui attend pour vous faire descendre de l’autre côté. Elle vous emmènera – et vous seule. »

La respiration de Stara s’accéléra tandis que tous deux traversaient le large plateau de pierre, passant des chevaliers, en marchant rapidement, Stara garda la tête basse, loin des yeux indiscrets des soldats.

Finalement, ils s’arrêtèrent, et il murmura :

« D’accord. Levez les yeux. »

Stara repoussa son capuchon, les cheveux recouverts de sueur, et quand elle le fit, elle fut stupéfaite par la vue : deux énormes et beaux soleils, encore rouges, s’élevaient dans le magnifique matin du désert, le ciel était couvert de millions de nuances de rose et de violet. On aurait dit qu’il s’agissait de l’aube du monde.

En regardant au loin, elle vit la Grande Désolation tout entière se déployer devant elle, semblant s’étirer jusqu’au bout du monde. Elle chancela à cause de sa crainte des hauteurs, et souhaita immédiatement ne pas l’avoir fait.

En contrebas, elle vit l’à-pic abrupt, jusqu’à la base de la Crête. Et devant elle, elle vit la plateforme solitaire, vide, qui l’attendait.

Stara se tourna et leva les yeux vers Fithe, qui la dévisageait avec un air éloquent.

« Êtes-vous certaine ? » demanda-t-il doucement. Elle pouvait voir la crainte dans ses yeux.

Stara sentit un éclair d’appréhension la traverser, mais ensuite elle pensa à Reece, et elle acquiesça sans hésitation.

Il hocha gentiment de la tête vers elle.

« Merci », dit-elle. « Je ne sais pas comment je pourrais vous remercier un jour. »

Il sourit en retour.

« Trouvez l’homme que vous aimez », répondit-il. « Si cela ne peut être moi, au moins cela peut être quelqu’un d’autre. »

Il prit sa main, l’embrassa, s’inclina, tourna les talons et s’éloigna. Stara le regarda partir, le cœur plein de reconnaissance envers lui. Si elle n’avait pas aimé Reece de cette manière, peut-être serait-il un homme qu’elle aimerait.

Stara se retourna, s’arma de courage, tint la crinière du cheval, et fit un premier pas fatidique sur la plateforme. Elle essaya de ne pas regarder au loin la Grande Désolation, le périple qui l’attendait et qui signifierait probablement sa mort. Mais elle le fit.

Les cordes craquèrent, la plateforme se balança, et tandis que les soldats abaissaient les cordes, trente centimètres à la fois, elle commença sa descente, toute seule, sans le néant.

Reece, pensa-t-elle, il se peut que je meure. Mais je traverserais le monde pour toi.

CHAPITRE SIX

Erec se tenait à la proue du navire, Alistair et Strom à ses côtés, et scrutait attentivement les eaux tumultueuses de l’Empire en contrebas. Il observa les courants violents déporter le navire vers la gauche, l’éloignant du passage qui les aurait menés à Volusia, Gwendolyn et les autres – et il se sentit écartelé. Il voulait secourir Gwendolyn, bien évidemment ; mais il devait aussi accomplir sa promesse sacrée faite à ces villageois affranchis, de libérer le village voisin et balayer la garnison toute proche. Après tout, s’il ne le faisait pas, alors les soldats de l’Empire tueraient bientôt les hommes libres, et tous les efforts d’Erec pour les délivrer auraient été vains, laissant à nouveau leur village aux mains de l’Empire.

Erec leva les yeux et étudia l’horizon, parfaitement conscient du fait que chaque instant qui passait, chaque rafale de vent, chaque coup de rame, l’emmenaient plus loin de Gwendolyn, de sa mission initiale ; et pourtant parfois, il le savait, on devait se détourner d’une mission dans le but de faire ce qui était le plus honorable et juste. Parfois la mission, réalisa-t-il, n’était pas toujours ce que l’on pensait. Parfois elle était en perpétuel changement ; parfois c’était un voyage mineur en cours de route qui s’avérait devenir la réelle mission.

Cependant, Erec se résolut en son for intérieur à vaincre la garnison de l’Empire aussi vite que possible et à reprendre l’embranchement de la rivière vers Volusia, pour sauver Gwendolyn avant qu’il ne soit trop tard.

« Monsieur ! » cria une voix.

Erec leva les yeux pour voir un de ses soldats, en hauteur sur un mât, pointer du doigt vers l’horizon. Il se tourna pour regarder, et alors que leur navire passait un méandre de la rivière et que le courant s’accélérait, le sang d’Erec palpita en voyant un fort de l’Empire, grouillant de soldats, perché au bord du cours d’eau. C’était un édifice gris, carré, en pierre, bas, des contremaîtres de l’Empire étaient alignés tout autour – aucun ne surveillant la rivière. À la place, ils observaient tous le village d’esclaves en contrebas, rempli de villageois, tous soumis au fouet et au bâton des contremaîtres. Les soldats fouettaient sans pitié les villageois, les torturaient dans les rues par de rudes tâches, pendant que les soldats au-dessus regardaient et riaient de la scène.

Erec rougit d’indignation, bouillonnant face à l’iniquité de tout cela. Il se sentit légitimé dans sa décision de conduire ses hommes de ce côté de la rivière, et était déterminé à réparer cette injustice, à leur faire payer. Ce n’était peut-être qu’une goutte dans le vase de la supercherie de l’Empire, et pourtant on ne pouvait jamais sous-estimer, Erec le savait, ce que la liberté signifiait à même peu de gens.

