L’Amour Comme Ça - Софи Лав 5 стр.


« Je sais, je suis sans espoir avec les relations. Deux ruptures en autant de mois, n’est-ce pas ? Mais je peux juste jouer un personnage. »

« Tu veux dire mentir ? », demanda Maxine dans un éclat de rire.

« S’il le faut », répondit Keira. Elle se remémora combien elle avait eut du mal à écrire le dernier article. Puis elle avait été cynique en essayant de nier le fait qu’elle était en train de tomber amoureuse de l’Irlande, et plus précisément de Shane. Maintenant elle était supposée adopter l’autre point de vue, être une inconditionnelle romantique, une convertie qui se laisserait facilement et volontiers s’égarer dans l’amour et la passion. Elle ressentait tout le contraire.

« Tu devras juste tomber amoureuse d’un italien », ajouta Shelby.

Keira sourit. « Est-ce que ce ne serait pas plaisant ? », songea-t-elle, même si elle avait l’impression qu’une religieuse dans un monastère avait plus de chances de connaître une histoire d’amour passionnée qu’elle en ce moment.

« Tu vas manquer Halloween », ajouta Maxine, morose.

« Je sais, c’est dommage », répondit Keira. « Ce sont mes vacances préférées. Mais ils se surpassent en Italie aussi. C’est en fait comme une fête de quatre jours, je crois. La Journée des Morts, la Toussaint, c’est une affaire énorme. Une grande fête. »

Shelby croisa les bras et feignit d’être offensée. « En gros, tu es en train de dire que ton Halloween sera meilleur que le nôtre. »

« Non ! », protesta Keira en riant. « Enfin, peut-être. »

Tout le monde rit. Sauf Bryn, évidemment. Elle regardait fixement son verre de vin en boudant.

« Quoi qu’il en soit », dit Keira, « nous pourrons passer un super Thanksgiving ensemble. Je serai de retour d’ici là. »

La tête de Bryn se releva brusquement. « Nous allons passer Thanksgiving chez maman cette année, tu te souviens ? Juste nous trois. »

« C’est pour le repas », conteste Keira. Elle s’impatientait face à sa sœur difficile. « Je peux passer le reste de la journée avec mes amies, non ? »

« Bien sûr que tu peux », souffla Bryn. Elle se remit à regarder dans son verre.

Maxine haussa les sourcils. Elle et Shelby étaient habitués à l’attitude de Bryn, mais Keira ne pouvait pas comprendre pourquoi Bryn devait être si possessive à son égard. Elle pouvait avoir d’autres personnes dans sa vie ! Bryn était elle-même super-indépendante et avait toujours plein d’amis et de petits-amis, elle passait sa vie à courir pour assister à des événements. Pourtant, dès que Keira voulait passer du temps avec quelqu’un d’autre qu’elle, elle se mettait de mauvaise humeur. Honnêtement, Keira avait parfois l’impression d’être l’aînée des deux. Bryn pouvait se comporter comme une enfant gâtée parfois.

« Thanksgiving semble si loin », songea Shelby.

« Je sais », répondit Keira. « J’ai l’impression d’avoir à peine eu l’occasion d’être à New York. C’est comme si j’étais en vacances ici ! Je pensais avoir plus de temps pour vous retrouver. Je n’ai même pas trouvé un nouvel appartement. »

« En parlant de nouveaux appartements… », dit Bryn.

Elle regardait le téléphone portable de Keira sur le comptoir. L’écran s’était allumé après avoir reçu un message. Et le nom de Zach était clairement visible.

« Il vaudrait mieux que ça concerne la caution », dit Keira.

Juste à ce moment, Maxine et Shelby échangèrent un regard coupable et Keira eut la nette impression qu’elles cachaient quelque chose.

« Qu’est-ce qu’il y a ? », demanda-t-elle.

Elle en avait assez des surprises.

Ce fut Shelby qui avoua finalement. « Je pense que ça pourrait concerner Julia. Ils ont rompu. »

Keira leva un sourcil, surprise. « Ils ont fait ça ? » La liaison qui leur avait coûté leur relation n’avait duré que quelques semaines ?

Elle prit son téléphone et lut le message de Zach. Il confirmait les nouvelles de Shelby.

