Mon Vicomte Pour Toujours - Dawn Brower 2 стр.


Il navait jamais autant haï sa réputation quen cet instant. Ainsi donc, il était un célibataire légendaire. Ne méritait-il pas une chance de montrer au monde quil pouvait changer ? Par lEnfer. Il avait changé. Estella faisait de lui un homme meilleur.

La valse se termina. Il ny avait aucune raison de poursuivre cette mascarade, et se il présentait une plus grande raison encore de partir. Rien dans ce bal ne saurait retenir son attention plus longtemps et il ferait aussi bien de trouver un lieu plus accueillant. Il conduisit Estella jusquà Annalise. Il sinclina et prit congé :

Ce fut un plaisir. Jespère que vous trouverez ce que vous cherchez, Madame. Il se tourna vers Annalise. Et vous de même. Bonne nuit mesdames. »

Il tourna sur ses talons et sortit de la salle.

Il allait se rendre au club. Non, il rendrait une petite visite à son bordel favori. Peut-être alors pourrait-il leffacer de son esprit et de son cœur. Non. Rien de tout cela ne pourrait se réaliser. Elle le hanterait à jamais.


Estella luttait contre ses larmes. Elle voulait courir à sa suite et le supplier de lui accorder son pardon. Il était tout pour elle et elle désirait passer le reste de sa vie avec lui. Que son maudit beau-père et ses manières abominables aillent au diable. Pourquoi navait-il pu être cet homme bienveillant que sa mère avait cru quil était ? Bien plus important encore, pourquoi sa mère avait-elle dû mourir pour la laisser sous sa coupe ? Naurait-elle pu trouver un meilleur gardien pour Estella ? Son cousin Ryan, le Marquis de Cinderbury aurait accepté de la recueillir. Ils avaient été proches, enfants. Mais non, sa mère sétait assurée que le Duc de Wolfton exerçât un total contrôle sur elle et son héritage. Elle ne pouvait rien faire sans sa permission.

Cest mieux ainsi, lui assura Annalise. Vous pouvez faire bien mieux que le Vicomte de Warrick.

Je ne veux personne dautre.

Sa demi-sœur haussa les épaules.

Nous nobtenons pas toujours ce que nous désirons.

Estella aurait reniflé avec mépris si elles sétaient trouvées à la maison. Dans la salle de bal, elle devait se comporter de manière aussi distinguée autant que possible. Annalise ne comprenait pas. Elle navait jamais été amoureuse, abandonnée, le cœur arraché de sa poitrine. La perte de Donovan resterait toujours vivace. Leffacer de son âme savérerait impossible, et en vérité, elle nen éprouvait aucunement le désir. Il était lamour de sa vie et elle mourrait avec cet amour au cœur.

Je suis impatiente de vous voir trouver lhomme de vos rêves avec qui passer le reste de vos jours, lança Estella dun ton cinglant. Puis de rire lorsque votre père fera tout ce qui sera en son pouvoir pour vous séparer de lui. Puis je me chargerai avec joie de vous rappeler cette très exacte déclaration.

Je ne crois pas en lamour, répondit son interlocutrice. Tout ce quil me faut, cest quelquun qui me permettra de maintenir le style de vie auquel jai été accoutumée. Jengendrerai un morveux ou deux pour eux avant de me trouver un amant pour mon bon plaisir.

Qui était cette jeune femme ? Comment avaient-elles pu grandir dans la même maison pour devenir aussi différentes lune de lautre ? Elles avaient le même âge et vécu ensemble, ces cinq dernières années. La mère dEstella était décédée trois ans après son mariage avec le duc. Annalise avait semblé plus gentille alors.

Cela na aucune importance, répliqua Estella. Votre père ma déjà dit que je ne séjournerai plus au Manoir de Wolfton dès ce soir. Demain, je serai exilée jusquà ce que le monde oublie mon existence. Ce qui est préférable à ce quil aurait prévu, de toute manière.

