Le Mensonge Idéal - Блейк Пирс 2 стр.


L’appartement faisait partie d’un immeuble de vingt étages situé à seulement quelques pâtés de maisons du dernier véritable appartement qu’elle avait occupé dans le quartier à la mode du centre-ville de Los Angeles. Le bâtiment avait sa propre équipe de sécurité complète, pas juste un vigile unique dans le hall. Il y avait toujours trois vigiles en fonction. L’un d’eux patrouillait dans le garage pendant qu’un autre inspectait régulièrement tous les étages.

Le garage était sécurisé par une porte surveillée par un vigile 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les vigiles qui se relayaient à ce poste étaient tous des policiers à la retraite. Un détecteur de métaux était intégré à l’entrée réservée aux non-résidents du bâtiment. Tous les ascenseurs et les appartements avaient un accès double par clé et par empreinte digitale. Tous les étages de l’immeuble, dont la laverie, la salle de gym et la piscine locales, avaient plusieurs caméras de sécurité. Tous les appartements avaient des boutons d’alerte et un accès direct au bureau de sécurité par interphone. Or, ce n’étaient là que les services fournis par l’immeuble.

En plus, Jessie avait son arme de service et les mesures de sécurité supplémentaires que les marshals l’avaient aidée à installer à l’intérieur de l’appartement. Ces mesures comprenaient du verre incassable et à l’épreuve des balles pour les fenêtres et la porte coulissante du patio, une porte de devant à double épaisseur qui ne pouvait être défoncée que par un bélier professionnel de policier et des caméras intérieures à détecteur de mouvement et de chaleur que Jessie pouvait allumer ou éteindre à l’aide de son téléphone.

Finalement, il y avait une dernière précaution, la préférée de Jessie. Elle habitait au treizième étage, alors que, comme dans beaucoup d’immeubles, il était supposé ne pas exister. Il n’y avait pas de bouton numéro treize dans l’ascenseur. L’ascenseur de service pouvait mener à cet étage, mais il fallait qu’un vigile accompagne tous ceux qui le prenaient. Pour accéder au treizième étage en circonstances normales, il fallait sortir au douzième ou au quatorzième et ouvrir une porte d’apparence quelconque du hall principal qui portait l’inscription « Salle du panneau de service ».

En fait, cette porte menait vraiment à une petite pièce qui contenait le panneau de service. Cependant, au fond de la pièce, il y avait une autre porte qui portait l’inscription « Rangement » et que l’on ne pouvait ouvrir qu’avec une clé spéciale. Cette porte menait à un escalier qui permettait d’accéder au treizième étage, qui contenait huit appartements, tout comme les autres étages.

Cependant, chacun de ces appartements était occupé par une personne qui accordait visiblement beaucoup d’importance à la confidentialité, à la sécurité ou aux deux. Au cours de la semaine que Jessie avait passée là, dans les couloirs, elle avait rencontré une actrice de télévision célèbre, un avocat lanceur d’alertes à profil élevé et un animateur de talk-show radio controversé.

Jessie avait gagné beaucoup d’argent lors de son divorce et le coût n’était pas un souci pour elle. De plus, grâce à quelques réductions maison que la police de Los Angeles et du marshal Service lui avaient obtenues, ces services n’étaient pas aussi chers qu’elle l’aurait cru. De toute façon, pour être tranquille, cela en valait la peine. Certes, elle avait aussi cru que son dernier appartement avait été sans danger.

Sa cafetière fit bip et elle alla se verser une tasse. Alors qu’elle la préparait en y ajoutant de la crème et du sucre, elle se demanda si la police avait pris des mesures spéciales pour protéger Hannah Dorsey. Hannah était la fille de dix-sept ans qui avait été attachée et bâillonnée par Xander Thurman et forcée de le regarder assassiner ses parents et essayer de tuer Jessie.

Jessie pensait souvent à Hannah, en partie parce qu’elle se demandait si cette fille tenait bon dans sa famille d’adoption après avoir subi un tel traumatisme. Jessie avait subi quelque chose de semblable pendant son enfance, mais elle avait été beaucoup plus jeune : elle n’avait eu que six ans. Xander l’avait attachée dans une cabane isolée et forcée à le regarder torturer et tuer la mère de Jessie, sa propre épouse.

