Le Serment des Frères - Морган Райс 7 стр.


Darius la dévisagea en retour, à l’évidence touché, et Bobku s’avança au milieu du groupe et se tint là, lui faisant face dans l’épais silence, tandis que tous regardaient.

« Nous voyons aujourd’hui quelle grande décision nous avons prise quand nous vous avons accueillis », dit-il fièrement. « Vous nous avez récompensés bien au delà de nos rêves, et nous avons été grandement récompensés. Votre réputation, vous de l’Anneau, en tant que véritables guerriers honorables, est vraie. Et nous sommes pour toujours vos débiteurs. »

Il prit une grande inspiration.

« Nous avons besoin de votre aide », poursuivit-il. « Mais plus d’hommes sur le champ de bataille n’est pas ce qui nous est le plus nécessaire. Plus de vos hommes ne sera pas assez – pas avec la guerre qui s’annonce. Si vous souhaitez réellement aider notre cause, ce dont nous avons vraiment besoin est que vous nous trouviez des renforts. Si nous voulons avoir une chance, nous aurons besoin que des dizaines de milliers d’hommes viennent à notre aide. »

Gwen le dévisagea, yeux écarquillés.

« Et où sommes-nous censés trouver ces dizaines de milliers de chevaliers ? »

Bobku la regarda en retour d’un air grave.

« S’il existe quelque part une cité d’hommes libres au sein de l’Empire, une cité encline de nous venir en aide – et c’est un grand si – alors elle se trouverait à l’intérieur du second Anneau. »

Gwen le regarda, perplexe.

« Que demandez-vous de nous ? » demanda-t-elle.

Bobku la scruta du regard, solennel.

« Su vous voulez véritablement nous aider », dit-il, « je vous demande d’entreprendre une mission impossible. De vous demande de faire quelque chose encore plus difficile et dangereux que de nous rejoindre sur le champ de bataille. Je vous demande de suivre votre plan originel, de vous lancer dans la quête que vous deviez commencer aujourd’hui. Je vous demande de traverser la Grande Désolation ; de chercher le Second Anneau, et si vous y arrivez en vie, si seulement il existe, de convaincre leurs armées de se rallier à notre cause. C’est la seule chance que nous aurions de gagner cette guerre. »

Il la dévisagea, sombre, le silence était si dense que Gwen pouvait entendre le vent bruisser dans le désert.

« Personne n’a jamais traversé la Grande Désolation », poursuivit-il. « Personne n’a jamais confirmé que le Second Anneau existe. C’est une tâche impossible. Une marche suicidaire. Je déteste vous demander cela. Pourtant c’est ce dont nous avons le plus besoin. »

Gwendolyn étudia Bobku, remarqua le sérieux sur son visage, et elle soupesa longuement ses mots.

« Nous ferons tout ce qui est nécessaire », dit-elle, « n’importe quoi qui serve votre cause. Si des alliés se trouvent de l’autre côté de la Grande Désolation, alors ainsi soit-il. Nous nous mettrons en route immédiatement. Et nous reviendrons avec une armée à notre disposition. »

Bobku, les larmes aux yeux, fit un pas en avant et étreignit Gwendolyn.

« Vous êtes une véritable reine », dit-il. « Votre peuple a de la chance de vous avoir. »

Gwen se tourna vers les siens, et elle les vit la contempler solennellement, sans peur. Elle savait qu’ils la suivraient n’importe où.

« Préparez-vous à marcher », dit-elle. « Nous traverserons la Grande Désolation. Nous trouverons le Second Anneau. Ou nous mourrons en essayant. »

Sandara se tenait là, se sentant déchirée tandis qu’elle regardait Kendrick et les siens se préparer à entreprendre leur périple vers la Grande Désolation. De l’autre côté se trouvaient Darius et son peuple, les gens avec qui elle avait été élevée, les seules personnes qu’elle ait jamais connues, se préparant à faire demi-tour, à rassembler leurs villages pour combattre l’Empire. Elle se sentait coupée en deux, et ne savait pas de quel côté aller. Elle ne pouvait supporter de voir Kendrick disparaître pour toujours, et pourtant elle ne pouvait non plus supporter d’abandonner les siens.

