– Je ne vous propose pas de retourner auprès de votre femme, dit d’Olincourt dès qu’il vit le robin savonné, je connais votre délicatesse, ainsi La Brie va vous conduire dans un petit appartement de garçon où vous passerez tranquillement le reste de la nuit.
– Bien, bien, mon cher marquis, dit le président, j’approuve votre projet… mais vous en conviendrez, il faut que je sois ensorcelé, pour que de pareilles aventures m’arrivent ainsi toutes les nuits depuis que je suis dans ce maudit château.
– Il y a là-dedans quelque cause physique, dit le marquis; le médecin revient nous voir demain, je vous conseille de le consulter.
– Je le veux, répondit le président, et gagnant sa petite chambre avec La Brie, en vérité, mon cher, lui dit-il, en se mettant au lit, je n’avais jamais été si près du but.
– Hélas, monsieur, lui répondit l’adroit garçon en se retirant, il y a là-dedans une fatalité du ciel et je vous réponds que je vous plains de tout mon cœur.
Delgatz ayant tâté le pouls du président, l’assura que la rupture des poutres ne venait que d’un excès d’engorgement dans les vaisseaux lymphatiques, qui doublant la masse des humeurs, augmentait en proportion le volume animal; qu’en conséquence, il fallait une diète austère, qui parvenant à épurer l’âcreté des humeurs, amoindrirait nécessairement le poids physique et contribuerait aux succès proposés, que d’ailleurs…
– Mais, monsieur, lui dit Fontanis en l’interrompant, je me suis déhanché, et démis le bras gauche par cette chute épouvantable…
– Je le crois bien, répondit le docteur, mais ces accidents secondaires ne sont point du tout ceux qui m’effrayent; moi, je remonte toujours aux causes, il s’agit de travailler au sang, monsieur; en diminuant l’acrimonie de la lymphe, nous dégageons les vaisseaux, et la circulation des vaisseaux devenant plus facile, nous diminuons nécessairement la masse physique, d’où il résulte que les plafonds ne s’affaissant plus sous votre poids, vous pourrez dorénavant vous livrer dans votre lit à tous les exercices qu’il vous plaira sans courir de nouveaux dangers.
– Et mon bras, monsieur, et ma hanche?
– Purgeons, monsieur, purgeons, essayons ensuite une couple de saignées locales et tout se rétablira insensiblement.
Dès le même jour la diète commença; Delgatz qui ne quitta point son malade de la semaine, le mit à l’eau de poulet, et le purgea trois fois de suite, en lui défendant sur toute chose de penser à sa femme. Tout ignare qu’était le lieutenant Delgatz, son régime réussit à merveille, il assura la société qu’il avait autrefois traité de la même façon, quand il travaillait à l’école vétérinaire, un âne qui était tombé dans un trou très profond et qu’au bout d’un mois l’animal restauré portait gaillardement ses sacs de plâtre, comme il avait eu toujours coutume de faire. Effectivement le président qui ne laissait pas que d’être bilieux, redevint frais et vermeil, les contusions se dissipèrent, et l’on ne s’occupa plus que de le restaurer pour lui donner les forces utiles à endurer ce qui lui revenait encore.
Le douzième jour du traitement, Delgatz prit son malade par la main et le présentant à Mlle de Téroze:
– Le voilà, madame, lui dit-il, le voilà, cet homme rebelle aux lois d’Hippocrate, je vous le ramène sain et sauf, et s’il s’abandonne sans frein aux forces que je lui ai rendues, nous aurons le plaisir de voir avant six mois, continua Delgatz en posant légèrement la main sur le bas-ventre de Mlle de Téroze… oui, madame, nous aurons tous la satisfaction de voir ce beau sein arrondi par les mains de l’hymen.
– Dieu vous entende, docteur, répondit la friponne, vous m’avouerez qu’il est bien dur d’être femme depuis quinze jours sans avoir cessé d’être fille.
