Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера - Александр Дюма 3 стр.


 Mais où et comment vous reverrai-je? a dit dArtagnan quand toutes les instructions lui ont été données.

 Voulez-vous me revoir?

 Certainement.

 Eh bien, reposez-vous sur moi de ce soin[154], et soyez tranquille.

 Je compte sur votre parole[155].

DArtagnan lui a lancé le coup doeil[156] le plus amoureux.

Chapitre X

Après ce jour dArtagnan a pensé beaucoup de Mme Bonacieux. Jolie, mystérieuse, initiée à tous les secrets de cour[157], elle était presque une idéalité amoureuse pour le jeune homme. Mais elle ne voulait point lui découvrir ses secrets.

Un jour dArtagnan a cherché un moyen de visiter M. de Tréville. Il a appris que de Tréville était au Louvre et a décidé dy aller. Comme il arrivait à la rue Guénégaud, il a vu un groupe composé de deux personnes: lun, un homme; lautre, une femme. Cette femme, a pensé dArtagnan, ressemblait Mme Bonacieux et lhomme, il ressemblait Aramis, son ami! De plus, il portait luniforme des mousquetaires. DArtagnan a décidé de les suivre. La jalousie sest agitée dans son coeur.

DArtagnan les a rattrapés, et ils se sont arrêtés devant lui.

 Que voulez-vous? a demandé le mousquetaire avec un accent étranger.

 Ce nest pas Aramis! il sest écrié.

 Non, monsieur, et je vois que vous mavez pris pour un autre, et je vous pardonne.

 Vous me pardonnez! sest écrié dArtagnan.

 Oui, a répondu linconnu, laissez-moi donc passer.

 Monsieur, a dit dArtagnan, ce nest pas à vous que jai affaire, cest à madame.

 Ah! a dit Mme Bonacieux dun ton de reproche[158], ah monsieur!

DArtagnan, plein de jalousie, a tiré son épée. En même temps et avec la rapidité de léclair, linconnu a tiré la sienne. Mme Bonacieux sest jetée entre les combattants avec ces mots:

 Ah, cet homme, cest le duc de Buckingham!

 Milord, madame, pardon, cent fois pardon[159]; mais je laimais, Milord, et jétais jaloux; vous savez ce que cest que daimer.

Le duc la pardonné et lui a demandé de les suivre jusquau Louvre à vingt pas[160] pour les défendre en cas de danger.

Maintenant dArtagnan a été tranquille. Il a suivi le duc avec Mme Bonacieux jusquau Louvre et a décidé de rentrer chez soi.

Chapitre XI

Le jour suivant le jeune homme a entendu la conversation entre monsieur et madame Bonacieux.

Nous devons dire que M. Bonacieux a enduré beaucoup des épreuves depuis son arrestation. Il a été conduit au M. le cardinal lui-même, car les intrigues, à lesquelles sa femme avait participé, étaient trop sérieuses et concernaient la famille royale. Le pauvre Bonacieux a été épouvanté. Le cardinal lui a posé beaucoup de questions qui concernaient linformation reçue de sa femme, son rapport proposé avec les intrigues et secrets de Mme Bonacieux. M. Bonacieux tâchait de se présenter comme un homme loyal au cardinal. Il a réussi à lui assurer sa fidélité[161]. Le pauvre homme a été libéré. Après cette rencontre Bonacieux est devenu un fervent cardinaliste[162], il était toujours prêt à informer Son Éminence de tous les détails qui lui semblaient importants.

Et maintenant Mme Bonacieux a demandé à son mari daller à Londres, et celui-ci en a refusé.

La femme lui a dit que cétait le moyen de gagner beaucoup dargent.

 Une personne illustre vous envoie, une personne illustre vous attend: la récompense dépassera vos désirs, voilà tout ce que je puis vous promettre, elle a dit.

 Des intrigues encore, toujours des intrigues! Comme serviteur du cardinal, je ne permettrai pas que vous vous livriez à des complots contre la sûreté de lÉtat[163], et que vous serviez les intrigues de la reine.

M. Bonacieux a compris rapidement que la demande de sa femme était liée aux affaires amoureuses de la reine.

 Allons, êtes-vous décidé[164]? elle a dit.

