Justine Ou Les Malheurs De La Vertu - de Sade Marquis Alphonse Francois 13 стр.


Aussitôt un cercle se forme, on me place au milieu, et là, pendant plus de deux heures, je suis examinée, considérée, touchée par ces quatre moines, éprouvant tour à tour de chacun ou des éloges, ou des critiques.

Vous me permettrez, madame, dit notre belle prisonnière en rougissant, de vous déguiser une partie des détails obscènes de cette odieuse cérémonie; que votre imagination se représente tout ce que la débauche peut en tel cas dicter à des scélérats; qu'elle les voie successivement passer de mes compagnes à moi, comparer, rapprocher, confronter, discourir, et elle n'aura vraisemblablement encore qu'une faible idée de ce qui s'exécuta, dans ces premières orgies, bien légères sans doute, en comparaison de toutes les horreurs que j'allais bientôt éprouver.

– Allons, dit Sévérino dont les désirs prodigieusement exaltés ne peuvent plus se contenir, et qui dans cet affreux état donne l'idée d'un tigre prêt à dévorer sa victime, que chacun de nous lui fasse éprouver sa jouissance favorite.

Et l'infâme, me plaçant sur un canapé dans l'attitude propice à ses exécrables projets, me faisant tenir par deux de ses moines, essaie de se satisfaire avec moi de cette façon criminelle et perverse qui ne nous fait ressembler au sexe que nous ne possédons pas, qu'en dégradant celui que nous avons. Mais, ou cet impudique est trop fortement proportionné, ou la nature se révolte en moi au seul soupçon de ces plaisirs: il ne peut vaincre les obstacles; à peine se présente-t-il, qu'il est aussitôt repoussé… Il écarte, il presse, il déchire, tous ses efforts sont superflus; la fureur de ce monstre se porte sur l'autel où ne peuvent atteindre ses vœux; il le frappe, il le pince, il le mord; de nouvelles épreuves naissent du sein de ces brutalités; les chairs ramollies se prêtent, le sentier s'entrouvre, le bélier pénètre; je pousse des cris épouvantables; bientôt la masse entière est engloutie, et la couleuvre, lançant aussitôt un venin qui lui ravit ses forces, cède enfin, en pleurant de rage, aux mouvements que je fais pour m'en dégager. Je n'avais de ma vie tant souffert.

Clément s'avance; il est armé de verges; ses perfides desseins éclatent dans ses yeux:

– C'est moi, dit-il à Sévérino, c'est moi qui vais vous venger, mon père; c'est moi qui vais corriger cette pécore de ses résistances à vos plaisirs.

Il n'a pas besoin que personne me tienne; un de ses bras m'enlace et me comprime sur un de ses genoux qui, repoussant mon ventre, lui expose plus à découvert ce qui va servir ses caprices. D'abord il essaie ses coups, il semble qu'il n'ait dessein que de préluder; bientôt, enflammé de luxure, le cruel frappe autant qu'il a de forces: rien n'est exempt de sa férocité; depuis le milieu des reins jusqu'aux gras des jambes, tout est parcouru par ce traître; osant mêler l'amour à ces moments cruels, sa bouche se colle sur la mienne et veut respirer les soupirs que les douleurs m'arrachent… Mes larmes coulent, il les dévore, tour à tour il baise, menace, mais il continue de frapper; pendant qu'il opère, une des femmes l'excite; à genoux devant lui, de chacune de ses mains elle y travaille diversement; mieux elle y réussit, plus les coups qui m'atteignent ont de violence; je suis prête à être déchirée que rien n'annonce encore la fin de mes maux: on a beau s'épuiser de toutes parts, il est nul; cette fin que j'attends ne sera l'ouvrage que de son délire; une nouvelle cruauté le décide: ma gorge est à la merci de ce brutal, elle l'irrite, il y porte les dents, l'anthropophage la mord: cet excès détermine la crise, l'encens s'échappe. Des cris affreux, d'effroyables blasphèmes en ont caractérisé les élans, et le moine énervé m'abandonne à Jérôme.