– Incomparable, dit le président, on n’a point une indigestion toutes les nuits, toutes les nuits le besoin d’uriner ne culbute pas un époux au bas de son lit et croyant tomber dans les bras d’une jolie femme, on ne se précipite pas sans cesse dans une étable à cochons.
– Nous le verrons, dit la jeune Téroze en poussant un gros soupir, nous le verrons, monsieur, mais si vous m’aimiez comme je vous aime, en vérité tous ces malheurs-là ne vous arriveraient pas.
Le souper fut très gai, la marquise y fut aimable et méchante, elle paria contre son mari, en faveur des succès de son beau-frère et l’on se retira. Les toilettes se font à la hâte, Mlle de Téroze supplie son mari par pudeur, de ne souffrir aucune lumière dans sa chambre, celui-ci trop battu pour rien refuser, accorde tout ce qu’on veut, et l’on se met au lit; plus d’obstacles, l’intrépide président triomphe, il cueille ou croit cueillir enfin cette fleur précieuse à laquelle on a la folie d’attacher tant de prix; cinq fois de suite il est couronné par l’amour, lorsque le jour venu, les fenêtres s’ouvrent, et les rayons de l’astre qu’elles laissent pénétrer dans la chambre viennent enfin offrir aux yeux du vainqueur la victime qu’il vient d’immoler… Juste ciel, que devient-il quand il aperçoit une vieille négresse au lieu de sa femme, qu’il voit une figure aussi noire que hideuse remplacer les attraits délicats dont il s’est cru possesseur!
Il se jette en arrière, il s’écrie qu’il est ensorcelé, quand sa femme arrivant elle-même, et le surprenant avec cette divinité du Ténare, lui demande avec aigreur ce qu’elle a donc pu lui faire pour en être aussi cruellement trompée.
– Mais, madame, n’est-ce point avec vous qu’hier…
– Moi, monsieur, honteuse, humiliée, je n’ai pas à me reprocher du moins de vous avoir manqué de soumission; vous avez vu cette femme auprès de moi, vous m’avez repoussée brutalement pour la saisir, vous lui avez fait occuper ma place dans le lit qui m’était destiné et je me suis retirée confuse, n’ayant que mes larmes pour soulagement.
– Et dites-moi, mon ange, vous êtes bien certaine de tous les faits que vous alléguez ici?
– Le monstre, il veut encore m’insulter après d’aussi violents outrages et des sarcasmes sont ma récompense quand je m’attends à des consolations… Accourez, accourez, ma sœur, que toute ma famille vienne voir à quel indigne objet je suis sacrifiée… la voilà… la voilà, cette rivale odieuse, s’écria la jeune épouse frustrée de ses droits en répandant un torrent de larmes, même à mes yeux, il ose être dans ses bras. Ô mes amis, continua Mlle de Téroze au désespoir en réunissant tout le monde autour d’elle, secourez-moi, prêtez-moi des armes contre ce parjure, était-ce à cela que je devais m’attendre, l’adorant comme je le faisais?…
Rien de plus plaisant que la figure de Fontanis à ces surprenantes paroles: tantôt il jetait des yeux égarés sur sa négresse; les rapportant ensuite sur sa jeune épouse il la considérait avec une sorte d’attention imbécile, qui réellement eût pu devenir inquiétante pour la disposition de son cerveau. Par une fatalité assez singulière, depuis que le président était à d’Olincourt, La Brie, ce rival déguisé qu’il eût dû redouter le plus, était devenu le personnage de tout ce qui était là, auquel il eût le plus de confiance; il l’appelle.
– Mon ami, lui dit-il, vous qui m’avez toujours paru un garçon vraiment raisonnable, voudriez-vous me faire le plaisir de me dire si réellement vous avez reconnu quelque altération dans ma tête.