 Tenez, madame Bonacieux, a dit le bourgeois, tenez, décidément, je refuse: les intrigues me font peur. De plus, les conséquences de ce voyage peuvent être dangereuses. Jai vu la Bastille, moi. Brrrrou! cest affreux, la Bastille!

 Vous nêtes point assez brave pour mêtre dune utilité quelconque[165], et je men retournerai bien au Louvre toute seule.

 Comme il vous plaira[166], madame Bonacieux, a répondu le bourgeois, et avec ces mots il sest eloigné rapidement.

Nous savons quen même temps cette conversation a été entendue par dArtagnan. Aussitôt que M. Bonacieux était sorti, le jeune homme est entré par la porte.

 Madame, il a dit, je suis prêt à me jeter dans le feu pour vous; enfin que la reine a besoin dun homme brave, intelligent et dévoué.

 Et quelle garantie me donnerez-vous si je vous confie cette mission?

 Mon amour pour vous.

Le coeur de Mme Bonacieux battait de joie, et une secrète espérance a brillé à ses yeux[167]. Elle a trouvé un messagier à Londres dont elle avait besoin. La jeune femme lui a confié le terrible secret. DArtagnan a connu déjà que Mme Bonacieux avait conduit le duc Buckingham au Louvres. Là, le duc, plein de lamour, avait une rencontre avec la reine, pendant lequel il avait demandé quelque chose appartenant à la reine comme souvenir. La reine lui avait donné les ferrets de diamants[168]. Mais le cardinal avait appris que le duc visitait la reine, de plus, il savait que les ferrets étaient sortis avec lui. Lorsque le cardinal avait ses propres comptes avec la reine à cause du refus de cette dernière de devenir sa maîtresse[169], il avait décidé dinformer le roi de cette visite secrète. Le roi était en colère, et pour recevoir la preuve de linfidélité de la reine, le cardinal lui avait conseillé:

 Sire, noubliez pas de dire à Sa Majesté, quau bal prochain qui sera à lhôtel de ville[170] vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants[171].

Quand la reine avait appris tout ça, elle était désespérée. Elle avait demandé à sa lingère Mme Bonacieux de trouver immédiatement un messagier qui irait à Londre[172] pour rendre les ferrets de diamants au Louvre.

Et maintenant Mme Bonacieux a trouvé cet homme dévoué. DArtagnan rayonnait de joie et dorgueil. Ce secret quil possédait, cette femme quil aimait, la confiance et lamour, faisaient de lui un géant[173].

Quand dArtagnan est parti, Mme Bonacieux le suivait des yeux avec un long regard damour.

Chapitre XII

Le coeur de dArtagnan débordait de joie. Une occasion se présentait à lui où il y avait gloire à acquérir et argent à gagner. De plus, cette occasion venait de le rapprocher dune femme quil adorait.

Premièrement, dArtagnan sest rendu droit chez M. de Tréville. Le jeune homme lui a raconté quil allait en mission et que lhonneur et peut-être la vie de la reine dépendaient de son succès. De Tréville a compris limportance de la mission. Il était prêt à obtenir de M. des Essarts un congé pour dArtagnan[174]. De plus, le capitaine lui a conseillé de ne pas partir seul. Comme dArtagnan avait trois amis fidéles parmi les mousquetaires, de Tréville a envoyé à chacun deux un congé de quinze jours.

Après cette visite dArtagnan a trouvé ses trois amis et leur a demandé de laccompagner dans ce voyage dangereux.

 Pouvez-vous mexpliquer ce que signifient ce congé et cette lettre que je viens de recevoir? lui a dit Athos étonné.

 Eh bien, ce congé et cette lettre signifient quil faut me suivre, Athos, a répondu dArtagnan.

 Pour le service du roi?

 Du roi ou de la reine: ne sommes-nous pas serviteurs de Leurs Majestés[175]?

 Pour quel pays partons-nous? a demandé Porthos.

 Pour Londres, messieurs, a dit dArtagnan.

 Et quallons-nous faire à Londres?

 Voilà ce que je ne puis vous dire, messieurs, et il faut vous fier à moi.

 Mais, puisque nous risquons de nous faire tuer[176], a dit Porthos, je voudrais bien savoir pourquoi, au moins?

