Rien au surplus ne légitime notre retraite; l'âge, le changement des traits, rien n'y fait; le caprice est leur seule règle. Ils réformeront aujourd'hui celle qu'ils ont le plus caressée hier; et ils garderont dix ans celles dont ils sont le plus rassasiés; telle est l'histoire de la doyenne de cette salle; il y a douze ans qu'elle est dans la maison, on l'y fête encore, et j'ai vu, pour la conserver, réformer des enfants de quinze ans dont la beauté eût rendu les Grâces jalouses. Celle qui partit, il y a huit jours, n'avait pas seize ans: belle comme Vénus même, il n'y avait qu'un an qu'ils en jouissaient, mais elle devint grosse, et je te l'ai dit, Thérèse, c'est un grand tort dans cette maison. Le mois passé, ils en réformèrent une de dix-sept ans. Il y a un an, une de vingt, grosse de huit mois; et dernièrement une à l'instant où elle sentait les premières douleurs de l'enfantement. Ne t'imagine pas que la conduite y fasse quelque chose: j'en ai vu qui volaient au-devant de leurs désirs, et qui partaient au bout de six mois; d'autres, maussades et fantasques, qu'ils gardaient un grand nombre d'années. Il est donc inutile de prescrire à nos arrivantes un genre quelconque de conduite; la fantaisie de ces monstres brise tous les freins et devient l'unique loi de leurs actions.
Lorsque l'on doit être réformée, on en est prévenue le matin, jamais plus tôt, le régent de jour paraît à neuf heures comme à l'ordinaire, et il dit, je le suppose: «Omphale, le couvent vous réforme, je viendrai vous prendre ce soir.» Puis il continue sa besogne. Mais à l'examen vous ne vous offrez plus à lui, ensuite il sort; la réformée embrasse ses compagnes, elle leur promet mille et mille fois de les servir, de porter des plaintes, d'ébruiter ce qui se passe; l'heure sonne, le moine paraît, la fille part, et l'on n'entend plus parler d'elle. Cependant le souper a lieu comme à l'ordinaire, les seules remarques que nous ayons faites ces jours-là, c'est que les moines arrivent rarement aux derniers épisodes du plaisir, on dirait qu'ils se ménagent, cependant ils boivent beaucoup plus, quelquefois même jusqu'à l'ivresse; ils nous renvoient de bien meilleure heure, il ne reste aucune femme à coucher, et les filles de garde se retirent au sérail.
– Bon, bon, dis-je à ma compagne, si personne ne vous a servies, c'est que vous n'avez eu affaire qu'à des créatures faibles, intimidées, ou à des enfants qui n'ont rien osé pour vous. Je ne crains point qu'on nous tue, au moins je ne le crois pas; il est impossible que des êtres raisonnables puissent porter le crime à ce point… Je sais bien que… Après ce que j'ai vu, peut-être ne devrais-je pas justifier les hommes comme je le fais, mais il est impossible, ma chère, qu'ils puissent exécuter des horreurs dont l'idée même n'est pas concevable. Oh! chère compagne, poursuivis-je avec chaleur, veux-tu la faire avec moi, cette promesse à laquelle je jure de ne pas manquer? Le veux-tu?
– Oui.
– Eh bien! je te jure sur tout ce que j'ai de plus sacré, sur le Dieu qui m'anime et que j'adore uniquement, je te proteste ou de mourir à la peine, ou de détruire ces infamies; m'en promets-tu autant?
– En doutes-tu? me répondit Omphale, mais sois certaine de l'inutilité de ces promesses; de plus irritées que toi, de plus fermes, de mieux étayées, de parfaites amies, en un mot, qui auraient donné leur sang pour nous, ont manqué aux mêmes serments; permets donc, chère Thérèse, permets à ma cruelle expérience de regarder les nôtres comme vains, et de n'y pas compter davantage.
– Et les moines, dis-je à ma compagne, varient-ils aussi, en vient-il souvent de nouveaux?
