Si elle entendait - Блейк Пирс 2 стр.


« J’ai cru que j’allais mourir quand j’ai accouché de Michelle. Je ne veux même pas imaginer accoucher à ton âge. » Elle sourit et ajouta : « Ma petite vieille. »

« Tu sais, » dit Kate, « quelque part, ce n’était pas plus mal de ne plus t’avoir tout le temps dans mes pieds. »

Cette fois-ci, ce fut Mélissa qui éclata de rire. Kate ne se rappelait pas à quand remontait la dernière fois qu’elle avait entendu Mélissa rire aussi fort et ça lui réchauffa le cœur.

Et elle se demanda s’il y avait d’autres choses qu’elle avait ratées ou qu’elle avait considérées comme acquises.

***

Le directeur Duran garda ses distances dans les mois qui suivirent. Il lui envoya une carte et un cadeau une semaine après la naissance de Michael, mais il ne l’appela pas une seule fois. Kate appréciait le geste mais elle commençait à se rendre compte que son avenir avec le FBI était plutôt compromis. Avoir un bébé à cinquante-sept ans signifiait probablement que sa seconde carrière allait toucher à sa fin.

D’un autre côté, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si le FBI n’était pas content de toute cette publicité gratuite. Une publicité plutôt positive et exaltante pour une fois.

Elle aurait aimé ne plus se poser de questions, mais elle n’y parvenait pas. À chaque jour qui passait, elle aimait de plus en plus son fils. Mais ça ne l’avait pas empêchée de lui en vouloir de temps en temps, bien que ça n’ait jamais duré longtemps. Après tout, Mélissa avait raison. S’ils avaient été un peu plus prudents au moment de leurs rapports sexuels, elle ne serait pas dans cette situation. Mais en même temps, c’était bizarre de devoir faire attention de ne pas tomber enceinte à plus de cinquante-cinq ans.

Trois mois après que Mélissa l’ait convaincue de sortir de son lit, Kate commençait à visualiser ce qu’allait être sa vie à partir de maintenant. Une vie plus domestique et centrée sur la maternité. Elle allait également devoir réapprendre à faire confiance à un homme, en lui confiant non seulement sa vie, mais aussi celle de leur fils.

Et finalement, ce n’était pas plus mal. Il y avait des tas de grand-mères qui adoreraient être à nouveau mères. Et elle, elle avait cette chance.

Allen avait également l’air de s’y faire. Ils n’avaient pas encore parlé de la manière dont ils allaient passer les prochaines années, s’ils allaient se marier ou comment ils envisageaient d’éduquer leur fils. Allen avait toujours l’air aussi amoureux d’elle et il était complètement dingue de son fils, mais il avait souvent l’air préoccupé. Comme s’il avait peur que quelque chose lui tombe soudain sur la tête.

Elle ne savait pas ce qui le préoccupait jusqu’à ce que le téléphone de Kate sonne un mercredi après-midi. Kate était assisse dans le divan avec Michael. Allen prit son téléphone qui était posé sur la table de la cuisine et le lui apporta. Ce faisant, il jeta un coup d’œil au nom qui s’affichait à l’écran. Ce n’était pas pour l’espionner, mais ils étaient tellement à l’aise l’un avec l’autre que c’était quelque chose qu’ils faisaient sans même s’en rendre compte.

Mais quand il lui tendit le téléphone, il avait l’air triste. Il prit Michael dans ses bras. Elle jeta un rapide coup d’œil au nom qui s’affichait à l’écran au moment de décrocher.

C’était Duran.

Kate et Allen se regardèrent un moment dans les yeux et elle comprit d’où venait sa préoccupation.

Son cœur se mit à battre plus vite au moment où elle décrocha.

Allen alla dans la cuisine, avec la sensation de plus en plus imminente que quelque chose était vraiment sur le point de lui tomber dessus.

CHAPITRE DEUX

Sandra Peterson se réveilla un quart d’heure avant la sonnerie de son réveil. Ça faisait deux ans qu’elle se réveillait tous les jours à la même heure, à 6h30. Elle avait toujours été une bonne dormeuse et elle dormait minimum huit heures par jour. Ça ne lui arrivait jamais de se réveiller avant son alarme. Mais ce matin, elle était vraiment excitée par la journée qui l’attendait. Kayla était à la maison. Elle était venue lui rendre visite depuis l’université et elles allaient passer toute la journée ensemble.

