Avant Qu’il Ne Blesse - Блейк Пирс 5 стр.


Mais tandis qu’elle poursuivait son chemin le long de la rue, elle n’était pas si sûre que cela allait être le cas à Plainsview. Il y avait deux attitudes principales parmi les habitants : ceux qui étaient irrités de la venue du FBI parce qu’ils avaient déjà parlé de tout cela à la police, et ceux qui étaient sincèrement effrayés de la situation dans leur quartier, maintenant que le FBI était impliqué.

La huitième maison où elle se rendit ne se remarquait pas beaucoup. Il n’y avait pas de fleurs dans les parterres, uniquement du paillis ancien qui s’était depuis longtemps complètement décoloré. Il y avait des meubles de jardin sur le porche, mais ils étaient dans un fort état de délabrement, l’une des chaises étant parsemée de toiles d’araignées. A deux maisons de la première intersection du quartier, cela ne se remarquait pas beaucoup, mais Mackenzie supposa que certains des plus anciens propriétaires dans le quartier pourrait froncer du nez devant cette habitation.

Elle frappa à la porte et entendit des pas légers à l’intérieur. Dix secondes supplémentaires s’écoulèrent avant que quelqu’un n’apparaisse à la porte. Et lorsque ce fut le cas, celle-ci ne fit que s’entrebâiller. Une jeune femme jeta un œil dehors, ses yeux sombres observant Mackenzie avec un air scrutateur qui suggérait qu’elle devait être quelqu’un de soupçonneux.

« Ouais ? » demanda la jeune femme.

Mackenzie montra son badge et sa plaque et sentit aussitôt une étrange vibration émaner de cette femme. Tous les autres avaient ouvert grand leur porte mais elle avait l’air de vouloir s’en servir comme d’un bouclier. Peut-être faisait-elle partie de ces habitants qui avaient choisi de réagir de façon totalement paniquée par rapport au meurtre.

« Je suis l’agent White, du FBI. J’espérais vous poser quelques questions au sujet de l’accident qui s’est déroulé il y a deux nuits.

– A moi ? demanda la femme, confuse.

– Non, pas uniquement vous. Mon collège et moi allons de porte en porte pour interroger tous les habitants. Pardonnez-moi de vous poser cette question, mais vous semblez un peu jeune. Est-ce que c’est la maison de vos parents ? » Un léger air d’irritation traversa le visage de la jeune femme. « J’ai vingt ans, dit-elle. J’habite ici avec mes deux colocataires…

– Oh, toutes mes excuses. Donc… est-ce que vous vous souvenez de quoi que ce soit d’intéressant à signaler concernant cette nuit-là ?

– Non. Je veux dire, d’après ce que j’en ai entendu, cela s’est passé très tard. D’habitude je suis couchée vers vingt-deux ou vingt-trois heures.

– Vous n’avez rien entendu ?

– Non. »

La jeune femme continuait à ne pas ouvrir la porte en entier. Elle parlait également très vite. Mackenzie ne pensait pas qu’elle cachait quelque chose mais son comportement lui fit quand même commencer à se poser des questions.

« Comment vous appelez-vous ? demanda-t-elle.

– Amy Campbell.

– Amy, vos colocataires sont ici ?

– L’une d’entre elle. L’autre fait des courses actuellement.

– Savez-vous  si elles ont vu ou entendu quelque chose d’inhabituel la nuit de l’accident ?

– Non, rien. Nous en avons discuté, pour essayer de trouver quelque chose. Mais nous étions toutes endormies passé vingt-deux heures trente cette nuit-là. »

Mackenzie faillit demander à entrer à l’intérieur mais décida finalement que non. Amy était clairement paniquée par toute cette situation et il n’y avait aucune raison de l’effrayer davantage. Tandis qu’un moment de tension passait entre elles deux, Mackenzie aperçut quelqu’un bouger derrière Amy. Une autre femme marchait dans le vestibule, prenant à gauche pour aller dans une autre pièce. Elle semblait avoir l’âge d’Amy, avec un visage anguleux. Ses cheveux, qui se trouvaient être bruns, étaient relevés en un chignon désordonné. Mackenzie faillit demander qui c’était mais sentit que si elle le faisait, elle pourrait perdre l’attention qu’elle était parvenue à obtenir d’Amy.

