Le Don du Combat - Морган Райс 5 стр.


« LANCES ! » cria Erec.

Strom fut le premier à se mettre debout et à propulser sa lance, une lance magnifique en argent, sifflant dans les airs en volant à une vitesse phénoménale, puis elle trouva sa place dans le cœur du commandant de l’Empire, ahuri.

Erec lança la sienne dans la foulée, prenant part en projetant sa lance dorée, et élimina un commandant de l’Empire de l’autre côté du fort. Tout le long de sa flotte ses rangs d’hommes se joignirent à lui, projetant leurs lances et abattant des soldats de l’Empire étonnés qui eurent à peine le temps de se rallier.

Des dizaines d’entre eux tombèrent, et Erec sut que sa première volée avait été un succès ; cependant des centaines de soldats restaient encore, et alors que le navire d’Erec s’arrêtait, s’échouant rudement sur la berge, il sut que le moment était venu pour le combat au corps-à-corps.

« Chargez ! » hurla-t-il.

Erec dégaina son épée, sauta par-dessus le bastingage, et bondit dans les airs, chutant de quatre bons mètres avant d’atterrir sur les rives sableuses de l’Empire. Tout autour de lui ses hommes suivirent, forts de plusieurs centaines, tous chargeant à travers la plage, esquivant les flèches et lances de l’Empire tandis qu’ils jaillissaient de la brume et à travers le sable vers le fort de l’Empire. Les soldats de l’Empire se rassemblèrent, eux aussi, se précipitant pour venir à leur rencontre.

Erec se tint prêt tandis qu’un soldat de l’Empire imposant chargeait droit sur lui, hurlant, soulevait sa hache et l’abattait en diagonale vers sa tête. Erec esquiva, le frappa au ventre, et poursuivit. Erec, dont les réflexes de combat se mettaient en marche, frappa un autre soldat au cœur, évita le coup de hache d’un autre, puis pivota et en entailla un en travers du torse. Un autre s’élança sur lui par-derrière, et sans se retourner, il lui donna un coup de coude dans le foie, le faisant tomber à genoux.

Erec courait à travers les rangs de soldats, plus rapide, vif et fort que n’importe qui sur le terrain, menant ses hommes pendant que, un à la fois, ils éliminaient les soldats de l’Empire, se frayant un chemin vers le fort. Les affrontements gagnèrent en densité, au corps-à-corps, et ces soldats de l’Empire, de presque deux fois leur taille, étaient des adversaires féroces. Cela brisait le cœur d’Erec de voir tant de ses homes tomber autour de lui.

Mais Erec, déterminé, se mouvait comme un éclair. Strom à côté de lui, et il les déjouait tous de tous côtés. Il traversait la plage comme un démon libéré des enfers.

Assez rapidement, la tâche fut achevée. Tout était calme sur le sable, alors que la plage, rougie, était recouverte de corps, la plupart de soldats de l’Empire. Bien trop d’entre eux, toutefois, étaient les corps de ses propres hommes.

Erec, empli de rage, se rua vers le fort, grouillant encore de soldats. Il prit les degrés de pierre le long de son abord, tous ses hommes derrière lui, et rencontra un soldat qui descendait en courant vers lui. Il le poignarda au cœur, juste avant qu’il ne puisse abattre un marteau à deux mains sur sa tête. Erec fit un pas de côté et le soldat, mort, dégringola dans les marches à côté de lui. Un autre soldat apparut, donnant un coup vers Erec avant qu’il ne puisse réagir –Strom s’avança, et avec un grand fracas et un nuage d’étincelles, il para le coup avant qu’il ne puisse atteindre son frère, puis frappa le soldat avec la garde de son épée, le faisant tomber par-dessus le bord, et l’envoya à sa mort en hurlant.

Erec continua à charger, montant les marches quatre à quatre jusqu’à ce qu’il atteigne le niveau supérieur du fort de pierre. Les dizaines de soldats de l’Empire qui restaient là étaient à présent terrifiés, voyant tous leurs frères morts – et à la vue d’Erec et ses hommes arrivant aux étages, ils tournèrent les talons et commencèrent à fuir. Ils se précipitaient pour descendre de l’autre côté du fort, dans les rues du village – et ce faisant, ils rencontrèrent une surprise : les villageois étaient maintenant enhardis. Leurs expressions apeurées se transformèrent en rage et, comme un seul homme, ils se soulevèrent. Ils s’en prirent à leurs geôliers de l’Empire, s’emparèrent des fouets dans leurs mains, et commencèrent à fouetter les soldats tandis qu’ils courraient dans l’autre direction.

