Pour Toujours et A Jamais - Софи Лав 5 стр.


« C’est le cas. Pour des réceptions ! », s’exclama Cynthia. « Mais il faut que tu fasses de cette pièce une salle à manger de B&B maintenant, avec de petites tables pour que les clients puissent manger seuls. Tu ne peux pas tous les mettre autour d’une grande table comme ça ! »

« Je pensais que cela encouragerait le sentiment de communauté », bégaya défensivement Emily. « J’essayais de faire quelque chose de différent. »

« Chérie », dit Cynthia, « ne t’aventure même pas là-dedans. Pas maintenant. Peut-être plus tard, dans dix ans, quand tu seras une affaire bien établie avec de l’argent à dépenser, alors tu pourras commencer à expérimenter. Mais pour le moment tu n’as pas d’autres choix que de le faire comme les clients l’attendent. Tu comprends ? »

Emily acquiesça d’un air morose. Elle ne savait pas s’il y aurait “un dix ans plus tard”. Elle avait seulement réfléchi à court terme pour le B&B, et maintenant on aurait dit que Cynthia voulait qu’elle investisse vraiment dans cet endroit, le transforme en quelque chose sur le long terme et rentable. Cela commençait à paraître onéreux, et onéreux n’était pas quelque chose qu’Emily pouvait se permettre. Malgré cela, elle écouta patiemment Cynthia qui poursuivait sa critique.

« Ne mets pas des lys ici. Cela rappelle les enterrements. Et oh mon dieu, il faudra que ça bouge. » Cynthia regardait le poulailler par la fenêtre. « Tout le monde aime les œufs de plein air mais ils n’aiment certainement pas voir les sales petites créatures qui les produisent ! »

Lorsqu’elle partit, Emily se sentait pire que jamais. Elle retourna s’asseoir sur le perron, en regardant la liste de choses à faire que Cynthia lui avait donnée. Juste à ce moment-là, Daniel arriva à la maison et remonta l’allée de graviers vers elle.

« Diantre que je suis heureuse de te voir », dit Emily en levant les yeux vers lui. « Ma journée a littéralement été nulle depuis le moment où je me suis réveillée. »

Daniel s’assit à côté d’elle sur le perron. « Comment ça se fait ? »

Emily le régala avec l’histoire de M. Kapowski, de Lola et Lolly échouant pour la seule chose qu’elles étaient censées faire, des jolies chaussures qu’elle avait abîmées en tâtonnant dans leur poulailler, du bacon brûlé, du départ de M. Kapowski, et des critiques de Cynthia.

« Et respire », dit Daniel avec un sourire narquois dès qu’elle eut terminé.

« Ne te moque pas de moi. » Emily fit la moue. « Ça a été une journée vraiment éprouvante et je pourrais avoir bien besoin de ton soutien. »

Daniel gloussa. « Un jour tu regarderas en arrière et tu verras le côté drôle. C’est-à-dire, une fois que ça appartiendra au passé et que tu tiendras le B&B le plus prospère du Maine. »

« Je doute que cela arrive », dit Emily, cédant un peu plus à son humeur de plus en plus maussade. Elle ne pouvait pas commencer à imaginer que son B&B ait du succès. Elle n’était même pas certaine qu’elle pourrait continuer à le faire marcher à court terme. « La pire des choses, c’est que je sais qu’ils ont tous les deux raison », ajouta-t-elle. « Je ne suis pas assez douée pour ça. Il faut que je m’améliore. Et il faut que je fasse tous les changements que Cynthia a suggérés. Le B&B qu’elle a géré quand elle était plus jeune était l’un des meilleurs du Maine. Si je ne suis pas ses conseils, j’aurais l’air d’une idiote. »

« Quels travaux doivent être réalisés ? », demanda Daniel.

