Si elle entendait - Блейк Пирс 3 стр.


« Oui, c’est logique. »

Duran resta un moment silencieux, avant de se lever de sa chaise. « Elle part demain matin. Est-ce que ça te laisse assez de temps pour tout organiser avec ton mari ? Est-ce que vous en avez déjà parlé ? »

« Plus ou moins, » dit-elle. « Enfin… de manière tacite, mais l’idée est bien présente dans notre esprit. Je suis sûre qu’il sait que je n’en ai pas terminé avec le FBI, mais… »

« Mais quoi ? »

« Mais que ça ne va plus tarder. Que ma carrière au FBI touche à sa fin. »

Elle vit que Duran était sur le point de lui poser une autre question, mais il se ravisa. Elle savait ce que c’était, alors elle lui fut reconnaissante de ne pas la poser.

Est-ce que ça va être la dernière enquête de ta carrière ?

Elle était contente qu’il ne lui ait pas demandé, parce qu’elle ne savait pas du tout quelle était la réponse à cette question.

***

Ce fut leur seul sujet de conversation au dîner. Allen le prit plutôt bien, car il s’y attendait. Dès le moment où Duran avait appelé Kate, il avait su. La conversation s’était étonnamment bien passée, bien qu’une certaine tension persiste entre eux.

« Il faut que je te dise quelque chose, » dit Allen, en écartant son assiette vide. Il avait préparé du poulet teriyaki pour dîner et le repas avait été excellent. La cuisine était l’une de ses nombreuses qualités. « Je suis vraiment ravi à l’idée que tu retournes travailler. Ça a vraiment été pénible pour moi de voir dans quel état tu étais le mois dernier. On aurait dit que tu avais perdu quelque chose et que tu ne savais pas où chercher. Je sais que le boulot te manque et je suis ravi que tu puisses travailler sur cette enquête. Mais j’ai tout de même quelques questions. »

« Je m’en doute, » dit Kate. « Alors, passons-les en revue. »

« OK ! Bien que je sois presque à la retraite, je dois encore répondre à des appels et assister à des réunions au cours de l’année à venir. Et je ne veux pas que ton boulot passe avant le mien. Il faut aussi qu’on cherche une crèche pour Michael. »

« Je suis tout à fait d’accord. Maintenant, dans le cas de cette enquête, est-ce que tu es disponible pour t’occuper de Michael pendant quelques jours ? »

« Oui. En fait, je n’ai rien de prévu pour les trois semaines à venir. »

« Et ça ne te dérange pas de t’occuper tout seul de lui pendant ces quelques jours ? »

« Pas du tout. Ça va être amusant de se retrouver entre hommes. »

« Quelles autres questions voulais-tu me poser ? »

« Je pensais à ta sécurité. Je sais que tu peux te défendre et c’est l’une des raisons pour laquelle je t’aime autant. Mais je n’aime pas beaucoup l’idée que ma femme de cinquante-sept ans soit occupée à pourchasser des hommes qui ont moitié son âge. Tu n’es pas vraiment le genre d’agents à rester assise derrière un bureau ou dans une voiture. »

« On en a parlé avec Duran. Cette affaire devrait être assez simple. Il a également pris en compte le facteur âge, bien qu’il en ait parlé en termes un peu plus agréables. »

« Une dernière question. » Allen s’appuya contre le dossier de sa chaise et but une gorgée de son vin. Il regarda en direction de la balancelle où Michael s’était endormi pendant qu’ils dînaient. « Combien de temps vas-tu encore continuer ? Franchement ? Le fait de mettre un bébé au monde a dû également puiser dans tes réserves d’énergie. »

« C’est une question difficile, » dit-elle. « Toute cette situation… je n’aurais jamais pu l’imaginer. Un bébé à cinquante-sept ans. Un supérieur et une coéquipière qui veulent que je continue à travailler. Je ne m’y attendais pas du tout et… je ne sais pas. Et probablement que je ne le saurai pas tant que je ne serai pas retournée sur le terrain. »

Elle le vit réfléchir à ce qu’elle venait de lui dire. Le côté droit de sa bouche se retroussa légèrement.

