Si elle s’enfuyait - Блейк Пирс 4 стр.


« Est-ce que vous avez une idée du genre de personnes qu’ils étaient ? »

« Des gens bien, apparemment. » Elle s’interrompit parce que l’enfant qu’elle portait dans les bras s’était mis à lui tirer les cheveux. Il commençait à devenir un peu agité. « Mais à nouveau, je ne les connaissais pas bien du tout. »

« Est-ce que les Devos les connaissaient bien ? »

« Sûrement un peu mieux que moi. Barry et Gérald se rendaient parfois des services, comme se prêter de l’essence pour la tondeuse, du charbon pour le barbecue, ce genre de choses. Mais je ne pense pas qu’ils se voyaient en-dehors de ça. Ils étaient polis l’un envers l’autre mais ce n’étaient pas non plus des amis, vous voyez ? »

« Est-ce que vous savez si quelqu’un dans le quartier les connaissait bien ? » demanda Kate.

« Pas vraiment. Les gens sont plutôt réservés dans le coin. Ce n’est pas le genre de quartier où ils font la fête entre voisins. Mais… et j’ai un peu mauvaise conscience de le dire… si vous voulez en savoir plus sur quelqu’un vivant dans le quartier, vous devriez peut-être vous adresser à madame Patterson. »

« Et qui est-ce ? »

« Elle vit dans la rue d’à côté. On peut voir sa maison depuis la terrasse des Devos. Et je suis presque sûre qu’elle doit également être visible depuis le porche arrière des Hopkins. »

« Vous connaissez son adresse ? »

« Pas exactement. Mais sa maison est très facile à trouver. Elle a plein de statues effrayantes de chats sur son porche. »

« Vous pensez qu’elle pourrait nous aider ? » demanda DeMarco.

« Oui, je pense que c’est votre meilleure option. Je ne peux pas vous assurer que tout ce qu’elle vous dira sera vraiment fiable, mais on ne sait jamais… »

« Merci pour le temps que vous nous avez consacré, » dit Kate. Elle sourit au petit garçon et elle ressentit d’autant plus le manque de Michelle. Ça lui rappela également qu’elle avait probablement un message vocal furieux de sa fille, qui l’attendait sur son téléphone.

Kate et DeMarco retournèrent à leur voiture. Au moment où elles firent une marche arrière pour rejoindre la route, la pluie se mit à tomber de manière plus drue.

« Il se pourrait que cette madame Patterson soit la personne qui vit dans la maison que j’ai vue par la fenêtre du bureau de Karen Hopkins, » dit Kate. « Tous ces jardins reliés entre eux et séparés par une simple barrière… c’est le paradis pour une vieille femme curieuse. »

« Eh bien, » dit DeMarco, « allons voir ce que madame Patterson a à nous dire. »

***

Les yeux de madame Patterson s’écarquillèrent quand elle se rendit compte que deux agents du FBI se trouvaient devant sa porte. Mais ce n’était pas dû à la peur, mais plutôt à l’excitation. Elle devait déjà certainement se demander comment elle allait raconter ça à ses amies.

« Oui, j’ai entendu parler de ce qui est arrivé à Karen, » dit madame Patterson, sur un ton très pompeux. « Pauvre femme… elle était tellement charmante et gentille. »

« Alors, vous la connaissiez ? » demanda Kate.

« Oui, un peu, » dit madame Patterson. « Mais venez, entrez. »

Elle ouvrit la porte pour laisser passer Kate et DeMarco. En entrant, Kate regarda les différents ornements du porche qui leur avaient permis d’identifier la maison de madame Patterson. Il y avait huit statues différentes de chats, des décorations qui avaient l’air tout droit sorties d’une brocante ou d’un marché aux puces. Certaines d’entre elles étaient un peu effrayantes, comme Lily Harbor le leur avait dit.

Madame Patterson les guida jusqu’au salon. La télé était allumée sur l’émission Good Morning America à un volume assez bas. Kate en déduisit que madame Patterson était probablement une veuve qui n’arrivait pas à s’habituer à l’idée de vivre seule. Elle avait lu quelque part que les personnes âgées avaient tendance à laisser la télé ou la radio allumée chez elles quand elles perdaient leur conjoint, pour qu’il y ait toujours de la vie dans la maison.