Elle népouserait pas un vieux débauché parce que le Duc lavait ordonné. Il avait décrété quEstella épouserait le Comte de Dredfield ou serait exilée dans le petit village de Sheerness. Sa grand-mère était propriétaire dun cottage là-bas et lavait légué à Estella après sa mort. Elle nentrerait pas en possession de son héritage avant trois ans et demi. Elle pouvait vivre là-bas dans lattente et, si elle était assez chanceuse, Donovan ne serait pas encore marié à ce moment-là. Lorsquelle ne serait plus sous la coupe du Duc, elle pourrait le supplier de la reprendre. Jusque-là, elle se devait de rester dans le silence. Le Duc avait bien trop de pouvoir et était capable de tous deux les ruiner.

Peut-être bien, rétorqua Annalise. Mais ne vous attendez pas à ce que ce soit terminé. Père naime pas perdre.

Non, il naimait pas cela. Estella priait intérieurement pour quil laisse les choses se faire. Au moins suffisamment longtemps pour quelle reprenne le contrôle de sa vie. Puis elle se trouverait dans une meilleure position pour sopposer à lui. Une larme menaça de couler sur sa joue. Elle la cueillit avant que celle-ci ne la trahisse.

Peut-être, dit-elle. Mais il ma déjà vaincue de la pire manière possible. Cela devrait le combler de joie pour un moment. »

Dieu seul savait si elle en était loin Donovan la haïssait à présent. Quelle chance avait-elle réellement de regagner son cœur ? Elle avait obtenu son amour et tout ce quelle avait à faire était de laccepter. Il ne comprendrait jamais quelle lavait repoussé pour le protéger. À sa place, elle ne lui pardonnerait probablement pas non plus. Elle aurait seulement à vivre sa vie et à espérer quavec le temps ses blessures cicatriseraient. Les siennes suppureraient et, peut-être quau terme dun temps assez difficile devrait-elle faire le nécessaire pour eux deux.

Cétait tout ce quelle pouvait faire... et elle le souhaitait. Elle était forte et capable. Aucun homme, surtout son diabolique beau-père, ne la maintiendrait à terre longtemps. Sa patience, résistance et intelligence la verraient patienter jusquau jour où elle le vaincrait comme le démon quil était.

CHAPITRE UN

Juin 1816

Donovan gémit en se tenant la tête. Quest-ce qui continuait de lui marteler le crâne comme pour sy frayer un chemin ? Peut-être devrait-il se retourner afin de laisser la petite bête faire ce que bon lui semblait. Pour quelle raison devait-il vivre, de toute façon ? Sa vie ne valait pas grand-chose et il avait pratiquement abandonné lidée de retrouver le bonheur un jour. Il passait lessentiel de son temps à boire pour oublier. Il avait perdu tout espoir le jour où Estella lui avait brisé le cœur. Il se sentait complètement vide face à tout cela et ne voyait pas lintérêt de sen soucier.

Peut-être était-ce cela le problème. Il avait eu la main plutôt lourde en buvant pour oublier son passé en fait, cétait toujours le cas. Il ne parvenait pas à se rappeler la dernière fois où il avait été sobre. En toute sincérité, il ne pouvait se rappeler la dernière fois où il avait fait leffort de prendre un bain. Il devait sentir plutôt mauvais. Bon, pas comme sil venait de quitter le lit dune jolie femme un peu plus tôt. Navait-il pas abandonné la vie ? Il serait bientôt mort dune façon ou dune autre.

« Quest-ce quon va faire de lui ? »

Laccent de linconnu laissait un léger doute quant à ses origines. Ce nétait pas du tout celui dun noble. Probablement un docker Où avait-il été se vautrer exactement ? Il devrait ouvrir les yeux pour le découvrir, mais il ne pouvait sy résoudre. Sa tête le faisait assez souffrir comme cela.

« Quest-ce quon va faire de lui ? »

Laccent de linconnu laissait un léger doute quant à ses origines. Ce nétait pas du tout celui dun noble. Probablement un docker Où avait-il été se vautrer exactement ? Il devrait ouvrir les yeux pour le découvrir, mais il ne pouvait sy résoudre. Sa tête le faisait assez souffrir comme cela.

