Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy) - Раевская Ольга Владимировна 3 стр.


la Montagne – Гора, так называли группировку депутатов, сидевших на верхних скамьях Национального Конвента.

la Gironde – группировка депутатов, ядром которой были члены Национального Конвента от департамента Жиронда. Альбер Матьез исходит из того, что между монтаньярами и жирондистами были классовые противоречия. В современной историографии считается, что основная разница между группировками заключалась в том, что жирондисты представляли региональные элиты и стремились к завершению революции, тогда как монтаньяры изначально ради прихода к власти настаивали на продолжении революции и опирались на столичных санкюлотов и народные общества в провинции.

4

La chute de Robespierre et la fin de la Terreur

A partir de 1793, la dictature de la Convention se fait redoutable. L’exécutif est assuré par deux Comités dont le Comité de salut public. De ce Comité, le jacobin Robespierre, surnommé « l’incorruptible », est le véritable inspirateur. Pour lutter contre les « ennemis de la Révolution », la Terreur est à l’ordre du jour. A la guerre étrangère s’ajoute la guerre civile, notamment en Vendée. Au bout d’un an, la Terreur n’est plus supportable. Un coup d’Etat venu de l’Assemblée élimine Robespierre et les siens. Dans son roman Les Dieux ont soif, Anatole France revient sur cet épisode.

Anatole France, les Dieux ont soif, chapitre XXIX, 1912

« La Seine charriait les glaces de nivôse. Les bassins des Tuileries, les ruisseaux, les fontaines étaient gelés. Le vent du nord soulevait dans les rues des ondes de frimas. Les chevaux expiraient par les naseaux une vapeur blanche; les citadins regardaient en passant le thermomètre à la porte des opticiens. Un commis essuyait la buée sur les vitres de l’Amour peintre et les curieux jetaient un regard sur les estampes à la mode: Robespierre pressant au-dessus d’une coupe un cœur comme un citron, pour en boire le sang, et de grandes pièces allégoriques telles que la Tigrocratie de Robespierre: ce n’était qu’hydres, serpents, monstres affreux déchaînés sur la France par le tyran. Et l’on voyait encore: l’Horrible Conspiration de Robespierre, l’Arrestation de Robespierre, la Mort de Robespierre.

Ce jour-là, après le dîner de midi, Philippe Desmahis entra, son carton sous le bras, à l’Amour peintre et apporta au citoyen Jean Blaise une planche qu’il venait de graver au pointillé, le Suicide de Robespierre. Le burin picaresque du graveur avait fait Robespierre aussi hideux que possible. Le peuple français n’était pas encore saoul de tous ces monuments qui consacraient l’opprobre et l’horreur de cet homme chargé de tous les crimes de la Révolution. Pourtant le marchand d’estampes, qui connaissait le public, avertit Desmahis qu’il lui donnerait désormais à graver des sujets militaires.

– Il va nous falloir des victoires et conquêtes, des sabres, des panaches, des généraux. Nous sommes partis pour la gloire. Je sens cela en moi; mon cœur bat au récit des exploits de nos vaillantes armées. Et quand j’éprouve un sentiment, il est rare que tout le monde ne l’éprouve pas en même temps. Ce qu’il nous faut, ce sont des guerriers et des femmes, Mars et Vénus.

– Citoyen Blaise, j’ai encore chez moi deux ou trois dessins de Gamelin, que vous m’avez donnés à graver. Est-ce pressé ?

– Nullement.

– À propos de Gamelin: hier, en passant sur le boulevard du Temple, j’ai vu chez un brocanteur, qui a son échoppe vis-à-vis la maison de Beaumarchais, toutes les toiles de ce malheureux. Il y avait là son Oreste et Électre. La tête de l’Oreste, qui ressemble à Gamelin, est vraiment belle, je vous assure… la tête et le bras sont superbes… Le brocanteur m’a dit qu’il n’était pas embarrassé de vendre ces toiles à des artistes qui peindront dessus… Ce pauvre Gamelin ! il aurait eu peut-être un talent de premier ordre, s’il n’avait pas fait de politique.