« Beaucoup. Cynthia a dit qu’il fallait que je mette rapidement les deux autres chambres au niveau. Il sera nécessaire qu’elles aient des palettes de couleur différentes et différents prix par nuitée, pour que les clients aient l’impression d’avoir une sorte de choix, qu’ils se sentent maître de la situation. Elle a dit qu’il y avait des chances pour que les gens choisissent la chambre au prix intermédiaire parce qu’ils ne veulent pas avoir l’air d’être radins aux yeux de leur moitié, mais qu’il y aura toujours un certain type de personnes qui choisit la moins chère quoi qu’il arrive, et un autre qui choisit toujours la plus chère. »

« Whoa », dit Daniel. « Je n’avais jamais songé qu’il fallait penser à tant de choses. »

« Moi non plus », répondit Emily. « Je me suis engagée dans tout ça en étant aveugle et naïve. Mais je veux faire en sorte que ça marche, je le veux vraiment. »

« Donc que faut-il que tu changes ? Combien de temps cela va-t-il prendre ? »

« À peu près tout », dit Emily d’un ait abattu. « Et j’ai besoin de le faire faire dès que possible. Ça va manger le reste de mes économies. J’ai calculé que je n’avais assez que pour maintenir cet endroit ouvert jusqu’au quatre juillet. Donc un mois. »

Immédiatement, elle remarqua le changement dans le langage corporel de Daniel, un mouvement presque imperceptible s’éloignant d’elle. Elle était bien consciente qu’elle mettait une date limite à leur idylle, ainsi qu’à son entreprise, et on aurait dit que Daniel prenait déjà ses distances par rapport à elle, ne serait-ce que de quelques centimètres.

« Donc, qu’est-ce que tu vas faire ? », demanda-t-il.

« Je vais me lancer », dit-elle fermement.

Daniel sourit et acquiesça. « Pourquoi faire les choses à moitié ? », dit-il.

Il passa un bras autour d’elle et Emily se pencha contre lui, soulagée qu’ils aient réduit une fois encore la distance entre eux. Mais ce changement n’était pas quelque chose qu’elle allait aisément oublier.

Elle avait mis en branle un sablier pour leur liaison et il s’écoulait.

CHAPITRE SIX

« Cette commode serait parfaite pour la plus petite chambre», dit Emily, les doigts courant le long du haut du meuble en pin qu’elle examinait avec Daniel.

Son cœur accéléra tandis qu’elle tombait amoureuse, comme elle le faisait toujours, des trésors cachés de la boutique d’antiquités de Rico. Elle pouvait voir Daniel être excité, lui aussi, quand il la mesura du regard ; c’était un plus que cela s’avère être aussi leur lieu favori pour sortir ensemble.

Tous deux appréciaient le frisson de découvrir des objets rares et exotiques pour le B&B, mais ils adoraient aussi la source intarissable de divertissement que le vieil homme distrait fournissait. Bien que la mémoire à court terme de Rico soit moins que fiable, sa capacité à se souvenir du passé était inégalée, et il se lançait souvent dans des anecdotes inattendues sur les habitants de la ville, ou des leçons d’histoire sur Sunset Harbor elle-même. Il y avait aussi souvent en prime les ajouts de Serena qui, malgré le fait qu’elle ait quinze ans de moins, était quelqu’un qu’Emily considérait à présent comme une bonne amie.

Emily leva ensuite les yeux et vit un miroir de courtoisie doré de toute beauté.

« Oh, et ça irait parfaitement aussi. »

Elle virevoltait dans le magasin, Daniel la suivant tandis qu’elle sautait d’une armoire à l’autre. En chemin, elle griffonnait les prix et numéros sur les étiquettes des objets pour lesquels elle était intéressée, pour qu’elle puisse donner la liste à Rico à la fin. Elle faisait de nombreuses acquisitions après tout, et il était mieux de ne pas embrouiller le pauvre homme.

« Que dis-tu de ça ? », demanda Emily à Daniel, en regardant un grand lit à baldaquin. « Cynthia a dit que les lits devaient être plus grands. Qu’il fallait que mes clients se sentent comme des rois. »

Daniel traversa le magasin depuis l’endroit où il examinait quelques vasques à oiseaux en pierre, et il s’arrêta à côté d’elle.

« Whoa, je veux dire, ouais, tes clients se sentiront sans aucun doute comme des rois en dormant dans ce truc. C’est énorme. Tu as vraiment la place ? »

Emily sortit son mètre mesureur et commença à noter les dimensions du lit, puis consulta le schéma dans sa poche. Elle avait écrit toutes les dimensions pour s’assurer qu’elle n’achète que des meubles qui contiendraient parfaitement dans les chambres. Le plan était de s’en tenir à la rénovation des deux autres chambres principales dans un premier temps, investissant tout son argent restant pour les rendre aussi parfaites que possible, puis de se développer rapidement à vingt chambres – celles qui accueilleraient le segment le moins cher du marché – une fois que l’argent des trois premières rentrerait.