Salut Keira. Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlés. Je voulais te faire savoir avant que tu ne l’entendes dire que j’ai rompu avec Julia. Ça ne fonctionnait pas. Je me demandais si étais dans les parages pour prendre d’un verre ? Ce soir ? Demain ? Fais le moi savoir. X

« Argh, il est tellement arrogant », marmonna Keira.

« Que dit-il ? », demanda Maxine.

« Rien sur le fait qu’il garde ma caution comme rançon », lui dit Keira d’une voix dégoûtée. « Il veut aller boire un verre. »

Bryn fut bouche-bée de surprise. « Tu ne vas pas y aller, n’est-ce pas ? », demanda-t-elle.

Keira la regarda, choquée. « Bien sûr que non », dit-elle. « À moins que ce soit la seule façon de récupérer cet argent. »

Bryn exprima bruyamment sa désapprobation. « S’il te soudoie pour sortir avec lui, je jure devant Dieu que je vais lui dire ses quatre vérités… »

Shelby fronça les sourcils. « Il ne la soudoie pas. Ne sois pas si dramatique. »

Bryn eut l’air insultée. « Pardon, tu es l’amie de qui ? De lui ou Keira ? »

« Les deux », répondit Shelby, en croisant les bras.

Bryn n’eut pas l’air impressionnée. « Même s’il l’a trompée ? »

« Les filles ! », interrompit Keira. Elle n’était pas d’humeur pour les disputes. Ses yeux étaient toujours rivés sur l’écran de son téléphone portable.

Tout à coup, Bryn lui arracha son téléphone.

« Arrête de l’envisager ! », ordonna-t-elle à Keira.

« Je ne suis pas en train de le faire ! », cria Keira, qui essayait de se défendre.

Mais Bryn avait raison, il y avait une petite partie d’elle qui y songeait. Zach, malgré tous ses défauts, s’était soucié d’elle. Ils avaient passé deux ans ensemble, avaient vécu dans un appartement. Il avait été engagé, fiable. Et il était définitivement familier. C’était juste le fait qu’elle fasse passer le travail avant lui qui avait gâché les choses entre eux, enfoncé le coin qui l’avait poussé dans les bras attirants de Julia.

L’expression de Bryn ressemblait au tonnerre. Elle pendit le téléphone de Keira au-dessus de son verre de vin.

« Ne m’oblige pas à l’y tremper », dit-elle.

Du coin de l’œil, Keira pouvait voir Maxine et Shelby secouer la tête en signe d’incrédulité face au comportement de diva de Bryn.

Elle soupira bruyamment. « OK OK. Je ne vais pas le voir. C’est ce que tu veux entendre ? »

Bryn hocha de la tête, satisfaite, et rendit son téléphone à sa sœur.

« Maintenant, supprime le message et élimine le de tes contacts. »

Keira souffla bruyamment.

« C’est ridicule », murmura Shelby entre ses dents.

Keira regarda son téléphone, les coordonnées de Zachary. Ils avaient été là depuis des années. Elle ne pouvait pas simplement le supprimer comme s’il n’avait jamais existé.

Mais elle devait accepter que Bryn avait raison, encore une fois, malgré ses tactiques brutales. Car raviver le contact avec Zach reviendrait à faire un pas en arrière. La vie de Keira avait tellement changé en si peu de temps, qu’il y revienne à n’importe quel titre serait comme une régression. Elle devait passer à autre chose, avancer. Pas seulement vis-à-vis de Zach, mais aussi de Shane. Il était à présent temps pour elle de briller, de voler de ses propres ailes et de devenir indépendante.

Résolue, elle effaça ses informations, et regarda son nom disparaître de son téléphone. Elle se sentit bien, c’était stimulant. Si seulement elle pouvait avoir le courage de supprimer Shane aussi, alors elle aurait vraiment réussi. Mais non, pas encore, la douleur de leur rupture était encore trop réelle.

Keira leva les yeux vers sa sœur.

« Contente maintenant ? »

Bryn esquissa un grand sourire. « Bien évidemment. Je suis toujours contente quand je gagne. », puis elle ajouta malicieusement, « Et je m’assure toujours de gagner. »

Shelby grogna. Maxine plongea la tête dans ses mains, et la secoua théâtralement. Keira se contenta de rire, heureuse et soulagée d’avoir franchi la première étape pour passer à autre chose dans sa vie.