Les soldats de l’Empire ne s’attendaient pas à cela et, un à un, ils tombèrent sous les fouets des esclaves. Ces derniers continuèrent à les frapper alors qu’ils étaient allongés au sol, encore et encore et encore, jusqu’à ce que finalement, ils arrêtent de bouger. La justice avait été faite.

Erec se tint là, en haut du fort, haletant, ses hommes à côté de lui, et fit le bilan dans le silence. La bataille était terminée. En contrebas, il fallut une minute aux villageois hébétés pour analyser ce qu’il venait de se produire, mais assez vite ils le firent.

Un à la fois, ils commencèrent à pousser des exclamations, et une grande clameur s’éleva vers les cieux, de plus en plus forte, tandis que leurs visages s’emplissaient de joie pure. C’était une clameur de liberté. Cela, Erec le savait, faisait que ça en valait la peine. Cela, il le savait, était ce que signifiait la bravoure.

CHAPITRE SEPT

Godfrey était assis sur le sol de pierre dans la chambre souterraine du palais de Silis, Akorth, Fulton et Merek à côté de lui, Dray à ses pieds, Silis et ses hommes en face d’eux. Ils étaient tous assis sombrement, têtes baissées, les mains autour de leurs genoux, sachant qu’ils participaient tous à une veillée funèbre. La chambre tremblait avec les tambourinements sourds de la guerre au-dessus, de l’invasion de Volusia, le bruit de leur cité en train d’être saccagée résonnait dans leurs oreilles. Ils restaient tous assis là, patientant, tandis que les Chevaliers des Sept mettaient Volusia en pièces au-dessus de leurs têtes.

Godfrey prit une autre longue goulée de son outre de vin, la dernière restante dans la cité, essayant d’anesthésier la douleur, la certitude de sa mort imminente aux mains de l’Empire. Il fixait ses pieds du regard, se demandait comment tout avait pu en arriver là. Des lunes auparavant, il avait été en sécurité dans l’Anneau, passant sa vie à boire, sans aucun souci hormis de savoir dans quelle taverne ou quel bordel il irait chaque soir. Maintenant il était là, de l’autre côté de la mer, dans l’Empire, piégé sous terre dans une cité en ruine, après s’être lui-même emmuré dans son propre cercueil.

Sa tête bourdonnait, et il essaya de vider son esprit, de se concentrer. Il avait conscience de ce que ses amis pensaient, pouvait le sentir dans le dédain de leurs regards noirs : ils n’auraient jamais dû l’écouter ; ils auraient dû tous s’échapper quand ils en avaient eu l’occasion. S’ils n’avaient pas rebroussé chemin pour Silis, ils auraient pu atteindre le port, embarquer sur un bateau, et auraient maintenant été loin de Volusia.

Godfrey tenta de trouver du réconfort dans le fait qu’il avait, au moins, retourné une faveur, et avait sauvé la vie de cette femme. S’il ne l’avait pas atteinte à temps pour la prévenir de descendre, elle aurait certainement été en haut et morte à présent. Cela avait dû valoir quelque chose, même si c’était inhabituel chez lui.

« Et maintenant ? » demanda Akorth.

Godfrey se tourna et le vit le regarder d’un air accusateur, prononçant à haute voix la question qui brûlait manifestement dans tous leurs esprits.

Godfrey regarda autour de lui et examina la petite pièce sombre, les torches vacillantes, presque éteintes. Leurs maigres provisions et une outre de bière étaient tout ce qu’ils avaient, posées dans un coin. C’était une veillée funèbre. Il pouvait encore entendre le bruit de la guerre en haut, même à travers ces murs épais, et il se demanda durant combien de temps ils pourraient surmonter cette invasion. Des heures ? Des jours ? Combien de temps passerait-il avant que les Chevaliers des Sept conquièrent Volusia ? Partiraient-ils ?

« Ils ne sont pas après nous », observa Godfrey. « C’est l’Empire qui combat l’Empire. Ils sont en vendetta après Volusia. Ils n’ont pas de problèmes avec nous. »

Silis secoua la tête.