« Ça conviendrait sans problème dans la suite nuptiale ! », rayonna Emily. Le magnifique cadre de lit la rendait excitée, juste l’idée de le posséder et de le mettre dans une des chambres était un ravissement.

Daniel tendit la main et regarda l’étiquette du prix. « Tu as vu à quel point il est onéreux ? »

Emily se pencha et déchiffra l’étiquette. « Il appartenait à un aristocrate norvégien du quinzième siècle », lut-elle. « Bien sûr qu’il va être cher. »

Daniel lui lança un regard perplexe. « Pourquoi n’es-tu pas si inquiète ? L’Emily que je connais serait en train de faire de l’hyperventilation tout autour à cet instant. »

« Ah. Ah », dit ironiquement Emily, même si elle savait qu’il disait la vérité. Elle était une de ces éternelles coincées de la vie, mais cette fois quelque chose avait changé. Peut-être était-ce l’horloge qui tournait, cette cloche qui sonnait, le sable s’écoulant du sablier de leur relation. Quelque chose dans l’irrévocabilité de tout cela lui faisait oublier toute prudence. « Dépenser de l’argent pour gagner de l’argent, non ? », dit-elle avec audace. « Si je lésine maintenant, je le paierai plus tard. Le B&B implosera. »

« C’est un peu dramatique », dit Daniel en riant. « Mais je sais ce que tu veux dire. Tu dois investir maintenant, jeter les bases. »

Emily prit une grande inspiration.

« D’accord, bien. Maintenant que tu es de mon côté, je suis prête à le faire. »

L’idée de dépenser tout cet argent issu de ses économies, de se retrouver en équilibre de manière si précaire au bord de la faillite, n’était pas quelque chose qu’Emily appréciait faire. Elle n’avait jamais été ce genre de personnes, du type impulsif. Elle était habituellement prudente et réfléchie, pesant le pour et le contre de chaque situation avant de s’engager – au moins jusqu’à ce qu’elle quitte spectaculairement son travail, son appartement, et son petit-ami à New York et s’enfuie dans le Maine. Peut-être était-elle plus impulsive qu’elle ne l’avait réalisé. Ou peut-être était-ce un trait qui se développait silencieusement au fur et à mesure qu’elle prenait de l’âge. Était-ce ainsi que Cynthia était devenue si excentrique – à chaque année qu’elle prenait, elle ajoutait une autre couleur lumineuse à sa garde-robe, teintait ses cheveux dans une autre nuance étrange ? Bien qu’elle aime sa chère amie, Emily frémit à l’idée de devenir comme elle.

Obligeant son esprit à arrêter les comparaisons entre elle-même et cette femme plus âgée, Emily se reconcentra sur la tâche en cours.

« Je suppose que je vais l’acheter », dit-elle à Daniel, lui ordonnant presque silencieusement qu’il lui dise non, lui donne une excuse pour ne pas le faire jusqu’au bout.

« Super », fut tout ce qu’il dit.

À ce moment-là, Rico approcha. « Ellie. » Il rayonnait. « C’est si charmant de vous voir. » L’homme âgé avait toujours du mal à se souvenir du nom d’Emily.

« Salut, Rico », dit Emily. « Avez-vous beaucoup d’autres lits à baldaquin comme celui-ci ? » Elle se rappelait du la pièce cachée que Rico lui avait montrée, l’endroit où il stockait les objets plus grands et souvent plus chers qu’il ne pouvait pas facilement déplacer. Il était rempli de trésors en abondance, bien plus que ce que la vaste demeure de son père contenait.

« Bien sûr », dit Rico en lui tapotant le bras avec une main rabougrie. « Ils sont au fond. Tu sais où aller ? »

Emily acquiesça. Rico leur avait montré, à elle et Daniel, le couloir secret plusieurs jours auparavant.

« Dans ce cas, allez jeter un coup d’œil », dit Rico. « Je vous fais confiance. »

Emily sourit en son for intérieur, se demandant comment il pouvait lui faire confiance s’il ne pouvait même pas se souvenir de son nom. Ensuite elle et Daniel passèrent dans couloir pas éclairé et tortueux, jusque dans la grande pièce à l’arrière. Tout comme la dernière fois qu’elle était venue là, Emily eut presque le souffle coupé par le froid, et fut impressionnée par l’immensité de la vaste pièce. C’était comme pénétrer dans une caverne ou une grotte. Elle frissonna et serra les bras autour d’elle. Daniel remarqua son tremblement et l’attira plus près de lui. La chaleur émanant de lui réconforta Emily.

