Pour Toujours et A Jamais - Софи Лав 4 стр.


Ensuite, elle se souvint de tous les essais d’œufs pochés qu’elle avait entrepris la veille. Elle avait dû en utiliser au moins cinq ! Elle leva les mains au ciel. Pourquoi Daniel m’a-t-il fait m’inquiéter pour les œufs pochés ? pensa-t-elle avec frustration.

Emily retourna à l’intérieur, déçue de ne pas pouvoir fournir le petit-déjeuner que monsieur Kapowski voulait ce jour-ci aussi, et elle commença à faire griller le bacon. Que ce soit dû à son anxiété ou son manque d’expérience, Emily semblait incapable d’exécuter même les tâches simples. Elle renversa le café sur tout le plan de travail, puis laissa le bacon sous le grill pendant trop longtemps, de telle façon que les bords étaient croustillants et noirs. Le nouveau grille-pain – un remplacement de celui qui avait explosé et abîmé la cuisine – paraissait avoir des réglages bien plus délicats que le dernier, et elle réussit à brûler le toast aussi.

Quand elle regarda ce qu’elle avait produit, le petit-déjeuner fini dans l’assiette, Emily fut loin d’être satisfaite. Elle ne pouvait pas servir repas en désordre. Elle alla donc dans la buanderie et racla le tout dans les gamelles des chiens. Au moins avec les chiens nourris c’était une chose de cochée sur sa liste des choses à faire.

De retour dans la cuisine, Emily essaya encore une fois de créer le repas que Mr Kapowski avait commandé. Cette fois-ci, s’assembla mieux. Le bacon n’était pas trop cuit. Le toast n’était pas brûlé. Elle espérait juste qu’il lui pardonnerait pour les ingrédients manquants.

Elle jeta un regard à sa montre et vit que cela faisait presque trente minutes, et son cœur palpita.

Elle hâta de retourner dans la pièce.

« Nous y voilà, monsieur Kapowski », dit Emily, réapparaissant dans la salle à manger avec le plateau du petit-déjeuner. « Je suis désolée pour l’attente. »

Elle se rendit compte, tandis qu’elle approchait de la table, que M. Kapowski s’était endormi. Incertaine si elle devait être soulagée ou ennuyée, Emily posa le plateau et commença à faire marche arrière silencieusement pour sortir de la pièce.

La tête de M. Kapowski se souleva soudain. « Ah », dit-il, en jetant un coup d’œil au plateau. Le petit-déjeuner. Merci. »

« Je crains de ne pas avoir d’œufs, ou de tomates, ou de champignons aujourd’hui », dit-elle.

M. Kapowski parut déçu.

Emily sortit dans le couloir pour prendre quelques profondes respirations. La matinée avait été incroyablement pleine de travail, compte tenu de la somme d’argent qu’elle allait finalement toucher pour ses efforts. Si elle voulait maintenir l’affaire, elle devrait devenir un peu plus efficace. Et elle avait besoin d’une alternative au cas où Lola et Lolly aient un autre jour sans œufs.

À ce moment précis, il émergea de la salle à manger. Il s’était écoulé moins d’une minute depuis qu’elle lui avait servi la nourriture.

« Est-ce que tout va bien ? », demanda Emily. « Avez-vous besoin de quelque chose ? »

Une fois encore, M. Kapowski semblait réticent à parler.

« Hum…la nourriture est un peu froide. »

« Oh », dit Emily, en panique. « Par ici, laissez-moi la réchauffer pour vous. »

« En fait, c’est bon », dit M. Kapowski. « Il faut que je monte, vraiment. »

« D’accord », dit Emily, qui se sentit découragée. « Vous avez une chose agréable de prévue pour la journée ? » Elle essayait de sonner comme une hôtesse de B&B plutôt qu’une fille affolée, même si elle se sentait bien plus comme la seconde.

« Oh, non, je voulais dire qu’il faut que je rentre chez moi », corrigea M. Kapowski.

« Vous voulez dire que vous libérez la chambre ? », demanda Emily, décontenancée.

Elle sentit un frisson froid se propager à travers son corps.