« Ils occuperont ce lieu », dit-elle lugubrement, sa voix forte transperçant le silence. « Les Chevaliers des Sept ne battent jamais en retraite. »

Ils retombèrent tous dans le silence.

« Alors pendant combien de temps pouvons-nous vivre là ? » demanda Merek.

Silis secoua la tête en jetant un regard à leurs provisions.

« Une semaine, peut-être », répondit-elle.

Un grondement phénoménal se fit entendre en haut, et Godfrey tressaillit en sentant le sol trembler sous ses pieds.

Silis bondit sur ses pieds, agitée, fit les cent pas, examinant le plafond tandis que de la poussière commençait à en tomber, pleuvant sur eux. Cela sonnait comme une avalanche de pierres au-dessus d’eux, et elle le scruta avec l’inquiétude d’une propriétaire.

« Ils ont ouvert une brèche dans mon château », dit-elle, plus pour elle-même que pour eux.

Godfrey vit une expression peinée sur son visage, et il le reconnut comme étant celui d’une personne perdant tout ce qu’elle avait.

Elle se tourna et regarda Godfrey avec gratitude.

« J’aurais été là-haut sans vous. Vous nous avez sauvé la vie. »

Godfrey soupira.

« Et pour quoi ? » demanda-t-il, contrarié. « Quel bien cela a-t-il fait ? Pour que nous puissions mourir tous ensemble ici en bas ? »

Silis paraissait abattue.

« Si nous restons là », demanda Merek, « est-ce que nous mourrons tous ? »

Silis se tourna vers lui et hocha tristement de la tête.

« Oui », répondit-elle faiblement. « Pas aujourd’hui ou demain, mais d’ici quelques jours, oui. Ils ne peuvent pas arriver jusqu’ici – mais nous ne pouvons pas aller là-haut. Bientôt nos provisions seront épuisées. »

« Alors quoi ensuite ? » l’interrogea Ario en lui faisant face. « Comptez-vous mourir ici ? Parce que moi, pour ma part, je n’en ai pas l’intention. »

Silis faisait les cent pas, sourcils froncés, et Godfrey put la voir réfléchir longuement.

Puis, finalement, elle s’arrêta.

« Il y a une chance », dit-elle. « C’est risqué. Mais cela pourrait marcher. »

Elle se tourna, leur fit face, et Godfrey retint son souffle, d’espoir et d’attente.

« Du temps de mon père, il y avait un passage souterrain sous le château », dit-elle. « Il passe à travers les murs du château. Nous pourrions le trouver, s’il existe encore, et partir de nuit, à la faveur de l’obscurité. Nous pouvons essayer de nous frayer un chemin à travers la cité, vers le port. Nous pouvons prendre un de mes navires, s’il en reste encore, et appareiller depuis cet endroit. »

Un long silence incertain tomba sur la pièce.

« Risqué », dit finalement Merek, la voix grave. « La cité va fourmiller de gens de l’Empire. Comment sommes-nous censés la traverser sans nous faire tuer ? »

Silis haussa les épaules.

« Vrai », dit-elle. « S’ils nous capturent, nous serons tués. Mais si nous sortons quand il fait assez sombre, et que nous tuons tous ceux qui se tiennent en travers de notre route, peut-être atteindrons nous le port. »

« Et si nous trouvons le passage et arrivons jusqu’au port, et que vos navires n’y sont pas ? » demanda Ario.

« Aucun plan n’est certain », dit-elle. « Il se peut très bien que nous mourions là dehors – et il se peut très bien que nous mourions ici en bas. »

« La mort viendra pour nous tous », intervint Godfrey, qui éprouvait une nouvelle motivation en se mettant debout et en faisant face aux autres, plein de détermination alors qu’il surmontait ses peurs. « C’est une question à propos de la manière dont nous souhaitons mourir : ici, tapis comme des rats ? Ou là-haut, visant notre liberté ? »

Lentement, un à la fois, les autres se mirent tous debout. Ils lui firent face et hochèrent tous solennellement de la tête en réponse.

Il sut, à ce moment-là, qu’un plan avait été créé. Cette nuit, ils s’échapperaient.

