Directive Principale - Джек Марс 3 стр.


— Des lignes téléphoniques et des câbles de communication informatique russes traversent le territoire ukrainien de Crimée jusqu’à la frontière russe. Entre temps, il y a eu de plus en plus de tensions entre la Russie et la Géorgie, juste au sud de l’endroit. Nous craignons qu’une guerre n’éclate, peut-être pas maintenant, mais dans un avenir proche.

— Nous avons de très bonnes relations avec la Géorgie et nous aimerions que, avec l’Ukraine, elle rejoigne l’OTAN un jour. Tant qu’elle ne l’aura pas fait, elle sera exposée à une attaque russe. Récemment, les Russes ont déposé des câbles de communication sur le fond de la mer, de Sébastopol à Sotchi, et ils contournent complètement les câbles qui traversent la Crimée.

— La mission du Nereus était de trouver l’emplacement de ces câbles et, si possible, de s’y connecter. Si les Russes décident d’attaquer la Géorgie, la flotte de Sébastopol le saura à l’avance. Il faudra que nous le sachions, nous aussi.

Stark s’interrompit.

— Et la mission a été un échec total, dit David Barrett.

Le Général Stark ne le contesta pas.

— Oui, monsieur. Effectivement.

Barrett ne put que lui être reconnaissant pour sa franchise. Souvent, ces gars-là essayaient de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Eh bien, Barrett ne voulait plus de ce genre d’attitude et Stark venait de recevoir quelques points pour ne pas avoir essayé.

— Malheureusement, monsieur, l’échec de la mission n’est pas vraiment le problème le plus grave que nous ayons. En ce moment, le problème que nous devons résoudre, c’est que les Russes n’ont pas reconnu avoir capturé le submersible. Ils refusent aussi de nous dire où il se trouve ou dans quelles conditions les hommes qui étaient à bord sont détenus. Actuellement, nous ne sommes même pas sûrs que ces hommes soient encore en vie.

— Sommes-nous certains que les Russes ont capturé le submersible ?

Stark hocha la tête.

— Oui. Le submersible est équipé d’un radiobalisage, qui a été éteint. Cependant, il est aussi équipé d’une minuscule puce informatique qui envoie son emplacement à un satellite GPS. La puce ne fonctionne que quand le submersible est à la surface. Les Russes semblent ne pas l’avoir encore détectée. Elle est installée au cœur même des systèmes mécaniques. Il faudra qu’ils démontent entièrement le submersible, ou qu’ils le détruisent, pour que la puce ne fonctionne plus. Entre temps, nous savons qu’ils ont ramené le submersible à la surface et qu’ils l’ont amené dans un petit port à plusieurs kilomètres au sud de Sotchi, près de la frontière avec la Géorgie, ex-état soviétique.

— Et les hommes ? dit Barrett.

Stark hocha la tête et haussa les épaules à moitié.

— Nous pensons qu’ils sont avec le sous-marin.

— Personne ne sait que cette mission a eu lieu ?

— Seulement nous et eux, dit Stark. Nous pensons qu’il a dû y avoir récemment une fuite d’informations chez les participants à la mission, ou dans les agences impliquées. Cette idée est détestable, mais Poseidon Research travaille à visage découvert depuis vingt ans et jamais nous n’avons constaté que sa sécurité avait été violée.

Alors, David Barrett eut une idée étrange.

Quel est le problème ?

C’était une mission secrète. Les journaux n’étaient pas au courant et les hommes impliqués savaient parfaitement quels risques ils prenaient. La CIA connaissait les risques. Les huiles du Pentagone connaissaient les risques. À un niveau ou à un autre, ils avaient dû savoir que c’était une mission extrêmement stupide. Il était certain que personne n’avait demandé au Président des États-Unis la permission d’effectuer cette mission. Il n’apprenait son existence que suite au désastre.

C’était un des aspects de ses relations avec la soi-disant communauté du renseignement qu’il aimait le moins. Ses membres avaient tendance à vous dire les choses quand il était déjà trop tard pour y remédier.

