Si elle s’enfuyait - Блейк Пирс 5 стр.


Il avait une tablette avec lui, recouverte d’un étui en cuir usé. Le logo Hexco était estampé sur l’avant.

« Mike, pour l’instant, il s’agit juste de la procédure habituelle et vous n’avez absolument rien à craindre, » dit Kate. « Vous avez juste la malchance que les circonstances jouent contre vous. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

« Eh bien, au cours des deux dernières semaines, vous êtes intervenu dans deux domiciles où des femmes ont été assassinées. Le meurtre le plus récent remonte à mardi dernier. »

« Je suis intervenu à beaucoup de domiciles mardi dernier. Il y a eu une importante interruption de service dans deux quartiers différents. »

« Vous avez un compte-rendu de vos interventions sur cette tablette ? » demanda DeMarco, en faisant un geste de la tête en direction de l’appareil qui était posé sur la table.

« Oui. »

« Est-ce que vous pouvez nous montrer le compte-rendu de l’intervention de mardi chez les Hopkins ? »

« Bien sûr, » dit-il. Il pianota sur la tablette, fit défiler l’écran et l’agrandit avec ses doigts. Kate remarqua qu’il tremblait légèrement. Il était visiblement nerveux. Il ne restait plus qu’à savoir si c’était parce qu’il leur cachait quelque chose ou si c’était juste le fait de se retrouver en présence de deux agents du FBI.

« Là, » dit-il, en faisant glisser la tablette vers elles. « Je suis arrivé à dix heures quarante-deux du matin et je suis reparti à dix heures quarante-six. »

« Ça a été vraiment rapide, » dit Kate. « Je ne me rappelle pas qu’un problème de service internait ait jamais été réglé aussi vite chez moi. À quoi était due l’interruption de service ? »

« On a subi une interruption de service plus importante près de Chicago. Afin de régler le problème, on a dû rétrograder le service dans d’autres endroits. La région de Frankfield ne s’est pas reconnectée comme elle aurait dû. Mais c’était un problème facile à régler. À l’exception d’un seul appel de ce mardi matin, il suffisait juste de réinitialiser manuellement le boîtier d’installation dans chacune des maisons. »

« Et ça ne vous a pris que cinq minutes ? » demanda Kate.

« En fait, la réinitialisation ne prend vraiment que deux ou trois minutes. Mais pour chaque intervention, Hexco exige qu’on démarre le minuteur. Une fois que le minuteur est lancé, je dois introduire les données de l’endroit, avant de me rendre jusqu’au boîtier d’installation. La réinitialisation en elle-même ne prend que deux minutes. Après ça, je connecte un appareil pour tester le boîtier et vérifier que le problème est réglé. Ça prend environ trente secondes. Puis je retourne à ma camionnette, j’introduis le rapport de la visite et j’éteins le minuteur. »

Il parlait de manière nerveuse et ses mains tremblaient toujours. Il s’en rendit compte et essaya d’arrêter les tremblements en les croisant sur la table.

« Alors c’est ce que vous avez fait chez les Hopkins entre dix heures quarante-deux et dix heures quarante-six ? » demanda Kate.

« Oui, madame. »

« Avez-vous parlé à Karen Hopkins au cours de votre visite ? »

« Non. Hexco a envoyé un email collectif pour prévenir que des techniciens allaient être envoyés pour régler le problème. Vu que ce n’est pas un service facturé au client, nous ne sommes pas obligés de les voir pour qu’ils signent. Je doute même qu’elle ait remarqué ma présence. »

Ça tenait la route même si quatre minutes, c’était plus que suffisant pour entrer dans la maison et étrangler quelqu’un. Mais le fait que son rapport montre exactement quand la réinitialisation avait été effectuée et à quel moment il avait testé le boîtier laissait peu de marge de mouvement.

« Est-ce que vous pourriez nous montrer l’intervention que vous avez effectuée chez les Hix il y a deux semaines ? » demanda Kate.

« Oui. Vous avez le prénom ? »

« Marjorie, ou peut-être son mari, Joseph, » dit DeMarco.

Mike refit les mêmes manipulations et obtint un résultat en moins de vingt secondes. À nouveau, il fit glisser la tablette vers elles. Pendant qu’elles y jetaient un coup d’œil, il fit de son mieux pour leur donner des explications.

