Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier - Аристофан 5 стр.


Oui, par Poséidôn! et aussi sans leur père.

DIKÆOPOLIS

Que mangent-elles de préférence?

LE MÉGARIEN

Tout ce que tu voudras leur donner. Mais demande-le-leur.

DIKÆOPOLIS

Petite truie, petite truie!

LA FILLETTE

Coï, coï!

DIKÆOPOLIS

Mangerais-tu bien des pois chiches montants?

LA FILLETTE

Coï, coï, coï!

DIKÆOPOLIS

Et puis encore! Des figues de Phibalis?

LA FILLETTE

Coï, coï!

DIKÆOPOLIS

Quels cris aigus vous poussez à propos de figues! Que quelqu'un de l'intérieur apporte des figues à ces petites truies. En mangeront-elles? Ah! ah! comme elles les croquent, ô vénérable Hèraklès! De quel pays sont ces truies? On les croirait de Tragasa-la-Goulue.

LE MÉGARIEN

Mais elles n'ont pas mangé toutes les figues: car en voici une que je leur ai enlevée.

DIKÆOPOLIS

Par Zeus! ce sont deux gentilles bêtes. Combien veux-tu me vendre tes truies? Dis.

LE MÉGARIEN

L'une pour une botte d'ail; l'autre, si tu veux, pour un khœnix de sel.

DIKÆOPOLIS

Je te les achète. Attends ici.

LE MÉGARIEN

Voilà qui va bien. Hermès, dieu du gain, puissé-je vendre ainsi ma femme et ma mère!

UN SYKOPHANTE

Hé! l'homme. De quel pays es-tu?

LE MÉGARIEN

Marchand de cochons de Mégara.

LE SYKOPHANTE

Je dénonce comme ennemis tes cochons et toi.

LE MÉGARIEN

Allons, bon! Voilà la cause de toutes nos misères revenue!

LE SYKOPHANTE

Chanson mégarienne! Ne lâcheras-tu pas ce sac?

LE MÉGARIEN

Dikæopolis! Dikæopolis! On me dénonce.

DIKÆOPOLIS

Qui cela? Quel est ton dénonciateur? Agoranomes, vous ne mettrez pas à la porte les sykophantes? A quoi penses-tu de nous éclairer sans lanterne?

LE SYKOPHANTE

Ne puis-je pas dénoncer les ennemis?

DIKÆOPOLIS

Tu vas crier, si tu ne cours pas dénoncer ailleurs.

LE MÉGARIEN

Quel fléau pour Athènes!

DIKÆOPOLIS

Courage, Mégarien! Tiens, voilà le prix de tes truies; prends l'ail et le sel, et bien de la joie!

LE MÉGARIEN

Ah! il n'y en a pas beaucoup chez nous.

DIKÆOPOLIS

Quelle inadvertance! Qu'elle retombe sur ma tête!

LE MÉGARIEN

Petits cochons, tâchez, sans votre père, de manger de la galette avec du sel, si quelqu'un vous en donne!

CHŒUR DES AKHARNIENS

Heureux homme! N'as-tu pas entendu quel gain il tire de sa résolution? Il fera ses affaires assis sur l'Agora. Et si Ktésias se présente, ou quelque autre sykophante, il ira gémir assis. Pas un homme ne te fraudera sur le prix des denrées; Prépis n'essuiera pas devant toi son infâme derrière, et Kléonymos ne te bousculera pas. Tu te promèneras drapé dans une brillante læna. Tu ne rencontreras pas Hyperbolos, inassouvi de chicanes; tu ne seras pas abordé, en parcourant l'Agora, par Kratinos, toujours rasé à la fine lame, comme les galants; ni par le pervers Artémôn, trop alerte à la musique, exhalant de ses aisselles la mauvaise odeur d'un bouc de sa patrie Tragasa. Jamais plus ne te raillera le roi des méchants, Pauson, ni, sur l'Agora, Lysistratos, l'opprobre des Kholargiens, homme imprégné de tous les vices, grelottant et mourant de faim plus de trente jours par chaque mois.