Erec vit les rives bordées de navires de l’Empire, gardés d’un œil distrait, personne ne suspectant une attaque. Bien sûr, ils ne le feraient pas : il n’y avait pas de forces hostiles dans l’Empire, aucune que sa vaste armée pourrait craindre.

Aucune, c’est-à-dire, hormis celle d’Erec.

Erec savait que même si lui et ses hommes étaient en sous-nombre, ils avaient toujours l’avantage de la surprise. S’ils pouvaient frapper assez rapidement, peut-être pourraient-ils les éliminer tous.

Erec se tourna vers ses hommes et vit Strom debout là à côté de lui, attendant impatiemment ses ordres.

« Prends le commandement du navire à côté de moi », ordonna Erec à son jeune frère – et à peine avait-il prononcé les mots que son frère passait à l’action. Il courut à travers le pont, bondit du bastingage sur l’embarcation naviguant à côté d’eux, où il se dirigea rapidement vers la proue et prit le commandement.

Erec se tourna vers ses soldats, qui se massaient autour de lui sur son navire, attendant ses ordres.

« Je ne veux pas qu’ils soient alertés de notre présence », dit-il. « Nous devons nous rapprocher autant que possible. Archets – à vos postes ! » s’écria-t-il. « Et vous tous, prenez vos lances et agenouillez-vous ! »

Les soldats se mirent en position, accroupis le long du bastingage, des rangées et des rangées de soldats d’Erec alignés, tous tenant leurs lances et arcs, tous biens disciplinés, attendant patiemment son ordre. Les courants s’accrurent, Erec vit les forces de l’Empire se profiler non loin, et il sentit un frisson familier dans ses veines : du combat planait dans l’air.

Ils se rapprochèrent encore et encore, maintenant à seulement cent mètres, et le cœur d’Erec palpitait, espérant qu’ils ne soient pas repérés, sentant l’impatience de ses hommes autour de lui, qui attendaient pour attaquer. Ils devaient juste arriver à portée, et chaque clapotis de l’eau, chaque centimètre parcouru, il le savait, était inestimable. Ils n’avaient qu’une chance avec leurs lances et flèches, et ils ne pouvaient la manquer.

Allez, pensa Erec. Juste un peu plus près.

Le cœur d’Erec se serra quand un soldat se tourna soudain nonchalamment et scruta les eaux – puis plissa des yeux, confus. Il était sur le point de les repérer – et c’était trop tôt. Ils n’étaient pas encore à portée.

Alistair, à côté de lui, le vit aussi. Avant qu’Erec puisse donner l’ordre pour entamer la bataille plus tôt, elle se mit subitement debout et, avec une expression sereine et confiante, leva sa main droite. Une boule jaune y apparut, elle ramena son bras en arrière puis la lança.

Erec observa avec émerveillement tandis que l’orbe flottait haut dans les airs au-dessus d’eux, puis retomba, comme un arc-en-ciel, et descendit sur eux. Rapidement une brume apparut, obscurcissant leur vision et les protégeant des yeux de l’Empire.

Le soldat de l’Empire scrutait à présent la brume, confus, sans rien y voir. Erec se tourna vers Alistair et lui sourit en sachant que, une fois encore, ils auraient été perdus sans elle.

La flotte d’Erec continuait à avancer, maintenant parfaitement dissimulée, et Erec jeta un regard à Alistair, reconnaissant.

« Votre main est plus forte que mon épée, ma dame », dit-il en s’inclinant.

Elle sourit.

« C’est toujours à toi de gagner ta bataille », répondit-elle.

Les vents les poussaient plus près, la brume restait avec eux, et Erec pouvait voir tous ses hommes désireux de décocher leurs flèches, de projeter leurs lances. Il comprenait ; sa lance le démangeait dans sa paume, à lui aussi.

« Pas encore », murmura-t-il à ses hommes.

Alors qu’ils écartaient la brume, Erec commença à entrevoir brièvement les soldats de l’Empire. Ils se tenaient sur les remparts, leurs dos musculeux luisants, levant haut leurs fouets et frappant les villageois, le claquement était audible même depuis là. Les autres soldats se tenaient les yeux rivés vers la rivière, manifestement appelés par l’homme de garde, et ils examinaient avec attention le brouillard, comme s’ils suspectaient quelque chose.

Erec était maintenant si proche, ses navires à peine à trente mètres, le cœur battant dans ses oreilles. La brume d’Alistair commençait à se dissiper, et il sut que le moment était venu.

« Archers ! » ordonna Erec. « Feu ! »

Des dizaines de ses archers, tout le long de sa flotte, se mirent debout, visèrent et tirèrent.

Le ciel fut soudain empli du bruit des flèches quittant la corde, volant à travers les airs – et il s’assombrit avec le nuage des pointes de flèche mortelles, volant dans un large arc de cercle, puis s’inclinant vers le bas en direction du rivage.

Un instant après des cris résonnèrent, tandis que le nuage de flèches létales s’abattait sur les soldats de l’Empire qui fourmillaient dans le fort. La bataille avait commencé.

Des cors sonnèrent partout, tandis que la garnison de l’Empire était alertée et se rassemblait pour se défendre.

Назад Дальше