Puis elle porta immédiatement les mains sur sa bouche et regarda autour d’elle pour s'assurer que personne d'autre n’ait entendu son exclamation.
Le visage d'Amy se transforma avec une expression d'euphorie.
— Tu l’es ? Oh mon Dieu ! Em ! Puis elle éclata en sanglots.
Emily était surprise. Amy n'était pas du genre à pleurer facilement. La voir si émue fit monter les larmes aux yeux d’Emily.
— Ne fais pas ça ! Tu provoques encore mes hormones, s'exclama-t-elle.
Amy bondit de son siège et fit le tour en courant vers Emily, l'attrapant dans ses bras.
— Je suis si heureuse pour toi ! cria-t-elle.
Les deux amies s’étreignirent intensément. Du coin de l’œil, Emily remarqua Harry félicitant Daniel d’une poignée de main.
Amy le relâcha et se calma enfin, essuyant ses larmes. Puis elle enlaça aussi Daniel.
— Félicitations, dit-elle. Finalement, elle se rassit et serra Chantelle autour des épaules. Tu vas être grande sœur, hein ?
Chantelle acquiesça vigoureusement.
— Pas avant décembre par contre, c’est une éternité à attendre.
Amy compta rapidement sur ses doigts.
— Décembre ? Quand es-tu tombée enceinte ?
Emily rougit.
— Ce n’est pas un sujet pour le repas, Ames dit-elle.
Les yeux d'Amy s'écarquillèrent et elle articula silencieusement “Lune de miel ?”
Emily hocha de la tête et baissa les yeux.
— Qu’est-ce que vous êtes en train de dire ? demanda Chantelle, regardant entre les deux femmes. Elle regarda Daniel.
— Papa, qu'est-ce qu'elles chuchotent ?
Daniel rit.
— Rien, ma chérie. Nous te le dirons une autre fois. Quand tu seras un peu plus grande.
Chantelle croisa les bras et fit la moue. Tout le monde rit.
— Oh, Em, s’extasia Amy. Mes joues me font mal de sourire autant. Tu me laisseras t’emmener fait du shopping pour trouver un cadeau pour le bébé ?
— Maintenant ? demanda Emily.
— Oui ! s'exclama Amy. Je suis trop excitée pour attendre. Je vais nous conduire jusqu'à Bangor. Il y a un magnifique magasin pour bébés qui fait du sur mesure là-bas. Qu’en dis-tu ?
Emily regarda Daniel et Chantelle.
— Est-ce que ça vous gêne ?
— Pas du tout dit Daniel. Je vais ramener Chantelle à la maison pour son cours de chant.
Il se leva alors et tout le monde suivit.
— Harry, c'était génial de te rencontrer dit Daniel, en serrant de nouveau la main de Harry. Restons en contact pour les affaires concernant le restaurant, d'accord ? Peut-être pour sortir avec George un de ces jours. J'ai juré de ne plus prendre d’alcool pendant la grossesse d'Emily, mais nous pourrions faire autre chose. Est-ce que tu pêches ?
— J'adore pêcher, dit Harry avec un grand sourire.
— Super, nous sortirons un jour sur mon bateau, lui dit Daniel.
Ils échangèrent leurs numéros, et Emily eut le sentiment que tous deux s’entendaient particulièrement bien. Cela la rendait si heureuse de le voir. Fraser et Daniel n’auraient jamais être amis, ils venaient d'horizons si différents. Mais avec Harry elle pouvait facilement les imaginer tous les quatre passer du temps sur la véranda, boire ensemble, profiter des évènements locaux les uns avec les autres. Elle pouvait tout à coup se représenter le futur, avec Harry et Amy mariés, installés dans le quartier, leurs enfants à la même école que celle d’Emily et Daniel. C'était une pensée géniale !
Emily dit au revoir à Harry et Chantelle, puis Amy passa un bras autour de celui d’Emily et l'entraîna vers la voiture, sautillant à chaque pas, exprimant haut et fort de toutes les manières possibles à quel point elle était heureuse pour son amie.
— Je pourrais être marraine ? demanda-t-elle.
— Peut-être, mais ce ne serait pas juste pour Jayne.
— Jayne ne voudrait pas être marraine.
— Non, mais elle ferait toute une histoire et tu le sais.
— D’accord. Dans ce cas, si c'est une fille, est-ce qu’on peut l'appeler Amy ?