« Là… il y a exactement deux semaines. C’est en réponse à une plainte concernant la vitesse du service. Ils avaient appelé pour augmenter la vitesse de leur connexion mais ça n’avait pas pris. Ça arrive parfois quand c’est fait à distance, par téléphone. Alors j’y suis allé et je l’ai fait moi-même. »

« D’après votre rapport, ça vous a pris environ un quart d’heure, » dit Kate.

« Oui, le petit appareil que j’utilise pour tester la puissance du signal ne fonctionnait pas bien. Si vous voulez, je peux vous montrer la demande que j’ai faite à Hexco pour en avoir un nouveau. »

« Ce ne sera pas nécessaire, » dit Kate. « Je vois ici que Marjorie Hix a signé pour le service. Vous êtes entré dans la maison ? »

« Oui, madame. Il fallait que je vérifie leur modem. Je leur ai conseillé d’en acheter un nouveau parce que le leur était un peu dépassé. »

Kate remarqua à nouveau que les mains de Mike se mettaient à trembler nerveusement. C’était bien trop visible pour l’ignorer.

« Son mari était là ? » demanda-t-elle, en dissimulant le fait qu’elle avait remarqué sa nervosité.

« Je ne pense pas. »

Kate regarda à nouveau le compte-rendu. Sur base de ses rapports et de son récit, tout semblait concorder. C’était néanmoins une trop grosse coïncidence à ses yeux. Elle observa le visage de Mike pendant un moment, en essayant d’y voir un signe quelconque mais elle ne vit rien.

« Merci beaucoup, Mike, » finit-elle par dire. « On en a terminé. Vous pouvez retourner travailler. Merci pour votre aide. »

« Avec plaisir, » dit Mike, en reprenant sa tablette. « J’espère que vous attraperez ce type. »

« Oui, » dit DeMarco. « Nous aussi. »

Ils sortirent ensemble du coffee shop. Mike leur fit un petit geste la main en s’asseyant derrière le volant de sa camionnette Hexco.

« Son histoire a l’air de tenir la route, » dit DeMarco, en se dirigeant vers la voiture.

« Oui, c’est vrai. Mais c’est une trop grosse coïncidence… »

« Et ça te chipote, c’est ça ? »

« Oui, ça… et le fait qu’il tremblait comme une communiante. »

« Jolie métaphore, » dit DeMarco, en riant.

Elles regardèrent Mike sortir du parking et restèrent silencieuses. Kate avait à nouveau envie de prendre son téléphone pour voir si Mélissa lui avait laissé un message… et pour savoir si elle était vraiment fâchée.

Plus tard, se dit-elle. Il faut que je garde le sens des priorités.

Mais ce message potentiel qui l’attendait sur son téléphone lui faisait l’effet d’une bombe oubliée quelque part, prête à exploser.

CHAPITRE CINQ

La maison des Hix se trouvait à environ dix-huit kilomètres de celle des Hopkins. Située juste à l’extérieur des limites municipales de Frankfield, elle était assez près de la ville pour donner à Bannerman et ses hommes autorité sur l’affaire. Chicago ne se trouvait qu’à une vingtaine de minutes vers le Sud et cet endroit était un peu une zone floue point de vue juridiction. Le quartier était un peu moins extravagant que celui des Hopkins, mais de peu. Les jardins étaient plus petits et étaient séparés de ceux des voisins par des ormes et des chênes énormes. Sous la pluie, les arbres donnaient une allure un peu gothique au quartier, au moment où Kate et DeMarco se garèrent dans l’allée qui menait à la maison des Hix.

DeMarco utilisa la clé que Bannerman leur avait donnée pour entrer dans la maison. D’après ce qu’on leur avait dit, le mari avait déménagé à Chicago juste après l’enterrement, pour rester chez son frère. Elles ne savaient pas du tout quand il comptait revenir chez lui.

Mais au moment où Kate et DeMarco entrèrent dans la maison, une autre voiture vint se garer dans l’allée, juste derrière elles. Les agents attendirent devant la porte, pour voir de qui il s’agissait. Elles virent une femme blonde d’âge moyen sortir d’une très belle Mercedes. Kate remarqua que la voiture avait des plaques d’immatriculation d’agence immobilière.

