La Femme Parfaite - Блейк Пирс 5 стр.


“Je suppose que je devrais me sentir flatté. Et si je refuse d'être votre conseiller académique ?” demanda-t-il.

“Vous devriez avoir reçu la visite d'une personne représentant le Comité et qui vous demande de vous occuper de tout cela en précisant que ce serait dans votre intérêt, etc. Je suis étonnée que ce ne soit pas arrivé. D'habitude, ils sont très organisés.”

Hosta réfléchit pendant une seconde.

“J'ai récemment reçu plusieurs courriels et un message vocal d'un certain Dr Ranier”, dit-il. “Cela dit, comme je ne connaissais pas le nom, je n'ai pas donné suite.”

“Vous devriez répondre au message, professeur”, suggéra Jessie. “Il est possible que ce soit un pseudonyme, peut-être pour une personne que vous connaissez déjà.”

“Je le ferai. En tout cas, si je comprends bien, vous n'aurez pas besoin de subir toute la bureaucratie habituelle pour être autorisée à effectuer votre stage à la DNR ?”

“Faire mon stage dans cet établissement était la condition spécifique que j'ai déjà mentionnée. C'est pour cela que j'ai accepté de signer leur accord de confidentialité sans trop faire de problèmes”, lui répondit Jessie d'une voix pleine d'excitation malgré tous ses efforts. “Cela fait presque deux ans que j'attends ça.”

“Deux ans ?” dit Hosta, étonné. “Si vous avez achevé votre thèse il y a si longtemps, ne devriez-vous pas avoir votre diplôme, à l'heure actuelle ?”

“C'est une longue histoire que je préfère remettre à un autre jour. Cela dit, pour l'instant, puis-je considérer que j'ai votre permission d'effectuer mon stage à DSH-Metro, spécifiquement à la DNR ?”

“Si votre histoire est authentique, oui”, dit-il quand ils atteignirent la porte de son bureau. Il la déverrouilla mais ne l'invita pas à y entrer. “Cela dit, il faut que je vous pose la question que je pose à tous les étudiants qui demandent à faire leur travail de terrain là-bas : êtes-vous sûre que vous voulez le faire ?”

“Comment pouvez-vous me le demander après tout ce que je vous ai dit ?”

“Parce que se renseigner sur les gens qui sont détenus dans cet établissement est une chose”, répondit-il, “alors que c'en est tout à fait une autre d'interagir avec eux. La réalité se rappelle à vous très vite. D'après ce que vous avez écrit dans votre thèse, je suppose que vous devez connaître certains des détenus de cet endroit-là, n'est-ce pas ?”

“Quelques-uns. Je sais que le violeur en série de Bakersfield, Delmond Stokes, y est détenu, ainsi que le tueur de plusieurs enfants qui a été capturé l'année dernière par cette policière à la retraite. Et je suis quasi-sûre que Bolton Crutchfield y est aussi détenu.”

Hosta la regarda fixement, comme s'il essayait de décider de lui dire ce qu'il pensait ou pas. Finalement, il sembla prendre une décision.

“C'est lui que vous voulez observer, n'est-ce pas ?”

“Je dois admettre que je suis curieuse”, dit Jessie. “J'ai entendu toutes sortes d'histoires sur lui. Je ne sais pas combien d'entre elles sont vraies.”

“Celle dont je peux vous garantir l'authenticité, c'est qu'il a violemment assassiné dix-neuf personnes en six ans. Le reste est peut-être faux mais ça, c'est vrai. Ne l'oubliez jamais.”

“L'avez-vous déjà rencontré ?” demanda Jessie.

“Oui. Je l'ai interrogé à deux occasions.”

“Et c'était comment ?”

“Mme Hunt, c'est une longue histoire que je préfère remettre à un autre jour”, dit-il en lui renvoyant ses propres paroles. “Pour l'instant, je vais contacter ce Dr Ranier et vérifier vos références. Si tout se déroule sans incident, je vous contacterai pour organiser votre stage. Je sais que vous voudrez commencer le plus vite possible.”

“Si je pouvais y aller demain, je le ferais.”

“Oui, bon, ça pourrait prendre un peu plus longtemps que ça. Entre temps, essayez de garder patience. Bonne journée, Mme Hunt.”

