Directive Principale - Джек Марс 2 стр.


Smith hocha la tête.

— Certes.

Il regarda le pilote.

— Il nous reste combien jusqu’à la cible ?

Bolger secoua la tête.

— Trop loin.

— Le lieu de rendez-vous ?

— Laissez tomber.

— Pouvons-nous leur échapper ?

Bolger haussa les épaules.

— Avec cet appareil ? J’imagine qu’on peut essayer.

Prenez des mesures d’évitement, faillit dire Smith.

Cependant, avant qu’il ait pu former les mots, une lumière forte s’alluma brusquement juste devant eux. Dans cette capsule minuscule, l’effet fut aveuglant.

— Faites demi-tour, dit Smith en se protégeant les yeux. Ces gens-là ne sont pas des amis.

Le pilote fit brusquement virevolter le Nereus à 360 degrés. Avant qu’il ait pu terminer la manœuvre, une autre lumière aveuglante arriva derrière eux. Ils étaient encerclés, devant et derrière, par des submersibles semblables au leur. Cependant, malgré les similitudes entre ces appareils, Smith connaissait les submersibles ennemis. Ils avaient été conçus et fabriqués dans les années 1960, pendant l’ère des calculatrices de poche.

Il faillit frapper l’écran qui se trouvait devant lui. Bordel ! En plus, il y avait ce grand objet qui arrivait de plus loin, probablement un sous-marin d’attaque.

La mission, top secrète, allait être un échec cuisant, mais il y avait pire que ça, vraiment pire. Le pire, c’était Reed Smith lui-même. Il ne fallait en aucun cas qu’on le capture.

— Davis, qu’est-ce qu’on peut faire ?

— On peut essayer de s’enfuir, dit Davis, mais, personnellement, je préférerais leur laisser ce tas de ferraille et rester en vie.

Smith grogna. Il ne voyait rien et il ne pouvait que mourir à l’intérieur de cette bulle ou … il ne voulait pas penser aux autres possibilités.

Génial. Qui avait eu l’idée de cette mission, déjà ?

Il tendit la main vers son mollet et ouvrit la fermeture Éclair de son pantalon cargo. Il avait un minuscule Derringer à deux coups scotché à la jambe. C’était son arme de suicide. Il arracha l’adhésif à son mollet, sentant à peine les poils venir avec. Il se mit l’arme à la tête et inspira profondément.

— Que faites-vous ? demanda Bolger d’une voix soudain inquiète. Vous ne pouvez pas tirer là-dedans. Vous perceriez la coque du submersible. Nous sommes à trois cents mètres sous la surface.

Il désigna la bulle qui les entourait.

Smith secoua la tête.

— Vous ne comprenez pas.

Soudain, le gamin des forces spéciales arriva derrière lui. En se tortillant comme un serpent épais, il saisit puissamment le poignet à Smith. Comment avait-il pu bouger si vite dans un espace aussi restreint ? Pendant un moment, ils grognèrent et luttèrent, à peine capables de bouger. Le gamin avait l’avant-bras autour de la gorge de Smith. Il frappa la main de Smith contre le tableau de bord.

— Laissez-la tomber ! cria-t-il. Lâchez l’arme !

Alors, l’arme disparut. Smith envoya les pieds vers le bas et poussa violemment vers l’arrière en essayant de se débarrasser du gamin.

— Vous ne savez pas qui je suis.

— Arrêtez ! cria le pilote. Arrêtez de vous battre ! Vous heurtez les commandes.

Smith réussit à sortir de son siège mais, maintenant, le gamin était au-dessus de lui. Ce gamin était fort, d’une force étonnante, et il força Reed à s’accroupir entre le siège et le bord du submersible. Il y cala Reed et le poussa pour qu’il se roule en boule. Le gamin était au-dessus de lui, maintenant, et il respirait lourdement. Son haleine, qui sentait le café, soufflait dans l’oreille de Reed Smith.

— Je peux vous tuer, compris ? dit le gamin. Je peux vous tuer. Si c’est ce qu’il faut faire, je le ferai, mais vous ne pouvez pas tirer là-dedans. On veut vivre, moi et l’autre.

— J’ai de gros problèmes, dit Reed. S’ils m’interrogent … S’ils me torturent …

— Je sais, dit le gamin. Je comprends.

