Menace Principale - Джек Марс 4 стр.


— Je vous en supplie, dit l’homme. Je vous dirai tout ce que je sais.

— Oui, c’est exact, dit Murphy, et j’espère que tu éviteras de trop faire l’imbécile.

L’homme secoua la tête, avec insistance, énergiquement. Pendant un moment, il ressembla à un automate, comme ceux que l’on remonte et dont la tête remue jusqu’à ce que le mécanisme ralentisse puis s’arrête.

— Non. Je ne ferai pas l’imbécile.

— Bien, dit Murphy.

Il rejoignit l’homme et lui enleva le chiffon ensanglanté des yeux. L’homme écarquilla les yeux, les fit tourner dans ses orbites, puis regarda Murphy.

— Tu me vois, n’est-ce pas ?

L’homme hocha la tête, très coopératif.

— Oui.

— Sais-tu qui je suis ? dit Murphy. Réponds par oui ou non. Ne mens pas.

L’homme hocha la tête à nouveau.

— Oui.

— Que sais-tu sur moi ?

— Vous êtes une sorte d’agent des Bérets Verts. CIA. Marines. Opérations secrètes. Quelque chose comme ça.

— Sais-tu comment je m’appelle ?

L’homme le regarda fixement.

— Non.

Murphy n’était pas sûr de pouvoir le croire. Il posa une question inoffensive pour tester la franchise de son prisonnier.

— As-tu tué Nisa Kuar Brar et ses deux enfants ? Il n’y a plus aucune raison de mentir, maintenant. Tu m’as vu. On joue cartes sur table.

— J’ai tué la femme, dit l’homme sans hésiter. L’autre gars a tué les enfants. Je n’ai pas participé à ça.

— Comment as-tu tué la femme ?

— Je l’ai traînée dans la chambre et je l’ai étranglée avec un câble informatique. Ethernet Cat 5. Il est résistant, mais pas tranchant. Il fonctionne efficacement sans faire couler beaucoup de sang.

Murphy hocha la tête. C’était exactement de cette manière que le meurtre avait eu lieu. Pour savoir ça, il fallait avoir accès à des informations confidentielles sur la scène de crime. Ce gars était le tueur. Murphy avait trouvé son homme.

— Et Wallace Speck ?

L’homme haussa les épaules.

— Que voulez-vous dire ?

Murphy sentit le découragement l’envahir.

— Tu t’imagines qu’on fait quoi, ici, connard ? dit-il d’une voix qui résonna dans l’obscurité. Tu crois que je suis venu te retrouver dans cette boîte à chaussures en béton en plein milieu de la nuit pour me soigner ? Je ne t’aime pas à ce point. Est-ce que Speck t’a embauché pour tuer cette femme ?

— Oui.

— Et qu’est-ce que Speck sait sur moi ?

L’homme secoua la tête.

— Je ne sais pas.

Murphy envoya un coup de poing et frappa l’homme au visage. Il sentit l’os de l’arête du nez de l’homme se briser. L’homme recula brusquement la tête. Deux secondes plus tard, du sang commença à couler d’une narine, sur le visage de l’homme puis sur son menton.

Murphy recula d’un pas. Il ne voulait pas avoir de sang sur ses chaussures.

— Essaye encore.

— Speck a dit qu’il y avait un agent secret des opérations spéciales qui avait des informations de première main sur l’emplacement du chef de cabinet du Président, Lawrence Keller. Le gars des opérations spéciales allait se rendre à Montréal. Il faisait partie de l’équipe censée sauver Keller. Il était peut-être le chauffeur. Il voulait de l’argent. Après ça …

L’homme secoua la tête.

— Tu penses que je suis ce gars ? dit Murphy.

L’homme hocha la tête, pitoyable, désespéré.

— Pourquoi le penses-tu ?

L’homme dit quelque chose à voix basse.

— Quoi ? Je ne t’ai pas entendu.

— J’y étais, dit l’homme.

— À Montréal ?

— Oui.

Murphy secoua la tête. Il sourit. Cette fois-ci, il rit, juste un peu.

— Hé ben.

L’homme hocha la tête.

— T’as fait quoi ? Tu t’es tiré quand ça s’est mis à chauffer ?

— J’ai vu où ça allait mener.

— Et tu m’as vu.

Ce n’était pas une question, mais l’homme y répondit quand même.

— Oui.

— As-tu dit à Speck à quoi je ressemblais ?

L’homme haussa les épaules. Il regardait fixement le sol en béton.