Alors, il referma la porte de son bureau, laissant Jessie dans le vestibule. Elle se retourna pour partir. Quand elle vit ce hall qu'elle ne connaissait pas, elle se rendit compte qu'elle avait été tellement absorbée par sa conversation qu'elle n'avait fait attention à rien d'autre. Elle ne savait absolument pas où elle était.

Elle resta là pendant un moment, s'imaginant assise face à Bolton Crutchfield. L'idée l’excitait et la terrifiait tout autant. Cela faisait maintenant assez longtemps qu'elle avait envie, non, besoin de lui parler. La possibilité que cela se produise la faisait frissonner par anticipation. Elle avait besoin de réponses à des questions que personne ne savait qu'elle se posait et cet homme était le seul qui puisse les lui fournir. Cependant, elle n'était pas sûre qu'il le ferait. Et même s'il acceptait, que pourrait-il exiger en retour ?

CHAPITRE CINQ

Jessie était si fébrile qu'elle appela Kyle en rentrant de l'université, alors qu'elle savait qu'il était toujours très occupé pendant la journée et qu'il ne répondait presque jamais. Cette fois-ci, il ne répondit pas non plus mais elle ne put s'empêcher de laisser quand même un message.

“Salut, chéri”, dit-elle après le bip. “Je voulais juste te dire que ma première journée de cours s'est passée extrêmement bien. Le professeur a un sacré caractère mais je crois que je pourrai travailler avec lui. De plus, je pense que je vais bientôt commencer mon stage, peut-être cette semaine si tout se passe bien. En fait, j'ai un peu la tête qui tourne. J'espère que ta journée se passe aussi bien que la mienne. Je me suis dit que je nous préparerais un dîner spécial ce soir, surtout maintenant qu'on a retrouvé les cartons qui contiennent la vaisselle. Dis-moi à quelle heure tu penses arriver ce soir et je préparerai quelque chose de bien. Nous pourrons ouvrir une de ces bouteilles de vin qu'on avait mises de côté et nous pourrons peut-être commencer à agrandir notre petite famille. OK, à bientôt. Je t'aime.”

Elle s'arrêta à Bristol Farms avant de rentrer et se permit d'acheter quelques branzinos pour les farcir et les cuire entiers. Elle trouva quelques jolis broccolini et les prit aussi. Alors qu'elle allait vers la caisse, elle vit quelques pommes de terre rattes et les prit aussi.

Elle fut tentée de chercher un dessert bon à se damner mais elle savait que Kyle avait fait beaucoup de gymnastique et qu'il n'en voudrait pas. De plus, dans le réfrigérateur, ils avaient de la glace italienne qui irait très bien. Quand elle paya à la caisse, elle avait déjà tout le menu dans la tête.

*

Jessie regarda fixement les plats de nourriture qui attendaient, intacts, sur la table de la salle à manger puis elle regarda son téléphone pour la troisième fois en cinq minutes. Il était 19 h 13 et Kyle n'avait toujours pas répondu.

Il lui avait envoyé un SMS peu après qu'elle avait laissé le message vocal, disant que son idée de dîner avait l'air tentante et qu'il prévoyait de rentrer vers 18 h 30. Pourtant, presque quarante-cinq minutes avaient passé et il n'était pas encore rentré. Pire encore, il ne l'avait même pas rappelée.

Elle avait tout préparé pour que le dîner soit chaud et sur la table, prêt pour son arrivée à 18 h 45 au cas où il arriverait un peu en retard mais il n'était pas rentré. Entre temps, elle lui avait envoyé deux SMS et y avait ajouté un message vocal mais n'avait eu aucune nouvelle de Kyle depuis son SMS. Maintenant, le poisson était sur la table, quasiment froid, la fixant de ses yeux insensibles.

Finalement, à 19 h 21, il appela. En entendant le bruit de fond, elle comprit avant même qu'il ne parle qu'il était dans un bar.

“Salut, Jess”, cria-t-il pour se faire entendre par-dessus la musique. “Désolé d'appeler si tard. Comment ça va ?”

“Je m'inquiétais pour toi”, dit-elle en essayant de ne pas laisser transparaître son agacement.

“Oh, désolé”, dit-il sur un ton qui n'exprimait pas grand remords. “Je ne voulais pas t'inquiéter. Il y a eu une urgence de dernière minute. Teddy a appelé vers six heures et a dit qu'il avait quelques autres clients potentiels pour moi. Il a demandé si je pouvais venir le rejoindre avec les gars en question dans un bar de la marina, le Sharkie’s. Je me suis dit que je ne pouvais vraiment pas laisser filer ce type d'opportunité, étant le dernier arrivé au bureau, tu comprends ?”