CHAPITRE CINQ

Keira découvrit vite que mettre le passé derrière elle était beaucoup plus facile à dire qu’à faire, et impliquerait bien plus que de supprimer symboliquement des contacts de son téléphone. Car à l’instant où elle arriva à l’aéroport de Newark le lendemain matin, elle fut assaillie de souvenirs de Shane, de l’Irlande.

Des fourmillements de nostalgie tourbillonnaient en elle pendant qu’elle traversait le hall. Quand elle remit sa carte d’embarquement à la porte, elle se remémora avec une clarté frappante les émotions qu’elle avait éprouvées la dernière fois – l’anxiété mêlée d’excitation et d’espoir. Cela ne faisait pas si longtemps, mais elle se sentait déjà complètement différente, plus triste, plus amère.

Elle monta dans l’avion et prit place. Heureusement, elle était près de la fenêtre, ce qui lui donnait une excuse pour ne pas interagir avec le passager à côté d’elle. Elle n’était pas d’humeur à bavarder. Malheureusement pour Keira, l’homme à côté d’elle semblait l’être. Alors qu’ils décollaient, il se pencha et parla.

« Je m’appelle Garrett. Jamais été à Naples avant ? », lui demanda-t-il en souriant jovialement.

C’était un homme d’âge moyen, légèrement dégarni. Il semblait voyager seul. Keira remarqua qu’il ne portait pas d’alliance mais que la peau était plus pâle là où un anneau s’était trouvé. Un récent divorcé, supposa-t-elle, et elle gémit intérieurement. Ces huit heures allaient être longues.

« Non », répondit-elle, laconique.

« Alors, pourquoi voyagez-vous aujourd’hui ? », ajouta-t-il. « Affaires ou loisir ? »

Keira se tassa sur son siège. « Affaires », expliqua-t-elle. « Je suis— »

Elle s’arrêta alors, et se rappela de ce que Bryn et Nina lui avaient dit dans le café, concernant l’idée de jouer avec de fausses identités pour s’amuser. Elle avait bien besoin d’un peu de distraction. « Je suis œnologue », dit-elle. « Parmi les meilleurs. En route vers l’Italie pour trouver des trésors cachés à importer. »

Garrett haussa les sourcils de surprise. « Voilà qui semble plaisant. Sacrément bien plus excitant que mon travail, en tout cas. »

« Oh ? », demanda Keira. « Quel travail exercez-vous ? »

« Je suis dans la comptabilité », dit-il. « Enfin, pas complètement. C’est un peu difficile à expliquer. C’est plus facile de dire que je suis comptable pour les comptables. Est-ce compréhensible ? »

Péniblement, pensa Keira.

« Oui », dit-elle à haute voix.

Comme il était étonnant qu’elle soit assise à côté d’un comptable. C’était comme si le destin essayait de lui dire d’abandonner la recherche de M. Correct et de s’installer avec M. Math !

« Enfin, je suis sûr que vous ne voulez pas m’entendre parler de mon travail », ajouta l’homme. « Le vôtre a l’air palpitant. Comment êtes-vous entrée dedans ? »

« C’est fascinant », poursuivit Keira. Elle s’étonna de la facilité avec laquelle elle mentait et de la joie qu’elle en retirait. « Mon père était un importateur de vin », ajouta-t-elle. « Il aimait son travail si passionnément que j’ai même été conçue dans un vignoble. »

Elle ressentit une petite étincelle d’excitation tandis que le mensonge sortait aisément de sa bouche. Elle entrait vraiment dans l’esprit de l’idée. Son propre père était parti quand elle était très jeune et n’avait pas du tout été impliqué dans sa vie, alors il était facile d’inventer un personnage pour lui. De plus, tout cet enjolivement allait s’avérer utile au cours de sa mission, pensa-t-elle, puisqu’elle allait devoir prétendre qu’elle croyait encore en l’amour.

« Oh mon dieu », dit l’homme à côté d’elle.

« Je sais. Il s’est marié là aussi. Mais malheureusement, il est également mort dans ce même vignoble. » Elle soupira théâtralement. « C’était simplement évident de l’enterrer là aussi. »

Keira remarqua la façon dont l’homme bougea pour augmenter la distance entre eux. Il perdait la volonté de lui parler, probablement à cause de la façon dont elle avait orienté la conversation vers la morbidité. Elle rit en son for intérieur en essayant de se concentrer sur le film à bord.