« Comment avez-vous entendu parler du meurtre ? demanda Mackenzie.

– Par la police. Ils sont venus et ont demandé exactement la même chose que vous ce matin.

– Et vous leur avez répondu exactement comme à moi ?

– Oui. Franchement, je n’ai rien vu. Rien entendu. J’aurais voulu vous aider juste parce que c’est si horrible… sauf que je dormais. »

Ce fut avec cette dernière phrase que Mackenzie détecta une certaine émotion. Amy était soit triste soit désespérée à propos de quelque chose – ce qui était logique, étant donné ce qui s’était passé dans sa rue deux nuits auparavant. Cependant, elle se conduisait de façon beaucoup plus bizarre que n’importe laquelle des autres personnes à qui Mackenzie avait parlé. Celle-ci fouilla dans la poche de son manteau et en sortit une de ses cartes de visite. Quand elle la tendit à Amy, la jeune femme s’en saisit rapidement.

« Je vous en prie, téléphonez-moi si vous ou l’une de vos colocataires se souvient de quelque chose – ou même si vous entendez l’un de vos voisins mentionner quelque chose d’inhabituel. Vous pourrez faire ça ?

– Oui. Bonne chance, agent White. »

Amy Campbell referma rapidement la porte, laissant Mackenzie se tenir debout toute seule sur le porche sale. Elle redescendit lentement les marches tout en réfléchissant à tout cela.

Une jeune femme de vingt ans qui loue une maison dans un quartier comme celui-ci…c’est plutôt bizarre. Mais si elle a des colocataires, alors il se peut qu’elles soient étudiantes dans une université de Salt Lake City. Peut-être que c’est moins cher et plus agréable que de vivre dans une résidence sur le campus.

Même si toute cette situation semblait quelque peu étrange, elle devait se rappeler qu’un meurtre brutal s’était déroulé dans cette rue. Les gens allaient y réagir différemment – surtout des filles de l’âge d’être étudiantes, et qui savaient que la victime était environ du même âge que le leur.

Mackenzie réfléchit à tout cela dans sa tête tandis qu’elle regagnait la rue. Ce faisant, elle passa à côté des deux voitures qui étaient garées sur la petite plaque de béton qui constituait l’allée de chez Amy Campbell. Elles étaient toutes deux plutôt vieilles, l’une étant une Pontiac 2005 qui avait l’air de d’être prête à tomber en morceaux la prochaine fois qu’elle buterait sur un nid-de-poule.

Avant de redescendre plus bas dans la rue, Mackenzie sortit son téléphone. Elle y tapa le nom et l’adresse d’Amy pour s’y référer plus tard. Ce n’était qu’une intuition mais le plus souvent, les intuitions de Mackenzie s’avéraient payantes au final.

Elle remit son téléphone dans sa poche et continua d’avancer le long de la rue pour aller frapper à d’autres portes.

CHAPITRE HUIT

Huit minutes et trois maisons plus tard, le périple de Mackenzie dans le quartier de Plainsview fut interrompu par un appel téléphonique. Le Sheriff Burke était au bout du fil, sa voix d’une certaine façon plus épaisse à travers le combiné. Il avait l’une de ces voix dénuées d’expression, qui faisait qu’il était quasiment impossible de savoir de quelle humeur il était.

« Je viens de recevoir un appel du labo. Ils n’ont trouvé aucune sorte de signature cachée avec les rayons ultraviolets. Mais ils ont découvert une empreinte de pouce incomplète qui n’appartient pas à la fille.

– Vous avez trouvé quelque chose à partir de ça ?

– Oui, je viens de tomber dessus. L’empreinte appartient à un gars nommé Todd Thompson. J’ai demandé à un agent de faire une vérification à son sujet.

– Donc aucune signature… ce qui signifie qu’il y a de fortes chances pour que le permis soit authentique.

– Ca n’a toujours aucun sens. Le nom sur le permis ne correspond à rien dans nos dossiers. Ni les empreintes. Si la photo sur le permis ne lui ressemble pas exactement, alors je dirais qu’elle l’a volé quelque part.

