Vitres Teintées - Блейк Пирс 6 стр.


« OK… Je ne croyais pas non plus qu’il était responsable de ce meurtre, » dit Cooper. « J’ai déjà du mal à imaginer qu’il soit capable de faire ce qu’il a fait à Fielding. Je veux dire par là… est-ce que vous avez vu les photos ? »

Ne voulant en aucune manière influencer leur jugement, Chloé se contenta de hocher la tête. Elle tendit sa carte de visite à Cooper et dit, « Une fois que vous aurez obtenu son emploi du temps, est-ce que vous pourriez nous appeler ? »

« Bien sûr, » dit Cooper.

« Merci pour le temps que vous nous avez consacré, » dit Rhodes. Elles prirent congé et se dirigèrent vers l’avant du commissariat.

Chloé n’aimait pas partir aussi abruptement, mais il n’y avait vraiment rien d’autre qu’elles pouvaient faire. En retournant vers leur voiture, Chloé se creusa les méninges pour essayer de trouver la moindre chose qu’elles pourraient faire pour confirmer à cent pourcents que Carol Hughes n’avait pas tué Bjurman – même si n’importe quel policier un peu doué serait tout à fait capable d’arriver à cette conclusion, rien qu’en passant deux minutes en sa compagnie.

« C’est tant mieux pour la police de Colin, » dit Rhodes, en s’asseyant derrière le volant. « Je doute que ces types aient souvent ce genre de meurtres à élucider. »

« Oui, tant mieux pour eux, » dit Chloé. Puis elle ajouta : « Tu l’as également remarqué, n’est-ce pas ? Il était terrifié par ce qu’il a fait… on aurait presque dit qu’il n’arrivait toujours pas à y croire. »

« Oui, j’ai vu. Ce n’est pas vraiment comme ça que réagirait quelqu’un qui aurait brutalement assassiné deux hommes. »

« On peut toujours vérifier s’il n’aurait pas un alibi. Et on verra ce que Cooper et ses hommes découvrent de leur côté. »

« Je suis d’accord, » dit Rhodes. « Mais qu’est-ce qu’on fait en attendant ? »

Chloé réfléchit, avant de hausser les épaules. « On va déjeuner ? »

C’était s’avouer vaincu sans vraiment l’admettre. Bien que le fait de traduire un assassin en justice soit loin d’être une défaite, l’évidence de l’affaire Carol Hughes mettait un frein à l’enquête sur le meurtre de Bjurman. En l’absence d’un lien entre Fielding et Bjurman, Chloé savait qu’elles allaient être retirées de l’enquête. Et la mort de Bjurman deviendrait l’affaire de la police locale.

Et cette peur lui révélait également autre chose : elle tenait vraiment à garder cette enquête parce qu’elle n’était vraiment pas prête à retourner au drame de sa vie personnelle.

***

Leur déjeuner se composa de pizzas et de salades dans un restaurant du coin. Elles mangèrent en silence, certaines que Johnson ou l’un de ses sous-fifres allaient les appeler à tout moment pour leur dire de rentrer. Rhodes avait appelé le FBI en partant de Colin pour les mettre au courant des dernières avancées. Et Chloé n’avait aucun doute que leur visite à Pine Point était sur le point de se terminer.

« Il y a toujours quelque chose dans tout ça qui te chipote ? » demanda Rhodes.

« Pourquoi tu poses la question ? »

Rhodes haussa les épaules et s’essuya les doigts sur une serviette où était déjà accumulée de la graisse de leur pizza. « Tu as l’air contrariée… comme si tu avais perdu quelque chose. »

« Peut-être un peu, » admit Chloé. « Je suis sûre qu’Hughes n’a pas tué Bjurman. Mais toute cette histoire avec Bjurman… il y a quelque chose avec Theresa Diaz qui cloche. Même si elle avait avoué coucher avec Bjurman – ce dont je suis certaine, d’ailleurs – je pense qu’il y a encore autre chose… quelque chose qu’elle veut garder secret. »

« S’ils couchaient ensemble, peut-être que c’était plus qu’une simple relation extra conjugale, » suggéra Rhodes. « Peut-être qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre ? »

« Peut-être. »

Le silence s’installa à nouveau entre elles. Il restait un quart de pizza mais elles avaient toutes les deux assez mangé.