« Mais je vous avais inscrit pour trois nuits. »

M. Kapowski avait l’air embarrassé.

« Je, hum, juste besoin de rentrer. Je paieraien une fois, cependant. »

Il semblait être pressé de partir et même quand Emily suggéra de lui faire une réduction sur le prix des deux petits-déjeuners qu’il n’avait pas mangés, il insista pour seulement payer la note en entier et partir sur-le-champ. Emily se tint à la porte et le regarda s’éloigner en voiture, en se sentant comme une incompétente absolue.

Elle ignorait combien de temps elle était restée là debout, déplorant le désastre qu’avait été son tout premier client, mais elle s’avisa du bruit de son portable sonnant à l’intérieur. Grâce à la réception terrible qu’elle avait dans la vieille maison, le seul endroit où Emily pouvait capter le réseau était à côté de la porte d’entrée. Elle avait une table spéciale dans le hall juste pour son téléphone – une très belle pièce ancienne, qu’elle avait récupérée dans une des chambres fermées du B&B. Elle marcha à pas mesurés dans cette direction, se préparant mentalement à voir de qui il s’agissait.

Il n’y avait pas beaucoup de bonnes options. Sa mère n’était pas entrée en contact depuis cet appel tardif et plein d’émotion qu’elles avaient partagée, au cours duquel elles avaient discuté de la vérité sur la mort de Charlotte et, plus précisément, le rôle d’Emily – ou son absence – dans celle-ci. Amy ne l’avait pas contactée depuis sa tentative cavalière de “sauver” Emily de sa nouvelle vie, même si elles avaient fait la paix depuis. Ben, l’ex d’Emily, avait appelé de nombreuses fois depuis qu’elle était partie, mais Emily n’avait pas répondu à un seul de ses appels, et maintenant leur fréquence paraissait diminuer.

Elle se tint prête tandis qu’elle regardait l’écran. Le nom qui clignotait fut une surprise à voir. C’était Jayne, une vieille amie d’école de New York. Elle connaissait Jayne depuis qu’elle était très jeune, et au fil des ans elles avaient développé le type d’amitié grâce à laquelle des mois pouvaient s’écouler avant qu’elles ne se parlent, mais à la seconde où elles se retrouvaient c’était comme si le temps n’était pas passé. Jane avait probablement entendu par Amy, ou par les ouï-dire, pour la nouvelle vie d’Emily et appelait pour l’interroger à propos du changement soudain et abrupt qu’elle avait fait.

Emily répondit à l’appel.

« Em ? », dit Jane, la voix tressautant et le souffle irrégulier. « Je viens juste de croiser Amy pendant mon jogging. Elle a dit que tu avais quitté New York ! »

Emily cligna des yeux, son esprit n’était à présent plus habitué au débit de parole rapide que toutes ses amies new-yorkaises partageaient. L’idée de courir tout en ayant une conversation téléphonique était maintenant étrangère à Emily.

« Ouais, cela fait quelque temps maintenant en fait », dit-elle.

« De combien de temps parlons-nous ? », demanda Jayne, le bruit de ses foulées audibles sur la ligne.

La voix d’Emily était faible et pleine d’excuses. « Hum, eh bien, environ six mois. »

« Argh, il faut que je t’appelle plus souvent ! » Jayne était à bout de souffle.

Emily pouvait entendre le trafic en fond, les klaxons des voitures, le bruit sourd des baskets de Jayne qui frappaient sur la chaussée. Cela évoqua une image très familière dans l’esprit d’Emily. Elle avait été cette personne il y avait seulement quelques mois de ça, toujours occupée, ne se reposant jamais, le portable vissé à l’oreille.

« Donc quels sont les potins ? », dit Jayne. « Dis-moi tout. J’imagine que Ben ne fait plus partie du décor ? »

Jayne, tout comme tous les amis et la famille d’Emily, n’avait jamais aimé Ben. Ils avaient été capables de voir qu’Emily avait été aveugle durant ces sept années – qu’il n’était pas si bien pour elle.

« Vraiment sorti de ma vie », répondit Emily.

« Et y a-t-il quelqu’un de nouveau dans le cadre ? », demanda Jayne.

« Peut-être… », dit évasivement Emily. « Mais c’est récent et un peu instable donc je préfèrerais ne pas porter malheur en en parlant. »

« Mais je veux tout savoir ! », cria Jayne. « Oh, ne quitte pas. J’ai un autre appel. »

Emily patienta tandis que la ligne se faisait silencieuse. Quelques instants après, les bruits de New York remplirent de nouveau ses oreilles quand Jane se reconnecta.