En prenant place dans un fauteuil, Kate regarda par la fenêtre du salon. Elle vit la rue et fit de son mieux pour imaginer la disposition du jardin arrière. Elle était presque certaine qu’il s’agissait bien de la maison qu’elle avait vue par la fenêtre du bureau de Karen Hopkins.

« Madame Patterson, est-ce que vous pourriez tout d’abord clarifier un point, » dit Kate. « Quand nous étions dans la maison des Hopkins, j’ai regardé par la fenêtre du bureau de Kate et j’ai aperçu une maison dans le coin droit de leur jardin arrière. C’est bien votre maison, n’est-ce pas ? »

« Oui, c’est bien ça, » dit madame Patterson, en souriant.

« Vous avez dit connaître un peu les Hopkins. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus ? »

« Bien sûr ! Karen me posait parfois des questions de jardinage. Elle avait un petit jardin juste devant la fenêtre de son bureau, vous savez. Elle n’y avait pas planté grand-chose, juste des herbes aromatiques pour cuisiner : du basilic, du romarin, de la coriandre. J’ai toujours eu la main verte. Tous les voisins le savent et il arrive souvent qu’on me demande des conseils. J’ai mon propre jardin à l’arrière, si vous voulez le voir. »

« Non, merci, » répondit poliment DeMarco. « Le temps joue un peu contre nous, alors nous voulons juste que vous nous disiez ce que vous savez au sujet des Hopkins. Quand vous les voyiez ensemble, est-ce qu’ils avaient l’air heureux ? »

« J’imagine. Je ne connais pas bien Gérald. Mais je les voyais parfois assis sur leur porche arrière. Récemment, je les ai vus se tenir par la main. C’était agréable à voir. Je suppose que vous savez que leurs enfants sont grands et qu’ils sont partis de la maison. Je les imaginais occupés à parler de leurs projets de retraite, de voyage, ou ce genre de choses. »

« Est-ce qu’il vous est déjà arrivé d’avoir l’impression qu’il y avait des problèmes entre eux ? » demanda Kate.

« Non. Je n’ai jamais rien vu ou entendu qui pourrait me faire penser une telle chose. D’après ce que je sais, c’était un couple tout à fait normal. Mais j’imagine que tous les couples peuvent avoir des problèmes, surtout une fois que les enfants sont partis. C’est assez courant, vous savez. »

« Est-ce que vous les avez vus au cours de la semaine qui vient de s’écouler ? »

« Oui. J’ai vu Karen qui coupait des plantes dans son jardin. C’était il y a quatre ou cinq jours. Je n’en suis plus très sûre. J’ai eu soixante-quatorze ans cette année et ma mémoire n’est plus très bonne parfois. »

« Est-ce que vous lui avez parlé ? »

« Non. Mais il y a quelque chose à laquelle j’ai repensé hier… ce n’était pas quelque chose que j’avais oublié mais je n’y avais pas spécialement accordé d’attention. Et franchement… je ne sais même plus quel jour c’était, alors… »

« Et c’est quoi ? » demanda DeMarco.

« Eh bien, je suis presque sûre que c’était mardi… le jour où Karen a été assassinée. Je suis presque certaine d’avoir vu quelqu’un dans leur jardin arrière. Un homme. Un homme qui n’était pas Gérald Hopkins. »

« Est-ce qu’il avait l’air d’essayer d’entrer par effraction ? » demanda Kate.

« Non. Il avait l’air tout à fait normal. Il se promenait comme s’il avait été invité, vous voyez ce que je veux dire ? Il portait une sorte de combinaison ou d’uniforme. Il y avait un petit badge ou un patch, juste là. » Elle montra le haut de sa poitrine gauche pour indiquer l’endroit dont elle parlait.

« Est-ce que vous avez bien pu voir le patch en question ? »

« Non. Tout ce que je peux vous dire, c’était qu’il était blanc et qu’il avait la forme d’une étoile. Mais je n’ai peut-être pas bien vu… ma vue est aussi mauvaise que ma mémoire ces jours-ci. »

« Mais en ce qui concernant des échanges avec les Hopkins, vous dites ne pas leur avoir parlé au cours de toute la semaine dernière ? »

« Non. La dernière fois que j’ai parlé à Karen, c’est quand elle est venue me demander ma recette du gâteau à l’ananas. Et ça remonte à presque trois semaines, je crois. »

Kate réfléchit un instant, en essayant de trouver un sujet sur lequel madame Patterson pourrait leur apporter des informations supplémentaires, mais elle ne trouva rien de plus à lui demander. De plus, elles avaient déjà l’histoire de l’homme en uniforme à vérifier, alors ce n’était pas comme si elles repartaient bredouilles.