Kendrick, qui finissait de préparer son armure et rengainait son épée, leva les yeux et rencontra les siens. Il semblait savoir ce qu’elle pensait – il le savait toujours. Elle pouvait aussi voir de la douleur dans son regard, de la circonspection envers elle, elle ne l’en blâmait pas – tout ce temps dans l’Empire elle avait gardé ses distances avec lui, avait vécu au village pendant qu’il vivait dans les grottes. Elle avait été attentive pour honorer ses aînés, ne pas contracter d’alliance avec une autre race.

Et pourtant, réalisa-t-elle, elle n’avait pas honoré l’amour. Qu’est-ce qui était le plus important ? De respecter les lois de sa famille ou son cœur ? Elle s’était angoissée à propos de cela pendant des jours.

Kendrick se fraya un chemin jusqu’à elle.

« J’imagine que tu vas rester en arrière avec ton peuple ? » demanda-t-il, de la méfiance dans la voix.

Elle le dévisagea, écartelée, effrayée, et ne sut pas ce que dire. Elle ne connaissait pas la réponse elle-même. Elle se sentait figée dans l’espace et le temps, sentait ses pieds enracinés dans le sol du désert.

Soudain, Darius s’approcha à côté d’elle.

« Ma sœur », dit-il.

Elle se tourna et hocha de la tête vers lui, reconnaissante pour la distraction, tandis qu’il passait un bras autour de ses épaules et regardait Kendrick.

« Kendrick », dit-il.

Kendrick opina du chef avec respect.

« Tu sais l’amour que je te porte », continua Darius. « Égoïstement, je veux que tu restes. »

Il prit une profonde inspiration.

« Et pourtant, je t’implore de partir avec Kendrick. »

Sandara le dévisagea, surprise.

« Mais pourquoi ? » demanda-t-elle.

« Je vois l’amour que tu lui portes, et le sien. Un amour tel que celui-ci n’apparaît pas deux fois. Tu dois suivre ton cœur, malgré ce que notre peuple pense, malgré nos lois. C’est ce qui compte le plus. »

Sandara regarda son jeune frère, touchée ; elle était impressionnée par sa sagesse.

« Tu as vraiment grandi depuis que je t’ai quitté », dit-elle.

« Je t’interdis d’abandonner ton peuple, et je t’interdis d’aller avec lui » dit une voix sévère.

Sandara se retourna pour voir Zirk, qui avait surpris la conversation et s’avançait, rejoint par plusieurs des anciens.

« Ta place est ici avec nous. Si tu pars avec cet homme, tu ne seras plus la bienvenue ici. »

« Et en quoi cela vous concerne ? » demanda Darius avec colère, la défendant.

« Attention, Darius », dit Zirk. « Tu mènes peut-être cette armée pour le moment, mais tu ne nous diriges pas. Ne prétends pas parler pour notre peuple. »

« Je parle pour ma sœur », dit Zirk, « et je parlerais pour qui je veux. »

Sandara remarqua que Darius serrait son poing sur la garde de son épée tout en fixant Zirk du regard ; elle tendit rapidement le bras et plaça une main rassurante sur son poignet.

« La décision est mienne », dit-elle à Zirk. « Et je l’ai déjà prise », dit-elle, ressentant un élan d’indignation et décidant soudainement. Elle ne laisserait pas ces gens se prononcer pour elle. Elle avait permis aux anciens de lui dicter sa vie depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvenait, et maintenant, le temps était venu.

« Kendrick est mon bien-aimé », dit-elle en se tournant vers Kendrick, qui la regarda avec étonnement. Alors qu’elle prononçait ces mots, elle sut qu’ils étaient vrais, et ressentit un tel élan d’amour pour lui, une vague de culpabilité pour ne pas l’avoir embrassé plus tôt devant les autres. « Son peuple est mon peuple. Il est à moi et je suis à lui. Et rien, personne, pas vous, personne, ne peut nous séparer. »

Elle se tourna vers Darius.

« Au revoir, mon frère », dit-elle. « Je vais me joindre à Kendrick. »

Darius esquissa un grand sourire, pendant que Zirk lançait des regards furieux.

« Ne pose plus jamais les yeux sur nos visages », cracha-t-il, puis il tourna les talons et l’éloigna, les anciens le suivirent.

Sandara retourna à Kendrick et fit ce qu’elle avait voulu faire depuis que tous deux étaient arrivés ici. Elle l’embrassa ouvertement, sans crainte, devant tout le monde, pouvant finalement exprimer son amour pour lui. À sa grande joie, il l’embrassa en retour, et la prit dans ses bras.

« Sois prudent, mon frère », dit Sandara.