– Je suppose que nous pourrions lancer une recherche sur les femmes qui ont reporté avoir perdu leurs sacs ou leurs permis au cours du mois dernier.

– C’est déjà ce que nous avons fait le premier jour. Nous avons eu quelques perches mais il n’en est rien sorti. Nous avons aussi essayé de… attendez, j’ai là un agent avec les résultats sur Todd Thompson. Je vais mettre le haut-parleur pour vous, Agent White. »

On entendit des bruits étouffés, un cliquetis et puis une autre voix. Celle d’une femme, tout aussi austère que celle de Burke mais avec plus d’émotion. Il y avait un ton d’excitation dans sa voix alors qu’elle était en train de se dire que ce qu’elle allait raconter pouvait peut-être les amener à résoudre l’enquête.

« Une simple recherche dans les registre de l’Etat montre que Todd Thompson est natif de Salt Lake City. Il a cinquante trois ans et – tenez-vous bien – travaille au service d’immatriculation des véhicules. »

Le lien avec ce dernier jetait certainement un nouvel éclairage sur cet étrange permis de conduire. Mackenzie put presque entendre s’enclencher les rouages de son cerveau alors que tout se mettait en place.

« Vous avez son adresse ?

– Je l’ai. Je peux scanner le rapport et vous l’envoyez dès que nous aurons raccroché.

– C’est parfait. »

Ils mirent fin à l’appel et Mackenzie regarda en bas de la rue, par là d’où elle était venue. L’emplacement de l’accident était à présent hors de vue, environ six maisons plus bas et dans un pâté de maison complètement différent. Elle regarda plus loin et vit qu’Ellington se trouvait une maison après elle. Il était en train de discuter avec un vieux monsieur à travers sa porte ouverte. Elle était presque sûre qu’il serait plus qu’heureux de mettre fin à ce porte-à-porte.

***

D’après le rapport fourni par Burke et son agent, Todd Thompson avait quelques casseroles dans son casier judiciaire. Deux contraventions de stationnement impayées (ce que Mackenzie trouva amusant, vu son métier), une inculpation pour complicité dans un cambriolage et infraction qui datait d’il y a trente ans. En dehors de ça, Todd Thompson paraissait irréprochable. Si ce n’est le fait que l’empreinte de son pouce avait été légèrement apposé sur le présumé faux permis de conduire de la femme apparemment dénuée d’identité.

Mackenzie informa Ellington de tout cela tandis qu’il conduisait pour les ramener en ville. Elle lui raconta également sa drôle de rencontre avec Amy Campbell. Il s’avéra qu’il s’agissait de la visite la plus intéressante parmi les dix-neuf qu’ils avaient effectuées. Ellington fut d’accord pour dire que l’humeur d’Amy pouvait simplement s’expliquer par le fait qu’une femme de son âge avait été tuée à moins de trois cent mètres du pas de sa porte.

Mais au moment où ils parvinrent en ville et se dirigèrent vers la maison de Todd Thompson, ils sentirent tous deux qu’il allait peut-être s’agir de la visite qui allait clore l’enquête. Mackenzie n’avait rien dit à ce sujet à voix haute mais elle était anxieuse de retourner à la maison. Le seul coup de fil de sa mère l’avait davantage bouleversée qu’elle n’était prête à l’admettre et elle se sentait brusquement stupide d’avoir cru que sa mère serait capable de garder un enfant sans en faire tout un plat.

La nuit commençait juste à tomber quand Ellington gara la voiture devant l’immeuble où se trouvait l’appartement de Thompson. Il habitait dans l’un des quartiers les plus agréables de la ville, la résidence étant située dans un coin donnant sur un petit parc et un square, où apparemment s’établissaient un marché fermier et d’artisanat le week-end. Tandis qu’ils entraient, quelques vendeurs finissaient juste de remballer pour la journée.

Lorsque Mackenzie frappa à la porte de l’appartement au second étage, elle se demanda à combien de portes elle avait toqué aujourd’hui. Onze ? Douze ? Elle n’en était pas sûre.

« Une minute, dit la voix enjoué d’un homme de l’autre côté. Lorsque la porte s’ouvrit enfin, ils furent accueillis non seulement par un homme d’âge moyen, d’origine afro-américaine, mais également par les senteurs de cuisine thaï.

