Avant Qu’il Ne Blesse - Блейк Пирс 4 стр.


« Sans aucune identité, je suppose qu’il est presque impossible de retrouver des membres de sa famille ou ses amis, dit Ellington.

– En effet. Nous n’avons rien. Je serais donc très heureux de vous passer l’affaire. Vous avez besoin de moi pour quoi que ce soit ?

– En fait oui, dit Mackenzie. Aucune empreinte n’a été retrouvée sur le permis de conduire ?

– Uniquement celles de la fille.

– Comment est le laboratoire médico-légal chez vous ?

– En aucun cas extraordinaire, mais meilleur que dans la plupart des villes de cette taille.

– Alors faites-venir des gens du labo pour examiner ce permis d’un peu plus près. Le vérifier au microscope, aux rayons ultraviolets. Certains faussaires apposent une minuscule signature ou une marque sur leur œuvre. C’est toujours bien dissimulé mais parfois, c’est présent. Un peu à la manière d’un bref doigt d’honneur adressé aux personnes de notre genre.

– Je vais faire ça, dit Burke. Autre chose ? »

Mackenzie s’apprêtait à demander à Ellington ce qu’il pensait mais elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Il était en mode silencieux mais ils purent tous l’entendre vibrer à l’intérieur de la poche de son manteau. Elle se retourna et le sortit. Elle fut irritée et un peu alarmée en voyant qu’il s’agissait de sa mère. Elle faillit l’ignorer mais la pensée que cette dernière et Frances gardait Kevin lui revint lourdement à l’esprit.

Elle s’écarta de quelques pas et décrocha, redoutant déjà la nouvelle qu’elle risquait d’apprendre à l’autre bout du fil.

« Bonjour Maman. Tout va bien ?

– Oui, tout est parfait. Kevin va très bien.

– Alors pourquoi m’appelles-tu ? Tu sais que je démarre juste mon enquête, pas vrai ?

– Je sais. Mais j’ai juste besoin de savoir quelque chose. Est-ce que Frances est toujours aussi autoritaire ?

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Juste qu’elle veut tout diriger. Je sais qu’elle s’est bien plus occupée de Kevin que moi, mais elle se conduit comme si elle était au courant de chaque détail le concernant et elle remet en cause tout ce que je fais.

– C’est pour ça que tu me téléphones ?

– Oui. Je suis désolée Mackenzie mais…

– Vous êtes des grandes filles toutes les deux. Vous allez trouver un moyen de vous arranger. Pour le moment, je dois y aller. Je t’en prie, Maman… ne me rappelle plus sauf en cas d’urgence. »

– D’accord. » Il y eut de la déception dans sa voix et elle parut blessée, mais Mackenzie n’en tint pas compte.

Elle mit fin à l’appel et reporta son attention vers Ellington et Burke. Ce dernier la regarda d’un air presque désolé tandis qu’il retournait à sa voiture de patrouille.

« Je disais justement à votre partenaire que nous avons un bureau de prêt pour vous au quartier général. J’ai quelques autres choses à vérifier, alors faites simplement comme chez vous. Et ne vous privez pas de me téléphoner directement s’il arrive quelque chose d’urgent. »

Il sembla soulagé de quitter les lieux en retournant à sa voiture. Il leur fit un petit salut de la main avant de démarrer, les laissant observer la portion de route où la mystérieuse femme avait été tuée.

« C’était un appel important ? demanda Ellington.

– C’était ma mère.

– Oh ? Tout va bien ?

– Oui. Elle m’appelait juste pour me faire savoir que le match de catch a officiellement débuté. »

CHAPITRE SIX

La première chose que fit Mackenzie lorsqu’ils arrivèrent au quartier général fut d’aller examiner les dossiers papier afin de voir les vraies photos de la scène de crime plutôt que les numériques qui lui avaient été fournies ainsi qu’à Ellington. Elle les étala sur la grande table qui occupait presque tout l’espace du bureau qui leur avait été alloué, se penchant au-dessus d’elles pour un moment. Tandis qu’elle les étudiait, Ellington commença à prendre des notes sur son téléphone.