« Et toi aussi, ma sœur. Nous nous reverrons. »

« Dans ce monde ou le suivant », dit-elle.

Sur ce, Sandara se retourna, prit le bras de Kendrick, et ensemble, ils rejoignirent son peuple, se dirigeant vers la Grande Désolation, vers une mort certaine, mais elle était prête à aller n’importe où dans le monde, tant qu’elle était au côté de Kendrick.

CHAPITRE HUIT

Godfrey, Akorth, Fulton, Merek et Ario, vêtus des capes des Finiens, marchaient le long des rues étincelantes de Volusia, tous sur leurs gardes, serrés les uns contre les autres, et très tendus. Le bourdonnement de Godfrey avait disparu depuis longtemps, et il naviguait dans les rues inconnues, les sacs d’or pendus à la taille ; il se maudissait pour s’être porté volontaire pour cette mission et se creusait la tête pour déterminer quoi faire après. Il donnerait n’importe quoi pour un verre là maintenant.

Quelle terrible idée il avait eu de venir ici. Mais pourquoi donc avait-il eu un tel élan chevaleresque stupide ? Qu’était la chevalerie de toute manière ? se demanda-t-il. Un instant de passion, d’abnégation, de folie. Cela lui asséchait juste la gorge, son cœur palpitait, ses mains tremblaient. Il détestait ce sentiment, en détestait chaque seconde. Il aurait voulu ne pas avoir parlé. La chevalerie n’était pas pour lui.

Ou l’était-elle ?

Il n’était plus sûr de rien. Tout ce qu’il savait dans l’immédiat était qu’il voulait survivre, vivre, boire, être n’importe où sauf là. Que ne donnerait-il pas pour une bière là maintenant. Il échangerait l’acte le plus héroïque au monde contre une pinte de bière.

« Et qui exactement allons-nous payer ? » demanda Merek, venant à côté de lui tandis qu’ils marchaient ensemble à travers les rues.

Godfrey se creusa la cervelle.

« Nous avons besoin de quelqu’un dans leur armée », dit-il finalement. « Un commandant. Pas trop élevé. Quelqu’un de juste assez bien placé. Quelqu’un qui s’intéresse plus à l’or qu’à tuer. »

« Et où allons-nous trouver une telle personne ? » demanda Ario. « Nous ne pouvons pas vraiment pénétrer dans leurs baraquements. »

« D’après mon expérience, il n’y a qu’un endroit fiable pour trouver des personnes à la moralité imparfaite », dit Akorth. « Les tavernes. »

« Maintenant tu parles », dit Fulton. « Maintenant, enfin, quelqu’un dit quelque chose de censé. »

« Cela sonne comme une terrible idée », rétorqua Ario. « On dirait que tu veux seulement un verre. »

« Eh bien, j’en veux un », dit Akorth. « Quelle honte y a-t-il à ça ? »

« Qu’est-ce que tu penses ? » répliqua Ario. « Que tu vas simplement entrer dans une taverne, trouver un commandant, et le soudoyer ? Que c’est si facile ? »

« Eh bien, le jeune a enfin raison pour quelque chose », intervint Merek. « C’est une mauvaise idée. Ils vont jeter un œil à notre or, nous tuer, et le prendre pour eux-mêmes. »

« C’est pourquoi nous n’amènerons pas notre or », dit Godfrey, prenant une décision.

« Hein ? » demanda Merek, se tournant vers lui. « Qu’allons-nous en faire alors ? »

« Le cacher », dit Godfrey.

« Cacher tout cet or ? » demanda Ario. « Es-tu fou ? Nous en avons apporté bien trop comme ça. Il y en assez pour acheter la moitié de la cité. »

« C’est précisément pourquoi nous allons le cacher », dit Godfrey, qui commençait à apprécier l’idée. « Nous trouvons la bonne personne, pour le bon prix, à qui nous pouvons faire confiance, et nous l’y mènerons. »

Merek haussa les épaules.

« C’est insensé. Cela va de mal en pis. Nous t’avons suivi, Dieu sait pourquoi. Tu nous mènes à notre tombe. »

« Vous m’avez suivi parce que vous croyez en l’honneur, au courage », dit Godfrey. « Vous m’avez suivi parce que, dès le moment où vous l’avez fait, nous sommes devenus des frères. Frères dans la bravoure. Et des frères ne s’abandonnant pas les uns les autres ? »

Les autres firent silence tandis qu’ils marchaient, et Godfrey fut surpris de lui-même. Il ne comprenait pas totalement ce trait en lui qui faisait surface de temps à autre. Était-ce son père qui parlait ? Ou lui ?