CHAPITRE HUIT

Loti et Loc marchaient côte à côte sous le soleil brûlant du désert, tous deux enchaînés l’un à l’autre, tout en étant fouettés par les contremaîtres derrière eux. Ils cheminaient à travers l’étendue désolée et pendant qu’ils le faisaient, Loti se demanda une fois encore pourquoi son frère les avait portés volontaires pour ce travail dangereux et éreintant. Était-il devenu fou ?

« À quoi pensais-tu ? » lui murmura-t-elle. Ils étaient poussés par-derrière et quand Loc perdit l’équilibre et trébucha vers l’avant, Loti le prit par son bon bras avant qu’il ne tombe.

« Pourquoi nous as-tu portés volontaires ? » ajouta-t-elle.

« Regarde droit devant », dit-il en reprenant son équilibre. « Que vois-tu ? »

Loti leva les yeux et ne vit rien hormis le désert monotone qui s’étirait devant eux, plein d’esclaves, le sol dur à cause des rochers ; au-delà de cela, elle vit une pente menant à une crête, au sommet de laquelle travaillaient une dizaine d’esclaves supplémentaires. Partout se trouvaient des contremaîtres, le bruit des fouets pesait dans l’air.

« Je ne vois rien », répondit-elle, impatiente, « à part plus de la même chose : des esclaves exploités jusqu’à la mort par des contremaîtres. »

Loti ressentit soudain une douleur cuisante dans le dos, comme si sa peau lui était arrachée, et elle poussa un cri alors qu’elle était fouettée, la lanière lui entaillant la peau.

Elle se retourna pour voir le visage renfrogné d’un contremaître derrière elle.

« Taisez-vous ! » ordonna-t-il.

Loti eut envie de pleurer à cause de la douleur intense, mais elle tint sa langue et continua à marcher à côté de Loc, ses chaînes s’entrechoquant sous le soleil. Elle se jura de tuer tous ces membres de l’Empire sitôt qu’elle le pourrait.

Ils continuèrent à marcher en silence, le seul bruit était celui de leurs bottes crissant sur les pierres. Finalement, Loc s’avança doucement plus près d’elle.

« Ce n’est pas ce que tu vois », murmura-t-il, « mais ce que tu ne vois pas. Regarde de plus près. Là-haut, sur la crête. »

Elle étudia le paysage, mais ne vit rien.

« Il n’y a qu’un contremaître là-haut. Un. Pour deux douzaines d’esclaves. Regarde derrière, dans la vallée, et vois combien il y en a là. »

Loti jeta furtivement un regard en arrière par-dessus son épaule, et dans la vallée qui s’étendait en contrebas, elle vit des dizaines de contremaîtres supervisant des esclaves, qui cassaient des rochers et labouraient la terre. Elle se retourna et regarda à nouveau vers la crête, et elle comprit pour la première fois ce que son frère avait à l’esprit. Non seulement il n’y avait qu’un seul contremaître, mais encore mieux, il y avait un zerta à côté de lui. Un moyen de s’échapper.

Elle était impressionnée.

Il hocha de la tête d’un air entendu.

« Le sommet de la crête est le poste de travail le plus dangereux », murmura-t-il. « Le plus chaud, le moins convoité, à la fois par les esclaves et les contremaîtres. Mais ça, ma sœur, c’est une opportunité. »

Loti reçut soudain un coup de pied dans le dos, et elle tituba vers l’avant avec Loc. Tous deux se redressèrent et poursuivirent vers la crête, Loti luttant pour respirer, tentant de reprendre son souffle sous la chaleur montante tandis qu’ils grimpaient. Mais cette fois-ci, quad elle regarda en arrière, son cœur se gonfla d’optimisme, battant plus vite dans sa gorge : enfin, ils avaient un plan.

Loti n’avait jamais considéré son frère comme étant audacieux, aussi prêt à prendre un tel risque, à affronter l’Empire. Mais maintenant qu’elle le regardait, elle pouvait voir le désespoir dans ses yeux, pouvait voir qu’il pensait enfin comme elle. Elle le voyait sous un nouveau jour, et l’admirait grandement pour cela. C’était exactement le genre de plan auquel elle serait elle-même arrivée.

« Et pour nos chaînes ? » lui murmura-t-elle en réponse, en s’assurant que les contremaîtres n’observent pas.

Loc fit un geste de la tête.

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