« Alors, c’est sûrement mieux que tu y retournes, » dit-il. « En tout cas… pour l’instant. On en reparlera dans trois mois. Est-ce que ça te paraît raisonnable ? »

« Plus que raisonnable. »

Elle eut envie de lui dire combien il avait été adorable et arrangeant tout au long de leur relation. Mais il le savait déjà, parce qu’elle le lui répétait continuellement. Elle savait qu’elle donnait l’impression de faire passer son boulot avant lui et, pour être tout à fait honnête, c’était exactement ce qu’elle avait fait. Mais maintenant, ils avaient un bébé et un mariage se profilait à l’horizon. C’était ça, sa vie, maintenant. Sa nouvelle vie. Et elle avait enfin l’occasion de ne pas laisser son boulot tout contrôler. C’était ce qu’elle avait fait dans le passé et elle avait failli creuser un fossé entre elle et Mélissa.

Elle sut tout de suite que quelque chose avait changé. Dans le passé, elle n’aurait pas perdu une minute – elle se serait directement levée de table et elle aurait commencé à préparer ses affaires pour son départ en Caroline du Nord. Mais maintenant, après la réunion avec Duran et la conversation avec Allen, tout ce dont elle avait envie, c’était de rester assise à ses côtés. C’était lui, son avenir. Pas son boulot. Allen, Michael et Mélissa étaient son point d’ancrage.

Tout ce qu’elle devait faire, c’était s’assurer que sa tête suive pour parvenir à s’installer dans cette vie aux allures si parfaites.

Et à l’instant présent, alors qu’elle était assise à côté d’Allen, sa vie lui paraissait de fait plutôt magique.

CHAPITRE QUATRE

Quand Kate et DeMarco se retrouvèrent dans le parking du FBI, Kate eut l’impression qu’elles s’étaient vues la veille. Elle remarqua néanmoins qu’il y avait quelque chose de différent chez DeMarco et ça n’avait rien à voir avec son apparence. Physiquement, elle était toujours la même que la dernière fois qu’elles s’étaient vues, six mois plus tôt.

« Agent Wise, ça me fait vraiment plaisir de te revoir, » dit DeMarco.

« Pareil pour moi. »

Elles se serrèrent brièvement dans les bras et ce fut à ce moment-là, au moment de cette démonstration rapide d’affection, que Kate se rendit compte que quelque chose avait changé chez DeMarco. C’était presque imperceptible, mais sa coéquipière avait l’air d’être une personne différente. Kate pensa d’abord qu’elle avait l’air plus âgée, mais ce n’était pas ça. C’était son attitude qui avait changé, la manière dont elle se tenait. Elle avait la tête haute et regardait droit devant elle, sans avoir besoin de quelqu’un pour la soutenir ou la guider. Dans ce sens, oui, DeMarco paraissait plus âgée. Vu qu’elle venait juste d’avoir un enfant, Kate y trouva une analogie plutôt appropriée : le changement de DeMarco ressemblait à celui qui s’opérait chez une femme encore jeune et naïve, qui viendrait juste d’avoir un bébé et qui serait désormais guidée par l’instinct maternel.

Une autre chose avait changé et c’était le lien qui les unissait. Kate l’avait remarqué dès le début – dès le moment où elles avaient jeté leurs sacs dans le coffre de la voiture qu’elles allaient conduire jusqu’en Caroline du Nord. Et ça n’avait rien de négatif. Elles étaient toutes les deux ravies de se revoir, et encore plus de retravailler ensemble sur une affaire après plus de six mois. Mais il y avait un changement au niveau du leadership. DeMarco n’était plus la subordonnée qui prenait exemple sur Kate et suivait chacune de ses recommandations. DeMarco avait beaucoup plus confiance en elle. Elle était un agent à l’avenir prometteur, capable d’élucider des enquêtes par elle-même.

Rien n’avait été dit – que ce soit par DeMarco ou Duran – mais Kate sut tout de suite que DeMarco était la personne responsable de cette enquête. Et franchement, ça ne la dérangeait pas. En fait, elle trouvait ça plutôt même normal.

Elles passèrent la majorité du voyage à se donner des nouvelles concernant leur vie. Elles avaient six heures devant elle pour le faire et ça passa trop vite. Kate lui parla de Michael et combien c’était bizarre d’avoir un fils plus jeune que sa propre petite-fille. Elle lui raconta qu’elle avait essayé de rester active et de garder l’esprit vif, alors que tout son univers tournait autour des biberons, des langes et du manque de sommeil.