 Le roi a-t-il lhabitude de vous rendre des comptes[177]? Non; il vous dit tout bonnement: «Messieurs, on se bat en Gascogne ou dans les Flandres; allez vous battre», et vous y allez.

 DArtagnan a raison, a dit Athos, allons nous faire tuer où lon nous dit daller. DArtagnan, je suis prêt à te suivre.

 Et moi aussi, a dit Porthos.

 Et moi aussi, a dit Aramis, aussi bien, je ne suis pas fâché de quitter Paris. Jai besoin de distractions.

 Eh bien, vous en aurez, des distractions, messieurs, soyez tranquilles, a dit dArtagnan.

 Et maintenant, quand partons-nous? a dit Athos.

 Tout de suite, a répondu dArtagnan, il ny a pas une minute à perdre.

Chapitre XIII

À deux heures du matin, nos quatre aventuriers sont sortis de Paris par la barrière Saint-Denis.

Aux premiers rayons du jour[178], leurs langues se sont déliées[179]; avec le soleil, la gaieté est revenue: cétait comme avant un combat, le coeur battait, les yeux riaient. Laspect de la caravane était formidable. Les valets suivaient les mousquetaires, armés jusquaux dents[180].

Tout allait bien jusquà Chantilly, où les mousquetaires sont arrivés vers les huit heures du matin. Il était temps pour le déjeuner.

Nos amis ont trouvé une auberge. Ils sont entrés dans la salle commune et se sont mis à table. Un gentilhomme était assis à cette même table et déjeunait. Il a commencé une conversation, et nos voyageurs ont répondu.

Mais quand tout était prêt pour le départ, létranger a propose à Porthos de boire à la santé du cardinal. Porthos a demandé au gentilhomme de boire à son tour à la santé du roi.

Létranger a répondu quil ne connaissait dautre roi que Son Éminence. Porthos la appelé ivrogne; létranger a tiré son épée.

 Vous avez fait une sottise, a dit Athos, mais ça nimporte pas maintenant: tuez cet homme et venez nous rejoindre le plus vite que vous pourrez[181].

Nos amis ont compris que quelques-uns dentre eux resteraient en route, parce que les hommes du cardinal feraient tous les efforts pour les empêcher. Le succès de la mission était de première importance[182], et au moins lun deux devait arriver à Londres.

Donc tous trois sont remontés à cheval et ont continué leur chemin.

Près de Beauvais on a rencontré huit ou dix hommes. La route était dépavée en cet endroit, et ces hommes avaient lair dy travailler en y creusant des trous[183].

Quand Aramis leur a dit quelque mots rudes, les hommes ont commencé à se moquer des voyageurs. Voyant que Athos a poussé son cheval contre lun deux, ils ont pris ses mousquets cachés. Une balle a traversé lépaule dAramis.

 Cest une embuscade, a dit dArtagnan, en route!

Les amis ont réussi à échapper. Ils ont galopé encore pendant deux heures.

Enfin Aramis, qui était blessé, a déclaré quil ne pouvait aller plus loin. On la descendu à la porte dun cabaret, et on lui a laissé Bazin, son valet.

DArtagnan, Athos et ses valets sont arrivés à Amiens à minuit, et ils sont descendus à lauberge du Lis dOr[184].

La nuit était assez tranquille, mais le matin, quand Athos voulait payer pour le déjeuner, lhôte a pris largent, la tourné et retourné dans ses mains, et tout à coup il a crié que la pièce était fausse.

 Drôle! a dit Athos, je vais te couper les oreilles!

Au même moment, quatre hommes armés jusquaux dents sont entrés par les portes et se sont jetés sur Athos.

 Je suis pris, a crié Athos, tu restes seul!

DArtagnan et Planchet ont détaché les deux chevaux qui attendaient à la porte et sont partis au triple galop.

 Sais-tu ce quest devenu Athos[185]? a demandé dArtagnan à Planchet en courant.

 Ah! monsieur, a dit Planchet, jen ai vu tomber deux à ses deux coups[186].

 Brave Athos! a murmuré dArtagnan.

À cent pas des portes de Calais, le cheval de dArtagnan est tombé. Heureusement, comme nous lavons dit, ils étaient à cent pas de la ville. Ils ont couru au port.