C’était la première fois qu’elles passaient plus d’une demi-journée ensemble depuis que Kayla avait commencé ses études l’année dernière. Elle était rentrée à la maison parce qu’une de ses amies d’enfance allait se marier. Kayla avait grandi à Harper Hills, en Caroline du Nord, une petite ville de campagne à une trentaine de kilomètres de Charlotte. Elle avait choisi de faire ses études dans une université en Floride et du coup, elles ne passaient plus beaucoup de temps ensemble. La dernière fois qu’elles s’étaient vues, c’était à Noël, et ça remontait à presque un an. Elles n’avaient passé qu’une dizaine d’heures ensemble, avant que Kayla parte pour le Tennessee, pour rendre visite à son père.

Kayla n’avait pas été affectée par leur divorce. Sandra s’était séparée de son mari quand Kayla avait onze ans et ça n’avait jamais eu l’air de la déranger. C’était sûrement pour ça que Kayla essayait de ne pas faire de favoritisme. Quand elle rendait visite à l’un d’entre eux, elle faisait toujours la route pour aller voir l’autre. Et étant donné que c’était un long voyage – depuis Tallahassee jusqu’à Nashville, en passant par Harper Hills – Kayla ne venait pas très souvent.

Sandra sortit de sa chambre en pyjama et en pantoufles. Elle traversa le couloir en direction de la cuisine, en passant devant la chambre de Kayla. Elle ne s’attendait pas à ce que sa fille se réveille avant huit heures du matin et ce n’était pas plus mal. Elle aurait le temps de préparer du café et un petit-déjeuner pour quand elle se lèverait.

Et c’est ce qu’elle fit. Elle prépara une omelette, du bacon et une dizaine de pancakes. Une odeur agréable de nourriture flottait dans la cuisine et Sandra fut surprise que ça ne réveille pas Kayla. En même temps, il n’était que sept heures du matin. Sandra repensa à toutes ces années où l’odeur du petit-déjeuner avait réveillé sa fille, surtout pendant les années de lycée. Mais apparemment, l’odeur de sa cuisine n’avait plus le même effet sur sa fille.

En même temps, Kayla était sortie avec ses amis hier soir – et elle n’avait plus vu certains d’entre eux depuis le lycée. Vu que Kayla était maintenant à l’université, Sandra n’avait pas voulu lui donner d’heure pour rentrer. Elle s’était contentée de lui dire : Reviens entière et sobre, de préférence.

Mais il était maintenant près de huit heures du matin et Kayla n’était toujours pas sortie de sa chambre, alors Sandra commença à se préoccuper. Mais plutôt que de frapper à sa porte et de risquer de la réveiller, Sandra regarda par la fenêtre du salon. Elle vit la voiture de Kayla garée dans l’allée, juste derrière la sienne.

Soulagée, Sandra retourna préparer le petit-déjeuner. Quand elle eut terminé, il était 7h55. Sandra n’aimait pas du tout l’idée de réveiller sa fille, mais c’était plus fort qu’elle. Après le petit-déjeuner, peut-être que Kayla pourrait refaire une sieste et se reposer avant qu’elles partent faire du shopping à Charlotte. De plus… l’omelette allait refroidir et Kayla n’avait jamais aimé les œufs froids.

Sandra traversa le couloir jusqu’à la chambre de Kayla. C’était une sensation agréable et presque surréelle. Combien de fois avait-elle frappé à cette porte ? Des milliers de fois, sûrement. Et ça lui faisait chaud au cœur de pouvoir le faire à nouveau.

Elle frappa et attendit un instant, avant de dire d’une voix douce. « Kayla, chérie ? Le petit-déjeuner est prêt. »

Il n’y eut aucune réponse. Sandra fronça les sourcils. Elle n’était pas naïve au point de penser que Kayla et ses amis n’avaient pas bu d’alcool hier soir. Elle n’avait jamais vu sa fille saoule et elle préférerait ne pas le voir. Peut-être que Kayla avait la gueule de bois et qu’elle n’était pas prête à voir sa mère.

« J’ai fait du café, » ajouta Sandra, en espérant que ça puisse aider.