– Il avait l’âme d’un criminel ! répliqua le citoyen Blaise. Je l’ai démasqué, à cette place même, alors que ses instincts sanguinaires étaient encore contenus. Il ne me l’a jamais pardonné… Ah ! c’était une belle canaille.

– Le pauvre garçon ! Il était sincère. Ce sont les fanatiques qui l’ont perdu.

– Vous ne le défendez pas, je pense, Desmahis !… Il n’est pas défendable.

– Non, citoyen Blaise, il n’est pas défendable.

Et le citoyen Blaise, tapant sur l’épaule du beau Desmahis:

– Les temps sont changés. On peut vous appeler « Barbaroux », maintenant que la Convention rappelle les proscrits… J’y songe: Desmahis, gravez-moi donc un portrait de Charlotte Corday.

Une femme grande et belle, brune, enveloppée de fourrures, entra dans le magasin et fit au citoyen Blaise un petit salut intime et discret. C’était Julie Gamelin; mais elle ne portait plus ce nom déshonoré: elle se faisait appeler « la citoyenne veuve Chassagne » et était habillée, sous son manteau, d’une tunique rouge, en l’honneur des chemises rouges de la Terreur. »

Комментарии

Anatole France – Анатоль Франс (1844–1924), настоящее имя Франсуа Анатоль Тибо (François-Anatole Thibault). Известный французский писатель и литературный критик III Республики. Занимал активную гражданскую позицию, считался нравственным и литературным авторитетом своего времени. Член Французской академии (1896). В 1921 г. получил Нобелевскую премию по литературе «за блестящие литературные достижения, отмеченные изысканностью стиля, глубоко выстраданным гуманизмом и истинно галльским темпераментом».

«Les Dieux ont soif» – «Боги жаждут» (1912), роман Анатоля Франса, действие которого происходит во время Французской революции (1789–1794). А. Франс точно воссоздает политическую обстановку и повседневную жизнь эпохи, основываясь на многочисленнных документах того времени, которые он хорошо изучил. Названием романа стала последняя фраза последнего номера газеты однокашника Робеспьера Камиля Демулена, где она выдаётся за слова, сказанные испанскими священниками Монтесуме.

Convention f – Конвент, высший законодательный и исполнительный орган Франции (21 сентября 1792 – 26 октября 1795) Первой Республики во время Французской революции. В выборах членов Конвента, сменившего Законодательное собрание, участвовали все мужчины (исключая домашнюю прислугу), достигшие 21 года.

Comité m de salut public – Комитет общественного спасения, один из многочисленных комитетов Конвента. Создан 6 апреля 1793 г. с целью противостоять опасности, угрожающей Республике. Имел огромные прерогативы, сосредоточил в своих руках значительную часть верховной власти.

Jacobins m pl – якобинцы, члены общества Друзей Конституции (Société f des Amis de la Constitution), или Якобинского клуба (Club des jacobins), названного так, поскольку его члены собирались в Париже в библиотеке монастыря святого Якова на улице Сент-Оноре. Изначально находился в Версале. В него входили многие известные депутаты, влиятельные политики, члены правительственных учреждений. Клуб имел широкую сеть филиалов в провинции.

Nivôse m – нивоз, с 21/23 декабря по 19/21 января. Четвертый месяц французского республиканского календаря, введенного во время Французской революции декретом Конвента (5 октября 1793 г.), применялся с 6 октября 1793 г. (15 вандемьера II года Республики). Первый год революции был объявлен началом новой эры. Отсчет лет начинался с 22 сентября 1792 г., первого дня Первой республики во Франции. Календарь действовал до 1 января 1806 г., когда был упразднен Наполеоном. Название месяца нивоз должно было напоминать о «снеге, который убеляет землю с декабря по январь».

Beaumarchais – Пьер-Огюстен Карон де Бомарше (1732–1799), французский драматург и публицист, автор таких известных комедий, как «Женитьба Фигаро» и «Севильский цирюльник», благодаря которым был одним из самых популярных драматургов Франции того времени

Barbaroux – Шарль Жан Мари Барбару (1767–1794), депутат Конвента от департамента Буш-дю-Рон, один из лидеров жирондистов. Казнён в Бордо.