À son tour, DeMarco lui raconta ce qu’elle avait fait ces derniers mois. Elle ne s’épancha pas sur sa vie privée et se limita à mentionner qu’elle avait une nouvelle petite amie et que son père avait eu peur d’avoir le cancer. Mais elle parla davantage de son boulot. Quand elle commença à en raconter les moments les plus forts, elle le fit presque d’un air gêné.

« Ne sois pas timide, » dit Kate. « Duran m’a raconté que tu étais devenue une crack, surtout au cours des dernières semaines. Maintenant… quand il dit que tu as épinglé à toi toute seule cet assassin, qu’est-ce qu’il veut dire par là, exactement ? »

« Tu veux vraiment que je te raconte l’histoire ? » Elle avait l’air surprise mais aussi un peu excitée.

« Bien sûr que je veux que tu me la racontes ! »

« Eh bien, je ne voudrais pas avoir l’air de me vanter. Mais oui… ce type avait assassiné un couple marié dans l’état de New York, puis il avait essayé de tuer et de voler quelqu’un d’autre à Washington. On a découvert qu’il était ici et une chasse à l’homme a été lancée. Je n’étais pas responsable de l’enquête, mais l’agent qui s’en occupait a eu la grippe et j’ai repris l’affaire. J’ai fini par coincer l’assassin et l’un de ses amis dans cette vieille maison, tout près de Georgetown. J’ai dû tirer sur l’ami. La balle l’a atteint au genou gauche. Quant à l’assassin, ce fut une véritable lutte à mort. Je lui ai accidentellement disloqué la hanche et fracturé le poignet. »

« Accidentellement disloqué la hanche ? » demanda Kate, en riant.

« Oui, accidentellement. De plus… il était stone. J’ai découvert plus tard qu’il avait pris une drogue psychédélique. S’il avait été conscient et qu’il avait compris ce qui se passait, les choses auraient pu se terminer de manière très différente. »

« Mais quand même… c’est incroyable. Peut-être que c’est juste la toute nouvelle maman qui parle, mais je suis vraiment fière de toi. »

« Comment ça, la toute nouvelle maman ? Mais toi, tu es la mère miracle ! »

Elles se mirent à rire et cette bonne humeur les accompagna durant tout le reste du voyage. Elles ne virent pas le temps passer jusqu’à la petite ville de Harper Hills. Mais ce sentiment de passation de pouvoir était néanmoins incontestable. Kate l’acceptait sans problème. Elle regarda DeMarco garer leur voiture sur le parking du commissariat et ouvrir avec empressement la portière du côté conducteur.

***

L’intérieur du commissariat de Harper Hills faisait penser à ce que devait ressembler un commissariat dans une série télé des années 80. Et pas l’une de ces séries qui avaient lieu à New York ou à Los Angeles. Non, c’était un endroit qui aurait très bien pu passer dans un film de Hallmark, où le détective était également un super cuisinier ou un auteur de livres pour enfants. Il y avait une entrée centrale qui faisait office de vestibule. Au-delà de ça, il y avait trois bureaux, dont un seul était occupé. Derrière ces bureaux, il y avait un étroit couloir et rien de plus.

Au seul bureau occupé, était assis un homme obèse avec une coupe mulet, ce qui en rajoutait encore un peu plus à la sensation années 80. Il leur fit un geste de la tête et se leva rapidement de son siège. Sur le badge accroché à sa poitrine était écrit le nom de Smith.

« Vous devez être les agents, » dit Smith, en se précipitant vers le vestibule pour les accueillir.

Kate resta légèrement en retrait, pour que DeMarco comprenne qu’elle lui laissait la parole.

« Oui, c’est nous, » dit DeMarco. « Agents DeMarco et Wise. Est-ce que le shérif Gates est là ? »

« Oui, il est dans son bureau. » Smith leur fit signe de le suivre. Il les précéda dans le couloir et il s’arrêta devant la première porte à droite. « Shérif ? » dit-il, en frappant à l’embrasure de la porte ouverte. « Les agents du FBI sont arrivés. »

« Venez, entrez ! » répondit une voix.