Toujours pas de réponse. Elle frappa à nouveau, mais plus fort cette fois-ci, avant d’ouvrir la porte.

Le lit n’était pas défait et il n’y avait aucune trace de Kayla.

Mais ça n’a pas de sens, pensa Sandra. Sa voiture est garée devant la maison.

Puis elle se rappela sa propre adolescence et la fois où elle était rentrée chez elle en voiture complètement saoule. Elle était arrivée jusqu’à la maison mais elle s’était endormie dans sa voiture, dans l’allée. Elle avait du mal à imaginer que Kayla puisse faire une telle chose, mais il n’y avait pas trente-six mille autres possibilités.

Sandra referma la porte de la chambre et retraversa la cuisine. Elle sentit une boule dans le ventre. Peut-être que Kayla avait des problèmes d’alcool ou de drogue et qu’elle n’avait pas osé lui en parler.

Sandra rassembla son courage à l’idée d’avoir une telle conversation et elle ouvrit la porte d’entrée. Elle fit un pas sur le porche et se figea. Sa jambe gauche resta en suspens dans l’air, comme si elle refusait d’avancer.

Parce que si elle avançait, elle entrait dans un tout autre univers – un univers où ce qui se trouvait devant elle allait devoir être affronté et accepté.

Kayla gisait sur le porche. Elle était couchée sur le dos et elle avait les yeux grands ouvert. Il y avait des marques d’abrasion autour de son cou. Elle ne bougeait pas.

Sandra finit par faire un pas en avant. Quand elle le fit, le reste de son corps suivit. Elle s’écroula à côté du corps de sa fille, en oubliant totalement le petit-déjeuner et le shopping.

CHAPITRE TROIS

Les réunions avec le directeur Duran n’avaient jamais été faciles. Mais il s’était toujours bien comporté avec Kate et elle le considérait comme un ami. Cependant, vu la manière dont la vie de Kate avait changé au cours de ces derniers mois, elle s’attendait à une réunion un peu tendue –peut-être même qu’il allait mettre un point final à sa carrière en tant qu’agent du FBI.

Quand elle entra dans son bureau, il l’accueillit avec ce sourire pragmatique qu’elle lui connaissait si bien. Duran avait plus ou moins le même âge qu’elle et ils avaient appris à s’apprécier mutuellement.

« Salut, Kate, entre, assieds-toi. »

Elle fut tout de suite inquiète en l’entendant l’appeler par son prénom. C’était très familier et ce n’était pas dans ses habitudes, à moins que ce soit après les heures de travail ou que la conversation soit un peu animée.

« Kate, hein ? » dit-elle. Elle était plutôt à l’aise en sa présence et elle fit cette remarque sur le ton de la plaisanterie, histoire de lui signaler qu’elle avait bien remarqué le ton informel qu’il avait utilisé.

« Eh bien, officiellement, tu es toujours en congé de maternité, » dit-il. « Ce serait bizarre de t’appeler agent. Mais comme tu peux l’imaginer, c’est aussi l’une des raisons pour laquelle je voulais te parler. » Il laissa échapper un soupir et la regarda droit dans les yeux. « Comment vas-tu, Kate ? »

« Bien. Mais un peu perdue… »

« Tu as l’impression d’être cette mère miracle ? »

« Apparemment, je suis entrée dans le club des célébrités, » plaisanta-t-elle. « D’ailleurs, cette petite réunion ne peut pas durer trop longtemps. J’ai un déjeuner prévu avec Ryan Seacrest juste après ça. »

« Je ne sais pas de qui tu parles. »

Kate haussa les épaules. L’humour n’avait jamais vraiment fait partie de leur relation.

« Je ne vais pas te mentir, » dit Duran. « La nouvelle a été plutôt bien accueillie. Tous les agents se sont envoyés des liens et des articles sur la mère miracle. »

« Tu sais, je n’ai donné que deux interviews. Je ne sais pas du tout comment ça a pu déboucher sur plus de quarante articles. »

« Sûrement les réseaux sociaux qui se sont emballés. Mais dis-moi… Est-ce que cette notoriété soudaine te ferait hésiter à retravailler pour le FBI ? »

Elle ne put s’empêcher de rire. « Non. S’il y avait quoi que ce soit qui pourrait me retenir de retravailler avec vous, ce ne serait certainement pas cette gloire éphémère. »

