L’Amour Comme Ça - Софи Лав 6 стр.


Elle envoya rapidement un message de félicitations à Shelby et David, même si elle se sentait plus amère que d’humeur à célébrer. Ce n’était pas quelque chose qu’elle voulait ressentir. Elle aurait bien plus préféré être heureuse pour son ancienne camarade d’université. Mais elle était trop malheureuse en ce moment, son cœur trop meurtri.

Elle regarda son téléphone, et se demanda si Shane le contacterait un jour. Cela faisait quelques jours qu’ils ne s’étaient pas parlé et qu’elle n’avait eu aucun contact avec lui. Il avait promis qu’ils pourraient rester amis, mais c’était clairement quelque chose qu’il avait dit sur le moment. Elle doutait qu’il ait l’intention de tenir cette promesse. Pas même un message pour lui faire savoir comment Calum, ou l’une de ses sœurs, allait. Tant pis pour l’amitié…

Elle avala la deuxième boisson et rapidement les effets de l’alcool commencèrent à se faire sentir chez elle. Se sentant somnolente, Keira se cala dans son siège et laissa le sommeil la submerger.

Autant traverser le malheur en dormant, raisonna-t-elle.

Keira glissa dans l’inconscience et commença à rêver. Son esprit fit apparaître les images de l’Italie qu’elle avait regardées sur son iPad. Dans le rêve, elle était vêtue d’un équipement de marathon et couverte de boue. Elle avait dû courir jusqu’à la côte d’Amalfi pour assister au mariage de Shelby et de David. Mais quand elle arriva finalement là-bas, haletante et couverte de boue, elle découvrit que tout le monde portait un masque de mascarade. Et quand David enleva le sien, elle vit que c’était en fait Shane qui se tenait là. La femme qu’il allait épouser ? C’était Bryn.

Keira traversa la plage vers eux en chancelant.

« Comment as-tu pu me trahir comme ça ? », cria-t-elle en regardant Shane avec horreur. « Je pensais que ton père était malade, que c’était pour ça qu’on ne pouvait pas être ensemble. »

Il haussa les épaules avec nonchalance. « Je lai juste inventé », répondit-il froidement. « J’ai rompu avec toi parce que ta sœur est bien plus canon. »

Keira tourna alors les yeux vers Bryn. « Tu m’as menti pendant tout ce temps ! Ma propre sœur ! »

Mais Bryn avait l’air complètement insensible. « Qu’étais-je censée faire ? » Elle haussa les épaules. « Son corps est sexy. »

Submergée par l’émotion, Keira regarda autour d’elle, désespérée, haletante. Un par un, les invités assis ôtèrent leurs masques. Le premier à se dévoiler, réalisa Keira avec épouvante, fut un autre Shane. Ce Shane était accompagné de Julia, la fille avec qui Zach l’avait trompée. À côté de cette version de Shane, un autre Shane se révéla, cette fois avec Maxine. Et encore et encore, Shane avec Shelby, Shane avec Tessa, l’irlandaise avec qui elle avait pensé que Shane avait couché, Shane avec sa mère. Encore et encore. Partout, Keira regarda les invités masculins se transformer en Shane.

Elle tomba à genoux et se mit à pleurer. Mais quelqu’un lui saisit soudain le coude. Elle leva les yeux, le soleil obscurcissant sa vision, et se retrouva en train de regarder les plus beaux yeux marrons, bordés de cils épais.

« Keira, ne pleure pas », dit l’homme avec un doux accent italien, musical.

« Qui êtes-vous ? », demanda-t-elle. Elle le laissa la remettre sur pieds.

« Tu ne me reconnais pas ? », demanda-t-il en souriant.

Son visage était parfait, réalisa Keira en le contemplant. Il était si magnifique qu’elle sentit ses genoux flageoler.

Tout à coup, il la prit dans ses bras. Il la berça contre sa poitrine, la tenant facilement comme si elle était légère comme une plume. La mer clapota soudain autour de ses mollets. Ils se tenaient debout dans l’océan.

« Vous ne m’avez toujours pas dit votre nom », demanda à nouveau Keira.

L’homme rit, un bruit qui était un pur plaisir à ses oreilles.