Charlotte Corday – Мари Анна Шарлотта Корде (1768–1793), убийца Ж.-П. Марата. Казнена по приговору Революционного трибунала.

Chemises f rouges de la Terreur – по уголовному кодексу 1791 г. в красных рубахах препровождали на казнь убийц, поджигателей и отравителей. В июне 1794 г. по т.н. «делу красных рубах» было казнено 54 человека, якобы готовивших покушение на Робеспьера и Колло д’Эрбуа.

5

Le coup d’Etat du 18 Brumaire

Après quatre années de Directoire, la crise économique s’est considérablement aggravée, crise à laquelle s’ajoutent un désordre intérieur considérable et une forte impopularité du pouvoir. Le général Bonaparte qui a donné des gages à l’intérieur en réprimant une insurrection royaliste, comme aux armées en Italie et en Egypte, est choisi pour mener un coup d’Etat. L’objectif est de renforcer le pouvoir exécutif et de ramener l’ordre. L’historien Jacques Bainville, dans sa biographie de Napoléon, rappelle cet épisode crucial de la Révolution.

Jacques Bainville, Napoléon, 1931

« Au fond, il a bien jugé de l’état de la France. Ce qui est à prendre, c’est le « tiers parti », celui qui avait déjà soutenu Henri IV après la Ligue et Louis XIV après la Fronde, cette masse, – le cardinal de Retz l’a bien dit – qui, nulle au commencement et au milieu des grandes crises, pèse le plus à la fin. Ce qui rapproche le plus du « tiers parti », ce sont les modérés, d’ailleurs impuissants par eux-mêmes, c’est pourquoi Sieyès, leur chef, a besoin d’une épée. Mais le général ne veut pas plus avoir l’air de s’offrir à Sieyès que Sieyès ne veut avoir l’air de prier le général. De part et d’autre, ce n’est pas amour-propre, coquetterie, mais politique et précaution. Chacun refuse de faire le premier pas pour rester libre vis-à-vis de l’autre. A ce jeu, on se pique. Sieyès se plaint du jeune insolent qui devrait être fusillé pour avoir abandonné son armée aux bords du Nil. Bonaparte riposte que Sieyès a trahi la France dans les négociations de Berlin.

Cependant on perd du temps, un temps précieux où les heures comptent. Le Conseil des Cinq-Cents, qui devine le danger, se dispose à rapporter quelques-unes de ses lois les plus odieuses. Une apparence de détente et d’apaisement suffirait à contenter le public, amollirait les esprits. Il faut agir vite, battre le fer quand il est chaud, et, sans plus de retard, mettre en contact direct celui qui a conçu et préparé le coup d’Etat et celui qui est capable de l’exécuter, associés naturels dont chacun apporte un des éléments nécessaires au succès de l’opération.

A peine, jusque-là, s’étaient-ils entrevus dans ces cérémonies officielles. Talleyrand fut, selon l’expression d’Albert Vandal, « l’entremetteur ». Ce n’est que le 2 brumaire (24 octobre) que, sur ses instances, Bonaparte se résolut à faire à Sieyès la visite qu’il avait lui-même attendue en vain rue Chantereine. Talleyrand, et près de lui Fouché; type d’hommes aussi indispensables au complot dans la seconde ligne de l’action que Bonaparte et Sieyès le sont dans la première. Car on a beau dire – après coup – que tout cela devait se faire, il y fallait beaucoup de concours. Encore le 18 brumaire faillit-il ne pas réussir. On s’est étonné que, plus tard, Napoléon ait gardé près de lui l’ancien oratorien et l’ancien évêque. On les a appelés ses mauvais génies. Il aurait fallu d’abord qu’au moment décisif et le plus difficile, il eût pu se passer d’eux et de bien d’autres. Mais rien n’eût été possible sans Sieyès, Fouché et Talleyrand, – « ce brelan de prêtres,» – qui lui apportaient, avec leur habileté et leur intelligence, la caution d’hommes aussi intéressés les uns que les autres à empêcher une contre-révolution. Voilà un coup d’Etat qui se présente dans les conditions les plus favorables. Il est organisé de l’intérieur par Sieyès et Ducos, deux des chefs du pouvoir qu’il s’agit de renverser. Des deux assemblées, l’une, le Conseil des Anciens, est complice, l’autre, le Conseil des Cinq-Cents, est manipulée par Lucien Bonaparte qui, tout jeune député qu’il est, s’est remué pour être élu président. Enfin l’opinion publique est sympathique. Même au faubourg Saint-Antoine, il n’y a pas de soulèvement à craindre. Et pourtant il s’en faudra de rien que ce coup d’Etat ne soit un échec.