« Bonjour, » dit la femme, en s’approchant des marches qui menaient au porche. Elle avait l’air visiblement surprise. « Est-ce que je peux vous demander qui vous êtes ? »

Kate lui montra directement son badge. « Agents Wise et DeMarco du FBI. Vous êtes agent immobilier, c’est bien ça ? »

« C’est ça. Nadine Owen. Je suis là pour faire une dernière inspection de la maison avant de la mettre sur le marché. »

« Je ne savais pas qu’elle allait être mise en vente, » dit Kate.

« On nous a appelés hier matin. Monsieur Hix ne reviendra pas y vivre. Il a envoyé une équipe de déménageurs demain matin pour tout emballer. Je viens faire un dernier tour d’inspection pour m’assurer que les déménageurs n’abîment rien. Elle sera déjà bien assez difficile comme ça à vendre. »

« Pourquoi ? » demanda DeMarco.

Kate connaissait la réponse, vu qu’elle avait déjà travaillé sur plusieurs affaires où un agent immobilier avait été impliqué. « Les agences immobilières sont obligées de le communiquer quand un meurtre récent a été commis dans la propriété, » dit Kate.

« C’est ça, » dit Nadine. « Et dans ce cas-ci, monsieur Hix fait don de presque tout ce qu’il a. Il était vraiment effondré quand je l’ai eu au téléphone. Il ne veut rien qui puisse lui rappeler sa femme dans la nouvelle maison où il s’installera. C’est assez triste, en fait. »

À mes yeux, c’est plutôt suspect, si tu veux mon avis, pensa Kate.

« Ça fait combien de temps que monsieur Hix est à Chicago ? » demanda-t-elle.

« Il est parti le lendemain de l’enterrement… alors, je pense que ça fait trois jours. »

« Si ça ne vous dérange pas, nous aimerions jeter un coup d’œil à la maison avant que vous fassiez votre tour d’inspection, » dit Kate.

« Bien entendu. »

Les trois femmes entrèrent dans la maison. Kate la trouva immaculée. Elle n’était pas aussi jolie que la maison des Hopkins, mais c’était néanmoins le genre de maison que Kate ne pourrait jamais se permettre. Et ce n’était pas seulement la maison ; les meubles aussi avaient l’air de coûter un os.

Elle s’avança, avec DeMarco sur les talons qui consultait les rapports de police. Elle en lut à haute voix les parties les plus importantes.

« Marjorie Hix a été retrouvée morte sur le sol de sa chambre à coucher, dans l’embrasure de la porte menant à la salle de bains, » lut-elle. « Elle a également été étranglée mais il n’y avait pas de sang, ni d’entaille, comme dans le cas de Karen Hopkins. Elle avait des hématomes autour du cou mais il n’y avait aucune empreinte de main. Apparemment, elle aurait été étranglée avec une ceinture ou une sorte de corde. »

Le rez-de-chaussée était un vaste espace ouvert et le salon était séparé de la cuisine par une grande colonne. Dans le salon, une petite télé de style moderne était posée entre deux étagères. Un piano aux allures élégantes permettait également de séparer les espaces. Kate ne s’y connaissait pas vraiment en pianos mais elle était presque certaine qu’il s’agissait d’un baby grand Steinway… qui valait probablement l’équivalent d’une année de son salaire. Il était difficile d’imaginer que le mari puisse faire don de ce genre de piano, plutôt que de le vendre. Ça lui semblait tout de même bizarre.

Un espace de lecture et un petit bureau se trouvaient dans un coin à gauche et faisaient face à un vaste porche, visible à travers une baie vitrée. Tout l’espace était conçu de manière pittoresque et agréable.

« Tu peux me rappeler ce que disent les rapports concernant les preuves récoltées par la police ? » demanda Kate.

« Le mari a donné volontairement son propre ordinateur, et il lui fut rendu assez rapidement, » dit DeMarco, en continuant à lire dans les rapports. « Il a également donné l’ordinateur et le téléphone portable de Marjorie. Il y avait une ceinture dans la penderie à l’étage qui a été envoyée à la police scientifique, afin de vérifier s’il s’agissait de l’arme du crime. Mais il a été prouvé que ce n’était pas le cas. »

Elles inspectèrent encore un peu le rez-de-chaussée, avant de gravir les marches qui menaient à l’étage. L’escalier se trouvait sur le côté droit, parallèlement au petit bureau. L’étage consistait en un vaste couloir et quatre pièces : une salle de bains, deux chambres d’invités et une énorme chambre avec salle de bains. Elles se rendirent directement dans la chambre à coucher principale et s’arrêtèrent à l’entrée pour observer l’endroit.