Chloé sentit un léger changement en elle, en se rendant compte que rentrer devenait de plus en plus une possibilité. Bien qu’elle soit soulagée d’être loin de tout ce drame avec Danielle – même si elle n’était qu’à une heure et demie de là – elle était encore vraiment préoccupée par la manière dont sa sœur allait réagir quand le FBI allait la contacter. Elle avait l’estomac vraiment serré en y pensant.

Quand le téléphone de Rhodes se mit à sonner, elles sursautèrent légèrement. Ça devait sûrement être Johnson et Chloé dut faire un effort pour ne pas se sentir vexée qu’il ait choisi d’appeler Rhodes plutôt qu’elle.

Chloé écouta d’une oreille attentive, tout en essayant de ne pas avoir l’air intéressée par la conversation. Mais en entendant les réponses de Rhodes, Chloé sut tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Quand Rhodes raccrocha, l’expression de son visage le lui confirma. Rhodes était légèrement agacée mais aussi un peu soulagée.

« Il veut qu’on rentre à Washington et qu’on passe par le commissariat de Colin avant de rentrer, » dit Rhodes. « Et à mon avis, on devrait arriver à Washington juste à temps pour l’heure de l’apéro. »

Elles payèrent l’addition et reprirent la route vers le commissariat de Colin. En chemin, elles passèrent devant l’intersection où Viktor Bjurman avait été assassiné. Il n’y avait plus aucune voiture de patrouille et l’endroit ressemblait à n’importe quel autre coin de rue en Amérique. Et ça agaça Chloé. Elle savait qu’il y avait des réponses à cet endroit qui pourraient ne jamais être trouvées – des réponses qui resteraient à jamais hors de sa portée.

CHAPITRE SEPT

Danielle était à moitié pompette quand quelqu’un frappa à sa porte. Elle se saoulait pour mettre un point final à ce passage de sa vie et pour l’enterrer au fin fond de sa mémoire. Elle n’avait pas pu retourner travailler hier soir, ni ce soir d’ailleurs. Mais elle recommençait demain avec le service de l’après-midi et du soir. Elle n’aurait jamais pensé être aussi contente de revoir le club de strip-tease et de sentir à nouveau les odeurs d’alcool et de parfum bon marché émanant des types qui se trouvaient autour du bar.

Elle était impatiente de retourner travailler. Mais avant ça, elle allait se prendre une bonne cuite. Ça faisait un petit temps qu’elle ne s’était plus saoulée toute seule. Beaucoup de gens considéreraient sûrement ça pathétique et triste, mais elle avait toujours trouvé ça libérateur.

Quand on frappa à la porte, elle avait déjà descendu trois margaritas qu’elle s’était elle-même préparées – un mélange parfait qu’elle avait appris au boulot. Elle se dirigea vers la porte, en se demandant si c’était Chloé qui venait pour rediscuter de tout ça en face à face. Danielle espérait presque que ce soit le cas. Avec la quantité de téquila qu’elle avait bue, elle serait certainement plus encline à raconter certaines choses qu’elle aurait normalement gardées pour elle.

Mais quand elle ouvrit la porte, ce ne fut pas Chloé qu’elle trouva de l’autre côté. Un homme se tenait devant elle, vêtu d’un costume que Danielle avait toujours considéré comme l’accoutrement parfait pour des crétins. Vu que sa sœur travaillait au FBI, elle reconnut tout de suite l’expression bien trop sérieuse qu’il avait sur le visage. C’était un agent fédéral. Il était d’origine asiatique et il avait un sourire faux aux lèvres.

« Danielle Fine, c’est bien ça ? » dit l’homme.

« Oui, c’est moi. Et vous êtes… ? »

« L’agent Shin, du FBI. » Il lui montra son badge et lui laissa le temps de l’examiner avant de le refermer et de le ranger dans la poche intérieure de sa veste. « Est-ce que je peux entrer ? »

« Est-ce que je peux vous demander de quoi il s’agit ? » demanda Danielle.

« Eh bien, bien que je ne connaisse pas personnellement votre sœur, j’ai entendu parler de l’épreuve que vous avez traversée au Texas. C’est une histoire qui a fait le tour du FBI. On m’a demandé de venir voir comment vous alliez. »

« Qui vous l’a demandé ? »

« Mon supérieur. Il y a encore quelques zones d’ombre sur ce qui s’est passé au Texas et on essaie juste d’y voir un peu plus clair. Bien sûr, nous avons également éclairci tout ça de manière interne avec votre sœur, mais nous avons également besoin de certaines confirmations de votre part. »

Elle le regarda d’un air bizarre et ouvrit la porte pour le laisser entrer. Elle se rappela que Chloé lui avait dit au téléphone qu’il y avait une enquête interne en cours et que si quelqu’un venait lui poser des questions, elle devait rester calme et coopérer. Refuser qu’un agent fédéral rentre chez elle aurait été tout à fait contraire à ces recommandations.