“Tu n'aurais pas pu m'appeler pour me le dire ?”

“Désolé”, cria-t-il. “Il a tellement fallu que je me presse que j'ai complètement oublié. Je n'ai pu t'appeler que maintenant.”

“J'ai préparé un grand dîner, Kyle. Tu te souviens qu'on allait faire la fête ce soir ? J'ai ouvert une bouteille de vin à cent dollars. C'était censé être une soirée romantique.”

“Je sais”, dit-il, “mais je ne peux pas renoncer à ça. Je crois que je peux convaincre les deux amis de Teddy de devenir nos clients. Ensuite, on pourra quand même essayer d'agrandir la famille quand je rentrerai.”

Jessie poussa un soupir profond de façon à pouvoir répondre d'une voix calme.

“Tu rentreras tard”, dit-elle. “Je serai fatiguée et tu seras à moitié ivre. Ce n'est pas comme ça que j'avais prévu la soirée.”

“Écoute, Jessie, je suis désolé de ne pas avoir appelé mais comment veux-tu que je renonce à une telle opportunité ? Je ne me contente pas de m'amuser, ici. Je fais des affaires et j'essaie de me trouver quelques nouveaux amis en même temps. Vas-tu me le reprocher ?”

“Disons que j'apprends quelles sont tes priorités”, répondit-elle.

“Jessica, tu es toujours ma priorité numéro un”, insista Kyle. “J'essaie juste de trouver un équilibre et on dirait que je me suis planté. Je promets que je serai à la maison à neuf heures, d'accord ? Est-ce que ça rentre dans ton emploi du temps ?”

Il avait semblé sincère jusqu'à cette dernière phrase, qui dégoulinait de sarcasme et de rancœur. Le mur émotionnel que Jessie avait élevé entre eux avait commencé à s'écrouler lentement … jusqu'au moment où elle entendit ces mots.

“Fais ce que tu veux”, répondit-elle brusquement avant de raccrocher.

Elle se releva et s'aperçut dans le miroir de la salle à manger. Elle portait une robe de soirée en satin bleu avec un décolleté profond et une longue fente le long du flanc droit qui commençait en haut de sa cuisse. Elle s'était coiffée élégamment en espérant défaire son chignon décontracté pour séduire Kyle après le dîner. Les chaussures à talon qu'elle portait la faisaient passer de ses un mètre soixante-dix-sept habituels à plus de un mètre quatre-vingt-deux.

Soudain, tout cela lui sembla extrêmement ridicule. Elle jouait tristement à se déguiser et, en fait, elle n'était qu'une femme au foyer aussi pitoyable qu'une autre et qui attendait que son homme rentre à la maison pour donner sens à sa vie.

Elle saisit les assiettes et se rendit à la cuisine, où elle jeta les deux repas à la poubelle, le poisson et tout le reste. Elle remplaça sa robe par un sweat. Après ça, elle revint dans la salle à manger, prit la bouteille ouverte de Shiraz, s'en versa un verre plein jusqu'au bord et en but une petite gorgée en se rendant dans le salon.

Elle se laissa tomber sur le sofa, alluma la télévision et s'installa pour regarder ce qui semblait être un marathon de Life Below Zero, une série de télé-réalité sur des gens qui vivaient volontairement dans des régions éloignées de l'Alaska. Elle se justifia en se disant que cela l'aiderait à se souvenir qu'il y avait des gens qui souffraient beaucoup plus qu'elle dans sa grande maison de Californie du Sud avec son vin hors de prix et sa télévision de 175 centimètres de diagonale.

Vers le troisième épisode et après avoir vidé la bouteille à moitié, elle s'endormit.

*

Elle fut réveillée par Kyle, qui lui secouait doucement l'épaule. Quand elle l'observa de ses yeux qui voyaient trouble, elle comprit qu'il était à moitié ivre.

“Quelle heure est-il ?” marmonna-t-elle.

“Un peu après onze heures.”

“Tu avais que tu rentrerais vers neuf heures, non ?” demanda-t-elle.

“J'ai été retenu”, dit-il honteusement. “Écoute, chérie, je sais que j'aurais dû appeler plus tôt. Je n'ai pas été cool. Je suis vraiment désolé.”