Ils passèrent un coin, et la cité se déploya. Godfrey fut une fois encore submergé par sa beauté. Tout brillait, les rues bordées d’or, qui s’entrelaçaient avec les canaux d’eau de mer, de la lumière partout, reflétant l’or, l’aveuglaient. Les rues étaient très animées ici aussi, et Godfrey embrassa la vue de la foule dense, ahuri. On lui rentra plusieurs fois dans l’épaule, et il fit attention à garder la tête baissée pour que les soldats de l’Empire ne le repèrent pas.

Des soldats, dans toute sorte d’armures, marchaient dans un va et viens dans toutes les directions, ponctués par des nobles de l’Empire et des citoyens, des hommes immenses avec une peau jaune et de petites cornes identifiables, plusieurs avec des stands, vendant des marchandises tout le long des rues de Volusia. Godfrey repéra aussi des femmes de l’Empire, pour la première fois, aussi grandes que les hommes et aussi larges d’épaules, paraissant presque aussi corpulente que les hommes de l’Anneau. Leurs cornes étaient plus longues, plus pointues, et elles luisaient d’un bleu mer. Elles semblaient plus sauvages que les hommes. Godfrey n’aurait pas voulu se retrouver dans un combat face à n’importe laquelle d’entre elles.

« Peut-être coucher avec quelques femmes pendant que nous sommes là », dit Akorth en rotant.

« Je pense qu’elles seraient tout aussi contentes de te trancher la gorge », dit Fulton.

Akorth haussa les épaules.

« Peut-être feraient-elles les deux », dit-il. « Au moins je mourrais en homme heureux. »

Alors que la foule devenait plus dense, jouant des coudes pour se frayer un passage à travers plus de rues de la ville, Godfrey, en sueur, tremblant de peur, s’efforça d’être dort, d’être brave, de penser à tous ceux-là bas au village, à sa sœur, qui avait besoin de son aide. Il considéra contre combien ils étaient. S’il pouvait réussir cette mission, peut-être pourrait-il faire une différence, peut-être pourrait-il vraiment les aider. Ce n’était pas la manière audacieuse et glorieuse de faire de ses frères guerriers ; mais c’était sa manière, et la seule qu’il connaisse.

Alors qu’ils franchissaient un coin, Godfrey regarda au delà et vit exactement ce qu’il cherchait : là, au loin, un groupe d’hommes se déversa d’un édifice en pierre, se battant les uns contre les autres ; une cohue se forma autour d’eux, poussant des acclamations. Ils donnaient des coups de poing et titubaient d’une façon que Godfrey reconnut immédiatement : ivres. Les personnes enivrées, songea-t-il, ressemblaient à la même chose partout dans le monde. C’était une fraternité d’idiots. Il repéra une petite bannière noire flottant au-dessus de l’établissement, et il sut au premier coup d’œil ce que c’était.

« Là » dit Godfrey, comme s’il contemplait la Mecque. « C’est ce que nous voulons. »

« La taverne la plus propre que j’ai jamais vue », dit Akorth.

Godfrey remarqua la façade élégante, et il fut enclin à être d’accord avec lui.

Merek haussa les épaules.

« Toutes les tavernes sont les mêmes, une fois à l’intérieur. Ils seront aussi ivres et stupides ici qu’ils le seraient n’importe où ailleurs. »

« Mon genre de personnes », dit Fulton, se léchant les lèvres comme s’il dégustait la bière.

« Et comment sommes-nous censés arriver là-bas ? » demanda Ario.

Godfrey baissa les yeux et vit à quoi il faisait référence : la rue se terminait par un canal. Il n’y avait aucun moyen de marcher jusque là bas.

Godfrey vit une petite embarcation dorée s’arrêter à leurs pieds, avec deux hommes de l’Empire à l’intérieur, et il les observa en sauter, attacher le bateau à un poteau à l’aide d’une corde, et le laisser là alors qu’ils marchaient vers la cité, sans jamais regarder en arrière. Godfrey s’avisa de l’armure de l’un d’eux, supposa qu’ils étaient des officiers, et n’avaient nul besoin de s’inquiéter pour leur embarcation. Ils savaient, à l’évidence, que personne ne serait assez insensé pour oser leur voler leur bateau.

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