— Parle ! dit Murphy. Je n’ai pas toute la nuit.

— Après ça, je ne lui ai plus jamais reparlé. Il s’est retrouvé en prison avant le lever du soleil.

— Regarde-moi, dit Murphy.

L’homme leva les yeux.

— Répète-moi ça, mais sans détourner le regard, cette fois-ci.

L’homme regard Murphy droit dans les yeux.

— Je n’ai pas parlé à Speck. Je ne sais pas où ils le détiennent. Je ne sais pas s’il avoue ou pas. Je ne sais pas du tout s’il sait qui vous êtes mais, s’il le sait, visiblement, il ne vous a pas encore dénoncé.

— Pourquoi ne t’es-tu pas enfui ? dit Murphy.

Ce n’était pas une question en l’air. Murphy était lui-même forcé de se poser cette question. Il pouvait disparaître. Maintenant, ce soir ou demain matin. Bientôt, en tout cas. Il avait deux millions et demi de dollars en liquide. Ça pouvait permettre à un homme comme lui de vivre longtemps et, avec ses compétences exceptionnelles, il pourrait gagner un peu d’argent supplémentaire de temps à autre.

Cependant, il passerait le reste de sa vie à se méfier de tout le monde et, s’il s’enfuyait, une des personnes susceptibles de lui causer des ennuis serait Luke Stone. Ce n’était pas une idée agréable.

L’homme haussa à nouveau les épaules.

— J’aime bien cet endroit. J’aime ma vie. J’ai un jeune fils que je vais voir parfois.

L’homme venait de mentionner son fils et Murphy n’aimait pas ça. Ce tueur au sang froid, un homme qui venait d’avouer le meurtre d’une jeune mère et qui avait collaboré à l’assassinat de deux petits enfants et Dieu savait à quoi d’autre, essayait de jouer la carte de la compassion.

Murphy alla à la chaise et sortit son arme de l’étui. Il vissa le silencieux au canon de l’arme. C’était un bon silencieux. Il ferait peu de bruit. Murphy pensait souvent qu’il avait le son d’une agrafeuse de bureau qui trouait des piles de feuilles de papier. Clac, clac, clac.

— Vous n’avez aucune raison de me tuer, dit l’homme derrière lui. Je n’ai rien dit à qui que ce soit. Je ne parlerai à personne.

Murphy ne s’était pas encore retourné.

— Tu n’as jamais entendu dire qu’il fallait régler les derniers détails ? Je veux dire, c’est bien dans ce secteur que tu travailles, n’est-ce pas ? Speck sait peut-être qui je suis, ou pas, mais toi, tu le sais sans aucun doute.

— Savez-vous combien de secrets je connais ? dit l’homme. Si on me capturait, croyez-moi, vous seriez le cadet de leurs soucis. Je ne sais même pas qui vous êtes. Je ne connais pas votre nom. J’ai vu un gars cette nuit-là. Il avait peut-être les cheveux noirs. Il était petit. Il mesurait un mètre soixante-quinze. Ç’aurait pu être n’importe qui.

Murphy se retourna et lui fit face. L’homme transpirait et la sueur apparaissait sur son visage. Il ne faisait pas si chaud que ça, ici.

Murphy prit l’arme et la pointa sur le centre du front de l’homme. Pas d’hésitation. Pas de son. Il ne dit pas un seul mot. Chaque ligne était d’une clarté extrême et l’homme semblait être baigné dans un cercle de lumière blanc vif.

L’homme parlait vite, maintenant.

— Écoutez, ne faites pas ça, dit-il. J’ai du liquide. Beaucoup de liquide. Je suis le seul à savoir où il est.

Murphy hocha la tête.

— Oui, moi aussi.

Il appuya sur la détente et …

CLAC.

Il y eut un peu plus de bruit qu’en temps normal. Murphy n’avait pas imaginé qu’il y aurait tant d’écho dans ce grand espace vide. Il haussa les épaules. Aucune importance.

Il partit sans regarder les saletés qu’il y avait par terre.

Dix minutes plus tard, il était dans sa voiture et il conduisait sur le périphérique. Son téléphone portable sonna. Le numéro était dissimulé. Cela ne signifiait rien. Cela pouvait être bon ou mauvais. Il décrocha.

— Oui ?

Une voix féminine :

— Murph ?

Murphy sourit. Il reconnut immédiatement la voix.

— Trudy Wellington, dit-il. Tu appelles à un beau moment de la soirée. Si tu me dis d’où tu appelles, j’arrive tout de suite.