« Désolée chérie », dit-elle. « Je devais prendre ça. Le boulot. Bon écoute, Amy a dit que tu avais un B&B là-bas ou quelque chose ? »

« Mmh mmh », répondit Emily. Elle se sentait légèrement tendue à propos du B&B, depuis qu’Amy l’avait tant décrié, le qualifiant d’idée stupide, sans mentionner tout le changement dans la vie d’Emily mal avisé.

« Est-ce que tu as des chambres de disponibles en ce moment ? », demanda Jayne.

Emily fut interloquée. Elle ne s’était pas attendue à une telle question. « Oui », dit-elle, pensant à la chambre maintenant abandonnée de Mr Kapowski. « Pourquoi ? »

« Je veux venir ! », s’exclama Jayne. « C’est le week-end du Memorial Day, après tout. Et j’ai désespérément besoin de sortir de la ville. Je peux la réserver ? »

Emily hésita. « Tu n’as pas à faire ça, tu sais. Tu peux juste venir et rester en tant que visiteur. »

« Pas question », répondit Jayne. « Je veux le traitement complet. Serviettes propres tous les matins. Œuf et bacon au petit-déjeuner. Je veux te voir en action. »

Emily rit. De toutes les personnes auxquelles elle avait parlé de sa jeune entreprise, Jayne était la plus encourageante.

« Eh bien, laisse-moi t’enregistrer officiellement alors », dit Emily. « Combien de temps va durer ton séjour ? »

« Je sais pas, une semaine ? »

« Super », dit Emily, une petite boule de joie roulant dans le ventre. « Et quand arriveras-tu ? »

« Demain matin », dit Jayne. « Autour de dix heures. »

La boule de joie se fit plus grande encore. « D’accord, patiente avec moi un moment pendant que je t’inscris. »

Un peu étourdie par l’excitation, Emily mit son téléphone en attente et se précipita jusqu’à l’ordinateur au bureau de réception, où elle se connecta au programme de réservation des chambres et entra les informations de Jayne. Elle se sentit fière d’elle-même pour avoir techniquement rempli le B&B tous les jours depuis qu’il avait ouvert, même s’il n’avait qu’une chambre à remplir, et n’avait ouvert que depuis deux jours…

Elle retourna promptement à son téléphone, et décrocha. « Ok, tu es enregistrée pour une semaine. »

« Très bien », dit Jayne. « Tu avais l’air très professionnelle. »

« Merci », répondit timidement Emily. « J’apprends encore à maîtriser tout ça. Mon dernier client a été un désastre. »

« Tu pourras tout me dire demain », dit Jayne. « Je ferais mieux d’y aller. J’entame mon seizième kilomètre, donc il faut que j’économise mon souffle. À demain ? »

« Je suis impatiente », répondit Emily.

L’appel se termina et Emily sourit en son for intérieur. Elle n’avait pas réalisé à quel point sa vieille amie lui manquait jusqu’à ce qu’elle lui ait parlé. Voir Jayne demain serait un merveilleux antidote au désastre qu’avait été M. Kapowski.

CHAPITRE CINQ

Exténuée par sa longue et déplorable matinée, Emily se retrouva à sombrer dans la tristesse. Partout où elle regardait, elle voyait des problèmes et des erreurs ; un mur mal peint, un luminaire mal fixé, un meuble qui ne convenait pas. Avant, elle le savait vu comme des excentricités, mais à présent elles l’importunaient.

Elle savait qu’elle avait besoin de quelques conseils et d’aide professionnels. Elle était complètement dépassée, à penser qu’elle pouvait simplement s’occuper un B&B.

Elle prit la décision d’appeler Cynthia, la propriétaire de la librairie qui avait autrefois géré un B&B, dans sa jeunesse, et lui demander des recommandations.

« Emily », dit Cynthia quand elle décrocha. « Comment vas-tu, ma chère ? »

« Horriblement mal », dit Emily. « Je passe la pire des journées. »

« Mais il n’est que sept heures trente ! », s’écria Cynthia. « Ça ne peut pas être si terrible que ça vraiment ? »

« Vraiment, vraiment mauvais », répondit Emily. « Mon premier client vient tout juste de partir. J’ai manqué le service du petit-déjeuner le premier jour, ensuite le second je n’avais pas assez d’ingrédients et il a dit que la nourriture était froide. Il n’a pas aimé les coussins ou les serviettes. Je ne sais pas quoi faire. Tu peux aider ? »

« J’arrive tout de suite », dit Cynthia, qui semblait être ravie à la perspective de pouvoir transmettre un peu de sa sagesse.