UN BŒOTIEN

Par Hèraklès! mon épaule n'en peut mais. Ismènias, pose doucement à terre le pouliot. Vous tous, flûteurs thébains, soufflez avec vos flûtes d'or dans un derrière de chien.

DIKÆOPOLIS

Aux corbeaux! Ces frelons ne quitteront donc pas nos portes? D'où s'est abattue sur ma porte cette volée, élevée par Khæris, ces flûtistes bourdonnants?

LE BŒOTIEN

Par Iolaos! ton souhait m'est agréable, étranger! Depuis Thèbæ, en soufflant derrière moi, ils ont fait tomber par terre mes fleurs de pouliot. Mais, si tu veux bien, achète-moi de ce que je porte, des poulets ou des sauterelles.

DIKÆOPOLIS

Ah! salut! mon cher Bœotien, mangeur de kollix. Qu'apportes-tu?

LE BŒOTIEN

Tout ce que nous avons de bon en Bœotia: origan, pouliot, nattes de jonc, feuilles à mèches, canards, geais, francolins, poules d'eau, roitelets, plongeons.

DIKÆOPOLIS

Tu es un orage qui sème les oiseaux sur l'Agora.

LE BŒOTIEN

J'apporte également oies, lièvres, renards, taupes, hérissons, chats, picfides, belettes, loutres, anguilles du Kopaïs.

DIKÆOPOLIS

O toi, qui offres le morceau le plus agréable aux hommes, permets-moi de saluer les anguilles que tu apportes.

LE BŒOTIEN

Toi, l'aînée de mes cinquante vierges du Kopaïs, viens faire la joie de notre hôte.

DIKÆOPOLIS

O bien-aimée, objet de mes longs désirs, te voilà donc, toi pour qui soupirent les chœurs tragiques, et chère à Morykhos. Esclaves, apportez-moi ici le réchaud et le soufflet. Regardez, enfants, cette maîtresse anguille, qui vient enfin, désirée depuis six ans! Saluez-la, mes enfants. Moi, je fournirai le charbon pour faire honneur à l'étrangère. Mais emportez-la. La mort même ne pourra me séparer de toi, si on te cuit avec des bettes.

LE BŒOTIEN

Et à moi, que me donneras-tu en retour?

DIKÆOPOLIS

Tu me la donnes en paiement de ton droit au marché. Mais si tu veux vendre quelques autres choses, parle.

LE BŒOTIEN

Hé! tout cela.

DIKÆOPOLIS

Voyons, combien dis-tu? ou veux-tu troquer contre des denrées emportées d'ici?

LE BŒOTIEN

Bien! Je prends des produits d'Athènes, qu'on n'a pas en Bœotia.

DIKÆOPOLIS

Tu peux acheter et emporter des anchois de Phalèron ou de la poterie.

LE BŒOTIEN

Des anchois et de la poterie? Mais nous en avons, là-bas. Je veux un produit qui ne soit pas chez nous et qui abonde ici.

DIKÆOPOLIS

Je sais alors. Emporte un sykophante, emballé comme de la poterie.

LE BŒOTIEN

Par les Jumeaux! j'aurais grand profit à en emmener un. Ce serait un singe plein de malice.

DIKÆOPOLIS

Voici justement Nikarkhos qui vient dénoncer quelqu'un.

LE BŒOTIEN

C'est un bien petit homme!

DIKÆOPOLIS

Mais il est tout venin.

NIKARKHOS

A qui sont ces marchandises?

LE BŒOTIEN

A moi. De Thèbæ, Zeus m'en est témoin.

NIKARKHOS

Et moi, je les dénonce comme ennemies.

LE BŒOTIEN

Quel mauvais instinct te pousse à guerroyer et à batailler contre des oiseaux?

NIKARKHOS

Je vais te dénoncer toi-même en sus.

LE BŒOTIEN

Quel mal ai-je fait?

NIKARKHOS

Je vais te le dire dans l'intérêt des assistants. Tu introduis des mèches de chez les ennemis.

DIKÆOPOLIS

Ainsi donc tu dénonces des mèches?

NIKARKHOS

Une seule suffit pour embraser l'arsenal.