La fille était plutôt jeune. Mackenzie doutait qu’elle ait plus de trente ans. Elle était blonde et avait un visage que la plupart aurait considéré comme joli. Mais celui-ci avait aussi une autre caractéristique, que l’on remarquait même sur son visage mort dénué d’émotions, et Mackenzie se dit qu’elle avait peut-être été une sans domicile fixe ou une personne en fuite. Ca, ou bien qu’elle avait vécu récemment un traumatisme. Sa peau était d’une pâleur telle qu’elle évoquait une vie de misère et de saleté.

« Pas d’identité, dit-elle, se parlant plus à elle-même qu’à Ellington. Je me demande si elle était sous le régime de protection des témoins.

– Protection des témoins ? dit Ellington. C’est s’avancer un peu loin. En particulier avec ce permis de conduire que tu penses être faux.

– Eh bien, elle n’a pas de vraie carte d’identité et elle courait de toutes ses forces pour fuir quelqu’un. Si elle était un témoin protégé et en fuite, voilà qui nous donnerait au moins une piste par où commencer. Peut-être qu’une personne de son passé l’a retrouvée.

– Voilà pourquoi je t’aime, dit Ellington. Tu préfère envisager n’importe quelle théorie plutôt que d’admettre que tu n’a rien sur quoi te baser.

– Il y a toujours quelque chose sur quoi se baser, dit Mackenzie, observant toujours les photos. C’est juste que quelquefois, l’endroit par où commencer est plus difficile à trouver. »

Elle prit son téléphone, ses yeux passant de la liste de ses contacts aux photographies de la fille morte sur la table.

« Tu appelles qui ? demanda Ellington.

– Les autorités compétentes pour leur demander de me mettre en communication avec les bureaux des US Marshals afin qu’on voie s’ils peuvent me fournir une liste.

Ellington fut clairement surpris par cette idée et hocha la tête de façon comique. « Eh bien, bonne chance avec ça. »

On répondit au téléphone et elle fut mise en attente avant qu’on puisse enfin lui passer les bureaux des US Marshals. Elle continua d’examiner les photos pendant ce temps. Les blessures provoquées par le véhicule qui l’avait percutée n’étaient pas très visibles sur les photos, mais l’horrible déchirure à sa gorge était flagrante.

La route qu’on voyait sur les photos était légèrement mouillée et luisante, rendant le sang rouge sombre qui s’échappait de son cou presque irréel.

« C’est le directeur adjoint Manning à l’appareil, dit une voix épaisse à l’autre bout du téléphone. Qui est là ?

– Agent spécial Mackenzie White, du FBI. Je travaille sur une affaire à Salt Lake City qui, je pense, pourrait impliquer une jeune femme sous le régime de protection des témoins. Nous n’avons aucune identité pour elle. Ses empreintes ne figurent dans aucune base de données et le permis de conduire retrouvé sur son corps était un faux. Je demande à tout hasard en espérant qu’elle pourrait faire partie de votre système.

– Agent White, vous savez que je ne puis vous fournir l’identité des personnes dont nous assurons la sécurité. Cela enfreindrait environ une douzaine de lois et règlements.

– J’en ai conscience. Et si je vous envoyais une des photos ? En utilisant la reconnaissance faciale, vous pourriez peut-être trouver quelque chose et…

– Veuillez m’excuser mais même si vous ne faites que soupçonner qu’elle pourrait être sous le régime de protection des témoins, faire circuler ainsi une photo enfreindrait encore plus les règles.

– Etant donné qu’il s’agit d’une photo de la scène de crime, je pense que c’est autorisé, répliqua sèchement Mackenzie. Elle a été percutée par un véhicule puis on lui a tranché la gorge. Alors je ne compte pas vous envoyer une photo glamour. »

Manning soupira lourdement, faisant ainsi savoir à Mackenzie qu’il s’apprêtait à céder. « Envoyez la photo et je vais demander à quelqu’un de faire une recherche en reconnaissance faciale. Bien entendu, je ne peux rien promettre. Mais je vais voir ce que nous pouvons faire.

– Merci.

– On vous recontacte dès que possible. » Il lui indiqua où envoyer la photo avant de raccrocher.