Emily rit et haussa les épaules.
— Nous n'avons pas encore discuté des noms. Tu sais que Daniel a son mot à dire. Et, encore une fois, je dois souligner que Jayne serait furieuse si j'appelais le bébé Amy !
Amy passa promptement à son exclamation excitée suivante.
— Quand il ou elle aura grandi, il pourra venir faire un stage avec moi ! Je serai la tante Amy cool avec l'appartement à New York.
Emily se contenta de hocher de la tête à toutes ses exclamations, ravie qu'Amy soit si ouvertement heureuse pour elle. Elles avaient parcouru un si long chemin depuis cette époque où Amy avait été furieuse contre elle pour s'être enfuie de New York. Maintenant, elle avait l'impression qu’elles étaient plus proches que jamais, comme si leur lien était indestructible. Emily espérait juste que les choses iraient si bien avec Harry qu'Amy se rapprocherait. Alors, tout serait vraiment parfait.
CHAPITRE CINQ
Caractéristique d'Amy, Emily se retrouva entraînée dans le magasin pour enfant le plus luxueux et haut de gamme imaginable. Tout n’était qu’étagères en bois de hêtre et murs couleur pastel, édredons à cent de dollars et cadeaux de baptême à mille dollars. Ils avaient tout en stock, des vêtements et gadgets aux meubles pour bébés et décorations.
— Amy, tu ne peux pas me prendre un cadeau d'ici, protesta Emily, jetant un regard sur tous les beaux articles autour d’elle.
— Pourquoi pas ? rétorqua Amy. Ma meilleure amie va avoir un bébé. Je peux te gâter autant que je veux. Bon, est-ce que tu veux quelque chose de pratique comme une poussette ou quelque chose de somptueux comme cette tétine écologique ? Oh regarde ! s’écria Amy, instantanément distraite, et elle se précipita vers une autre étagère. Des couches biodégradables. Elle attrapa un paquet et commença à lire l’arrière. Matériaux hypoallergéniques. Certifié par la Rainforest Alliance. Peu de toxines. Pas de teintures.
Emily se sentait un peu dépassée par les choix qui s'offraient à elle. Elle n'avait même pas commencé à penser aux toxines ou aux allergènes. Elle n'avait même pas encore pensé aux couches et aux tétines ! Elle commençait tout juste à se faire à l’idée qu'un bébé de la taille d'une framboise grandissait à l'intérieur d'elle.
— De combien de choses ce bébé va-t-il avoir besoin ? dit Emily, qui se sentit soudainement anxieuse.
Amy regarda son amie, inquiète. Ne commence pas à paniquer.
— Mais je n'ai même pas commencé à réfléchir à tout ça répondit Emily, entendant sa propre voix monter d’un ton avec la panique.
Amy entre en action. Elle passa un bras autour de l'épaule d'Emily et la conduisit jusqu’à un fauteuil à bascule d’allaitement de style scandinave – qui coûtait 1 400 dollars, lut Emily sur l’étiquette – et la fit s’asseoir dedans.
— Faisons une liste dit Amy. Elle se percha sur le repose-pied gris anthracite assorti en face à Emily et leva les yeux. Il n'y a rien de tel qu’une liste pour s’éclaircir les idées.
Emily secoua la tête.
— Je n'ai pas besoin d'une liste dit-elle avec un rire résigné. J’ai juste un moment de panique. Tout est si nouveau et étrange et…inattendu.
— Ce n'était pas prévu alors ? demanda Amy avec curiosité. Le bébé, je veux dire ?
— Non avoua Emily. Mais si je suis tombée enceinte pendant notre lune de miel comme nous semblons tous le penser, alors ça a dû être la nuit avant que Daniel me dise qu'il voulait commencer à essayer d'avoir un bébé. Elle se mordilla la lèvre, se rappelant comment Daniel avait réservé tout le restaurant du phare afin d'aborder le sujet d'une manière charmante et romantique, et combien ce moment s'était terriblement terminé pour eux quand elle avait soudainement hésité. Juste avant que je ne lui dise que je n'étais pas prête.
— Oh… dit Amy en plissant le nez. Sa voix s'adoucit. Tu ne voulais pas que ça arrive ?