“OK”, dit-elle. Elle avait la bouche pâteuse et mal à la tête.

Il passa un doigt le long de son bras.

“J'aimerais me faire excuser”, proposa-t-il d'une manière suggestive.

“Pas ce soir, Kyle”, dit-elle, se levant en écartant sa main d'un mouvement d'épaule. “Je ne suis pas d'humeur, même pas un peu. La prochaine fois, tu pourras peut-être essayer de ne pas me donner l'impression d'être un accessoire sans intérêt. Je vais au lit.”

Elle monta à l'escalier sans dire un mot, alors qu'elle avait très envie de se retourner pour voir sa réaction. Kyle ne dit rien. Elle se glissa dans le lit sans même éteindre la lumière. Malgré son mal au crâne et sa bouche pâteuse, elle s'endormit en moins d'une minute.

*

Jessie sentait une branche épineuse lui gratter le visage alors qu'elle courait dans la forêt obscure. On était en hiver et elle savait que, alors qu'elle était pieds nus, ses pas sur les feuilles mortes qui couvraient la neige faisaient beaucoup de bruit et qu'il allait sûrement les entendre. Pourtant, elle n'avait pas le choix. Son seul espoir était de continuer à courir et d'espérer qu'il ne la trouverait pas.

Cependant, elle ne connaissait pas bien les bois et lui si. Courant à l'aveuglette, complètement perdue, elle cherchait des repères familiers. Ses petites jambes étaient trop courtes. Elle savait qu'il était en train de la rattraper. Elle entendait ses pas lourds et sa respiration encore plus lourde. Il n'y avait aucun endroit où se cacher.

CHAPITRE SIX

Jessie se redressa droit dans le lit et se réveilla juste à temps pour entendre son propre cri. Il lui fallut un moment pour s'orienter et se rendre compte qu'elle était dans son propre lit à Westport Beach, portant les vêtements dans lesquels elle s'était endormie ivre la veille au soir.

Son corps entier était couvert de sueur et elle respirait de façon superficielle. Elle crut qu'elle pouvait vraiment entendre le sang circuler dans ses veines. Elle leva la main à sa joue gauche. La cicatrice de la branche y était encore. Elle s'était effacée et elle pouvait la dissimuler presque entièrement avec du maquillage, à la différence de celle qu'elle avait le long de la clavicule droite. Cependant, elle sentait encore l'endroit où elle dépassait du reste de sa peau. Elle en sentait presque la douleur cinglante, même maintenant.

Elle jeta un coup d’œil à sa gauche et vit que le lit était vide. Elle comprit que Kyle y avait dormi à cause du creux qu'il avait laissé sur son oreiller et du dérangement des draps mais il n'était visible nulle part. Elle écouta pour vérifier s'il prenait une douche mais la maison était silencieuse. Quand elle regarda son réveil, elle vit qu'il était 7 h 45. Il devait déjà être parti au travail.

Elle sortit du lit en essayant d'ignorer sa tête lancinante puis traîna les pieds jusqu'à la salle de bains. Après quinze minutes de douche, dont elle avait passé la moitié assise et immobile sur le carrelage froid, elle se sentit prête à s'habiller et à descendre. Dans la cuisine, elle vit un message appuyé sur la table de petit-déjeuner. Il disait : “Encore une fois, désolé pour hier soir. J'aimerais réessayer quand tu le voudras. Je t'aime.”

Jessie posa le message de côté et se prépara du café et des flocons d'avoine, les seules choses qu'elle se sentait capable d'avaler à ce moment-là. Elle réussit à finir un demi-bol, jeta le reste à la poubelle et se dirigea vers le salon de devant, où une douzaine de caisses encore fermées l'attendaient.

Elle s'installa dans la causeuse avec une paire de ciseaux, posa son café sur la table basse et tira une caisse vers elle. Alors qu'elle inspectait distraitement les caisses, rayant des objets de sa liste quand elle les trouvait, elle repensa à sa thèse sur la DNR.

S'ils ne s'étaient pas disputés, Jessie aurait presque certainement tout raconté à Kyle, non seulement le stage qu'elle allait effectuer dans l'établissement prévu mais aussi ce qui s'était passé après sa thèse originale, dont son interrogation. Cela aurait été une violation de son accord de confidentialité.

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