L’avion s’élevait plus haut dans l’air. Bientôt, les nuages furent loin en dessous d’eux.

Ayant enfin la paix et la tranquillité, Keira profita de l’occasion pour parcourir le programme que Heather lui avait préparé. Immédiatement, cela lui rappela des souvenirs de sa dernière affectation. Heather avait utilisé la même police, la même mise en page cliniquement organisée avec des puces et des en-têtes. Pendant le mois en Irlande, Keira l’avait sali, recouvert de Guinness et de gras provenant des copieux petits-déjeuners irlandais qu’elle avait pris avec Shane. Il n’y avait aucune chance que cela se produise cette fois. Elle pouvait déjà sentir à quel point les choses seraient différentes pour cette deuxième mission. Elle se sentait plus âgée. Plus blasée.

Puis, sur le programme posé sur ses genoux, Keira aperçut un mot qui lui serra l’estomac. Guide touristique.

Évidemment qu’il y en aurait un, réalisa-t-elle sur le moment. Juste parce qu’elle était éperdument tombée amoureuse du dernier guide, qui avait fini par lui briser le cœur en mille morceaux, ne voulait pas dire qu’il n’y en aurait pas un pour cette mission ! Quelque chose dans cette idée lui semblait dangereux. Était-ce juste à cause de ce qui s’est passé la dernière fois ? se demanda Keira. Ou parce qu’elle avait une lueur d’espoir que cela pourrait se reproduire ?

Elle chassa ces pensées et se concentra sur les destinations. Atterrissage à Naples, et une nuit là-bas avant de prendre le train pour la côte amalfitaine. Un ferry pour Capri. Une balade en gondole jusqu’à un endroit appelé la Grotte Bleue. Rome. Le Vatican.

Si elle avait été en vacances, Keira aurait été ravie du programme. Elle regarda des photos des endroits qu’elle allait visiter sur son iPad, et ils étaient tous magnifiques. C’était comme la parfaite escapade romantique. Mais c’était exactement le problème. Elle allait visiter quelques-uns des lieux les plus impressionnants du pays le plus romantique de la planète et elle allait le faire sans Shane.

Et pour couronner le tout, elle devrait écrire sur quelque chose qu’elle ne ressentait plus. Ce serait comme se frapper sur la tête avec de l’amour jour après jour, frotter du sel sur la blessure de son cœur, en sachant que son propre grand amour avait été perdu. Cela ne semblait pas juste. L’injustice poétique, se dit Keira. Elle ne pouvait simplement pas être excitée par le voyage.

Sentant qu’elle glissait dans la dépression, Keira appela le steward et commanda une boisson. Ensuite, elle mit son travail de côté et vérifié ses comptes sur les réseaux sociaux, ce qui était toujours un excellent moyen de se distraire.

La boisson arriva et Keira la sirota en parcourant Instagram. Elle regarda un million de photos de chats, les photos de Bryn du désastreux double rendez-vous chez Gino, et le plus récent marathon caritatif de Maxine. Puis elle remarqua que Shelby avait posté quelque chose qui avait reçu des milliers de likes. C’était une simple photo de sa main, et il y avait une bague à son annulaire.

« Pas possible ! », cria Keira, et elle renversa presque sa boisson.

Garrett, l’homme assis à côté d’elle, la regarda en fronçant les sourcils. « Tout va bien ? »

Keira chassa ses préoccupations d’un geste de la main. Elle ne pouvait pas croire ce qu’elle était en train de voir. Shelby n’avait rien dit sur un mariage à l’ordre du jour. En fait, elle parlait si rarement de son partenaire, David, que Keira soupçonnait parfois qu’ils avaient secrètement abandonné. Combien elle avait eu tort ! Tous deux étaient ensemble depuis l’université, après tout, et avaient donc déjà sept bonnes années derrière eux. Le mariage était logiquement l’étape suivante pour eux. Et pourtant, cela blessait encore Keira de le voir.

Elle appela de nouveau le steward. « Je vais en prendre un autre », dit-elle.

Elle avait besoin de quelque chose pour se calmer les nerfs. L’homme à côté d’elle la regarda suspicieusement. Keira lui jeta un regard glacial, et il se concentra sur le film, en faisant semblant de ne pas l’avoir espionnée en premier lieu.

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