Cette expérience avait laissé des séquelles permanentes et elle était sûre qu’il devait en être de même pour Hannah. Bien sûr, ce que cette fille ne savait pas, ce qu’elle avait la chance énorme d’ignorer, c’était que Xander était aussi son père, ce qui signifiait qu’elle était la demi-sœur de Jessie.

Selon les autorités, Hannah savait qu’elle était adoptée mais ne connaissait pas l’identité de ses parents biologiques. De plus, comme on avait interdit à Jessie de la rencontrer suite à l’épreuve qu’elles avaient partagée, Hannah ne savait pas qu’elles étaient de la même famille. Jessie avait eu beau demander la permission de parler à Hannah et promettre de ne pas lui révéler ce qui les unissait, toutes les personnes qui avaient autorité dans ce domaine avaient été d’accord pour dire que Jessie ne devait pas revoir Hannah avant que les médecins soient certains que Hannah pourrait le supporter.

Sur un plan purement intellectuel, Jessie comprenait cette décision et allait même jusqu’à l’approuver. Cependant, à un niveau plus profond, elle avait très envie de parler à Hannah. Elles avaient tant de choses en commun. Leur père était un monstre. Leurs mères étaient des mystères. Hannah n’avait jamais rencontré la sienne et Jessie ne se souvenait de la sienne que vaguement. Or, tout comme Xander avait tué les parents adoptifs de Hannah, il avait tué ceux de Jessie.

Malgré tout cela, elles n’étaient pas seules. Elles avaient chacune une liaison familiale susceptible d’offrir de la consolation et un espoir de guérison. Elles avaient chacune une sœur, chose que Jessie n’aurait jamais imaginée possible. Elle avait très envie d’entrer en contact avec Hannah et de créer un lien avec le seul autre membre de sa lignée qui ait survécu.

Et pourtant, alors même qu’elle désirait communiquer avec cette fille, Jessie ne pouvait s’empêcher de s’interroger.

Si cette fille faisait ma connaissance, est-ce qu’elle en retirerait plus de mal que de bien ?

CHAPITRE DEUX

L’homme rôdait dans le hall extérieur de l’immeuble d’appartements en regardant par-dessus son épaule toutes les quelques secondes. C’était tôt le matin et un homme comme lui, aussi épais qu’un tank, afro-américain et affublé d’un sweat à capuche, avait tendance à attirer l’attention.

Il était au huitième étage, juste devant l’appartement de la femme qui, savait-il, habitait là. Il savait aussi à quoi ressemblait sa voiture et, comme il l’avait vue dans le garage du dessous, il en déduisait qu’elle devait être chez elle. Par précaution, l’homme frappa doucement à la porte de devant.

Il n’était même pas sept heures du matin et il ne voulait pas que des voisins tôt levés l’observent avec curiosité. Il faisait froid dehors, ce matin, et l’homme ne voulait pas enlever sa capuche. Cependant, craignant de trop attirer l’attention, il baissa la capuche, exposant sa peau à la morsure du vent.

Quand personne ne répondit, il essaya sans y croire d’ouvrir la porte. Il était sûr qu’elle devait être verrouillée et elle l’était. Il alla à la fenêtre d’à-côté. Il voyait qu’elle était légèrement ouverte. Il se demanda s’il fallait vraiment qu’il insiste. Après un moment d’hésitation, il se décida, remonta brusquement la fenêtre et entra ainsi dans l’appartement. Il savait que, si quelqu’un le voyait, il appellerait la police, mais il avait décidé que le risque en valait la peine.

Quand il se retrouva à l’intérieur, il essaya de se rendre discrètement dans la chambre. Toutes les lumières étaient éteintes et il y avait une odeur étrange qu’il n’arrivait pas à identifier. Quand il s’enfonça dans l’appartement, il eut un frisson sans aucun rapport avec le temps qu’il faisait. Il atteignit la porte de la chambre, tourna doucement la poignée et regarda à l’intérieur.