— Si dit Emily. J'ai changé d'avis quelques semaines plus tard. J'avais juste besoin d'un peu de temps pour assimiler ça. Mais je devais déjà être enceinte à ce moment-là, alors je me demande si c'était juste les hormones qui m’ont fait changer d'avis de manière subliminale. Et je pense que les dégâts étaient faits à ce moment-là, pour Daniel, je veux dire. Il avait l'air content quand je lui ai dit que j'avais changé d'avis, mais je me demande s'il a conservé ou non un peu de ressentiment.
— La grossesse n'est pas une surprise aussi heureuse pour lui que pour toi ? demanda Amy.
Emily haussa les épaules. Elle prenait conscience de toutes les peurs qu'elle avait réprimées.
— J'étais la plus réticente, mais maintenant que c'est là, ça a l’air si parfait et juste. Mais Daniel semble juste stressé. Comme s'il y avait quelque chose qu'il ne me disait pas. Je me demandais si cela avait quelque chose à voir avec tout ce qu’il avait raté du début de de la vie de Chantelle. Mais il est typiquement lui à ce sujet. Il n’a pas dit un mot. M’a laissée spéculer.
Amy tapota la main d'Emily.
— Je suis désolée, Em. Ça semble dur. Et tu pourrais te passer de ce genre de stress en ce moment.
Emily sourit à son amie.
— En fait, je me sens vraiment mieux maintenant que je t'en ai parlé. C'est tellement bien de t'avoir ici. Elle agita les sourcils. Alors, Harry. Tu penses que c'est le bon ?
Amy rougit tandis que la conversation portait, une fois encore, sur son idylle florissante avec Harry.
— Ça se passe vraiment bien, avoua-t-elle. Nous sommes tellement différents, mais en quelque sorte si complètement compatibles.
Emily sourit.
— J'ai toujours eu le sentiment que tu avais besoin d'un homme plus jeune.
— Oh, ne me le rappelle pas dit Amy en levant les yeux au ciel. Il a seulement cinq ans de moins que moi, mais ça donne l’impression que c’est une génération tout entière. Je parle d’une chanson pop que j'aimais au lycée, et il me dira qu'il s'en souvient de l’époque où il avait dix ans ! Je veux dire, il est encore plus proche de la vingtaine que de la quarantaine.
— Je ne pense pas que trente-six ans devraient être compté comme étant proche de la quarantaine dit Emily, se souvenant de sa propre classification en tant que mère âgée et du faible risque que cela présentait pour elle. Elle se sentait toujours un peu susceptible quand les gens mentionnaient l’âge, même accidentellement.
— Bien dit Amy. Mais trente-et-un, ça sonne comme un bébé pour moi ! Je n'aime pas y penser. Moi qui arrive à la quarantaine tellement plus tôt que lui.
— Tu penses si loin dans le futur ? demanda Emily en levant les sourcils.
Amy haussa les épaules.
— Je crois que oui. Je ne peux pas m’en empêcher. Nous nous entendons simplement bien. C'est comme si tout était facile, tu sais. Même les disputes ne sont pas si graves, car j'ai le sentiment que nous allons les résoudre.
— C'est incroyable, dit Emily en souriant. La description d'Amy ressemblait à sa propre relation avec Daniel. Ce n'était pas facile, il y avait encore des défis, mais il y avait un sentiment omniprésent qu'ils allaient trouver une solution, quoi qu'il arrive. Mais à propos de quoi vous disputez-vous ?
— Le temps dit Amy. La distance. Évidemment.
— Ouais, qu'est-ce qui va se passer pour ça ? demanda Emily. Tu penses que tu vas déménager ici ? Ou que Harry viendra à New York ?
— Je ne sais pas. Je suis ici pour l'été maintenant, donc je vais juste y réfléchir. J'avais besoin de sortir un peu de la ville de toute façon. J’imagine que je vais voir comment je me sens après avoir passé deux mois ici. Le va-et-vient n’était pas agréable, mais je me demande si, une fois que l'étape initiale de la passion se sera un peu éteinte, la longue distance ne pourrait pas ne plus être un si gros problème.
Emily rit. C'est tellement drôle d'entendre parler comme ça. Il y avait une époque où un week-end ici était trop long pour toi.
Amy avait l'air embarrassé.
— Eh bien, ça l’était, dit-elle, sur la défensive. À l'époque. Les choses sont différentes maintenant.
— Tu es amoureuse, fit remarquer Emily. Maintenant tu sais pourquoi je devais rester ici.
Amy acquiesça à contrecœur. Elle détestait avoir tort.