Planchet a vu un gentilhomme devant eux. Ils se sont approchés vivement de cet homme inconnu. Il avait une conversation avec un homme qui était le patron dun bâtiment prêt à mettre à la voile[187]. Le patron lui a dit:

 Ce matin, est arrivé lordre de ne laisser partir personne sans une permission expresse de M. le cardinal.

 Jai cette permission, a dit le gentilhomme en tirant un papier de sa poche, la voici.

 Faites-la viser par le gouverneur du port[188], a dit le patron, vous trouverez le gouverneur à un quart de lieue de la ville.

Et le gentilhomme a pris le chemin de la maison du gouverneur.

DArtagnan a pressé le pas[189] et a rejoint le gentilhomme.

 Monsieur, lui a dit dArtagnan, vous me paraissez fort pressé?

 On ne peut plus pressé[190], monsieur.

 Je suis très pressé aussi, et je voulais vous prier de me rendre un service de me laisser passer le premier[191].

 Désespéré, monsieur; mais je suis arrivé le premier et je ne passerai pas le second.

 Désespéré, monsieur; mais je suis arrivé le second et je passerai le premier.

Le gentilhomme a tiré son épée. DArtagnan lui a fourni trois coups dépée en disant à chaque coup:

 Un pour Athos, un pour Porthos, un pour Aramis.

Au troisième coup, le gentilhomme est tombé. Mais quand dArtagnan sest approché pour prendre la permission, lhomme blessé lui a porté un coup de pointe dans la poitrine[192] en disant:

 Un pour vous

 Et un pour moi! a crié dArtagnan furieux, en le clouant par terre[193] dun quatrième coup dépée dans le ventre.

DArtagnan a trouvé dans sa poche lordre de passage[194]. Il était au nom du comte de Wardes.Puis, jetant un dernier coup doeil sur le beau jeune homme, dArtagnan a poussé un soupir sur cette étrange destinée qui porte les hommes à se détruire les uns les autres[195]

Примечания

1

dun seul trait de plume одним росчерком пера

2

jaune de robe рыжей масти

3

lhôtel du Franc-Meunier гостиница «Вольный мельник»

4

a cru être lobjet de la conversation подумал, что является предметом разговора

5

éclataient de rire à tout moment разражались хохотом при каждом слове

6

a tiré son épée hors du fourreau достал шпагу из ножен

7

Tel rit du cheval qui noserait pas rire du maître Над лошадью смеется тот, кто не осмеливается смеяться над ее хозяином

8

je voudrais conserver le privilège de rire quand il me plaît я хотел бы сохранить за собой право смеяться, когда пожелаю

9

un cheval tout sellé оседланная лошадь

10

sétait moqué de lui насмехался над ним (предпрошедшее время plus-que-parfait)

11

que je ne vous frappe par-derrière чтобы мне не пришлось ударить вас сзади

12

sest mit en garde приготовился к защите

13

tout à coup вдруг, внезапно

14

sont tombés sur dArtagnan à grands coups de bâtons набросились на дАртаньяна с палками

15

sur mon honneur клянусь честью

16

en deux morceaux на две части

17

lui faire accorder les soins nécessaires обеспечить ему необходимый уход

18

une lettre de recommendation рекомендательное письмо

19

que la police pourrait bien lui faire un mauvais parti что полиция может к нему придраться

20

Son Éminence Его Высокопреосвященство (обращение к кардиналу)

21

Ne louvrez que de lautre côté de la Manche Откройте его только по ту сторону Ла-Манша

22

Cest ce petit garçon qui châtie les autres Этот мальчишка сам может проучить других

23

partez donc de votre côté поезжайте своим путем

24

séloignant chacun par un côté opposé de la rue отдаляясь в противоположные стороны

25

était à peu près guéri почти исцелился

26

est entré dans un accès de rage у него случился приступ гнева, он пришел в ярость

27

il faut quelle se retrouve оно должно быть найдено

28

nest point perdue вовсе не потеряно

29

je men plaindrai à M. de Tréville я пожалуюсь на это г-ну де Тревилю

30

est remonté sur son cheval jaune вновь сел на лошадь

31

la vendue trois écus продал ее за три экю

32

une éspèce de mansarde подобие мансарды

33

sans un sou vaillant без единого су в кармане

34

sûrs dêtre pleurés et vengés уверены в том, что будут оплаканы и отмщены

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