Sur le lit, il y avait la femme qu’il s’était attendu à voir. Elle semblait être en train de dormir, mais il y avait quelque chose de bizarre. Même dans la faiblesse de la lumière matinale, sa peau avait l’air étrangement pâle. De plus, elle ne semblait pas bouger du tout. Sa poitrine ne montait ni ne descendait. Elle n’effectuait pas le moindre mouvement. Il entra dans la chambre et avança jusqu’au lit. À présent, l’odeur était accablante, une puanteur qui sentait la putréfaction et qui le faisait pleurer en lui donnant mal à l’estomac.

Il voulait tendre le bras et la toucher, mais il ne pouvait pas s’y résoudre. Il voulait dire quelque chose, mais il ne trouvait pas les mots. Finalement, il se détourna et sortit de la chambre.

Il sortit son téléphone et composa le seul numéro qui lui vint en tête. Après plusieurs sonneries, le téléphone diffusa une voix enregistrée. Il appuya sur plusieurs boutons et repartit dans le salon de l’appartement en attendant une réponse. Finalement, une voix se fit entendre.

— 911. Quelle est votre urgence ?

— Euh, je m’appelle Vin Stacey. Je crois que mon amie est morte. Elle s’appelle Taylor Jansen. Je suis venu à son appartement parce que cela faisait plusieurs jours que je n’arrivais pas à la contacter. Elle est allongée dans son lit, mais elle ne bouge pas et elle … n’a pas l’air normale. Et puis, il y a une odeur.

Ce fut à ce moment que la réalité de la situation le frappa. Taylor, femme vivace et enthousiaste, gisait morte à moins de neuf mètres de lui. Il se pencha et vomit.

*

Assise à l’arrière, Jessie espérait que c’était la dernière fois. Le véhicule des U.S. Marshals entra dans le parking du Poste Central de la police de Los Angeles et se gara dans une place réservée aux visiteurs. À cet endroit-là, le patron de Jessie, le capitaine Roy Decker, l’attendait.

Il n’avait pas l’air très différent de la dernière fois où elle l’avait vu. Il avait presque soixante ans, mais il avait l’air beaucoup plus âgé. Il était grand et maigre, quasiment chauve, avait le visage très ridé, le nez pointu et de petits yeux pénétrants. Il parlait à un agent en uniforme mais, visiblement, il était venu rencontrer Jessie.

— Ouah, dit-elle d’un ton sarcastique aux marshals assis à l’avant, j’ai l’impression d’être une femme du dix-huitième siècle que son père remet formellement à son mari.

Le marshal assis sur le siège du passager la regarda d’un air renfrogné. Il s’appelait Patrick Murphy, même si tout le monde l’appelait Murph. Petit et svelte, avec des cheveux marron coupés très court, il donnait l’impression d’être un homme terre à terre, même si cela s’avérait être un peu une pose.

— Dans ce scénario, il faudrait un mari qui voudrait de toi, chose que je trouve fort peu crédible, dit l’homme qui avait organisé une grande partie de la protection de Jessie pendant qu’elle avait essayé d’échapper à plusieurs tueurs en série.

Seule une trace très légère de sourire aux coins de sa bouche suggérait qu’il plaisantait.

— Comme toujours, tu es un prince parmi les hommes, Murph, dit Jessie avec une fausse politesse. Je ne sais pas comment je vais pouvoir me débrouiller sans le soutien permanent de ton charme.

— Moi non plus, marmonna-t-il.

— Ou sans votre sens exceptionnel de la conversation, marshal Toomey, dit-elle au chauffeur, un homme énorme à la tête rasée et au visage sans expression.

Toomey, qui ne prenait que rarement la parole, hocha la tête en silence.

Le capitaine Decker, qui avait fini de parler à l’agent, regarda Jessie et les deux autres avec impatience, attendant qu’ils sortent de la voiture.