Il s’interrompit. Son souffle arrivait rauque et sec.

— Voulez-vous que je vous tue ? Je le ferai. À vous d’en décider.

Reed y réfléchit. L’arme aurait facilité les choses. Il n’aurait pas eu besoin de réfléchir. Un coup de gâchette rapide, puis … l’au-delà. Pourtant, il aimait cette vie. Il ne voulait pas mourir maintenant. Il était possible qu’il y échappe cette fois-ci, qu’ils ne découvrent pas son identité, qu’ils ne le torturent pas.

Les Russes se contenteraient peut-être de confisquer un submersible de pointe puis d’effectuer un échange de prisonniers sans poser trop de questions. Peut-être.

Sa respiration commença à se calmer. Déjà, il n’aurait jamais dû venir ici. Oui, il savait pirater les câbles de communication. Oui, il avait de l’expérience en missions sous-marines. Oui, il savait travailler dans la discrétion. Cependant …

L’intérieur du submersible était encore baigné de cette lumière brillante, aveuglante. Ils venaient d’offrir un sacré spectacle aux Russes.

Rien que sur ça, les Russes allaient poser quelques questions.

Pourtant, Reed Smith voulait vivre.

— OK, dit-il. OK. Ne me tuez pas. Laissez-moi me relever. Je ne ferai rien.

Le gamin commença à se redresser. Il fallut un moment. Il y avait si peu d’espace dans le submersible qu’ils étaient comme deux hommes assommés en train de mourir piétinés sous les foules de La Mecque. C’était difficile de se dégager.

Quelques minutes plus tard, Reed Smith était de retour sur son siège. Il avait pris sa décision. Il espérait qu’elle s’avérerait être la bonne.

— Allumez la radio, dit-il à Bolger. Voyons ce que ces rigolos ont à dire.

CHAPITRE DEUX

10 h 15, Heure de l’Est

La Salle de Crise

La Maison-Blanche, Washington, DC


— On dirait que cette mission a été mal conçue, dit un assistant. Ici, le problème est le déni plausible.

David Barrett, qui mesurait presque un mètre quatre-vingt-dix-huit, regardait fixement l’homme qui se tenait à côté de lui. L’assistant était blond, perdait ses cheveux, était un peu trop gros et portait un costume qui était trop grand aux épaules et trop petit à la taille. Il s’appelait Jepsum. C’était un nom malencontreux pour un homme peu chanceux. Barrett n’aimait pas les hommes qui mesuraient moins d’un mètre quatre-vingt-deux et il n’aimait pas les hommes qui ne prenaient pas soin de leur forme.

Barrett et Jepsum avançaient rapidement dans les couloirs de l’aile ouest. Ils allaient vers l’ascenseur qui devait les emmener à la Salle de Crise.

— Oui ? dit Barrett, qui perdait patience. Le déni plausible ?

Jepsum secoua la tête.

— C’est ça. Nous n’en avons pas.

Une cohorte de personnes accompagnait Barrett, derrière lui, devant lui, tout autour de lui, des assistants, des stagiaires, des hommes des Services Secrets, des membres du personnel de toutes sortes. Une fois de plus, et comme d’habitude, il ne savait absolument pas qui étaient la moitié de ces gens. Ils étaient une masse indistincte d’humains qui fonçaient avec lui et il les dépassait presque tous d’une tête. Le plus petit aurait pu appartenir à une espèce totalement différente de la sienne.

Les gens de petite taille agaçaient prodigieusement Barrett, et son agacement croissait de jour en jour. David Barrett, Président des États-Unis, était revenu travailler trop tôt.

Seulement six semaines avaient passé depuis que sa fille Elizabeth avait été kidnappée par des terroristes puis sauvée par des commandos américains lors d’une des opérations secrètes les plus osées qui aient eu lieu récemment. Pendant que sa fille avait été prisonnière, David Barrett avait eu une crise de nerfs. Il avait arrêté d’exercer son rôle, et qui aurait pu le lui reprocher ? Ensuite, il avait été lessivé, épuisé et si soulagé qu’Elizabeth soit saine et sauve qu’il n’avait pas les mots pour l’exprimer complètement.