– Ma foi, monsieur le président, lui répondit La Brie d’un air triste et confus, je n’aurais jamais osé vous le dire, mais puisque vous me faites l’honneur de me demander mon avis, je ne vous cacherai pas que depuis votre chute dans l’auge aux cochons, vos idées ne sont jamais émanées pures des membranes de votre cervelet; que ça ne vous inquiète pas, monsieur, le médecin qui vous a déjà traité est un des plus grands hommes que nous ayons jamais eus dans cette partie… Tenez, nous avions ici le juge de la terre de M. le marquis qui était devenu fou à tel point qu’il n’y avait pas un jeune libertin de l’endroit s’amusant avec une fille, auquel ce coquin ne fît aussitôt un procès criminel, et le décret et la sentence et l’exil et toutes les platitudes que ces drôles-là ont toujours dans la bouche; eh bien, monsieur, notre docteur, cet homme universel qui a déjà eu l’honneur de vous médicamenter en dix-huit saignées et trente-deux médecines, lui a rendu la tête aussi saine que s’il n’eût jamais jugé de sa vie. Mais tenez, continua La Brie en se retournant au bruit qu’il entendait, on a bien raison de dire qu’on ne parle pas plutôt d’une bête qu’on en voit le poil… ne le voilà-t-il pas qui vient lui-même.
– Eh, bonjour, cher docteur, dit la marquise, en voyant arriver Delgatz, en vérité je crois que jamais nous n’eûmes autant besoin de votre ministère; notre cher ami le président a eu hier au soir un petit dérangement de tête qui lui a fait prendre malgré tout le monde cette négresse au lieu de sa femme.
– Malgré tout le monde, dit le président, quoi réellement on s’y est opposé?
– Moi-même le premier et de toute ma force, répondit La Brie, mais monsieur y allait si vigoureusement que j’ai mieux aimé le laisser faire que de m’exposer à être maltraité par lui.
Et là-dessus le président se frottant la tête commençait à ne pas trop savoir à quoi s’en tenir, lorsque le médecin s’approchant et lui tâtant le pouls:
– Ceci est plus sérieux que le dernier accident, dit Delgatz en baissant les yeux, c’est un reste ignoré de notre dernière maladie, un feu couvert qui échappe à l’œil intelligent de l’artiste et qui éclate au moment où l’on y pense le moins. Il y a une obstruction décidée dans le diaphragme et un éréthisme prodigieux dans l’organisation.
– Un hérétisme, s’écria le président furieux, que veut dire ce drôle-là avec son hérétisme? Apprends, faquin, que je n’ai jamais été hérétique, on voit bien, vieux sot, que peu versé dans l’histoire de France tu ignores que c’est nous qui brûlons les hérétiques: va visiter notre patrie, bâtard oublié de Salerne, va, mon ami, va voir Mérindol et Cabrières fumer encore des incendies que nous y portâmes, promène-toi sur les fleuves de sang dont les respectables membres de notre tribunal arrosèrent si bien la province, entends encore les gémissements des malheureux que nous immolâmes à notre rage, les sanglots des femmes que nous arrachâmes du sein de leur époux, le cri des enfants que nous écrasâmes dans le sein de leur mère, examine enfin toutes les saintes horreurs que nous commîmes et tu verras si d’après une aussi sage conduite il appartient à un drôle comme toi de nous traiter d’hérétiques.
Le président qui était toujours au lit à côté de la négresse, lui avait dans la chaleur de sa narration appliqué un si rude coup de poing sur le nez que la malheureuse s’était échappée en hurlant nomme une chienne à laquelle on enlève ses petits.
– Eh bien, eh bien, de la fureur, mon ami, dit d’Olincourt en s’approchant du malade, président, est-ce comme cela qu’on se conduit? vous voyez bien que votre santé s’altère et qu’il est essentiel de songer à vous.
– A la bonne heure, quand on me parlera comme cela, j’écouterai, mais m’entendre traiter d’hérétique par ce balayeur de Saint-Côme, vous m’avouerez que c’est ce que je ne puis souffrir.
– Il n’y a pas pensé, mon cher frère, dit la marquise avec aménité, éréthisme est le synonyme d’inflammation, il ne le fut jamais d’hérésie.