Ce sera un peu la faute de Bonaparte. La partie gagnée, c’est pourtant lui qui aura le mieux calculé. Il s’est obstiné jusqu’au bout à donner à l’opération un caractère civil et aussi peu militaire que possible, à ne pas employer la violence, à recourir à la force tout juste quand il n’a pu faire autrement. Il a refusé, la veille de Saint-Cloud, d’écouter Sieyès et Fouché, qui étaient d’avis, pour mettre toutes les chances de son côté, de procéder à des arrestations préventives parmi les députés connus d’avance comme des adversaires ardents. A ce refus, peut-être imprudent, il gagnera de rendre son régime accessible aux plus purs révolutionnaires et de ne pas s’entendre reprocher un crime du 18 brumaire, comme son neveu le crime du 2 décembre. Il a joué la difficulté mais, au fond, il a eu raison parce qu’au-delà de la « journée », qui s’ajoute à la longue série des « journées » révolutionnaires, il a obtenu un des résultats auxquels il pensait. Il ne sera pas dans la dépendance des casernes comme s’il avait dû son élévation qu’à l’armée.

(…) La Constitution de l’an VIII fut promulguée le 14 décembre 1799, un peu plus d’un mois après la journée de Saint-Cloud. Les trois Consuls entrèrent en fonctions le 25 décembre. Les cinquante commissaires les installèrent et, avec eux, c’était la Convention, continuée par les Assemblées du Directoire, qui transmettait officiellement et solennellement le pouvoir au général Bonaparte et à ses deux collègues. Il y avait transition, non rupture. Et la proclamation qui fut lancée aux Français pour annoncer que les Consuls définitifs succédaient aux Consuls provisoires était sincère lorsqu’elle disait: «Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée. » En ajoutant: « Elle est finie », on s’abandonnait seulement à une illusion générale et qui n’était même pas neuve. Combien de fois n’avait-on pas dit qu’elle avait atteint son terme? Louis XVI lui-même l’avait cru quand le président de la Constituante le lui avait dit. »

Комментарии

brumaire – брюмер, месяц туманов. Второй месяц республиканского календаря (22 октября – 20 ноября), введенного во Франции во время Французской революции декретом Национального конвента (5 октября 1793 г.), применялся с 6 октября 1793 г. (15 вандемьера II года Республики). Отсчет лет начинался с 22 сентября 1792 г., первого дня Первой республики во Франции. Календарь действовал до 1 января 1806 г., когда был упразднен Наполеоном.

Ligue f – Католическая лига, объединение католиков против протестантов в годы Религиозных войн. Просуществовала примерно до 1595 г.

Fronde f – период антиправительственных мятежей во Франции в 1648– 1653 гг. во времена малолетства Людовика XIV, когда недовольство политикой Анны Австрийской и Мазарини объединило различные политические силы – от парламентской оппозиции до принцев.

Cardinal m de Retz – Жан-Франсуа Поль де Гонди, кардинал де Рец (1613– 1679), активный деятель Фронды, противник Мазарини. Автор знаменитых «Мемуаров», переведённых на русский язык.

Sieyès, Emmanuel-Joseph – Эммануэль-Жозеф Сийес (1748–1836), аббат, деятель Французской революции XVIII в. Прославился своей брошюрой «Что такое третье сословие?» (1788), избирался депутатом Генеральных штатов, Национального конвента, выполнял ряд дипломатических поручений. Член Директории (1799), сыграл важную роль в организации переворота 18 брюмера. Впоследствии сенатор, граф Империи, после Реставрации эмигрировал. Вернулся во Францию только при Июльской монархии.

Назад Дальше