Le groupe tout entier entra dans l’ascenseur, où il se tassa comme des sardines dans une boîte de conserves. Deux hommes des Services Secrets étaient entrés dans l’ascenseur avec eux. C’étaient de grands hommes, l’un noir et l’autre blanc. La tête de Barrett et celles de ses protecteurs surplombaient tous les autres dans la cabine comme des statues sur l’Île de Pâques.

Jepsum continuait à le regarder avec tant de sérieux qu’il en ressemblait presque à un bébé phoque.

— De plus, leur ambassade n’accepte même pas de répondre à nos messages. Après le fiasco du mois dernier aux Nations Unies, je ne crois pas que nous pourrons nous attendre à beaucoup de coopération.

Barrett ne comprenait pas Jepsum mais, quoi qu’il dise, il manquait de détermination. Le Président n’avait-il pas des hommes plus forts que ça à sa disposition ?

Tout le monde parlait en même temps. Avant l’enlèvement d’Elizabeth, Barrett avait souvent piqué une de ses crises de colère coutumières rien que pour faire taire les gens mais, maintenant, il permettait à tout ce troupeau désordonné de déblatérer et le bruit de leurs bavardages était pour lui une forme de musique absurde qu’il laissait passer sans lui prêter attention.

Cela faisait déjà cinq semaines que Barrett avait repris le travail et le temps avait passé à toute vitesse. Il avait renvoyé son chef de cabinet, Lawrence Keller, juste après avoir récupéré sa fille. Keller était petit, lui aussi, un mètre cinquante-cinq au mieux, et Barrett avait fini par soupçonner que Keller avait été déloyal envers lui. Il n’en avait aucune preuve et il ne se souvenait même pas de la raison pur laquelle il le croyait, mais il avait pensé qu’il valait quand même mieux se débarrasser de Keller.

Sauf que, maintenant, Barrett était dépourvu du calme gris et lisse de Keller et de son efficacité implacable. Sans Keller, Barrett se sentait à la dérive, désemparé, incapable de comprendre l’avalanche de crises, de mini-désastres et d’informations toutes simples dont on le bombardait quotidiennement.

David Barrett commençait à penser qu’il allait avoir une autre crise de nerfs. Il avait du mal à dormir. Du mal ? Il dormait à peine. Parfois, quand il était seul, il commençait à faire de l’hyperventilation. Quelques fois, tard dans la nuit, il s’était enfermé dans sa salle de bains privée et y avait pleuré en silence.

Il s’était dit qu’il aimerait suivre une psychothérapie mais, quand on était Président des États-Unis, on ne pouvait pas aller chez le psychologue. Si les journaux et les débats télévisés du câble l’apprenaient … il ne voulait pas imaginer les conséquences.

Ce serait la fin, pour le dire gentiment.

L’ascenseur s’ouvrit sur la Salle de Crise en forme d’œuf. Elle était moderne, comme le poste de pilotage d’un vaisseau spatial dans une série télévisée. Elle était conçue pour maximiser l’espace. De grands écrans étaient fixés aux murs tous les soixante centimètres et un écran de projection géant trônait sur le mur du fond à l’extrémité de la table.

À l’exception du siège personnel de Barrett, tous les sièges en cuir luxueux de la table étaient déjà occupés par des hommes en costume et en surpoids ainsi que par des militaires en uniforme minces et droits comme des i. Un grand homme en uniforme de cérémonie se tenait au bout de la table.

La taille. C’était rassurant, d’une façon ou d’une autre. David Barrett était grand et, la plus grande partie de sa vie, il avait été d’une assurance prodigieuse. L’homme qui se préparait à diriger la réunion serait plein d’assurance, lui aussi. En fait, il débordait d’assurance et d’autorité. Cet homme était un général quatre étoiles.

Richard Stark.

Barrett se souvint qu’il n’appréciait pas beaucoup Richard Stark. Cela dit, à présent, il n’appréciait pas grand-monde. De plus, Stark travaillait au Pentagone. Peut-être le général pourrait-il les éclairer un peu sur ce dernier revers mystérieux.

— Calmez-vous, dit Stark quand la foule que l’ascenseur venait d’expulser se dirigea vers ses sièges.

— Messieurs ! Calmez-vous. Le Président est ici.