« Le Capitaine saura quoi faire, renchérit une autre voix masculine.

Quétait-ce ? Un club de dockers mal léchés ? Donovan désirait sincèrement réussir à se rappeler de ce quil avait fait la veille. Il soupçonnait que ces hommes puissent être autre chose que des dockers. Daprès ce quil savait, il sétait écroulé dans les taudis de Londres. Dans tous les cas, il avait la chance dêtre en vie. À bien y réfléchir Pourquoi ne lavaient-ils pas simplement tué ? Cela aurait eu plus de sens.

On devrait lui régler son compte, proposa le premier homme qui avait parlé. Le Capitaine Estes nous en remerciera.

Vous êtes fou ? rétorqua lautre homme. Estes déteste quand on prend des décisions de notre chef. On ne recevra pas de remerciements ; nous verrons seulement nos vies perdues pour notre stupidité.

Bien, cela répondait à certaines questions. Ils lauraient probablement assassiné deux-même. Qui était cet Estes ? Donovan nétait pas entièrement sûr de vouloir rencontrer ce grand homme... si lon pouvait lappeler ainsi. Il contrôlait certainement la situation dune main de fer. Donovan en aurait bien ri, mais hélas, sa tête était assez douloureuse comme cela.

Très bien, approuva lhomme. Vous le surveillez pendant que je vais chercher le Capitaine.

Il se trouvait donc sur un navire. Que le diable lemporte Il aurait préféré se tromper. Qui pouvait affirmer dans quelle direction ils allaient ? Pourquoi diable aurait-il embarqué sur un satané navire ? À quoi pensait-il que cela aboutirait ? Il navait certainement pas eu lintention de monter sur ce fichu bateau. Ses beuveries lavaient précipité dans bien des situations fâcheuses, ces dernières années. Seulement une nouvelle aventure se présentant sur son chemin vers la ruine.

Peut-être aurait-il dû se rendre à nouveau au château de Manchester. Son ami laurait peut-être aidé à retourner sur le droit chemin. Non, le comte était profondément heureux. Ce bonheur sétait avéré à la fois écœurant et merveilleux à voir. Il était heureux pour Garrick, sincèrement. Mais il navait pu empêcher la graine de la jalousie de pousser en le voyant trouver lamour de sa vie et se montrer tout autant capable de le garder. Donovan nétait pas un homme bien ou un bon ami. Il avait mieux fait de rester à lécart.

Vous êtes réveillé ? demanda lhomme avant de le gratifier dun coup de pied.

Donovan grogna.

Va te faire foutre.

Il navait pas voulu engager le bras de fer avec ces raclures, mais celui-là ne semblait pas prêt à le laisser mourir en paix. Oh après tout, quy aurait-il damusant à partir en toute discrétion ? Il nétait pas connu pour prendre de grandes décisions. Non, la bonne société le dépeignait comme un riche scélérat, ou du moins en avait lhabitude. Il navait pas vécu à la hauteur de cette réputation, ces derniers temps. La plupart du temps, il restait chez lui à se saouler jusquà lévanouissement. Il ne voyait pas de raison à se rendre en ville quand il pouvait dénicher des litres dalcool dans ses propres coffres pour passer le temps.

Je ne préfère pas, sire, répliqua linconnu. Le capitaine sera bientôt là et vous empestez joliment. Je vous aurais bien jeté par-dessus bord sur-le-champ, mais ce nest pas à moi de prendre cette décision.

Quen pensait-il ? Il avait vu juste dans cette hypothèse. Peut-être devrait-il faire plus attention, mais cela faisait longtemps. Pourquoi commencer maintenant ? Assurément, il était censé le faire. Il avait un domaine, un titre, et pas dhéritiers à qui les transmettre. Ainsi quelque lointain cousin allait voir leur souhait se réaliser. Il nétait pas fait pour être vicomte, de toute manière. Quest-ce que cela lui aurait apporté, en toute honnêteté ? De largent ? Il ricana de mépris intérieurement. Cela ne lui aurait pas apporté lombre dun bonheur. La sécurité ? Jusquà un certain point, oui. Largent pourvoyait définitivement au moindre besoin dans sa vie ; néanmoins, cela lui donnait également les moyens de la ruiner. Sil navait pas eu dargent, peut-être aurait-il dû travailler pour survivre. Peut-être alors laurait-il appréciée au lieu de boire jusquà loubli. Quel genre dhomme cela faisait-il de lui sil abandonnait aussi facilement ?