– Ah! pardon, madame la marquise, pardon, c’est que j’ai quelquefois l’ouïe un peu dure. Allons que ce grave disciple d’Averroès avance et parle, je l’écouterai… je ferai plus, j’exécuterai ce qu’il me dira.
Delgatz que la bouillante sortie du président avait fait tenir à l’écart, de peur d’être traité comme la négresse, se ravança vers le bord du lit.
– Je vous le répète, monsieur, dit le nouveau Galien en reprenant le pouls de son malade, grand éréthisme dans l’organisation.
– Héré…
– Éréthisme, monsieur, dit précipitamment le docteur en courbant les épaules de peur d’un coup de poing, d’où je conclus pour une phlébotomisation subite à la jugulaire que nous ferons suivre par quelques bains à la glace réitérés.
– Je ne suis pas trop d’avis de la saignée, dit d’Olincourt, monsieur le président n’est plus d’un âge à soutenir ces sortes d’assauts sans un besoin bien réel; je n’ai pas d’ailleurs à l’exemple des enfants de Thémis et d’Esculape la manie sanguinaire, mon système est qu’il est aussi peu de maladies qui vaillent la peine de le faire couler, qu’il est peu de crimes qui méritent de le répandre; président, vous m’approuverez j’espère quand il s’agit d’épargner le vôtre, peut-être ne serais-je pas aussi certain de votre aveu si vous aviez moins d’intérêt à la chose.
– Monsieur, répondit le président, je vous approuve dans la première partie de votre discours, mais vous permettrez que je blâme la seconde: c’est avec le sang qu’on efface le crime, avec lui seul que l’on le purge et que l’on le prévient; comparez, monsieur, tous les maux que le crime peut produire sur la terre avec le petit mal d’une douzaine de malheureux exécutés par an pour le prévenir.
– Votre paradoxe n’a pas le sens commun, mon ami, dit d’Olincourt, il est dicté par le rigorisme et par la bêtise, il est en vous un vice d’état et de terroir qu’il faudrait abjurer à jamais; indépendamment de ce que vos rigueurs imbéciles n’ont jamais arrêté le crime, c’est qu’il est absurde de dire qu’un forfait en puisse acquitter un autre et que la mort d’un second homme puisse être bonne à celle d’un premier; vous devriez, vous et les vôtres, rougir de pareils systèmes prouvant bien moins votre intégrité que votre goût dominant pour le despotisme; on a bien raison de vous appeler les bourreaux de l’espèce humaine: vous détruisez plus d’hommes, à vous seuls, que tous les fléaux réunis de la nature.
– Messieurs, dit la marquise, il me semble que ce n’est ici ni le cas ni l’instant d’une discussion pareille; au lieu de calmer mon petit frère, monsieur, continua-t-elle en s’adressant à son mari, vous achevez d’enflammer son sang et vous allez peut-être rendre sa maladie incurable.
– Madame la marquise a raison, dit le docteur, permettez, monsieur, que j’ordonne à La Brie d’aller faire mettre quarante livres de glace dans la baignoire que l’on remplira ensuite d’eau de puits, et que pendant le temps de cette préparation, je fasse lever mon malade.
Tout le monde se retire aussitôt; le président se lève, marchande encore un moment sur ce bain à la glace, qui, disait-il, allait le rendre nul au moins pour six semaines, mais il n’y a pas moyen de s’y soustraire, il descend, on l’y plonge, on l’y contraint dix ou douze minutes, aux yeux de toute la société, dispersée dans tous les coins des environs pour se divertir de la scène, et le malade bien essuyé s’habille et paraît dans le cercle comme si de rien n’était.
La marquise, dès qu’on a dîné, propose une promenade.
– La dissipation doit être bonne au président, n’est-ce pas, docteur, demanda-t-elle à Delgatz.
– Assurément, répondit celui-ci, madame doit se souvenir qu’il n’y a point d’hôpitaux, où l’on ne laisse aux fous une cour pour prendre l’air.
– Mais je me flatte, dit le président, que vous ne me regardez pas tout à fait encore comme sans ressource.