Ils s’enfoncèrent dans la pièce, passant des placards et des buffets, des bureaux et des armoires.

« Narnia, j’arrive », plaisanta Emily en ouvrant la porte d’une penderie en bois particulièrement décoré, avant de griffonner le prix et son numéro sur sa liste d’achats.

Finalement, ils repérèrent l’endroit où tous les lits étaient entreposés.

« Ici », dit Emily en contemplant un ancien cadre de lit à baldaquin en bois foncé. Chacune des quatre colonnes avait été ouvragée pour ressembler aux troncs d’arbre desquels elles avaient été sculptées. C’était presque mystique. « C’est exactement ce dont j’ai besoin. Juste un de plus comme celui-ci et les chambres haut de gamme auront l’air carrément assez luxueuses, tu ne penses pas ? »

Daniel paraissait particulièrement impressionné par le lit. « C’est extrêmement bien construit. Je veux dire tu peux voir à quel point il a bien résisté à l’épreuve du temps, mais aussi par la finition, la façon dont ils ont employé un vernis qui convenait à l’effet naturel du bois. » Il semblait amoureux, même si à peine avait-il prononcé ces mots qu’il avait été immédiatement distrait par un autre lit. « Emily, vite, regarde celui-là ! »

Emily rit tandis qu’il la tirait par la main pour lui montrer un autre cadre de lit décoré. Celui-là avait un vernis plus pâle, et il avait presque l’air de venir d’une cabane en rondin islandaise. Des motifs avaient été gravés sur la tête de lit et les colonnes. Il était splendide, un plaisir pour les yeux.

« Je veux dire, c’est une pièce unique, Emily ! », dit Daniel avec enthousiasme. « Sculpté à la main. Menuiserie impressionnante. Tu ferais pratiquement connaître le B&B si tu achetais ça ! »

Emily sentit de la chaleur se propager en elle. C’était vrai. Les lits qu’elle avait trouvés dans le magasin de Rico étaient incroyables et uniques. Elle pouvait maintenant voir ce que Cynthia avait essayé de lui dire, concernant le fait de traiter ses clients comme des rois. Elle se sentirait certainement comme une princesse en dormant dans un de cela.

« Tu sais », dit Emily, les doigts musardant sur le bois d’une des colonnes. « Si nous achetons ces lits, il y a une condition. »

« Oh ? », dit Daniel, dont les sourcils se rapprochèrent.

Emily pinça les lèvres et leva un sourcil. « Nous devrons essayer chacun d’eux. Pour des raisons d’assurance qualité, bien entendu. »

« Tu veux dire…Oh ! » Daniel saisit ce qu’Emily insinuait de manière suggestive. Il bon les sourcils. La perspective d’acheter des lits parut soudain plus séduisante. « Oh bon, bien entendu… » murmura-t-il, et il tendit les bras autour d’Emily puis il l’attira dans une étreinte. « Tu ne serais pas capable de trouver le repos la nuit si tu ne savais pas, de première main, l’expérience pour laquelle les clients payent. »

Il embrassa son cou de façon séduisante et Emily rit.

« Je vais donner ma liste à Rico », dit-elle en s’extirpant de ses bras. « Et me séparer de tout mon argent. »

Daniel siffle entre ses dents. « Il va être heureux. Tu lui as probablement fait son chiffre d’affaires du mois en une seule vente ! »

« Je ne pense pas à ça », dit Emily, qui fit semblant de se cacher les yeux avec les mains pour éviter de regarder les étiquettes des prix.

Elle laissa Daniel dans la grande pièce et trouva Rico.

« Evie », dit-il quand elle réapparut. « Vous avez trouvé ce que vous vouliez ? »

« Je l’ai trouvé », dit Emily. « J’aimerais acheter trois armoires, une coiffeuse, et trois lits anciens. »

« Oh », dit Rico, un peu surpris quand elle lui donna la liste des objets et les prix. « C’est beaucoup. » Il commença à les ajouter lentement sur son ancienne caisse.

Назад Дальше