– Je ne serai pas pour votre vertu plus dangereux que Clément, me dit ce libertin en caressant l'autel ensanglanté où vient de sacrifier ce moine, mais je veux baiser ces sillons; je suis si digne de les entrouvrir aussi, que je leur dois un peu d'honneur; je veux bien plus, continua ce vieux satyre en introduisant un de ses doigts où Sévérino s'est placé, je veux que la poule ponde, et je veux dévorer son œuf… existe-t-il?… Oui, parbleu!… Oh! mon enfant, qu'il est douillet!…

Sa bouche remplace les doigts… On me dit ce qu'il faut faire, j'exécute avec dégoût. Dans la situation où je suis, hélas! m'est-il permis de refuser! l'indigne est content… il avale, puis, me faisant mettre à genoux devant lui, il se colle à moi dans cette posture; son ignominieuse passion s'assouvit dans un lieu qui m'interdit toute plainte. Pendant qu'il agit ainsi, la grosse femme le fouette, une autre, placée à hauteur de sa bouche, y remplit le même devoir auquel je viens d'être soumise.

– Ce n'est pas assez, dit l'infâme, il faut que dans chacune de mes mains… On ne saurait trop multiplier ces choses-là…

Les deux plus jolies filles s'approchent; elles obéissent voilà les excès où la satiété a conduit Jérôme. Quoi qu'il en soit, à force d'impuretés il est heureux, et ma bouche, au bout d'une demi-heure, reçoit enfin, avec une répugnance qu'il vous est facile de deviner, le dégoûtant hommage de ce vilain homme.

Antonin paraît.

– Voyons donc, dit-il, cette vertu si pure; endommagée par un seul assaut, à peine y doit-il paraître.

Ses armes sont braquées, il se servirait volontiers des épisodes de Clément. Je vous l'ai dit, la fustigation active lui plaît bien autant qu'à ce moine, mais comme il est pressé, l'état où son confrère m'a mise lui devient suffisant; il examine cet état, il en jouit, et me laissant dans la posture si favorite d'eux tous, il pelote un instant sur les deux demi-lunes qui défendent l'entrée; il ébranle en fureur les portiques du temple, il est bientôt au sanctuaire, l'assaut, quoique aussi violent que celui de Sévérino, fait dans un sentier moins étroit, n'est pourtant pas si rude à soutenir; le vigoureux athlète saisit mes deux hanches, et suppléant aux mouvements que je ne puis faire, il me secoue sur lui avec vivacité; on dirait, aux efforts redoublés de cet Hercule, que non content d'être maître de la place, il veut la réduire en poudre. D'aussi terribles attaques, aussi nouvelles pour moi, me font succomber; mais, sans inquiétude pour mes peines, le cruel vainqueur ne songe qu'à doubler ses plaisirs; tout l'environne, tout l'excite, tout concourt à ses voluptés; en face de lui, exhaussée sur mes reins, la fille de quinze ans, les jambes ouvertes, offre à sa bouche l'autel sur lequel il sacrifie chez moi; il y pompe à loisir ce suc précieux de la nature dont l'émission est à peine accordée par elle à ce jeune enfant; une des vieilles, à genoux devant les reins de mon vainqueur, les agite, et de sa langue impure animant ses désirs, elle en détermine l'extase, pendant que pour s'enflammer encore mieux, le débauché excite une femme de chacune de ses mains; il n'est pas un de ses sens qui ne soit chatouillé, pas un qui ne concoure à la perfection de son délire; il y touche, mais ma constante horreur pour toutes ces infamies m'empêche de le partager… Il y arrive seul, ses élans, ses cris, tout l'annonce, et je suis inondée, malgré moi, des preuves d'une flamme que je n'allume qu'en sixième; je retombe enfin sur le trône où je viens d'être immolée, n'éprouvant plus mon existence que par ma douleur et mes larmes… mon désespoir et mes remords.

Cependant dom Sévérino ordonne aux femmes de me faire manger, mais bien éloignée de me prêter à ces attentions, un accès de chagrin furieux vient assaillir mon âme. Moi qui mettais toute ma gloire, toute ma félicité dans ma vertu, moi qui me consolais de tous les maux de la fortune, pourvu que je fusse toujours sage, je ne puis tenir à l'horrible idée de me voir aussi cruellement flétrie par ceux de qui je devais attendre le plus de secours et de consolation: mes larmes coulent en abondance, mes cris font retentir la voûte; je me roule à terre, je meurtris mon sein, je m'arrache les cheveux, j'invoque mes bourreaux, et les supplie de me donner la mort… Le croirez-vous, madame, ce spectacle affreux les irrite encore plus.