« Madame Patterson, nous vous remercions pour le temps que vous nous avez consacré. Si vous repensez à quoi que ce soit qui pourrait nous être utile, n’hésitez pas à appeler la police locale. Ils nous feront le message. »

« Il faut que je vous pose une question… vu que le FBI est impliqué, est-ce que ça veut dire que cette affaire est liée à l’autre meurtre ? Celui qui remonte à… environ une semaine ? Je crois qu’elle s’appelait Marjorie Hix. »

« Nous sommes là pour le découvrir, » dit Kate. « Est-ce que vous connaissiez Marjorie Hix ? »

« Non. Je n’avais jamais entendu ce nom jusqu’à ce qu’une amie me raconte ce qui s’était passé. »

Kate hocha la tête et se dirigea vers la porte d’entrée. « Nous vous remercions à nouveau pour le temps que vous nous avez consacré. »

DeMarco la rejoignit et elles sortirent de la maison. La pluie tombait maintenant de manière drue, en dépit du soleil qui brillait toujours.

Kate faillit sortir son téléphone pour voir si Mélissa lui avait laissé un message, mais elle se ravisa. Ça ne ferait que la stresser encore plus. Et si elle ne parvenait pas à séparer sa vie privée de sa vie professionnelle, autant qu’elle remette tout de suite son badge et son arme.

Elle s’efforça de sortir Mélissa de sa tête, en se dirigeant vers la voiture.

Mais une petite voix s’éleva dans un coin de sa tête et elle ne parvint pas à la faire taire. Tu te rappelles ce qui est arrivé quand tu l’as mise de côté au début de ta carrière ? Il a fallu très longtemps pour réparer le mal fait. Tu veux vraiment revivre tout ça ?

Non, elle n’en avait pas envie. Et elle fit tout ce qu’elle put pour ravaler ses larmes alors que DeMarco faisait une marche arrière pour reprendre la route.

CHAPITRE QUATRE

Le shérif Bannerman était de retour au commissariat quand Kate et DeMarco arrivèrent. Il leur fit signe de venir dans son bureau. Kate remarqua qu’il traînait légèrement la jambe. Il leur ouvrit la porte pour les laisser entrer et la referma derrière elles.

« Vous avez du neuf ? » demanda-t-il.

« On a parlé à une certaine madame Patterson. Elle vit dans la maison qu’on peut voir par la fenêtre du bureau de Karen Hopkins, » dit Kate. « Elle dit avoir vu quelqu’un dans le jardin arrière des Hopkins le jour où Karen a été assassinée. »

« Enfin, elle pense que c’est ce jour-là, » ajouta DeMarco.

« Shérif, est-ce que vous connaissez une entreprise dans le coin qui aurait un logo en forme d’étoile et de couleur blanche ? Il se pourrait que les employés portent une combinaison de couleur sombre. »

Bannerman réfléchit un instant, avant de hocher lentement la tête. Il tapa quelque chose sur son ordinateur, cliqua sur un lien et tourna l’écran vers elles. Il avait tapé Fournisseur internet Hexco sur Google et en avait sorti une image.

« Il y a ça, » dit-il. « C’est la seule chose qui me vienne directement à l’esprit. »

Kate et DeMarco examinèrent le logo de près. Il était presque identique à la description qu’en avait faite madame Patterson. Il était en forme d’étoile mais l’arrière était légèrement étiré et incurvé. De légères lignes étaient tracées à la suite de l’étoile et au centre, était écrit le mot Hexco.