Pas mon problème, grommela Donovan.

Bon Dieu, intervint une voix féminine. Quelle est cette odeur ?

Cest cet homme, expliqua lun des hommes. Nous lavons trouvé étendu là.

Que voulez-vous que nous fassions de lui ? senquit un autre homme.

Linconnue demeura silencieuse. Était-il si mal en point ? Était-ce la fameuse Estes ? Il ne sétait guère attendu à ce que ce fût une femme et cette surprise était presque douce. La plupart du temps, Donovan appréciait un bon choc. Cela lui donnait la sensation dêtre vivant. Cétait le cas en cet instant. Il aurait aimé avoir lénergie douvrir les yeux pour savourer la vue de cette femme capitaine. Elle devait être grosse et robuste pour commander ainsi la loyauté de ces hommes.

Quils aillent tous au diable. Il voulait avoir un aperçu de cette femme. Peut-être cela lui donnerait-il la force de rester en vie. Ainsi pourrait-il ensuite se rendre au Château Manchester et parler de la femme capitaine à Garrick. Ils se paieraient une bonne tranche de rigolade. Cela suffirait à le maintenir dans un état de sobriété pendant un court moment. Il y avait des moments où il nétait pas ivre, mais ils se faisaient rares. Ce pourrait être le catalyseur, pour sa part.

Il ouvrit lentement les yeux. Il cligna des paupières plusieurs fois. Peut-être était-il mort. La femme devant lui nétait ni grosse ni robuste. Elle était menue, ses hanches étroites moulées dans un pantalon en cuir, revêtue dune ample chemise blanche sous un gilet en cuir. Ses cheveux blond vénitien étaient tressés et tombaient en cascade dans son dos. Ces yeux bleu saphir cependant il ne pourrait jamais les oublier et ce même dans une autre vie.

Estella ?


Enfer et damnation. Quest-ce que Donovan fabriquait sur son navire ? Elle avait toujours eu lintention de le retrouver après la fin de son exil. Elle ne pouvait pas encore retourner à Londres. Son beau-père continuait de la traquer. Du moins le croyait-il. Il envoyait ses espions ici et là pour la surveiller. Ce que le duc ne savait pas, cétait quEstella avait elle aussi des espions. Elle avait vent de leur venue avant même quils ne soient arrivés à destination. Lorsquelle recevait le message, elle se rappelait toujours de se trouver chez elle. La plupart du temps, elle y était, de toute façon ; cependant, de temps à autre elle devait monter au bord du navire afin de sassurer que tout se passait comme prévu.

Le duc ne lui laissait pas beaucoup dargent pour vivre. En réalité, il ne lui avait pas envoyé le moindre sou depuis son arrivée. Elle avait dû trouver un moyen de survivre et avait gardé cette première somme pour la doubler, puis lavait doublée jusquà obtenir assez pour survivre toute lannée. En faisant ses comptes, elle réalisa alors quelle ne pouvait plus continuer à jouer aux jeux dargent. Il ny avait pas assez dargent pour quelle se refasse de cette manière, et les chances de gagner savéraient à chaque fois faibles. Cela ne la dérangeait pas de prendre des risques, mais il fallait que cela en vaille le coup. Cest alors quelle avait entendu quelquun se vanter au sujet dune entreprise maritime. Sur le moment, elle navait pas compris ce quétait cette entreprise exactement, mais elle avait misé dessus néanmoins. Elle avait joué au plus intense jeu de cartes de sa vie et remporté le navire de lhomme, ainsi que son respect. Cétait son second à présent, et il lui demandait de lépouser une fois par semaine.

Назад Дальше