« Je n’ai pas besoin de te le dire, tu le sais déjà », dit-il.

Keira se creusa la cervelle. Puis le nom lui vint, impromptu et plein de clarté.

« Êtes-vous Roméo ? », demanda-t-elle avec incrédulité.

L’homme sourit, son visage animé par la beauté. « Oui. Je suis Roméo. Ton Roméo. »

Il se pencha vers elle, lentement, leurs lèvres séparées de quelques millimètres.

Une secousse soudaine fit brusquement ouvrir les yeux de Keira. Elle regarda autour d’elle, désorientée, surprise de se retrouver dans un avion. Ils descendaient à travers les nuages et le voyant pour la ceinture de sécurité était allumé. La dernière approche avait dû commencer. Elle avait dormi durant tout le voyage.

Le rêve l’avait laissée haletante. Elle toucha sa poitrine et sentit son cœur palpiter sous sa chemise. Sa tête lui tournait toujours sous l’effet de l’alcool qu’elle n’avait pas réussi à complètement évacuer pendant son sommeil.

« Je pense que vous faisiez un cauchemar », dit Garrett.

Keira se massa les tempes, et se remémora le rêve étrange qu’elle avait eu. « Oui, je pense que vous avez raison. Au début. J’étais hantée par mon ex-petit ami qui épousait ma sœur. Et tous mes meilleurs amis. Et ma mère. »

L’homme eut l’air perplexe. Keira se demanda ce qu’il pensait vraiment d’elle. D’après son expression, elle supposait qu’il pensait qu’elle était folle. Une cinglée.

L’avion atterrit dans une secousse, puis commença à rouler le long de la piste. Quand il s’arrêta enfin, l’homme à côté de Keira bondit à la seconde où le voyant pour la ceinture de sécurité s’éteignit.

« Pour éviter les files d’attente », dit-il, l’air gêné.

« Bien sûr », répondit Keira avec un rictus dans son sourire.

Les portes de la cabine s’ouvrirent et Garrett se précipita vers elles. Keira se mit à rire intérieurement. Elle avait apprécié sa fausse identité. Peut-être Bryn n’était-elle pas aussi ridicule qu’elle l’avait toujours pensé !

Elle rassembla ses affaires et se détacha, puis récupéra son sac à main dans le compartiment supérieur. Le long de l’allée, Keira réfléchit à la façon dont le jeu auquel elle avait joué avec Garrett allait à présent devoir être réellement appliqué. Pendant les trois semaines à suivre, elle allait devoir faire semblant d’être quelqu’un qu’elle n’était pas, quelqu’un qui croyait encore en l’amour. D’une façon ou d’une autre, elle avait le sentiment que cela allait être beaucoup plus difficile que d’être une œnologue.

Elle sortit de l’avion et laissa la chaleur du soleil lui caresser la peau. C’était beaucoup plus agréable que le temps froid qu’elle avait laissé à New York. Il y avait quelque chose dans le soleil qui la faisait toujours se sentir optimiste. Il rendait tout plus beau, et même si elle ne voyait pas grand-chose de l’Italie en ce moment hormis l’aéroport, les collines environnantes semblaient magnifiques sous la lumière vive.

Elle suivit le chemin vers le hall, en sachant qu’elle rencontrerait bientôt son guide. Pour la première fois depuis son départ de New York, elle se laissa imaginer que son Roméo l’attendait…

CHAPITRE SIX

Le temps qu’elle récupère sa valise et émerge dans le hall des arrivées, l’esprit rêveur de Keira était passé à la vitesse supérieure. Elle avait fait fusionner le Roméo de son rêve avec le guide touristique qu’elle allait rencontrer, le transformant en un personnage complètement étoffé qui lui ferait perdre la tête avec sa personnalité fougueuse et passionnée. Elle avait simplement hâte de le rencontrer !

Elle se tint là avec sa valise, et observa l’aéroport de Naples autour d’elle. Il y avait des gens tout autour qui tenaient des pancartes et quand Keira vit la sienne, son cœur s’envola.

L’homme qui la tenait était un Adonis.

Keira sentit une charge d’électricité la traverser tandis qu’elle se précipitait vers lui.