– Ah! dit Sévérino, je ne jouis jamais d'une plus belle scène: voyez, mes amis, l'état où elle me met; il est inouï ce qu'obtiennent de moi les douleurs féminines.

– Reprenons-la, dit Clément, et pour lui apprendre à hurler de la sorte, que la coquine dans ce second assaut soit traitée plus cruellement.

A peine ce projet est-il conçu qu'il s'exécute; Sévérino s'avance, mais quoi qu'il en eût dit, ses désirs ayant besoin d'un degré d'irritation de plus, ce n'est qu'après avoir mis en usage les cruels moyens de Clément qu'il réussit à trouver les forces nécessaires à l'accomplissement de son nouveau crime. Quel excès de férocité, grand Dieu! Se pouvait-il que ces monstres la portassent au point de choisir l'instant d'une crise de douleur morale de la violence de celle que j'éprouvais, pour m'en faire subir une physique aussi barbare!

– Il serait injuste que je n'employasse pas, au principal, avec cette novice, ce qui nous sert si bien comme épisode, dit Clément en commençant d'agir, et je vous réponds que je ne la traiterai pas mieux que vous.

– Un instant, dit Antonin au supérieur qu'il voyait prêt à me ressaisir; pendant que votre zèle va s'exhaler dans les parties postérieures de cette belle fille, je peux, ce me semble, encenser le dieu contraire; nous la mettrons entre nous deux.

La posture s'arrange tellement, que je puis encore offrir ma bouche à Jérôme; on l'exige; Clément se place dans mes mains; je suis contrainte à l'exciter; toutes les prêtresses entourent ce groupe affreux; chacune prête aux acteurs ce qu'elle sait devoir l'exciter davantage; cependant, je supporte tout; le poids entier est sur moi seule; Sévérino donne le signal, les trois autres le suivent de près, et me voilà, pour la seconde fois, indignement souillée des preuves de la dégoûtante luxure de ces indignes coquins.

– En voilà suffisamment pour un premier jour, dit le supérieur; il faut maintenant lui faire voir que ses compagnes ne sont pas mieux traitées qu'elle.

On me place dans un fauteuil élevé, et là, je suis contrainte à considérer les nouvelles horreurs qui vont terminer les orgies.

Les moines sont en haie; toutes les sœurs défilent devant eux, et reçoivent le fouet de chacun; elles sont ensuite obligées d'exciter leurs bourreaux avec la bouche pendant que ceux-ci les tourmentent et les invectivent.

La plus jeune, celle de dix ans, se place sur le canapé, et chaque religieux vient lui faire subir un supplice de son choix; près d'elle est la fille de quinze, dont celui qui vient de faire endurer la punition doit jouir aussitôt à sa guise; c'est le plastron: la plus vieille doit suivre le moine qui agit, afin de le servir, ou dans cette opération, ou dans l'acte qui doit terminer. Sévérino n'emploie que sa main pour molester celle qui s'offre à lui, et vole s'engloutir au sanctuaire qui le délecte et que lui présente celle qu'on a placée près de là; armée d'une poignée d'orties, la vieille lui rend ce qu'il vient de faire; c'est du sein de ces douloureuses titillations que naît l'ivresse de ce libertin… Consultez-le, s'avouera-t-il cruel? Il n'a rien fait qu'il n'endure lui-même.

Clément pince légèrement les chairs de la petite fille: la jouissance offerte à côté lui devient interdite, mais on le traite comme il a traité, et il laisse aux pieds de l'idole l'encens qu'il n'a plus la force de lancer jusqu'au sanctuaire.

Antonin s'amuse à pétrir fortement les parties charnues du corps de sa victime; embrasé des bonds qu'elle fait, il se précipite dans la partie offerte à ses plaisirs de choix. Il est, à son tour, pétri, battu, et son ivresse est le fruit des tourments.