Elle rit presque. Il l’entendit dans sa voix. Il fallait les faire rire. C’était le meilleur moyen d’accéder à leur cœur puis à leur chambre à coucher.

— Euh … oui. Calme tes ardeurs, Murph. J’appelle du bureau de l’EIS. Il y a une crise et nous sommes convoqués. Don veut que plusieurs personnes viennent ici maintenant, aussi vite que possible, et tu fais partie de la liste.

CHAPITRE QUATRE

22 h 20, Heure de l’Est

Comté de Fairfax, Virginie

Banlieue de Washington, DC


— À quoi penses-tu, mon bébé ?

Luke Stone chuchota les mots. Il fut probablement le seul à les entendre.

Il était assis sur le long sofa blanc de son nouveau salon et tenait sur ses genoux son bébé de quatre mois, Gunner. Gunner était un bébé gros et lourd. Il portait une couche et un tee-shirt bleu sur lequel on pouvait lire Le Plus Beau Bébé du Monde.

Il s’était endormi dans les bras de Luke quelques minutes auparavant. Son petit ventre se levait puis retombait et il dormait en ronflant doucement. Est-ce que les bébés étaient censés ronfler ? Luke ne savait pas mais, d’une façon ou d’une autre, le son était réconfortant. Il était même beau.

Alors que Luke tenait Gunner dans la pénombre et regardait dans la pièce, il essayait de comprendre comment il avait pu avoir cette maison.

C’était un cadeau des parents de Becca, Audrey et Lance. Rien que ça était difficile à admettre. Avec son salaire de l’EIS, il n’aurait jamais pu se permettre d’acheter cette maison, et encore, il gagnait beaucoup plus que quand il avait été à l’Armée. Becca ne travaillait pas du tout. Même si Becca avait travaillé, à eux deux, ils n’auraient jamais pu se permettre d’acheter cette maison. Finalement, cela rappelait à Luke que la famille de Becca avait vraiment beaucoup d’argent.

Il avait su qu’ils étaient riches, mais Luke avait grandi sans argent. Il ne savait pas ce qu’était la richesse. Il avait habité avec Becca dans le chalet de sa famille, qui se dressait face à la Baie de Chesapeake sur la rive est. Pour Luke, ce chalet vieux de trois siècles, bien que distant d’une heure et demi de voiture de son lieu de travail, avait été une amélioration considérable question logement. Luke avait l’habitude de dormir par terre, à la dure, ou de ne pas dormir du tout.

Donc, cet endroit le stupéfiait.

Il examina la maison. C’était une maison moderne, avec des portes-fenêtres, comme celles qu’on voyait dans les magazines d’architecture. Elle ressemblait à une boîte en verre. Quand l’hiver serait là, quand il neigerait, il imaginait que la maison serait peut-être semblable à une de ces vieilles boules à neige que les gens avaient quand il était enfant. Il imagina la période de Noël qui arrivait, assis dans ce salon stupéfiant enfoncé dans le sol, avec l’arbre dans le coin, la cheminée allumée et la neige qui tomberait tout autour.

Et ce n’était que le salon. Il y avait aussi l’immense cuisine campagnarde avec l’îlot au milieu et le réfrigérateur géant à deux portes, avec le congélateur en bas. Il y avait aussi la chambre principale et la salle de bain principale. Et aussi le reste de la maison qui, de plus, se trouvait à environ douze minutes de voiture du bureau.

De l’endroit où Luke était assis sur le sofa, il voyait les grandes fenêtres orientées vers le sud et vers l’ouest. La maison se dressait sur une petite colline d’herbes ondulantes. La hauteur améliorait son point de vue. La maison était dans un quartier tranquille qui contenait d’autres grandes maisons situées en retrait de la rue. On ne se garait pas dans la rue. Dans ce quartier, les gens se garaient dans leurs propres allées ou garages.

Luke et Becca n’avaient pas encore rencontré leurs voisins, mais Luke imaginait qu’ils étaient avocats, peut-être docteurs, ou qu’ils occupaient peut-être des postes élevés dans de grandes entreprises. Il ne savait pas quoi en penser. Pas des gens, mais de l’endroit.

D’abord, il ne faisait pas confiance à Audrey et à Lance.

Les parents de Becca ne l’avaient jamais aimé. Ils l’avaient toujours exprimé clairement. Même après la naissance de Gunner, ils ne les avaient laissés occuper le chalet qu’à contrecœur. Audrey était notamment la reine des réflexions narquoises et des manœuvres de déstabilisation.