« Salut, je suis Keira », dit-elle en désignant le panneau avec son nom dessus.

L’homme la regarda, confus, puis regarda le panneau. « Oh ? Ça ? » Il se mit à rire. « Je le tenais juste pour un mec pendant qu’il allait aux toilettes. »

Juste à ce moment-là, Keira aperçut un homme qui sortait des toilettes et se dirigeait vers elle. Il était petit, rondelet, négligé, vêtu d’une chemise grise tachée et d’un jean mal ajusté, et le peu de cheveux qu’il lui restait sur la tête ressemblaient à un nid d’oiseau désordonné. Elle souhaita ardemment qu’il les dépasse mais réalisa, le cœur serré, qu’il se dirigeait droit vers eux.

L’Adonis avec la pancarte le remarqua. Une fois qu’il fut proche d’eux, le bel Apollon lui tendit le panneau et se précipita vers l’endroit où une splendide fille avait émergé dans le hall des arrivées. Ils entreprirent de mettre les bagages sur le charriot. Keira grimaça.

« Jeune amour, hein ? », dit le guide en grattant la bande de peau exposée que sa chemise ne recouvrait pas complètement. « Vous Karla ? »

« Keira. »

Il vérifia le panneau et haussa les épaules. « Les noms américains sonnent pareil pour moi. »

Quand il parla, un relent d’oignon et de café accompagna son haleine, et retourna l’estomac de Keira.

« Allez », aboya-t-il à Keira. « La voiture est par ici. »

Il tourna les talons et s’éloigna rapidement, pour disparaître dans la foule et laisser Keira perdue au milieu de l’aéroport. Elle attrapa sa valise et regarda frénétiquement autour d’elle pour trouver le panneau indiquant la sortie.

Elle le repéra, lui et l’arrière de la tête du guide tandis qu’il marchait rapidement à travers l’aéroport. Il ne s’était même pas retourné pour vérifier qu’elle était toujours avec lui !

Avec une grimace, Keira suivit la direction de cet homme négligé, traînant sa lourde valise derrière elle.

Tandis qu’elle était malmenée par la foule qui se bousculait, son excitation à la perspective d’une romance italienne qui guérirait son cœur brisé fut bel et bien anéantie. Au lieu d’être emportée par un bel homme, elle allait devoir endurer une haleine à l’oignon et un guide grossier.

Tant pis pour Roméo, pensa-t-elle avec un cœur lourd.

CHAPITRE SEPT

« Vous saviez que vous étiez en retard ? », dit le guide, Antonio, tandis qu’il la guidait à travers le parking. Les rides sur son front causées par son froncement de sourcils étaient si profondes qu’on aurait dit qu’il la fusillait du regard.

« Il a fallu du temps pour que mon sac arrive », répliqua Keira, encore sous le choc d’avoir vu ses espoirs de rencontrer Roméo anéantis.

Antonio mettait Keira très mal à l’aise en sa compagnie, et pas seulement à cause du ventre rond et poilu qui ressortait au-dessus de sa taille. Son attitude était dure, comme un professeur d’école auquel elle pouvait déjà voir qu’elle ne pourrait jamais plaire.

L’air était très chaud, presque oppressant, mais cela ne semblait pas le ralentir. Ils marchaient à vive allure, et Antonio restait à quelques pas devant Keira, qui avait du mal à se débrouiller avec ses affaires. Elle devenait déjà collante de sueur.

« J’ai mal au dos », dit-il, comme à titre d’explication pour ne pas l’aider.

Pendant qu’ils marchaient, Antonio parlait, ses mots sortant dans un énorme flot rapide, et sa voix ressemblait à celle d’un chien qui aboie. Keira pensa au Roméo de son rêve. Antonio ne pouvait pas en être plus éloigné !

« Vingt-et-un jours, hein ? », dit-il. Il avançait à grands pas, de telle sorte que Keira devait sautiller pour suivre.

Déjà, elle les redoutait.

Il la conduisit à une voiture. Keira s’attendait à quelque chose d’agréable, mais à la place fut confrontée à un vieux petit véhicule rouillé.

« C’est ça ? », demanda-t-elle.