Elle fit un pas sur le côté et ouvrit la porte toute grande, pour laisser entrer l’agent Shin. Danielle s’assit à la table de la cuisine, indiquant poliment par là qu’elle n’avait pas l’intention de le laisser entrer plus loin. Shin comprit le message et s’appuya contre le plan de travail.

« Tout d’abord, » dit-il, « je voudrais savoir comment vous allez. Je sais que vous avez été blessée au cours des événements. »

« Merci de poser la question, » dit-elle, tout en faisant de son mieux pour rester polie et agréable. « Mais ça va beaucoup mieux. Je retourne travailler demain et – autant l’avouer tout de suite – j’ai un peu bu pour célébrer. » Elle fit un geste de la tête en direction du blender contenant les restes de margarita.

Shin sourit et dit, « Je suis ravi que vous alliez mieux. Maintenant, il faut que je vous pose une question et je suis désolé si c’est un peu trop personnel, mais avez-vous l’intention d’insister pour qu’on recherche votre père ? »

« Non, » dit-elle, sans hésiter. « Qu’il aille se faire foutre. Le seul cas de figure où je m’intéresserais à nouveau à lui, c’était s’il revenait à Washington et qu’il s’attaquait à nouveau à moi ou à ma sœur. »

« Eh bien, comme vous le savez, sa description a été envoyée à plusieurs bureaux sur le terrain. Mais on ne peut pas en faire une priorité sans que vous le demandiez explicitement. »

Danielle haussa les épaules et but une gorgée de sa margarita. « Je peux en reparler avec ma sœur mais je pense qu’on en a fini avec lui. »

Shin hocha la tête, comme s’il comprenait parfaitement. Danielle sentit une pointe de frayeur lui traverser le corps. Elle se revit creuser hâtivement un trou, y jeter le corps de leur père et le recouvrir de terre. Avaient-elles creusé assez profond ? Était-il possible qu’un animal soit déjà venu le déterrer ?

« Je comprends, » dit Shin. « Si ça ne vous dérange pas, j’aimerais vous poser encore quelques questions concernant ce qui s’est passé. »

« Encore ? Vraiment ? »

« Je sais. Mais vu que votre sœur est agent fédéral, nous devons vraiment nous assurer de tout bien comprendre. »

« Oui, j’imagine, » dit-elle. Elle se rendait bien compte qu’elle était saoule. Un seul lapsus ou le moindre écart par rapport au récit qu’elles avaient donné jusqu’à présent, et elles pourraient avoir de sérieux problèmes.

« Est-ce que vous savez combien de temps exactement vous êtes restée dans cet abattoir abandonné à Millseed ? Combien de temps est-ce que votre père vous y a gardée ? »

« Je n’en suis pas vraiment certaine. Peut-être un peu plus d’une journée. Je suis presque sûre que nous y sommes arrivés dans l’après-midi, un peu avant le coucher du soleil. Et je pense qu’il y a eu une autre journée et une autre soirée après ça. Mais c’était difficile à dire depuis l’intérieur de cet endroit, vous savez ? »

« Oh, j’en suis sûr. »

C’est ça, oui, pensa Danielle. Il était clair que tout ce qu’il essayait de faire, c’était de la coincer.

« Est-ce que vous pouvez me dire ce qui s’est passé quand Chloé est arrivée ? »

« C’est un peu flou, » dit-elle. « Je n’étais pas consciente tout le temps, vous savez ? Je suis presque sûre de m’être plusieurs fois évanouie… j’étais peut-être fatiguée ou peut-être juste à cause de tout ça. Je ne sais pas. Mais je pense me rappeler que Chloé et mon père se sont mis à se hurler dessus. Chloé a sorti son arme et… »

Merde, pensa-t-elle. Ça ne faisait pas partie de leur récit. En fait, elles avaient même décidé qu’il était sûrement important d’insister sur le fait qu’elle n’avait pas dégainé son arme.

« Oui ? » dit Shin. « Et… ? »

« Peut-être qu’elle ne l’a pas sortie, en fait, » dit Danielle, en faisant de son mieux pour avoir l’air complètement perdue. « Je me rappelle souhaiter

Назад