Emily sortit pour attendre Cynthia et s’assit sur le perron, espérant que le soleil pourrait lui remonter le moral ou, au moins, que sa dose de vitamine D le ferait. Sa tête lui paraissait si lourde qu’elle la laissa tomber entre ses mains.

Quand elle entendit le bruit du gravier qui crissait, elle leva les yeux pour voir Cynthia pédalant vers elle.

Le vélo rouillé de Cynthia était une attraction ordinaire et assez inoubliable de Sunset Harbor, principalement car la femme assise dessus avait des cheveux frisés teints en orange, et portait des tenues vives et très peu assorties. Pour rendre les choses encore plus étranges, Cynthia avait récemment accroché un panier en osier à l’avant de son vélo, dans lequel elle transportait Storm, un des chiots de Mogsy qu’elle avait adopté. Par bien des aspects, Cynthia Jones était sa propre attraction touristique.

Emily était contente de la voir, même si le grand chapeau estival à pois rouges avait quelque peu heurté ses yeux fatigués. Elle agita la main en direction de son amie et attendit qu’elle arrive à elle.

Elles rentrèrent et Cynthia ne perdit pas de temps. Tandis qu’elles montaient les escaliers, Cynthia bombarda Emily de questions, sur la pression de l’eau, si elle servait ou non de la nourriture biologique et qui était son fournisseur. Le temps qu’elles atteignent la chambre, la tête d’Emily lui tournait.

Elle fit rentrer Cynthia. La pièce, en ce qui concernait Emily, était magnifique. Il y avait une mezzanine à une extrémité où elle avait mis un canapé en cuir confortable pour que les clients puissent s’asseoir là et contempler la vue de l’océan. La pièce était essentiellement blanche, mais avec des tons bleus, un tapis en peau de mouton et des meubles en pin à l’aspect vieilli.

« Ce lit est trop petit », dit immédiatement Cynthia. « Deux places standard ? Tu es folle ? Tu as besoin de quelque chose d’imposant et d’opulent. Quelque chose de luxueux, dépassant tout ce qu’ils pourraient se permettre eux-mêmes. Tu as fait ressembler cette pièce à une chambre d’exposition. »

« Je pensais que c’était le but », dit doucement Emily.

« Absolument pas ! », s’écria Cynthia. « Tu dois la faire ressembler à un palace ! » Elle arpenta le lieu, toucha les couvertures froissées sur le lit. « Trop rêches », dit-elle. « Tes clients méritent de dormir dans un lit qui donne l’impression d’être de la soie contre leur peau. » Elle alla jusqu’à la fenêtre. « Ces rideaux sont bien trop sombres. »

« Oh », dit Emily. « Autre chose ? »

« Combien de pièces as-tu ? »

« Eh bien, c’est la principale qui est prête. Il y en a deux supplémentaires qui ont juste besoin d’ameublement. Ensuite il y en a des tonnes d’autres que je n’ai pas encore réussi à dégager. Et le troisième étage tout entier pourrait être converti aussi. »

Cynthia hocha de la tête et se tapota le menton. Elle semblait avoir quelques idées, peut-être, se demanda Emily, quelques grands projets pour le B&B qui seraient impossibles à réaliser pour elle.

« Montre-moi la salle à manger », ordonna Cynthia.

« Hum…d’accord… »

Elles descendirent les escaliers et à chaque marche les craintes d’Emily s’intensifiaient. Elle commençait à regretter sa décision d’appeler Cynthia à l’aide. Où M. Kapowski avait entamé son amour-propre fragile, Cynthia était en train de le mettre en pièces avec une masse.

« Non, non, non, non, non », dit Cynthia, en marchant autour de la salle à manger.

« Je pensais que tu adorais cette pièce », dit Emily, perturbée. Cynthia avait certainement apprécié le repas à cinq services et les cocktails – réalisés et payés par Emily, rien de moins – la dernière fois qu’elle était venue ici.

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