– Non, me répondit-elle, il y a dix ans qu'Antonin est ici; dix-huit que Clément y demeure; Jérôme y est depuis trente ans, et Sévérino depuis vingt-cinq. Ce supérieur, né en Italie, est proche parent du pape, avec lequel il est fort bien, ce n'est que depuis lui que les prétendus miracles de la Vierge assurent la réputation du couvent et empêchent les médisants d'observer de trop près ce qui se passe ici; mais la maison était montée comme tu la vois, quand il y arriva; il y a plus de cent ans qu'elle subsiste sur le même pied et que tous les supérieurs qui y sont venus y ont conservé un ordre si avantageux pour leurs plaisirs. Sévérino, l'homme le plus libertin de son siècle, ne s'y est fait placer que pour mener une vie analogue à ses goûts. Son intention est de maintenir les privilèges secrets de cette abbaye aussi longtemps qu'il le pourra. Nous sommes du diocèse d'Auxerre, mais que l'évêque soit instruit ou non, jamais nous ne le voyons paraître, jamais il ne met les pieds au couvent. En général, il vient très peu de monde ici, excepté vers le temps de la fête, qui est celle de la Notre-Dame d'août; il ne paraît pas, à ce que nous disent les moines, dix personnes par an dans cette maison; cependant il est vraisemblable que, lorsque quelques étrangers s'y présentent, le supérieur a soin de les bien recevoir; il en impose par des apparences de religion et d'austérité, on s'en retourne content, on fait l'éloge du monastère, et l'impunité de ces scélérats s'établit ainsi sur la bonne foi du peuple et sur la crédulité des dévots.
Omphale finissait à peine son instruction, que neuf heures sonnèrent; la doyenne nous appela bien vite, le régent de jour parut en effet. C'était Antonin, nous nous rangeâmes en haie suivant l'usage. Il jeta un léger coup d'œil sur l'ensemble, nous compta, puis s'assit; alors nous allâmes l'une après l'autre relever nos jupes devant lui, d'un côté jusqu'au-dessus du nombril, de l'autre jusqu'au milieu des reins. Antonin reçut cet hommage avec l'indifférence de la satiété, il ne s'en émut pas; puis, en me regardant, il me demanda comment je me trouvais de l'aventure! Ne me voyant répondre que par des larmes:
– Elle s'y fera, dit-il en riant il n'y a pas maison en France où l'on forme mieux les filles que dans celle-ci.
Il prit la liste des coupables des mains de la doyenne, puis s'adressant encore à moi, il me fit frémir; chaque geste, chaque mouvement qui paraissait devoir me soumettre à ces libertins, était pour moi comme l'arrêt de la mort. Antonin m'ordonne de m'asseoir sur le bord d'un lit, et dans cette attitude, il dit à la doyenne de venir découvrir ma gorge et relever mes jupes jusqu'au bas de mon sein; lui-même place mes jambes dans le plus grand écartement possible, il s'assoit en face de cette perspective, une de mes compagnes vient se poser sur moi dans la même attitude, en sorte que c'est l'autel de la génération qui s'offre à Antonin au lieu de mon visage, et que s'il jouit, il aura ces attraits à hauteur de sa bouche. Une troisième fille, à genoux devant lui, vient l'exciter de la main, et une quatrième, entièrement nue, lui montre avec les doigts sur mon corps, où il doit frapper. Insensiblement cette fille-ci m'excite moi-même, et ce qu'elle me fait, Antonin, de chacune de ses mains, le fait également à droite et à gauche à deux autres filles. On n'imagine pas les mauvais propos, les discours obscènes par lesquels ce débauché s'excite; il est enfin dans l'état qu'il désire, on le conduit à moi. Mais tout le suit, tout cherche à l'enflammer pendant qu'il va jouir, découvrant bien à nu toutes ses parties postérieures. Omphale, qui s'en empare, n'omet rien pour les irriter: frottements, baisers, pollutions, elle emploie tout; Antonio en feu se précipite sur moi…
– Je veux qu'elle soit grosse de cette fois-ci, dit-il en fureur.
Ces égarements déterminent le physique. Antonin, dont l'usage était de faire des cris terribles dans ce dernier instant de son ivresse, en pousse d'épouvantables; tout l'entoure, tout le sert, tout travaille à doubler son extase, et le libertin y arrive au milieu des épisodes les plus bizarres de la luxure et de la dépravation.