Le lit n’avait pas été fait, mais à part ça, la pièce était impeccable. Kate regarda l’endroit qui se trouvait devant la salle de bains et essaya d’y imaginer un corps sans vie. Elle savait que les photos de la scène de crime se trouvaient dans les dossiers et elle était sûre qu’elle y jetterait un coup d’œil un peu plus tard. Mais pour l’instant, elle voulait essayer d’imaginer la pièce comme pouvait l’avoir vue l’assassin – un assassin qui avait probablement été invité à entrer pour une raison ou une autre.

La disposition de la chambre était telle que quelqu’un qui sortirait de la salle de bains ne verrait pas immédiatement une personne qui serait entrée dans la pièce. Si le tueur était parvenu à entrer dans la chambre pendant que Marjorie Hix était dans la salle de bains, elle ne l’aurait pas vu en sortant.

« Aucun indice et aucune trace dans la chambre, c’est bien ça ? » demanda Kate.

« Aucun. Même pas une goutte de sang. Rien. »

Kate traversa la chambre et s’arrêta à la fenêtre qui se trouvait le plus près du lit. Elle ouvrit les rideaux et vit qu’elle donnait sur un jardin avec un petit bois dans le fond. Elle alla ensuite dans la salle de bains. Comme la plupart des pièces de la maison, elle était vaste et de bon goût. Elle s’accroupit et regarda en-dessous des armoires qui se trouvaient sous l’évier. À part un peu de poussière, il n’y avait rien d’autre.

« Ils avaient quel genre de système de sécurité ? » demanda Kate.

« Hum, » dit DeMarco, en feuilletant les rapports. « Apparemment, ils n’en avaient pas. Mais ils ont une caméra à la porte d’entrée. »

« C’est parfait. Est-ce que la police y a eu accès ? »

« Oui. Il est dit ici que le mari a donné le mot de passe à Bannerman. Apparemment, les enregistrements sont accessibles à travers l’appli de la caméra. »

« On sait quel est le nom de l’appli ? »

« Ce n’est pas indiqué. Mais je suis sûre que Bannerman doit le savoir. »

« Attends, il y a peut-être un autre moyen, » dit Kate. Elle sortit de la chambre à coucher, avec DeMarco sur les talons.

Elles trouvèrent Nadine Owen occupée à inspecter les murs du salon, à la recherche d’éraflures préexistantes à l’arrivée des déménageurs. « Mademoiselle Owen, » dit Kate. « Est-ce que vous connaissez le nom de l’appli que les Hix utilisaient pour leur caméra à l’entrée ? »

« Oui, » dit-elle. « Quand le mari m’a appelée pour mettre la maison en vente, il m’a donné leur mot de passe pour que je puisse m’y connecter et effacer leur compte avant l’arrivée de nouveaux habitants. »

« Et vous l’avez déjà effacé ? »

« Non. » Nadine eut l’air de comprendre où Kate voulait en venir. Une brève expression d’excitation envahit son visage et elle sortit son téléphone de sa poche. « Je peux me connecter à leur compte si vous voulez. »

« Ce serait vraiment super, » dit Kate.

Nadine s’assit sur l’un des tabourets de la cuisine et ouvrit l’appli. Elle se connecta sur le compte des Hix et en quelques secondes, l’adresse de la maison apparut. Nadine cliqua dessus et une page avec un calendrier apparut à l’écran.

« L’appli permet de visionner les soixante derniers jours. Au-delà de cette date, tout est stocké dans le cloud. »

« Soixante jours, c’est plus que suffisant. En fait, je n’ai besoin de vérifier que deux jours en particulier. »

« J’imagine que l’un d’entre eux est le jour où elle a été assassinée, c’est bien ça ? »

« Oui, s’il vous plaît. »

« Comment est-ce que ça fonctionne exactement ? » demanda DeMarco.

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