« Etes-vous M. Todd Thompson ? demanda Ellington.

– C’est moi » dit-il. Il parut d’abord confus mais lorsqu’il vit les deux agents sortir leurs badges, un air de compréhension passa sur son visage. En voyant cette expression, Mackenzie réalisa que cela faisait longtemps que M. Thompson s’attendait à cette visite.

« Nous sommes du FBI, dit Mackenzie. Nous enquêtons sur le meurtre d’une jeune femme qui s’est passé à environ trente kilomètres au nord d’ici. Etant donné que vos empreintes ont été retrouvées sur son permis de conduire, j’apprécierais que vous nous receviez à l’intérieur. »

Thompson acquiesça, s’écartant d’un pas pour les laisser entrer. A présent, plus que jamais, Mackenzie était certaine qu’il savait que ce jour allait venir. Etrangement, il ne semblait pas du tout effrayé. Cela se confirma davantage quand, sitôt après avoir fermé la porte, il se dirigea vers une petite table dans la cuisine et s’y assit, attablé devant son plat à emporter thaï.

« Pardonnez-moi de dire ceci, continua Mackenzie, mais vous ne semblez pas perturbé que le FBI vienne frapper à votre porte.

– Avec la preuve que vous avez manipulé le  permis de conduire d’une femme à présent décédée, qui plus est, ajouta Ellington.

– Quand a-t-elle été tuée ? » demanda Thompson. Il paraissait triste et ses yeux se firent peu à peu plus vagues tandis qu’il mangeait son dîner.

« Vous ne savez honnêtement pas de quoi nous sommes en train de parler ?

– Non. Mais je suis au courant pour les permis de conduire.

– Au pluriel ? » demanda Mackenzie.

Thompson prit une dernière bouchée puis laissa tomber sa fourchette en plastique dans le plat qu’il écarta de lui. Il soupira profondément et regarda les deux agents d’un air accablé. « Oui, dit-il. Il y en a probablement quelques uns qui circulent.

– Tout ceci n’a pas de sens, M. Thompson, dit Mackenzie. Pourquoi ne nous dites-vous pas pourquoi l’empreinte de votre pouce s’est retrouvé sur le faux permis de la femme décédée ?

– Parce que c’est moi qui l’ai fabriqué. Même si j’ai utilisé une poudre en le faisant qui était censée ne pas y laisser mes empreintes. Vous utilisez des rayons ultraviolets ?

– En effet.

– Merde. Eh bien, oui… j’ai fabriqué ce permis.

– Au service d’immatriculation des véhicules, je suppose ? demanda Mackenzie.

– C’est ça.

– La jeune femme vous a-t-elle payé pour ça ? Le nom sur le permis était Marjorie Hikkum.

– Non. C’est toujours la même femme qui paie à leur place. »

Mackenzie commençait à être agacée par la manière désinvolte avec laquelle Thompson expliquait les choses. Elle savait rien qu’en regardant la mâchoire crispée d’Ellington qu’il commençait aussi à être énervé.

« M. Thompson, s’il vous plaît, expliquez-nous donc de quoi vous parlez.

– Ca fait trois ans environ que je fais ça. Cette femme vient, prétend avoir un problème quelconque et me file l’argent. Cinq cent dollars par pièce d’identité. Une semaine plus tard, je lui donne ce qu’elle a demandé.

– Vous comprenez à quel point c’est illégal, n’est-ce pas ? demanda Ellington.

– En effet. Mais cette femme… elle essaie aussi de faire une bonne action. Elle veut ces pièces d’identité parce qu’elle essaie de venir en aide à ces filles.

– Quelles filles ? » demanda Ellington, aboyant presque la question.

Thompson les regarda, confus. Cela lui prit un moment pour comprendre ce qu’il se passait et puis il leur lança à tous deux un regard désolé. « Bon sang. Je suis navré. Puisque vous êtes venus en posant des questions sur les pièces d’identité et la femme décédée, j’ai cru que vous étiez déjà au courant. Les papiers que je fabrique sont pour des femmes qui sont parvenues à s’échapper de cette cinglée de ferme de l’autre côté de Fellsburg.

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