Il se la représenta dans son esprit. En elle, quelque chose lui rappelait un corbeau. Elle avait des yeux enfoncés aux iris si sombres qu’ils avaient presque l’air d’être noirs. Elle avait un nez pointu, comme un bec. Elle avait de petits os et un corps mince. Enfin, elle avait tendance à rester aux alentours comme un messager qui apportait de mauvaises nouvelles.

Alors, l’Équipe d’Intervention Spéciale avait effectué deux opérations à profil élevé et Audrey et Lance avaient rencontré le légendaire Don Morris, pionnier des opérations spéciales et directeur de l’EIS.

Alors, Audrey et Lance avaient subitement considéré que Luke et Becca avaient besoin d’une maison plus belle et plus proche du travail de Luke. Ainsi, comme par un coup de baguette magique, ils s’étaient retrouvés ici.

Luke secoua la tête, encore stupéfait par la vitesse du changement. Au cours de sa carrière, il s’était fait connaître pour ses réflexes soudains et son temps de réaction rapide, mais l’achat de cette maison s’était déroulé si vite qu’il en avait presque eu le vertige.

Deux personnes qui le détestaient intensément depuis des années venaient de lui offrir le cadeau le plus somptueux qu’il ait jamais reçu.

Il s’arrêta et écouta le silence. Il inspira profondément, presque en tandem avec son jeune fils. Non. C’était faux. Le plus beau cadeau qu’on lui ait jamais donné, c’était ce petit garçon. La maison n’était rien, comparée à ça.

Sur la table devant lui, son téléphone s’éclaira. Il le regarda fixement. La lumière bleue diffusait des ombres folles dans la pénombre. Le téléphone était silencieux parce que Luke avait désactivé la sonnerie. Il n’avait pas voulu déranger le bébé, ni la maman du bébé, qui profitait d’un sommeil bien mérité et fort nécessaire dans la chambre.

Il lut l’heure sur l’écran. Il était plus de dix heures du soir. Il ne pouvait y avoir qu’un nombre réduit de raisons à cet appel. Soit un vieux copain de l’armée l’appelait ivre, soit c’était une erreur, soit … Il laissa le téléphone sonner jusqu’à ce qu’il s’arrête et que sa lumière s’éteigne.

Un moment plus tard, le téléphone recommença à sonner.

Luke soupira et jeta un coup d’œil au numéro. C’était le travail, bien sûr.

Il prit le téléphone.

— Allô ?

Il le dit de la voix Je dors et pourquoi m’embêtez-vous la plus douce possible.

Il entendit une voix féminine. Trudy Wellington. Il se la représenta. Elle était jeune, belle, intelligente et elle avait des cheveux marron qui lui tombaient en cascade sur les épaules.

— Luke ?

— Oui.

Elle était en mode pragmatique. Ce qui avait failli arriver entre eux, et dont ils n’avaient jamais parlé, semblait disparaître dans le rétroviseur. C’était probablement mieux comme ça.

— Luke, il y a un problème. Don rassemble toute l’équipe. J’y suis déjà. Swann, Murphy et Ed Newsam sont en chemin.

— Maintenant ? demanda-t-il alors qu’il connaissait la réponse.

— Oui. Maintenant.

— Est-ce que ça peut attendre ? dit Luke.

— Pas vraiment.

— Mmm.

— Au fait, Luke, amène un sac d’évacuation.

Il leva les yeux au ciel. Son travail et sa vie de famille avaient du mal à coexister. Pour la énième fois, il se demanda si son gagne-pain était compatible avec le foyer heureux qu’il essayait de fonder avec Becca.

— Où allons-nous ? dit-il.

— C’est top-secret. Tu l’apprendras au briefing.

Il hocha la tête.

— OK.

Il raccrocha et inspira profondément.

Il souleva le bébé et le prit dans ses bras, se leva et prit le couloir pour se rendre à la chambre principale. Il faisait noir, mais il y voyait assez bien. Becca somnolait dans le lit king-size. Il se baissa et plaça le bébé à côté d’elle en lui effleurant la peau. Dans son demi-sommeil, elle produisit un petit son de plaisir. Elle posa doucement une main sur le bébé.

Il les contempla un petit moment. Maman et bébé. Une vague d’amour si intense qu’il n’aurait pas pu la décrire le submergea. Comme il la comprenait à peine, il n’aurait jamais pu l’expliquer à quelqu’un d’autre. C’était au-delà des mots.

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