Ellington avait consulté le dossier du coroner pendant qu’elle parlait avec Manning. « Tu as eu ce que tu voulais, hein ?

– Est-ce qu’il n’y a jamais un doute que ça se passerait ainsi ? »

Il secoua la tête et lui tendit le rapport du coroner. « C’est le plus récent, fraîchement sorti des presses il y a environ cinq heures. Plutôt intéressant, tu ne trouves pas ? »

Elle survola le rapport, parcourant le contenu le plus évident jusqu’à tomber sur les plus récents développements. Ce qu’elle y vit était effectivement intéressant. Selon les dernières mises à jour du coroner et des médecins légistes, il apparaissait que la victime avait souffert de plusieurs fractures par le passé, qui n’avaient pas été soignées correctement. Deux côtes, le poignet droit, ainsi qu’une le long de son bras droit. Selon les notes du coroner, les os de son poignet gauche semblaient même n’avoir jamais été soignés.

« Tu crois qu’elle était victime de violence conjugale ? demanda Mackenzie.

– Je pense qu’elle fuyait quelqu’un et qu’elle a souffert par le passé de fractures multiples qui n’ont pas été guéries correctement. Alors en effet… de la violence conjugale, peut-être même quelque chose d’encore plus dramatique. Je me demande si elle n’était pas retenue prisonnière. Elle n’a pas l’air d’avoir été en très bonne santé, tu vois. Le rapport indique qu’elle pesait environ cinquante kilos. Et tu as vu son visage sur les photos… elle avait l’air de… Je ne sais pas…

– Endurcie, termina Mackenzie à sa place.

– Oui, c’est un bon terme.

– Alors peut-être qu’elle était captive ou prisonnière, qu’elle a réussi à échapper à son bourreau. Et lorsqu’il l’a rattrapée, il s’est dit que mieux valait la tuer plutôt que de la retenir enfermée à nouveau.

– Mais pour qu’il agisse de manière aussi désinvolte, ça veut dire qu’il devait savoir qu’elle n’avait pas d’identité connue. »

C’était un bon point, qui les laissa réfléchir en silence chacun de leur côté. Mackenzie pensa à la fille, qui avait peut-être couru à travers un champ mouillé puis sur une route luisante de pluie. Elle avait été pied nus, portant semble-t-il ses sandales à la main. Cette hypothèse soulevait deux questions.

La première était de savoir ce qu’elle fuyait ?

La seconde, pensa-t-elle, commençait à devenir plus pressante. « Où se rendait-elle ? » demanda Mackenzie à voix haute. Ca ne peut pas être une coïncidence qu’elle ait choisi ce quartier. Je sais qu’il n’y aucune preuve que ce soit elle qui ait traversé le champ dont a parlé le Sheriff Burke, mais si c’était bien le cas ? Elle aurait pu partir dans n’importe quelle direction et choisir n’importe quel quartier. Alors pourquoi celui-ci ? »

Ellington sourit tout en hochant la tête, s’enthousiasmant à son tour. « Et pourquoi ne pas aller enquêter sur tout ça ? »

CHAPITRE SEPT

Ils eurent de la chance car l’on était samedi et la plupart des voitures du voisinage étaient garées dans des allées privées ou des garages ouverts. Ils regagnèrent le quartier de Plainsview vers quinze heures dix et se garèrent au même endroit que là où ils avaient fait connaissance avec le Sheriff Burke. C’était un après-midi ensoleillé de mars, pas très frais mais assurément pas chaud non plus. En tout cas, Mackenzie ne s’attendait pas à avoir de difficultés particulières à trouver des gens avec qui parler.

« Tu prends à droite et moi à gauche » dit Ellington tandis qu’ils sortaient de la voiture.

Mackenzie acquiesça, sachant que la plupart des coéquipiers choisissaient souvent de ne pas se séparer ainsi. Mais Ellington et elle se faisait réciproquement confiance à ce niveau pour s’autoriser cela. Cela provenait non seulement de leur forte relation de travail mais également du lien créé par leur mariage. Ils se séparèrent sans tambour ni trompette et partirent chacun d’un côté de la rue.