Pendant un instant, il se sentit comme un père furieux qui vient d’apprendre que son fils adolescent a été arrêté pour vandalisme par la police locale. Ce gamin n’aura qu’à passer la nuit en prison. Je le récupérerai demain matin.

— Pouvons-nous les laisser où ils sont ? dit-il.

Stark leva un sourcil.

— Pardon, monsieur ?

Barrett regarda dans la salle. Tous les yeux étaient sur lui. Il était extrêmement sensible à ces deux douzaines de paires d’yeux. De jeunes yeux dans les rangées du fond, des yeux flétris entourés de rides autour de la table, des yeux de hibou derrière leurs lunettes. Cependant, ces yeux, qui lui témoignaient une grande déférence en temps normal, semblaient maintenant le regarder autrement. Ils exprimaient peut-être de la confusion ou peut-être le commencement de …

La pitié ?

— Pouvons-nous les laisser là-bas et négocier discrètement leur libération ? Voilà ce que je demande. Même si ça prend du temps, un mois, six mois, il semblerait que les négociations soient une manière d’éviter d’avoir un autre incident.

— Monsieur, dit le général, je crains que ce soit impossible. L’incident a déjà eu lieu.

— Ah, dit Barrett.

Et juste comme ça, il perdit le contrôle. Ce fut silencieux, comme une brindille qui craque, mais il en avait assez. Cet homme venait de le contredire une fois de trop. Savait-il même à qui il parlait ? Barrett pointa un long doigt vers le général.

— Les carottes sont déjà cuites, c’est ça que vous me dites ? Il faut faire quelque chose ! Vous et vos marionnettes, vous menez un théâtre d’ombres ridicule, vous semez le chaos vous-mêmes et, maintenant, vous voulez que le gouvernement officiel élu par le peuple vous tire d’affaire. Une fois de plus.

Barrett secoua la tête.

— J’en ai assez, Général. Comment trouvez-vous cette situation ? Je ne la supporte plus, d’accord ? Moi, je dis qu’il faudrait laisser ces hommes entre les mains des Russes.

David Barrett parcourut à nouveau les yeux des gens présents dans la salle. À présent, beaucoup de ces gens détournaient le regard, fixaient la table devant eux, regardaient le Général Stark ou des rapports brillants reliés avec des anneaux en plastique. Ils regardaient tout sauf leur Président. C’était comme s’il venait de déposer une crotte particulièrement odorante dans son pantalon. C’était comme s’ils savaient une chose qu’il ne savait pas.

Stark confirma immédiatement que Barrett avait vu juste.

— M. le Président, je ne voulais pas en parler, mais vous ne me laissez pas le choix. Un des hommes de cette équipe a eu accès à des renseignements de la nature la plus sensible. Il a entièrement participé à des opérations secrètes sur trois continents pendant plus de dix ans. Il a une connaissance complète des réseaux d’espionnage américains basés en Russie et en Chine, mais aussi au Maroc, en Égypte, au Brésil, en Colombie et en Bolivie. Dans quelques cas, il a établi ces réseaux lui-même.

Stark s’interrompit. Dans la salle, le silence était absolu.

— Si les Russes torturent cet homme pendant son interrogatoire, la vie de dizaines de gens, qui fournissent pour la plupart des renseignements importants, sera en jeu. Pire que ça, les informations auxquelles ces gens ont accès deviendront à leur tour transparentes pour nos opposants et cela causera encore plus de morts. Des réseaux étendus, que nous avons mis des années à créer, pourraient disparaître en peu de temps.

Barrett regarda fixement Stark. Ces gens-là avaient une audace incroyable.

— Que faisait cet homme sur le terrain, Général ? demanda-t-il d’un ton acerbe.

— Comme je l’ai indiqué, monsieur, Poseidon Research International a fonctionné pendant des décennies sans éveiller de soupçons évidents. L’homme se cachait aux yeux de tous.

— Il se cachait … aux yeux de tous, dit lentement Barrett.