DIKÆOPOLIS

L'arsenal? une mèche?

NIKARKHOS

Je le crois.

DIKÆOPOLIS

Et comment?

Je le crois.

DIKÆOPOLIS

Et comment?

NIKARKHOS

Un Bœotien peut l'attacher à l'aile d'une tipule, la lancer sur l'arsenal au moyen d'un tube, par un grand vent de Boréas; et, le feu prenant une fois aux vaisseaux, ils flambent tout de suite.

DIKÆOPOLIS

Méchant, digne de mille morts! ils flamberaient embrasés par une tipule et par une mèche?

NIKARKHOS, battu par Dikæopolis

Des témoins!

DIKÆOPOLIS

Fermez-lui la bouche! Donne-moi du foin: je vais l'emballer comme de la poterie, pour qu'il ne se casse pas en route.

LE CHŒUR

Emballe bien, mon cher, cette marchandise destinée à l'étranger, afin qu'il n'aille pas la briser.

DIKÆOPOLIS

J'y veillerai, car elle rend le son grêle d'un objet fêlé par le feu, et désagréable aux dieux.

LE CHŒUR

Que va-t-il en faire?

DIKÆOPOLIS

Un vase utile à tout, une coupe de maux, un mortier à procès, une lanterne pour espionner les comptables, un récipient à brouiller les affaires.

LE CHŒUR

Mais qui oserait se servir d'un vase qui craque de la sorte dans la maison?

DIKÆOPOLIS

Il est solide, mon bon, et il ne cassera jamais, s'il est suspendu par les pieds, la tête en bas.

LE CHŒUR

Le voilà empaqueté comme tu le veux.

LE BŒOTIEN

Je vais enlever ma gerbe.

LE CHŒUR, à Dikæopolis

O le meilleur des hôtes, aide-le dans le transport, et jette où tu voudras ce sykophante bon à tout.

DIKÆOPOLIS

J'ai eu bien de la peine à empaqueter ce maudit scélérat. Allons, Bœotien, emporte ta poterie.

LE BŒOTIEN

Viens ici, et baisse ton épaule, Ismènikhos.

DIKÆOPOLIS

Veille à la porter avec précaution. En réalité, tu ne porteras là rien de bon; fais-le toutefois. Tu gagneras à te charger de ce fardeau. Les sykophantes te porteront bonheur.

UN SERVITEUR DE LAMAKHOS

Dikæopolis!

DIKÆOPOLIS

Qu'y a-t-il? Pourquoi m'appelles-tu?

LE SERVITEUR

Pourquoi? Lamakhos te prie de lui céder, moyennant cette drakhme, quelques grives pour la fête des Coupes, et, au prix de trois drakhmes, une anguille du Kopaïs.

DIKÆOPOLIS

Qui est ce Lamakhos avec son anguille?

LE SERVITEUR

Le terrible, l'infatigable, qui agite sa Gorgôn et qui remue les trois aigrettes, dont il est ombragé.

DIKÆOPOLIS

Par Zeus! je refuse, me donnât-il son bouclier. Qu'il remue ses aigrettes en mangeant du poisson salé! S'il vient faire du bruit, j'appelle les agoranomes. Pour moi, j'emporte ces provisions, destinées à ma personne. J'entre sur les ailes des grives et des merles.

LE CHŒUR

Tu as vu, oui, tu as vu, ville tout entière, la prudence et l'éminente sagesse de cet homme. Depuis qu'il a conclu une trêve, il peut acheter ce dont il a besoin pour sa maison et ce qui convient à des repas chaudement servis. D'eux-mêmes tous les biens lui arrivent.

Non, jamais je ne recevrai chez moi la Guerre; jamais elle ne me chantera l'air de Harmodios, assise à ma table, parce que c'est un être qui, pris de vin, et faisant ripaille chez ceux qui ont tous les biens, y cause tous les maux, renverse, ruine, détruit, et cela quand on lui a fait nombre d'avances: «Bois, assieds-toi, prends cette coupe de l'amitié,» tandis que lui porte partout le feu sur nos échalas, et répand brutalement le vin de nos vignes.