Ces sortes de groupes s'exécutaient souvent; il était de règle que quand un moine jouissait de telle façon que ce pût être, toutes les filles l'entourassent alors, afin d'embraser ses sens de toutes parts, et que la volupté pût, s'il est permis de s'exprimer ainsi, pénétrer plus sûrement en lui par chacun de ses pores.
Antonin sortit, on apporta le déjeuner; mes compagnes me forcèrent à manger, je le fis pour leur plaire. A peine avions-nous fini que le supérieur entra: nous voyant encore à table, il nous dispensa des cérémonies qui devaient être pour lui les mêmes que celles que nous venions d'exécuter pour Antonin.
– Il faut bien penser à la vêtir, dit-il en me regardant.
En même temps, il ouvre une armoire et jette sur mon lit plusieurs vêtements de la couleur annexée à ma classe et quelques paquets de linges.
– Essayez tout cela, me dit-il, et rendez-moi ce qui vous appartient.
J'exécute, mais, me doutant du fait, j'avais prudemment ôté mon argent pendant la nuit et l'avais caché dans mes cheveux. A chaque vêtement que j'enlève, les yeux ardents de Sévérino se portent sur l'attrait découvert, ses mains s'y promènent aussitôt. Enfin, à moitié nue, le moine me saisit, il me met dans l'attitude utile à ses plaisirs, c'est-à-dire dans la position absolument contraire à celle ou vient de me mettre Antonin; je veux lui demander grâce, mais voyant déjà la fureur dans ses yeux, je crois que le plus sûr est l'obéissance; je me place, on l'environne, il ne voit plus autour de lui que cet autel obscène qui le délecte; ses mains le pressent, sa bouche s'y colle, ses regards le dévorent… il est au comble du plaisir.
Si vous le trouvez bon, madame, dit la belle Thérèse, je vais me borner à vous expliquer ici l'histoire abrégée du premier mois que je passai dans ce couvent, c'est-à-dire les principales anecdotes de cet intervalle; le reste serait une répétition; la monotonie de ce séjour en jetterait sur mes récits, et je dois, immédiatement après, passer, ce me semble, à l'événement qui me sortit enfin de ce cloaque impur.
Je n'étais pas du souper ce premier jour, on m'avait simplement nommée pour aller passer la nuit avec dom Clément; je me rendis, suivant l'usage, dans sa cellule quelques instants avant qu'il n'y dût rentrer, le frère geôlier m'y conduisit et m'y enferma.
Il arrive, aussi échauffé de vin que de luxure, suivi de la fille de vingt-six ans qui se trouvait pour lors de garde auprès de lui; instruite de ce que j'avais à faire, je me mets à genoux dès que je l'entends. Il vient à moi, me considère dans cette humiliation, puis m'ordonne de me relever et de le baiser sur la bouche; il savoure ce baiser plusieurs minutes et lui donne toute l'expression…, toute l'étendue qu'il est possible d'y concevoir. Pendant ce temps, Armande (c'était le nom de celle qui le servait) me déshabillait en détail; quand la partie des reins, en bas, par laquelle elle avait commencé, est à découvert, elle se presse de me retourner et d'exposer à son oncle le côté chéri de ses goûts. Clément l'examine, il le touche, puis, s'asseyant dans un fauteuil, il m'ordonne de venir le lui faire baiser; Armande est à ses genoux, elle l'excite avec sa bouche, Clément place la sienne au sanctuaire du temple que je lui offre, et sa langue s'égare dans le sentier qu'on trouve au centre; ses mains pressaient les mêmes autels chez Armande, mais comme les vêtements que cette fille avait encore l'embarrassaient, il lui ordonne de les quitter, ce qui fut bientôt fait, et cette docile créature vint reprendre près de son oncle une attitude par laquelle, ne l'excitant plus qu'avec la main, elle se trouvait plus à la portée de celle de Clément. Le moine impur, toujours occupé de même avec moi, m'ordonne alors de donner dans sa bouche le cours le plus libre aux vents dont pouvaient être affectées mes entrailles; cette fantaisie me parut révoltante, mais j'étais encore loin de connaître toutes les irrégularités de la débauche: j'obéis et me ressens bientôt de l'effet de cette