– Tant s’en faut, monsieur, reprit Delgatz, c’est un léger égarement qui saisi à propos ne doit avoir aucune suite, mais il faut rafraîchir M. le président, il faut du calme.
– Comment, monsieur, vous croyez que ce soir je ne pourrais pas prendre ma revanche?
– Ce soir, monsieur, votre seule idée me fait frémir; si j’agissais de rigueur avec vous, comme vous agissez avec les autres, je vous défendrais les femmes pendant trois ou quatre mois.
– Trois ou quatre mois, juste ciel… et se tournant vers son épouse: Trois ou quatre mois, mignonne, y tiendriez-vous, mon ange, y tiendriez-vous?
– Oh, M. Delgatz s’adoucira, j’espère, répondit avec une naïveté feinte la jeune Téroze, il aura au moins pitié de moi, s’il ne veut en avoir de vous…
Et l’on partit pour la promenade. Il y avait un bac à passer pour se rendre chez un gentilhomme voisin, prévenu de tout et qui attendait la compagnie à goûter; une fois dans le bateau, nos jeunes gens se mettent à polissonner, et Fontanis pour plaire à sa femme ne manque pas de les imiter.
– Président, dit le marquis, je gage que vous ne vous suspendez pas comme moi à la corde du bac et que vous n’y restez pas plusieurs minutes de suite.
– Rien de plus aisé, dit le président en achevant sa prise de tabac et s’élevant sur la pointe des pieds pour mieux attraper la corde.
– Bien, bien, infiniment mieux que vous, mon frère, dit la petite Téroze dès qu’elle voit son mari accroché.
Mais pendant que le président ainsi suspendu fait admirer ses grâces et son adresse, les bateliers qui ont le mot doublent de rames, et la barque s’échappant avec vivacité laisse le malheureux entre le ciel et l’eau… Il crie, il appelle à lui, on n’était qu’au milieu de la traversée, il y avait encore plus de quinze toises avant que de toucher le bord.
– Faites comme vous pourrez, lui criait-on, traînez-vous par vos mains jusqu’au rivage, mais vous voyez bien que le vent nous emporte, il nous est impossible de revenir à vous.
Et le président se glissant, gigotant, se débattant, faisait tout ce qu’il pouvait pour rattraper la barque qui fuyait toujours à force de rames; s’il y avait un tableau plaisant, c’était assurément celui de voir ainsi pendu en grande perruque et en habit noir un des plus graves magistrats du Parlement d’Aix.
– Président, lui criait le marquis en éclatant de rire, en vérité ceci n’est qu’une permission de la providence, c’est le talion, mon ami, c’est le talion, c’est cette loi favorite de vos tribunaux; de quoi vous plaignez-vous d’être ainsi pendu, n’en avez-vous pas souvent condamné au même supplice, qui ne l’avaient pas mérité plus que vous?
Mais le président ne pouvait plus entendre: horriblement fatigué de l’exercice violent où l’on le forçait, les mains lui manquèrent, et il tombe comme une masse dans l’eau; à l’instant deux plongeurs que l’on tenait tout prêts, volent à son secours; et l’on le ramène à bord, mouillé comme un barbet et jurant comme un charretier. Il commença par vouloir se plaindre d’une plaisanterie qui n’était point de saison… on lui jure qu’on n’a nullement plaisanté, qu’un coup de vent a fait éloigner le bateau, on le chauffe dans la cabane du batelier, on le change, on le caresse, sa petite femme fait tout pour lui faire oublier son petit accident, et Fontanis amoureux et faible se met bientôt à rire avec tout le monde du spectacle qu’il vient de donner.
On arrive enfin chez le gentilhomme, on y est reçu à ravir, le plus grand goûter se sert; on a soin de faire avaler au président une crème aux pistaches qu’il n’a pas plus tôt dans les entrailles qu’il est obligé de s’informer sur-le-champ du cabinet secret, on lui en ouvre un très obscur; horriblement pressé, il s’assoit et se soulage avec empressement, mais l’opération faite, le président ne peut plus se relever.