Chez l'homme que je dis le repas est grandement, libéralement ordonné, et les preuves de sa bonne chère se voient dans les plumes étalées devant sa porte.

DIKÆOPOLIS

O compagne de la belle Kypris et des Grâces aimables, Réconciliation, comme tu as un beau visage! Ai-je pu l'ignorer? Puisse un Amour nous unir, moi et toi, semblable à celui qui est présent, et couronné de fleurs! Crois-tu donc, par hasard, que je suis trop vieux? Mais si je te prends, je crois pouvoir t'offrir trois avantages. Et d'abord je puis aligner un long plant de vignes, puis élever auprès de tendres rejetons de figuier, en troisième lieu, tout vieux que je suis, y marier de jeunes ceps de vigne, et enfin garnir d'oliviers tout le tour de mon champ pour nous oindre d'huile, toi et moi, aux Noumènia.

UN HÉRAUT

Écoutez, peuple. A la façon de vos pères, buvez dans les coupes au son de la trompette. Celui qui l'aura vidée le premier recevra une outre faite comme Ktésiphon.

DIKÆOPOLIS

Enfants, femmes, n'avez-vous pas entendu? Que faites-vous? N'entendez-vous pas le Héraut? Faites bouillir, rôtissez, retournez et enlevez ces lièvres prestement; tressez les couronnes Apporte les broches, pour enfiler les grives.

LE CHŒUR

J'envie ta prudence, mon cher homme, et encore plus ta bonne chère actuelle.

DIKÆOPOLIS

Que sera-ce, quand vous verrez rôtir ces grives?

LE CHŒUR

Je crois que tu dis juste encore sur ce point.

DIKÆOPOLIS

Attise le feu.

LE CHŒUR

Entends-tu avec quelle habileté culinaire, avec quelle science et avec quelle entente de gourmet il se fait servir?

UN LABOUREUR

Malheureux que je suis!

DIKÆOPOLIS

Par Hèraklès! quel est cet homme?

LE LABOUREUR

Un homme infortuné.

DIKÆOPOLIS

Suis ton chemin devant toi.

LE LABOUREUR

O cher ami, puisque la trêve est pour toi seul, cède-moi un peu de pain, ne fût-ce que de cinq ans.

DIKÆOPOLIS

Que t'est-il arrivé?

LE LABOUREUR

Je suis ruiné, j'ai perdu deux bœufs.

DIKÆOPOLIS

Comment?

LE LABOUREUR

Les Bœotiens les ont pris à Phyla.

DIKÆOPOLIS

O trois fois malheureux! Et tu es encore vêtu de blanc?

LE LABOUREUR

Ces deux bœufs, par Zeus! me nourrissaient de leur fumier.

DIKÆOPOLIS

Que te faut-il donc, maintenant?

LE LABOUREUR

J'ai perdu la vue à pleurer mes bœufs. Mais si tu prends intérêt à Derkélès de Phyla, frotte-moi vite les deux yeux avec de la poix.

DIKÆOPOLIS

Mais, malheureux, je ne suis pas en situation de rendre service à tout le monde.

LE LABOUREUR

Allons, je t'en conjure, peut-être retrouverais-je mes bœufs.

DIKÆOPOLIS

Impossible. Va-t'en pleurer auprès des disciples de Pittalos.

LE LABOUREUR

Rien pour moi qu'une seule goutte de poix, verse-la dans ce chalumeau.

DIKÆOPOLIS

Pas un fétu! Va-t'en gémir ailleurs!

LE LABOUREUR

Infortuné que je suis; plus de bœufs de labour!

LE CHŒUR

Cet homme, avec son traité, s'est fait une vie douce, et il ne semble vouloir partager avec personne.

DIKÆOPOLIS

Toi, arrose les tripes avec du miel; fais griller les sépias.

LE CHŒUR

Entends-tu ses éclats de voix?

DIKÆOPOLIS

Grillez les anguilles!

LE CHŒUR

Tu vas nous faire mourir, moi de faim, et les voisins de fumée et de ta voix, en criant de la sorte.

DIKÆOPOLIS

Rôtissez cela, et que la couleur en soit dorée!

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