— J’imagine que c’est fini, dit Jessie en ouvrant la portière et en sortant avec plus d’énergie qu’elle n’en ressentait. Comment allez-vous, capitaine ?

— Je vais avoir plus de problèmes aujourd’hui qu’hier, maintenant que je dois à nouveau vous gérer, dit-il.

— Je vous jure, capitaine, que Murph ici présent a récupéré une dot importante pour moi. Je promets de ne pas être un fardeau et de toujours payer ma nourriture.

— Quoi ? demanda-t-il, perplexe.

— Oh, papa, dit-elle en se retournant vers Murph, faut-il que je quitte la ferme ? Vous allez terriblement me manquer, toi et maman.

— Qu’est-ce qui se passe, bon sang ? demanda Decker d’un ton autoritaire.

Murph se força à afficher un masque de sérieux et se tourna vers le policier confus qui s’était approché de la vitre côté passager.

— Capitaine Decker, dit-il solennellement en lui tendant le porte-bloc avec une feuille de papier dessus, le devoir de protection du U.S. Marshal Service n’est plus nécessaire. Par la présente, je renonce officiellement à la garde de Jessie Hunt et je la remets à la Police de Los Angeles.

— La garde ? répéta Jessie avec irritation.

Murph continua sans tenir compte d’elle.

— Toutes les mesures de sécurité supplémentaires sont maintenant à la charge de votre département. Vous le reconnaîtrez en signant ce document.

Decker prit le porte-bloc et signa le papier sans le lire. Alors, il le rendit et regarda Jessie.

— Bonne nouvelle, Hunt, dit-il de façon bourrue sans l’enthousiasme avec lequel on annonçait habituellement les bonnes nouvelles. Les inspecteurs qui essaient de retrouver Bolton Crutchfield ont trouvé des vidéos d’un homme qui correspond à sa description et qui a traversé la frontière mexicaine hier. Vous êtes peut-être finalement débarrassée de ce gars.

— A-t-il été identifié par reconnaissance faciale ? demanda-t-elle d’un air sceptique en renonçant à sa fausse voix pour la première fois.

— Non, admit-il. Il a gardé la tête baissée pendant toute la traversée du pont, mais il correspond presque parfaitement à la description physique. En outre, le fait qu’il ait pris soin de ne jamais se laisser filmer nettement suggère qu’il savait ce qu’il faisait.

— C’est effectivement une bonne nouvelle, dit-elle en décidant de ne pas en dire plus sur la question.

Elle était certes d’avis qu’elle n’était probablement plus dans le collimateur de Crutchfield, mais pas grâce à une surveillance vidéo sommaire qui semblait beaucoup trop commode. Bien sûr, elle savait qu’elle ne pouvait pas dire à Decker que la seule chose qui la rassurait vraiment était le faible que le tueur était supposé avoir pour elle.

— Vous êtes prête à retourner au travail ? demanda-t-il, convaincu d’avoir résolu toutes les inquiétudes qu’elle aurait pu encore avoir.

— Dans juste une minute, capitaine, dit-elle. J’ai juste besoin de dire rapidement un mot aux marshals.

— Faites-le vite, dit Decker en s’éloignant de plusieurs pas. Une longue journée au bureau vous attend.

— Oui, monsieur, dit-elle avant de se pencher vers la vitre du conducteur.

— Je crois que c’est toi qui me manqueras le plus, l’Épouvantail, dit-elle à Toomey.

Toomey avait été son premier marshal pendant les deux derniers mois. Il répondit à Jessie d’un hochement de tête. Apparemment, aucun mot n’était nécessaire. Alors, elle passa côté passager et regarda Murphy d’un air coupable.

— Sérieusement, je voulais juste dire que j’ai énormément apprécié tout ce que tu as fait pour moi. Tu as mis ta vie en danger pour me protéger et je ne l’oublierai jamais.

Murphy marchait encore avec des béquilles, mais on lui avait retiré ses plâtres aux jambes la semaine dernière pour les remplacer par des bottes souples. C’était à peu près à la même période qu’on lui avait permis d’enlever l’écharpe qu’il avait portée au bras.

Назад Дальше