DeMarco entra en premier, suivie par Kate. Le shérif se leva de sa chaise, la main tendue pour les saluer. Ils se serrèrent la main et le shérif les regarda droit dans les yeux, d’une manière qui semblait leur dire qu’il n’avait aucun problème avec le fait de travailler avec des femmes, mais qu’il allait sûrement les traiter avec la bonne vieille hospitalité des gens du Sud.

« Shérif, » dit Kate, « je pensais que le commissariat serait en effervescence, étant donné la nature de cette affaire. »

« Eh bien, c’était le cas il y a peu. La police d’état est arrivée et deux de mes hommes sont partis avec eux. Ils sont occupés à boucler certaines des routes secondaires. Il y en a beaucoup dans le coin, vous savez. Je suis resté au commissariat pour vous accueillir. »

« C’est gentil de votre part, » dit DeMarco. « Qu’est-ce que vous pouvez nous dire concernant cette affaire ? On nous a fait un briefing à Washington, mais je préférerais l’entendre directement depuis la source. »

« Eh bien, il y a eu deux meurtres dans une ville qui n’a connu qu’un seul homicide en dix ans. Les deux victimes étaient de jeunes femmes – dix-neuf et vingt ans. La première a été tuée il y a cinq jours, sur le parking d’un bowling. La deuxième victime a été retrouvée hier matin sur le porche de la maison de sa mère. À première vue, il n’y a aucun lien entre les deux filles. Leur seul point commun, c’est leur âge et le fait qu’elles soient toutes les deux originaires du coin. La deuxième victime, Kayla Peterson, était en visite pour quelques jours. Elle étudie à l’université. »

« Une université de Caroline du Nord ? » demanda DeMarco.

« Non, quelque part en Floride. »

« Est-ce qu’il y a des similarités entres les familles des deux victimes ? » demanda Kate.

« Leur seul point commun, c’est d’être des filles de couples divorcés. On a parlé avec tous les membres directs de la famille et ils ont tous un alibi. Mais bien entendu, libre à vous de les interroger à nouveau. »

« Merci, » dit DeMarco. « Est-ce que vous pourriez nous emmener à l’endroit où la deuxième victime a été retrouvée ? »

« Oui, bien sûr. »

Gates enfila une veste et sortit du bureau. Kate trouvait vraiment que l’attitude de DeMarco avait changé. C’était à peine perceptible, mais c’était bien présent. Elle était plus sûre d’elle. Elle l’avait remarqué dans la manière qu’elle avait eue de parler au shérif. Et c’était également visible dans la façon qu’elle avait eue de le suivre, mais en passant devant Kate.

Elle est encore si jeune, pensa Kate. Ça va vraiment être un agent exceptionnel.

Elle était vraiment contente d’être à nouveau aux côtés de DeMarco. Et elle était heureuse de pouvoir travailler sur cette affaire, bien qu’elle soit maintenant certaine que ce serait probablement l’une de ses dernières enquêtes.

***

En se rendant vers la dernière scène de crime, ils traversèrent presque toute la ville de Harper Hills. Il y avait quatre feux rouges dans la ville et très peu de commerces. Elles virent un Burger King et un Subway, tous les deux situés le long de la petite et tranquille rue principale. Vers le bout de la rue, Gates tourna sur une route secondaire et DeMarco le suivit de près.

Ils se retrouvèrent très vite sur une autre route de campagne, et encore une autre. C’était une région un peu bizarre. Kate avait déjà vu de nombreuses petites villes de province disposées de la même manière, mais Harper Hills ressemblait plutôt à un lotissement rural, niché dans les plaines boisées de Caroline du Nord. Le quartier dans lequel ils arrivèrent était constitué d’un ensemble de terrains boisés, séparés par d’épais bosquets d’arbres.

Gates s’engagea sur une allée en graviers et DeMarco le suivit. Il y avait une autre voiture garée dans l’allée. DeMarco se gara derrière Gates et ils sortirent tous de voiture.

« Voici la maison des Peterson, » dit Gates. « La mère, Sandra, est actuellement chez une amie, près de Cape Fear. Elle ne pouvait pas supporter de rester ici et je comprends. Elle était vraiment anéantie. »

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