intempérance. Le moine, mieux excité, devient plus ardent, il mord subitement en six endroits les globes de chair que je lui présente; je fais un cri et saute en avant, il se lève, s'avance à moi, la colère dans les yeux, et me demande si je sais ce que j'ai risqué en le dérangeant: je lui fais mille excuses, il me saisit par mon corset encore sur ma poitrine, et l'arrache ainsi que ma chemise en moins de temps que je n'en mets à vous le dire… Il empoigne ma gorge avec férocité, et l'invective en la comprimant; Armande le déshabille, et nous voilà tous les trois nus. Un instant, Armande l'occupe; il lui applique de sa main des claques furieuses; il la baise à la bouche, il lui mordille la langue et les lèvres, elle crie; quelquefois la douleur arrache des yeux de cette fille des larmes involontaires; il la fait monter sur une chaise et exige d'elle ce même épisode qu'il a désiré avec moi. Armande y satisfait, je l'excite d'une main; pendant cette luxure, je le fouette légèrement de l'autre, il mord également Armande, mais elle se contient et n'ose bouger. Les dents de ce monstre se sont pourtant imprimées dans les chairs de cette belle fille. On les y voit en plusieurs endroits; se retournant ensuite brusquement:
– Thérèse, me dit-il, vous allez cruellement souffrir (il n'avait pas besoin de le dire, ses yeux ne l'annonçaient que trop); vous serez fustigée partout, me dit-il, je n'excepte rien.
Et en disant cela, il avait repris ma gorge qu'il maniait avec brutalité; il en froissait les extrémités du bout de ses doigts et m'occasionnait des douleurs très vives; je n'osais rien dire de peur de l'irriter encore plus, mais la sueur couvrait mon front, et mes yeux malgré moi se remplissaient de pleurs. Il me retourne, me fait agenouiller sur le bord d'une chaise, dont mes mains doivent tenir le dossier, sans se déranger une minute, sous les peines les plus graves; me voyant enfin là, bien à sa portée, il ordonne à Armande de lui apporter des verges, elle lui en présente une poignée mince et longue; Clément les saisit, et me recommandant de ne pas bouger, il débute par une vingtaine de coups sur mes épaules et sur le haut de mes reins; il me quitte un instant, revient prendre Armande et la place à six pieds de moi, également à genoux, sur le bord d'une chaise. Il nous déclare qu'il va nous fouetter toutes deux ensemble, et que la première des deux qui lâchera la chaise, poussera un cri, ou versera une larme sera sur-le-champ soumise par lui à tel supplice que bon lui semblera. Il donne à Armande le même nombre de coups qu'il vient de m'appliquer, et positivement sur les mêmes endroits; il me reprend, il baise tout ce qu'il vient de molester, et levant ses verges:
– Tiens-toi bien, coquine, me dit-il, tu vas être traitée comme la dernière des misérables.
Je reçois à ces mots cinquante coups, mais qui ne prennent que depuis le milieu des épaules jusqu'à la chute des reins exclusivement. Il vole à ma camarade et la traite de même; nous ne prononcions pas une parole; on n'entendait que quelques gémissements sourds et contenus, et nous avions assez de force pour retenir nos larmes. A quelque point que fussent enflammées les passions du moine, on n'en apercevait pourtant aucun signe encore; par intervalles, il s'excitait fortement sans que rien se levât. En se rapprochant de moi, il considère quelques minutes ces deux globes de chair encore intacte et qui allaient à leur tour endurer le supplice; il les manie, il ne peut s'empêcher de les entrouvrir, de les chatouiller, de les baiser mille fois encore.
– Allons, dit-il, du courage…
Une grêle de coups tombe à l'instant sur ces masses et les meurtrit jusqu'aux cuisses. Extrêmement animé des bonds, des haut-le-corps, des grincements, des contorsions que la douleur m'arrache, les examinant, les saisissant avec délices, il vient en exprimer, sur ma bouche qu'il baisa avec ardeur, les sensations dont il est agité…
– Cette fille me plaît, s'écrie-t-il, je n'en ai jamais fustigée qui m'ait autant donné de plaisir!