DeMarco dégaina son téléphone à la vitesse de l’éclair et appela directement le numéro qui était indiqué en-dessous du logo. « Je vais vérifier si Karen a fait appel à leurs services mardi. »

Elle s’assit, en attendant que le téléphone se mette à sonner. Bannerman retourna l’ordinateur vers lui et en referma le couvercle. À voix basse, pour ne pas déranger DeMarco qui était en ligne avec quelqu’un, il regarda Kate et demanda : « Qu’est-ce que vous pensez de l’affaire jusqu’à maintenant ? »

« Je pense que nous avons affaire à un assassin qui cible un certain type de victimes. Karen Hopkins et Marjorie Hix avaient toutes les deux la cinquantaine et étaient seules chez elles. Je suppose que le tueur savait que leurs maris ne seraient pas là. Et je pense également qu’il avait pris le temps de bien connaître leur maison, vu qu’il n’y a aucun signe d’entrée par effraction. Alors… notre assassin a un type en particulier et il prépare minutieusement ses coups. À part ça… je n’ai rien d’autre. »

« Et je pourrais ajouter autre chose, » dit Bannerman. « Il n’y avait aucun signe de lutte non plus. Alors l’assassin savait comment entrer sans déclencher l’alarme et frapper sans que les victimes s’y attendent. Ce qui me fait penser que ce sont les victimes qui ont invité le tueur à entrer. Qu’elles le connaissaient. »

Kate en était arrivée à la même conclusion mais elle laissa Bannerman l’exprimer. Elle aimait bien l’entendre parler. Son âge avancé lui donnait un air de sagesse et elle appréciait tout particulièrement son expérience. Normalement, travailler en collaboration avec la police locale lui paraissait plutôt un handicap, mais elle commençait vraiment à beaucoup apprécier Bannerman.

Au moment où elle hochait la tête en signe d’acquiescement, DeMarco termina son appel. « On m’a confirmé qu’un technicien a bien été envoyé chez les Hopkins mardi. Apparemment, le service internet était légèrement défaillant dans le quartier depuis lundi soir. Le mardi, il y a eu une dizaine d’appels similaires pour une demande d’intervention. »

« Eh bien, c’est peut-être une conclusion hâtive, mais un technicien internet au moment d’une défaillance dans le service aurait un accès plutôt facile à presque n’importe quelle maison, » dit Kate.

« En fait, ce n’est pas une conclusion si hâtive que ça, » dit DeMarco. « J’ai également demandé si un technicien avait récemment été envoyé chez les Hix. Et il s’avère que Joseph Hix a fait une demande d’intervention il y a deux semaines. Et apparemment, c’est le même technicien qui a répondu aux deux appels. »

« On dirait qu’on tient un suspect, » dit Kate.

« Je suis d’accord, » dit Bannerman. « Mais il faut que vous sachiez que Hexco est un nouveau fournisseur sur Frankfield. C’est une petite entreprise. Je ne pense pas qu’ils aient plus de trois ou quatre techniciens. Du coup, il n’est pas anormal que le même technicien se soit retrouvé aux deux adresses. »

« J’aimerais quand même parler à ce technicien, » dit Kate. « Tu as son nom ? »

« Oui. L’opératrice à qui j’ai parlé lui a envoyé un message en lui demandant de m’appeler. »

« Entretemps, j’aimerais aller inspecter la résidence des Hix, » dit Kate. « Sur les rapports, il est indiqué que la scène avait été nettoyée, mais j’aimerais aller y jeter un coup d’œil moi-même. »

« J’ai les clés, » dit Bannerman. « Vous pouvez… »

Il fut interrompu par la sonnerie du téléphone de DeMarco. Elle décrocha tout de suite et quand Kate l’entendit se présenter de manière officielle, elle sut qu’il s’agissait du technicien de Hexco. Kate écouta la conversation et comprit qu’elles allaient pouvoir lui parler tout de suite, avant même que DeMarco ait raccroché.

« On le retrouve dans un quart d’heure, » dit DeMarco. « Il veut coopérer mais il avait également l’air un peu effrayé. »

Au moment où Kate ouvrit la porte, Bannerman se leva de sa chaise. « Vous avez besoin que je fasse quelque chose en attendant ? »

Kate réfléchit un instant avant de dire, avec une pointe d’espoir dans la voix : « Vous pouvez peut-être préparer une salle d’interrogatoire. »

***

Le technicien s’appelait Mike Wallace. Il avait vingt-six ans et il avait l’air très nerveux quand Kate et DeMarco le retrouvèrent dans un petit coffee shop à cinq kilomètres du commissariat de Frankfield. Ses yeux passaient de Kate à DeMarco et il ressemblait à ces geckos qui pouvaient bouger les yeux de manière à regarder dans deux directions à la fois.

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