« Il n’y a pas de place pour la valise sur les sièges arrière. Mettez-là dans le coffre », ordonna Antonio.

Keira ouvrit le coffre et découvrit que la voiture était remplie de sacs de courses. Quand elle enfonça son sac à côté des provisions d’Antonio, une odeur nauséabonde de fromage en émana. Un des sacs tomba et s’ouvrit, et un peu de pecorino en sortit. Keira le remit en place, réalisant avec un mélange de surprise, de curiosité et de dégoût que tous les sacs étaient pleins de pecorino. Était-ce tout ce que l’homme mangeait ? Se demanda-t-elle. Puis elle réalisa, en plus, que l’odeur allait probablement se répandre dans sa valise et imprégner tous ses vêtements. Elle allait sentir le fromage pour les trois prochaines semaines !

Elle grimaça et ferma le coffre. Antonio mit en route le moteur de la voiture, qui crachota un nuage de fumée autour de ses jambes.

Furieuse, Keira s’installa sur le siège à côté de lui, et découvrit avec horreur qu’ils étaient si proches que leurs genoux se touchaient. Elle regarda les mains moites et velues d’Antonio serrer le volant. L’odeur à l’intérieur était un mélange de fromage, de sueur et d’air humide.

Avant même qu’elle ait eu le temps de mettre sa ceinture de sécurité, Antonio fit ronfler le moteur. La voiture fit un bond en avant, et elle s’agrippa aux bords de son fauteuil pendant qu’il conduisait, si fort que ses jointures devinrent blanches. Antonio conduisait comme un fou.

« Alors, dites-moi, New York », dit Antonio. « Mauvais endroit, hein ? Beaucoup de crime ? »

Keira le regarda, abasourdie. « Non. Je veux dire, pas vraiment. La ville a ses problèmes, comme toutes les villes, mais elle est merveilleuse. »

« Il fait froid cependant, non ? », insista Antonio. Pour Keira, il semblait vraiment vouloir trouver le pire dans sa ville natale. « Comme maintenant il fait froid. Tandis que nous baignons toujours dans un soleil glorieux. » Il rit d’une façon sifflante, dévoilant des dents jaunes et de travers.

« Vous y avez déjà été ? », demanda Keira, un peu offusquée par ses commentaires.

« Non non non », répondit Antonio en secouant la tête comme si la suggestion était ridicule. « Je n’irais jamais dans une ville sans Dieu comme celle-là. Ici, nous sommes de bons catholiques. »

Si Antonio s’était décidé à prendre Keira à rebrousse-poil, il avait assurément atteint son objectif.

Mais si Antonio lui-même était un choc pour l’organisme, Naples n’était pas ce à quoi Keira s’attendait non plus. Les routes étaient très étroites, avec des immeubles mitoyens de cinq étages qui dominaient de chaque côté, aux balcons en métal rouillé, des fils à linge tendus entre eux couverts de draps colorés qui flottaient dans le vent. Il n’y avait pas de trottoirs, ce qui signifiait que les gens vagabondaient sur la route, souvent sans regarder, apparaissant brusquement de derrière des voitures garées. Même les panneaux de signalisation et les lampadaires, remarqua Keira, étaient en fait attachés aux murs des maisons, puisqu’il n’y avait même pas assez d’espace pour un poteau.

Cependant, aucun de ces obstacles ne poussait Antonio à ralentir. Il jurait bruyamment en italien chaque fois que quelqu’un se mettait sur son chemin, faisant un écart, parfois klaxonnant.

« Che cavolo ! », s’exclama-t-il bruyamment, en gesticulant à l’adresse d’une vieille femme qui venait de passer devant lui.

Malgré la fait ne pas savoir exactement ce qu’Antonio disait, Keira pouvait dire qu’il s’agissait d’une sorte d’injure et sentit ses joues brûler d’embarras et de honte vis-à-vis de la vieille femme cible de sa rage. Mais la femme adressa simplement un geste grossier à Antonio. De toute évidence, elle était habituée à de telles occurrences.

Des Vespas les dépassaient à toute vitesse. Keira remarqua que les murs étaient couverts de graffitis. Il y en avait tellement que les gens avaient commencé à dessiner sur les graffitis qui étaient déjà là !

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