Le silence se fit dans la salle. Quelques personnes continuèrent à murmurer, mais même celles-là se turent rapidement.

David Barrett s’assit dans sa chaise à dossier élevé.

— OK, Richard, dit-il. Laissez tomber les préliminaires et la leçon d’histoire. Nous l’avons déjà entendue. Dites-moi seulement ce qui se passe, bon sang.

Stark chaussa une paire de lunettes noires de lecture et baissa les yeux vers les feuilles de papier qu’il avait en main. Il inspira profondément et poussa un soupir.

Sur les écrans disposés autour de la salle, une mer apparut.

— Ce que vous voyez sur les écrans, c’est la Mer Noire, dit le général. Pour autant que nous puissions dire, il y a environ deux heures, un petit submersible contenant trois hommes et possédé par une entreprise américaine du nom de Poseidon Research travaillait loin sous la surface dans les eaux internationales à plus de cent-soixante kilomètres au sud-est de la station touristique criméenne de Yalta. Il semblerait qu’il ait été intercepté et capturé par des éléments de la Marine Russe. Officiellement, la mission du submersible était de trouver et de marquer l’emplacement d’un ancien navire de commerce grec qui aurait coulé dans ces eaux il y a presque vingt-cinq siècles de cela.

Le Président Barrett regarda fixement le général. Il inspira. Cela ne semblait pas du tout poser problème. Pourquoi en faisait-on tant de cas ?

Un sous-marin civil menait des recherches archéologiques dans les eaux internationales. Les Russes se refaisaient une santé après une quinzaine d’années désastreuses et ils voulaient que la Mer Noire redevienne leur lac privé. Donc, ils s’étaient irrités et ils avaient été trop loin. Parfait. Il suffisait de déposer plainte auprès de l’ambassade et de ramener les scientifiques. Peut-être même pourrait-on récupérer aussi le submersible. Ce n’était qu’un malentendu.

— Excusez-moi, Général, mais il me semble que ce serait plutôt aux diplomates de s’occuper de ça. J’apprécie que l’on m’informe d’événements de ce type, mais il semble facile d’échapper à une crise dans ce cas-là. Ne pouvons-nous pas simplement demander à l’ambassadeur —

— Monsieur, dit Stark, je crains que ce soit un peu plus compliqué que ça.

Barrett se sentit immédiatement contrarié que Stark lui coupe la parole devant une salle pleine de gens.

— OK, dit-il, mais j’espère que c’est du sérieux.

Stark secoua la tête et poussa un nouveau soupir.

— M. le Président, Poseidon Research International est une entreprise financée et gérée par la CIA. C’est une couverture. Le submersible en question, le Nereus, faisait semblant d’être un vaisseau de recherche civil. En fait, il était en mission secrète sous l’égide du Groupe des Opérations Spéciales de la CIA et le Commandement Conjoint des Opérations Spéciales. Les trois hommes capturés sont un civil doté de certificats de sécurité de haut niveau, un agent spécial de la CIA et un agent des SEAL.

Pour la première fois en plus d’un mois, David Barrett sentit une vieille sensation familière monter en lui. La colère. C’était un sentiment qu’il appréciait. Ils avaient envoyé un sous-marin en mission d’espionnage dans la Mer Noire ? Barrett n’avait pas besoin de voir une carte sur l’écran pour comprendre les problèmes géopolitiques que cela supposait.

— Richard, excusez-moi d’être franc, mais pourquoi donc avons-nous envoyé un sous-marin d’espionnage dans la Mer Noire ? Voulons-nous faire la guerre aux Russes ? La Mer Noire est leur territoire.

— Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, ce sont des eaux internationales ouvertes à la navigation et nous tenons à ce que cela continue ainsi.

Barrett secoua la tête.

— Évidemment. Que faisait le submersible à cet endroit ?

Le général toussa.

— Il avait pour mission de se connecter aux câbles de communication russes au fond de la Mer Noire. Comme vous le savez, depuis la chute de l’Union Soviétique, les Russes louent le vieux port naval soviétique de Sébastopol aux Ukrainiens. Ce port était le pivot de la flotte soviétique dans la région et il remplit la même fonction pour la Marine Russe. Comme vous pouvez l’imaginer, cet arrangement est instable.

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