À ce moment-là, la vendeuse approcha. Je suis désolée, mesdames dit-elle — mais nous fermons maintenant. Voulez-vous acheter quelque chose avant que je ne ferme la caisse ?
— Non merci, dit Emily, exactement au moment où Amy disait oui.
Emily regarda son amie, fronçant les sourcils avec confusion.
— Nous allons prendre ce fauteuil d’allaitement dit Amy.
— Ames, certainement pas ! s’écria Emily. Il est si cher !
Amy secoua la tête.
— C'est bon. Tu le mérites. Et il a déjà une importance pour nous. Nous avons eu une bonne conversation à cœur ouvert sur ce fauteuil. Nous ne pouvons pas ne pas le prendre maintenant qu'il a une telle valeur sentimentale.
Emily leva les mains en l'air. Il était inutile de discuter de cela avec Amy. Le mieux était de laisser son amie sortir le grand jeu. Offrir des cadeaux à ses amis était un de ses grands plaisirs dans la vie après tout.
Elles payèrent le fauteuil et le chargèrent à l'arrière de la voiture d'Amy. Emily remarqua, en s’installant sur le siège passager, qu'elle avait manqué un appel de l'hôtel. Elle vérifié son répondeur. C'était Lois.
— Désolé de te déranger, Emily, mais les hommes d'Érik & Fils sont là. Ils ont dit qu'ils avaient rendez-vous avec toi. Une visite de la maison de Trevor. Daniel dit que tu as les clefs, donc il ne peut pas les laisser entrer.
— Oh non ! s’écria Emily. Amy, pied au plancher. Je suis en retard pour un rendez-vous !
CHAPITRE SIX
L'écho à l'intérieur de la maison de Trevor fit frémir Emily. Elle semblait si vide et sans vie. Si dénuée d'humanité.
Wayne Érik avança au niveau d’Emily.
— C'est un endroit magnifique dit-il. Trevor l’a gardé en très bon état.
— Ça a été sa résidence d'été pendant de nombreuses années avant qu'il n’emménage à temps plein, expliqua Emily. Cela pourrait expliquer l’absence d'usure.
Cela et le fait que Trevor n'avait pas vraiment eu quiconque dans sa vie ; pas de famille ou d'amis pour lui rendre visite. Il avait erré seul dans cette grande maison pendant des années. Emily se demandait si son père vivait une existence similaire. Âgé et seul. Peut-être avait-il des voisins qui pensaient qu'il avait été abandonné par sa famille, qui s'inquiétaient qu’il se sente seul. Cette idée lui fit mal en son for intérieur.
Daniel s'approcha d'elle et lui toucha légèrement le coude.
— Est-ce que ça va ? demanda-t-il doucement.
Emily hocha de la tête.
— Je suis tellement triste quand je viens ici expliqua-t-elle.
Daniel passa un bras autour de son épaule.
— Je sais. C'est une bonne chose que nous la transformions. Même si je sais que nous n’avons pas toujours l'impression de faire la bonne chose en arrachant Trevor de cet endroit. Mais tu l’as fait avec l'hôtel, souviens-toi, et ça a été la meilleure décision en fin de compte.
— Tu as raison approuva Emily.
Ils se tinrent par la main tout en marchant dans la maison avec les architectes, s'arrêtant de temps à autre pour étudier leurs plans et les comparer avec la réalité. Les frères Érik avaient établi plusieurs options pour convertir la maison, en fonction du nombre de pièces que Emily et Daniel avaient décidé de transformer en chambres pour les clients, de la taille de leur futurs restaurant et cuisine ouverte, et de la somme qu’ils voudraient dépenser. L'option la moins chère consistait à faire le moins de travaux, conserver la plupart des murs intérieurs d'origine, mais Emily était certaine qu'elle voulait que l'intégralité du rez-de-chaussée soit complètement ouverte, ce qui n'était une caractéristique que des options les plus chères. Du point de vue des affaires, ils devaient également prendre en compte l’augmentation des recettes en ayant plus de chambres à louer, mais Emily ne voulait pas seulement en accumuler autant que possible. Le troisième étage de l'hôtel avait déjà des dizaines de chambres plus petites et moins chères. Emily voulait que cette partie de l'hôtel soit luxueuse, haut de gamme, quelque chose qui éblouirait véritablement les visiteurs.
Ils s'arrêtèrent dans la cuisine et parcoururent les trois plans.