Le vieux Jérôme ne se sert que de ses dents, mais chaque morsure laisse une trace dont le sang jaillit aussitôt; après une douzaine, le plastron lui présente la bouche; il y apaise sa fureur, pendant qu'il est mordu lui-même aussi fortement qu'il l'a fait.

Les moines boivent et reprennent des forces.

La femme de trente-six ans, grosse de trois mois, ainsi que je vous l'ai dit, est huchée par eux sur un piédestal de huit pieds de haut; ne pouvant y poser qu'une jambe, elle est obligée d'avoir l'autre en l'air; autour d'elle sont des matelas garnis de ronces, de houx, d'épines, à trois pieds d'épaisseur; une gaule flexible lui est donnée pour la soutenir: il est aisé de voir, d'un côté l'intérêt qu'elle a de ne point choir, de l'autre l'impossibilité de garder l'équilibre; c'est cette alternative qui divertit les moines. Rangés tous les quatre autour d'elle, ils ont chacun une ou deux femmes qui les excitent diversement pendant ce spectacle; toute grosse qu'elle est, la malheureuse reste en attitude près d'un quart d'heure; les forces lui manquent enfin, elle tombe sur les épines, et nos scélérats, enivrés de luxure, vont offrir pour la dernière fois sur son corps l'abominable hommage de leur férocité… On se retire.

Le supérieur me mit entre les mains de celle de ces filles, âgée de trente ans, dont je vous ai parlé; on la nommait Omphale; elle fut chargée de m'instruire, de m'installer dans mon nouveau domicile; mais je ne vis ni n'entendis rien ce premier soir; anéantie, désespérée, je ne pensais qu'à prendre un peu de repos; j'aperçus dans la chambre où l'on me plaçait de nouvelles femmes qui n'étaient point au souper; je remis au jour d'ensuite l'examen de tous ces nouveaux objets, et ne m'occupai qu'à chercher un peu de repos. Omphale me laissa tranquille; elle alla se mettre au lit, de son côté; à peine suis-je dans le mien, que toute l'horreur de mon sort se présente encore plus vivement à moi: je ne pouvais revenir, ni des exécrations que j'avais souffertes, ni de celles dont on m'avait rendue témoin. Hélas! si quelquefois mon imagination s'était égarée sur ces plaisirs, je les croyais chastes comme le Dieu qui les inspirait, données par la nature pour servir de consolation aux humains, je les supposais nés de l'amour et de la délicatesse. J'étais bien loin de croire que l'homme, à l'exemple des bêtes féroces, ne pût jouir qu'en faisant frémir sa compagne… Puis revenant sur la fatalité de mon sort… «Ô juste ciel! me disais-je, il est donc bien certain maintenant qu'aucun acte de vertu n'émanera de mon cœur sans qu'il ne soit aussitôt suivi d'une peine! Et quel mal faisais-je, grand Dieu! en désirant de venir accomplir dans ce couvent quelques devoirs de religion? Offensé-je le ciel en voulant le prier? Incompréhensibles décrets de la providence, daignez donc, continuai-je, vous ouvrir à mes yeux, si vous ne voulez pas que je me révolte contre vous!» Des larmes amères suivirent ces réflexions, et j'en étais encore inondée, quand le jour parut; Omphale alors s'approcha de mon lit.

– Chère compagne, me dit-elle, je viens t'exhorter à prendre du courage; j'ai pleuré comme toi dans les premiers jours, et maintenant l'habitude est prise; tu t'y accoutumeras comme j'ai fait; les commencements sont terribles; ce n'est pas seulement la nécessité d'assouvir les passions de ces débauchés qui fait le supplice de notre vie, c'est la perte de notre liberté, c'est la manière cruelle dont on nous conduit dans cette affreuse maison.

Les malheureux se consolent en en voyant d'autres auprès d'eux. Quelque cuisantes que fussent mes douleurs, je les apaisai un instant, pour prier ma compagne de me mettre au fait des maux auxquels je devais m'attendre.

– Un moment, me dit mon institutrice, lève-toi, parcourons d'abord notre retraite, observe les nouvelles compagnes; nous discourrons ensuite.