La première maison du côté de Mackenzie n’était pas des plus faciles – puisqu’une mère et sa fille se trouvaient dans le jardin. La petite fille devait avoir six ans et faisait du tricycle, descendant et remontant l’allée. La mère était assise sur le porche en train de scroller son téléphone. Lorsque Mackenzie s’approcha, elle leva la tête et sourit.

« Puis-je vous aider ? » demanda-t-elle. Son ton de voix indiquait qu’elle n’avait aucune envie de faire cela, en particulier si Mackenzie était là pour vendre quelque chose.

Mackenzie s’écarta un peu de la petite fille avant de sortir son badge et de se présenter. « Je suis l’agent Mackenzie White du FBI. Mon collège et moi faisons une enquête de voisinage pour voir si nous pouvons apprendre quoi que ce soit au sujet de l’accident qui s’est déroulé il y a deux jours.

– Je n’ai rien vu, dit-elle. J’ai déjà raconté la même chose aux policiers. D’après ce qu’ils disent, ils pensent que cela s’est passé après minuit et tout le monde chez moi dort déjà à vingt-trois heures.

– Savez-vous qui a retrouvé le corps ?

– Je ne sais pas trop. Toutes sortes de rumeurs circulent et je ne sais laquelle croire. Au bout d’un moment, j’ai juste arrêté d’y prêter attention, vous comprenez ?

– Certaines provenant de personnes à qui vous feriez confiance concernant ce genre d’informations ?

– Je crains que non.

– Eh bien, merci de m’avoir accordé votre temps. »

Elle se retourna et salua la petite fille de la main tandis qu’elle se dirigeait vers la maison suivante. Elle frappa trois fois mais n’eut aucune réponse. Elle eut le même résultat à la troisième. Ce fut différent à la quatrième. La porte s’ouvrit juste après qu’elle eut sonné.

Mackenzie se retrouva en face d’une dame plus âgée, peut-être proche des soixante ans. Elle tenait à la main une bouteille de nettoyant ménager et un chiffon. On entendait du rock des années 70 derrière elle, du Peter Frampton, si Mackenzie ne se trompait pas dans ses connaissances musicales, qui étaient plutôt étendues. La femme avait visiblement été interrompue dans son ménage mais accueillit néanmoins Mackenzie avec le sourire.

« Excusez-moi de vous déranger, dit Mackenzie. Je suis l’agent White, du FBI. » Elle présenta son badge et la femme le regarda comme si Mackenzie venait juste de faire un tour de magie. Je fais du porte-à-porte dans le voisinage pour obtenir des informations au sujet de l’accident qui s’est déroulé dans votre rue il y a deux soirs.

– Oh, bien entendu » dit la femme. Elle oublia aussitôt son nettoyage. « Avez-vous trouvé qui est le responsable ?

– Pas encore. C’est pour ça que nous sommes ici, à tenter de trouver des indices. Avez-vous vu ou entendu quoi que ce soit pendant cette nuit-là ?

– Non, et je ne connais personne pour qui ce soit le cas. Ce qui est d’ailleurs le plus effrayant.

– Comment ça ?

– Eh bien, c’est un quartier très tranquille. Mais nous sommes aussi un peu au milieu de nulle part. Bien sûr, Salt Lake City n’est qu’à moins de trente kilomètres mais comme vous pouvez le voir, ce n’est pas vraiment l’atmosphère d’une grande ville par ici.

– Quelle genre de rumeurs a circulé ? demanda Mackenzie.

– Aucune dont je sois au courant. C’est une chose trop dramatique pour qu’on en discute. » Elle s’avança d’un pas en travers de la porte, se rapprochant de Mackenzie afin de pouvoir parler d’un air de conspiratrice. « J’ai l’impression que la plupart des gens du quartier croient que si l’on n’en parle pas, toute cette histoire va juste disparaître – que tout le monde va l’oublier. »

Mackenzie acquiesça. Elle avait mené plusieurs enquêtes dans des villes similaires. Cependant, elle savait également que c’était l’un de ces quartiers de petite taille où les commérages ont tendance à s’enraciner et à se répandre largement.

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