« Il y aurait donc certaines choses qui pourraient t’en empêcher ? »

« Éventuellement. Peut-être mon bébé, ou mon âge avancé. »

« Ça fait maintenant trois mois que tu es en congé, » dit-il. « Même un petit peu plus longtemps. J’imagine que je n’ai pas besoin de te préciser que tu ne rajeunis pas. Mais… tu es encore en pleine forme physiquement. C’est impressionnant. »

« Excuse-moi si je suis un peu directe, » dit Kate. « Mais qu’est-ce que tu veux exactement ? Est-ce que tu veux que je revienne travailler pour vous ? »

« Dans un monde parfait, oui. Ça a été mentionné à plusieurs reprises lors de réunions. Mais tous ces articles à ton sujet soulignent non seulement le fait que tu as accouché à cinquante-sept ans, mais aussi le fait que tu sois encore un agent actif du FBI. Je ne sais pas comment ça va se passer en termes médiatiques si tu retournes sur le terrain. »

Kate s’appuya contre le dossier de sa chaise. Elle n’avait pas pensé à ça.

« Pour être tout à fait franc, » continua Duran. « Oui, je veux que tu reviennes. Mais c’est un peu égoïste de ma part. Tu es l’un de nos meilleurs éléments et ce serait vraiment positif pour l’image du FBI. Les médias t’adorent. Tu es devenue une sorte de célébrité. Mais je n’ai pas non plus envie de t’influencer. Si tu veux arrêter, il n’y a pas de problème. Tout le monde comprendra. »

« Mais en fait, ça me manque, » dit Kate. Ce ne fut qu’au moment de prononcer ces mots qu’elle s’en rendit compte.

« Je m’en doutais un peu. Alors ce que je peux faire – en tout cas, pour les prochains mois – c’est de t’assigner des enquêtes pas trop risquées. Pour que tu gardes l’esprit occupé et que tu restes concentrée. Enfin… si tu penses avoir eu suffisamment de temps pour te reposer et si tu es prête à revenir travailler. »

« Oui, je suis prête, » dit-elle. L’idée de mettre Michael à la crèche lui faisait de la peine, mais elle savait que ce serait positif pour lui… ainsi que pour elle et pour Allen. Bien qu’au fond d’elle, elle ne soit pas vraiment sûre d’y être totalement préparée. Afin d’éviter de penser à tout ça, elle continua à parler. « Comment va DeMarco ? Je ne lui ai parlé que trois fois depuis que je suis partie et à chaque fois que je lui ai posé des questions sur le boulot, elle a changé de sujet de conversation. »

« C’est sûrement parce qu’elle a été très occupée. J’ai le droit de t’en parler parce que tu es encore techniquement sa coéquipière… mais elle a travaillé sur deux affaires assez importantes dernièrement. Il y a trois semaines, elle a arrêté deux hommes qui distribuaient de l’héroïne. Et la semaine dernière, elle a épinglé à elle toute seule un type qui a assassiné trois personnes en Virginie de l’Ouest avant de partir en cavale à travers le Maryland. »

« Ah oui… elle a vraiment été bien occupée ! »

« Et maintenant que tu mentionnes DeMarco, on vient juste de lui assigner une enquête en Caroline du Nord. Ça m’a l’air d’être une affaire assez simple. Deux jeunes filles universitaires assassinées. Sûrement l’œuvre d’un harceleur. Je suis sûr que DeMarco serait enchantée que tu te joignes à elle. Vu que l’affaire semble assez simple, ça pourrait être parfait pour toi, dans ta situation. »

« Et en quoi consiste ma situation, exactement ? »

« Kate, tu sais ce que je veux dire. Si tu veux te remettre dans le bain, c’est l’enquête parfaite pour le faire. Mais bien entendu, ça dépend totalement de toi. C’est toi qui choisis. »

« Ça me paraît une bonne idée, mais maintenant qu’elle s’en sort très bien toute seule, je n’ai pas non plus envie de la déranger. »

« Je suis sûr qu’elle sera ravie que tu te joignes à elle. Et pour être tout à fait honnête, vu qu’on ne sait pas combien de temps tu vas encore rester avec nous, c’est plus logique que tu travailles avec une coéquipière que tu connais bien. »

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