— C’est comme ça qu’on le dit, monsieur. Oui.

Barrett ne répondit rien. Il se contenta de fixer le général du regard et Stark sembla finalement se rendre compte que ses explications étaient largement insatisfaisantes.

— Monsieur, une fois de plus avec tout le respect que je vous dois, je n’ai été en rien impliqué dans la planification ou dans l’exécution de cette mission. Je n’ai appris son existence que ce matin. Je ne fais pas partie du Commandement Conjoint des Opérations Spéciales et je ne suis pas non plus employé par la CIA. Toutefois, j’ai une confiance totale en le jugement des hommes et des femmes qui y travaillent …

Barrett agita les mains au-dessus de la tête, comme pour dire STOP.

— Que pouvons-nous faire, Général ?

— Monsieur, nous ne pouvons faire qu’une chose. Nous devons sauver ces hommes aussi vite que nous le pouvons, si possible avant le début des interrogatoires. Nous devons aussi saborder ce submersible et c’est crucial. Mais cet individu … il faut soit le sauver soit l’éliminer. Tant qu’il sera en vie et entre les mains des Russes, nous aurons à craindre l’imminence d’une catastrophe.

David Barrett attendit longtemps avant de reprendre la parole. Le général voulait sauver les hommes, ce qui suggérait qu’il faudrait lancer une mission secrète. Cependant, s’ils avaient été capturés, c’était à cause d’une violation de sécurité. Suite à une violation de sécurité, fallait-il lancer une autre mission secrète ? On tournait en rond de la pire des façons. Cependant, Barrett ne ressentait pas le besoin de le signaler. Il espérait que même la personne la plus stupide de la salle aurait compris ça.

Alors, il eut une idée. Il allait y avoir une nouvelle mission et il n’allait pas l’attribuer à la CIA ou au Pentagone. C’était eux qui avaient créé ce problème et il ne leur faisait pas confiance pour le résoudre. Il allait confier la mission à quelqu’un d’autre et ça allait déplaire à certains, mais il était clair qu’ils étaient responsables de leur malheur.

Il sourit intérieurement. Cette situation était désagréable, mais elle lui fournissait quand même une opportunité. Elle allait lui permettre de récupérer une partie de son pouvoir. Il était temps de mettre hors jeu la CIA et le Pentagone, la NSA, la DIA, toutes ces agences d’espionnage bien établies.

Savoir ce qu’il allait faire redonna à David Barrett la sensation d’être le chef pour la première fois depuis longtemps.

— Je suis d’accord, dit-il. Il faut sauver ces hommes aussi rapidement que possible et je sais exactement comment nous allons procéder.

CHAPITRE TROIS

10 h 55, Heure de l’Est

Cimetière National d’Arlington

Arlington, Virginie


Dans la tranchée, Luke Stone regardait Robby Martinez. Martinez criait.

— Ils arrivent de tous les côtés !

Martinez avait les yeux écarquillés. Il n’avait plus d’armes. Il avait pris un AK-47 à un Taliban et il transperçait de sa baïonnette tous ceux qui franchissaient le mur. Luke le regardait avec horreur. Martinez était une île, un petit bateau qui affrontait une vague de combattants talibans.

Et il se faisait submerger. Soudain, il disparut sous le tas.

C’était la nuit. Ils essayaient juste de survivre jusqu’à l’aube, mais le soleil refusait de se lever. Ils n’avaient plus de munitions. Il faisait froid et Luke n’avait plus son tee-shirt. Il l’avait arraché dans la chaleur du combat.

Des combattants talibans barbus et enturbannés arrivaient en masse par-dessus les murs de sacs de sable du poste avancé. Ils glissaient, ils tombaient, ils sautaient en bas. Des hommes criaient tout autour de lui.

Un homme franchit le mur avec une hachette en métal.

Luke l’abattit au visage. L’homme tomba mort contre les sacs de sable. Un trou béant avait remplacé son visage. L’homme n’avait plus de visage mais, maintenant, Luke avait la hachette.