En souscrivant aux conseils d'Omphale, je vis que j'étais dans une fort grande chambre où se trouvaient huit petits lits d'indienne assez propres; près de chaque lit était un cabinet; mais toutes les fenêtres qui éclairaient ou ces cabinets ou la chambre étaient élevées à cinq pieds de terre et garnies de barreaux en dedans et en dehors. Dans la principale chambre était, au milieu, une grande table fixée en terre, pour manger ou pour travailler; trois autres portes revêtues de fer closaient cette chambre; point de serrures de notre côté: d'énormes verrous de l'autre.

– Voilà donc notre prison? dis-je à Omphale.

– Hélas! oui, ma chère, me répondit-elle; telle est notre unique habitation; les huit autres filles ont près d'ici une semblable chambre, et nous ne nous communiquons jamais que quand il plaît aux moines de nous réunir.

J'entrai dans le cabinet qui m'était destiné; il avait environ huit pieds carrés; le jour y venait, comme dans l'autre pièce, par une fenêtre très haute et toute garnie de fer. Les seuls meubles étaient un bidet, une toilette et une chaise percée. Je revins; mes compagnes, empressées de me voir, m'entourèrent; elles étaient sept: je faisait la huitième. Omphale, demeurant dans l'autre chambre, n'était dans celle-ci que pour m'instruire; elle y resterait si je le voulais, et l'une de celles que je voyais la remplacerait dans sa chambre; j'exigeai cet arrangement, il eut lieu. Mais avant d'en venir au récit d'Omphale, il me paraît essentiel de vous peindre les sept nouvelles compagnes que me donnait le sort; j'y procéderai par ordre d'âge, comme je l'ai fait pour les autres.

La plus jeune avait douze ans, une physionomie très vive et très spirituelle, les plus beaux cheveux et la plus jolie bouche.

La seconde avait seize ans; c'était une des plus belles blondes qu'il fût possible de voir, des traits vraiment délicieux, et toutes les grâces, toute la gentillesse de son âge, mêlées à une sorte d'intérêt, fruit de sa tristesse, qui la rendait mille fois plus belle encore.

La troisième avait vingt-trois ans; très jolie, mais trop d'effronterie, trop d'impudence dégradait, selon moi, dans elle, les charmes dont l'avait douée la nature.

La quatrième avait vingt-six ans; elle était faite comme Vénus; des formes cependant un peu trop prononcées; une blancheur éblouissante; la physionomie douce, ouverte et riante, de beaux yeux, la bouche un peu grande, mais admirablement meublée, et de superbes cheveux blonds.

La cinquième avait trente-deux ans; elle était grosse de quatre mois, une figure ovale, un peu triste, de grands yeux remplis d'intérêt, très pâle, une santé délicate, une voix tendre, et peu de fraîcheur; naturellement libertine: elle s'épuisait, me dit-on, elle-même.

La sixième avait trente-trois ans; une femme grande, bien découplée, le plus beau visage du monde, de belles chairs.

La septième avait trente-huit ans; un vrai modèle de taille et de beauté; c'était la doyenne de ma chambre; Omphale me prévint de sa méchanceté, et principalement du goût qu'elle avait pour les femmes.

– Lui céder est la vraie façon de lui plaire, me dit ma compagne; lui résister est assembler sur sa tête tous les maux qui peuvent nous affliger dans cette maison. Tu y réfléchiras.

Omphale demanda à Ursule (c'était le nom de la doyenne) la permission de m'instruire; Ursule y consentit sous condition que j'irais la baiser. Je m'approchai d'elle: sa langue impure voulut se réunir à la mienne, pendant que ses doigts travaillaient à déterminer des sensations qu'elle était bien loin d'obtenir. Il fallut pourtant malgré moi me prêter à tout, et quand elle crut avoir triomphé, elle me renvoya dans mon cabinet, où Omphale me parla de la manière suivante.

– Toutes les femmes que tu as vues hier, ma chère Thérèse, et celles que tu viens de voir, se divisent en quatre classes de quatre filles chacune. La première est appelée la classe de l'enfance: elle contient les filles depuis l'âge le plus tendre jusqu'à celui de seize ans; un habillement blanc les distingue.

La seconde classe, dont la couleur est le vert, s'appelle la classe de la jeunesse; elle contient les filles de seize jusqu'à vingt ans.

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