Et il retourne à sa nièce, qu'il traite avec la même barbarie. Il restait la partie inférieure, depuis le haut des cuisses jusqu'aux mollets, et sur l'une et l'autre il frappe avec la même ardeur.
– Allons! dit-il encore, en me retournant, changeons de main et visitons ceci.
Il me donne une vingtaine de coups, depuis le milieu du ventre jusqu'au bas des cuisses, puis, me les faisant écarter, il frappa rudement dans l'intérieur de l'antre que je lui ouvrais par mon attitude.
– Voilà, dit-il, l'oiseau que je veux plumer.
Quelques cinglons ayant, par les précautions qu'il prenait, pénétré fort avant, je ne pus retenir mes cris.
– Ah! ah! dit le scélérat, j'ai trouvé l'endroit sensible; bientôt, bientôt, nous le visiterons un peu mieux.
Cependant sa nièce est mise dans la même posture et traitée de la même manière; il l'atteint également sur les endroits les plus délicats du corps d'une femme; mais soit habitude, soit courage, soit la crainte d'encourir de plus rudes traitements, elle a la force de se contenir, et l'on n'aperçoit d'elle que des frémissements et quelques contorsions involontaires. Il y avait pourtant un peu de changement dans l'état physique de ce libertin, et quoique les choses eussent encore bien peu de consistance, à force de secousses elles en annonçaient incessamment.
– Mettez-vous à genoux, me dit le moine, je vais vous fouetter sur la gorge.
– Sur la gorge, mon père!
– Oui, sur ces deux masses lubriques qui ne m'excitèrent jamais que pour cet usage.
Et il les serrait, il les comprimait violemment en disant cela.
– Oh! mon père! cette partie est si délicate, vous me ferez mourir.
– Que m'importe, pourvu que je me satisfasse?
Et il m'applique cinq ou six coups qu'heureusement je pare de mes mains. Voyant cela, il les lie derrière mon dos; je n'ai plus que les mouvements de ma physionomie et mes larmes pour implorer ma grâce, car il m'avait durement ordonné de me taire. Je tâche donc de l'attendrir… mais en vain. Il appuie fortement une douzaine de coups sur mes deux seins que rien ne garantit plus; d'affreux cinglons s'impriment aussitôt en traits de sang; la douleur m'arrachait des larmes qui retombaient sur les vestiges de la rage de ce monstre, et les rendaient, disait-il, mille fois plus intéressants encore… Il les baisait, il les dévorait, et revenait de temps en temps à ma bouche, à mes yeux inondés de pleurs, qu'il suçait de même avec lubricité.
Armande se place, ses mains se lient, elle offre un sein d'albâtre et de la plus belle rondeur; Clément fait semblant de le baiser, mais c'est pour le mordre… Il frappe enfin, et ces belles chairs si blanches, si potelées, ne présentent bientôt plus aux yeux de leur bourreau que des meurtrissures et des traces de sang.
– Un instant, dit le moine avec fureur, je veux fustiger à la fois le plus beau des derrières et le plus doux des seins.
Il me laisse à genoux, et plaçant Armande sur moi, il lui fait écarter les jambes, en telle sorte que ma bouche se trouve à hauteur de son bas-ventre, et ma gorge entre ses cuisses, au bas de son derrière. Par ce moyen, le moine a ce qu'il veut à sa portée, il a sous le même point de vue les fesses d'Armande et mes tétons; il frappe l'un et l'autre avec acharnement, mais ma compagne, pour m'épargner des coups qui deviennent bien plus dangereux pour moi que pour elle, a la complaisance de se baisser et de me garantir ainsi, en recevant elle-même des cinglons qui m'eussent inévitablement blessée. Clément s'aperçoit de la ruse, il dérange l'attitude.
– Elle n'y gagnera rien, dit-il en colère, et si je veux bien épargner cette partie-là aujourd'hui, ce ne sera que pour en molester une autre pour le moins aussi délicate.
En me relevant, je vis alors que tant d'infamies n'étaient pas faites en vain: le débauché se trouvait dans le plus brillant état; il n'en est que plus furieux; il change d'arme, il ouvre une armoire où se trouvent plusieurs martinets, il en sort un à pointes de fer, qui me fait frémir.