Il se plongea dans les combattants qui entouraient Martinez en envoyant des coups partout. Le sang gicla. Il découpait ses ennemis en tranches.

Martinez réapparut. D’une façon ou d’une autre, il était encore debout et il poignardait les ennemis avec la baïonnette.

Luke enfonça la hachette dans le crâne d’un homme. Elle s’y enfonça profondément et il ne put pas l’en ressortir. Même avec l’adrénaline qui faisait rage dans son corps, il n’avait plus de force. Il tira dessus, tira dessus … et renonça. Il regarda Martinez.

— Ça va ?

Martinez haussa les épaules. Son visage était rouge de sang. Son tee-shirt en était saturé. À qui appartenait ce sang ? À lui ? À eux ? Martinez haleta et désigna les corps qui les entouraient.

— Ça allait mieux avant, je peux te le dire.

Luke cligna des yeux et Martinez disparut.

À sa place, il y avait rangée après rangée de pierres tombales blanches. Par milliers, elles couvraient les collines basses verdoyantes jusqu’à l’horizon. C’était une journée lumineuse, ensoleillée et chaude.

Quelque part derrière lui, un joueur de cornemuse solitaire interprétait Amazing Grace.

Six jeunes Rangers de l’armée amenèrent le cercueil brillant drapé dans le drapeau américain dans le cimetière ouvert. Martinez avait été Ranger avant de rejoindre la Force Delta. Les hommes avaient l’air élégants avec leur uniforme de cérémonie vert et leur béret brun clair, mais ils avaient aussi l’air jeunes, très, très jeunes, presque comme des enfants qui jouaient à se déguiser.

Luke regarda fixement les hommes. Il arrivait à peine à penser à eux. Il inspira profondément. Il était épuisé. Il ne se souvenait pas avoir été aussi fatigué, ni à l’école des Rangers, ni pendant le processus de sélection des Deltas ni en zone de guerre.

Le bébé, Gunner, son nouveau-né … ne dormait pas. Pas la nuit et à peine le jour. Donc, lui et Becca, ils ne dormaient pas non plus. De plus, Becca semblait ne pas pouvoir s’arrêter de pleurer. Le docteur venait de lui diagnostiquer une dépression post-partum aggravée par l’épuisement.

Sa mère était venue au chalet vivre avec eux. Ça ne marchait pas. La mère de Becca … par où commencer ? Elle n’avait jamais travaillé de toute sa vie. Elle semblait déroutée que Luke s’en aille tous les matins pour faire son long trajet jusqu’à la banlieue de Washington, DC, située en Virginie. Elle semblait encore plus déroutée qu’il ne revienne que le soir.

Le chalet rustique, situé à un endroit pittoresque sur un petit promontoire au-dessus de la Baie de Chesapeake, était dans la famille de Becca depuis cent ans. Becca allait au chalet depuis sa petite enfance et, maintenant, elle faisait comme si elle en était propriétaire. En fait, elle en était effectivement propriétaire.

Elle insistait pour déménager avec le bébé dans sa maison d’Alexandria. Pour Luke, le plus dur, c’était que cette idée commençait à paraître raisonnable.

Il avait commencé à imaginer qu’il arrivait au chalet après une longue journée de travail et qu’il trouvait l’endroit silencieux comme une tombe. Il pouvait presque observer ce qu’il faisait. Il ouvrait le vieux réfrigérateur vrombissant, prenait une bière et allait sur le patio de derrière. Il était juste à l’heure pour assister au coucher du soleil. Il s’asseyait dans une chaise longue et …

CRAC !

Luke faillit sursauter.

Derrière lui, une équipe de sept fusiliers avait tiré une salve en l’air. Le son se diffusa entre les coteaux. Une autre salve arriva, puis une autre.

C’était un salut à vingt-et-une armes, sept à la fois. C’était un honneur que tout le monde ne méritait pas. Martinez était un ancien combattant très décoré qui avait servi sur deux théâtres d’opérations. À présent, il était mort, suicidé, mais ça n’aurait pas dû arriver.

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